Tranche de vie
La maison était calme ce matin-là. Jonah était déjà à l’école et TK en service. Carlos profitait de ce moment tranquille pour ranger un peu pendant que Rose jouait avec ses poupées au salon.
Tout à coup, elle trottina vers lui, tenant une petite brosse dans sa main.
— Papa ? fit-elle en levant de grands yeux suppliants. Moi veux tresses… comme Tía Isabella a fait !
Carlos haussa les sourcils, surpris.
— Des tresses ? Oh… ma princesse, papa n’est pas très… euh… doué pour ça. Mais je peux te faire une belle couette !
Rose secoua la tête énergiquement.
— Non ! Pas couette ! Tresses ! Comme Tía !
Carlos s’assit, essayant d’avoir l’air sûr de lui, et fit asseoir Rose sur une petite chaise.
— D’accord… papa va essayer. Mais tu dois rester bien tranquille, d’accord ?
Rose hocha la tête avec sérieux. Carlos commença à séparer les mèches… enfin, plus ou moins. Au bout de quelques secondes, ses doigts s’emmêlaient déjà dans les cheveux fins de sa fille.
— Bobo! protesta Rose en gigotant.
— Désolé, désolé ! soupira Carlos. Tu sais mi amor, je pense qu’on devrait opter pour une couette…
Rose, frustrée, se mit à pleurnicher.
— Non…
Carlos posa la brosse, dépité, et la prit doucement dans ses bras.
— Princesse… papa est nul avec les tresses. Je peux faire des pancakes, je peux réparer un vélo, je peux même te bâtir une cabane… mais les tresses… c’est mission impossible.
Les sanglots de Rose redoublèrent, son petit visage collé contre son torse. Carlos ferma les yeux, soupira… puis attrapa son téléphone.
— D’accord, j’abandonne. On appelle les renforts.
Quelques minutes plus tard, Grace frappait à la porte un sourire attendri aux lèvres.
— Alors, besoin d’un coup de main…
Carlos, penaud, hocha la tête en lui montrant Rose toujours en pleurs.
— J’ai essayé. Vraiment. Et je ne peux pas appeler mes sœurs en renfort… j’en entendrait parler jusqu’à ce que Rose soit rendu à 20 ans…
Grace étouffa un rire.
— Tu vient Rosie, tata Grace va te coiffer…
Elle s’agenouilla devant Rose, qui sécha aussitôt ses larmes, pleine d’espoir. En quelques gestes doux et précis, Grace fit deux jolies petites tresses bien nettes. Rose se redressa, le sourire radieux.
— Comme Tía ! s’exclama-t-elle fièrement en se regardant dans le miroir.
Carlos leva les yeux au ciel mais sourit, soulagé.
— Merci, Grace… tu viens de sauver ma matinée. Et pas un mot à Judd… TK ne doit pas être au courant.
Grace lui lança un clin d’œil complice.
— Pour ça, il va falloir que tu te pratiques, Carlos. Parce que si TK rentre ce soir et voit Rose avec de belles petites nattes, il va poser des questions… Mais, tu sais comme moi que les enfants sont de très mauvais menteurs…
Carlos grimaça, déjà en train d’imaginer l’air amusé de son mari.