Tranche de vie

Chapitre 7 : Capitaine par intérim

1407 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/10/2025 20:34


TK entra dans la caserne et se rendit directement au vestiaire pour se changer. Il enfila son uniforme, ajusta son T-shirt et passa une main dans ses cheveux avant de prendre la direction de la machine à café. Pour un instant, tout sembla étrangement calme. Les casiers étaient fermés, seules quelques voix lointaines résonnaient depuis le garage, et l’odeur du café fraîchement moulu emplissait l’air.

En jetant un coup d’œil vers l’ambulance, il sentit son cœur se serrer un peu. Nancy était partie depuis déjà quelques semaines, et même si TK savait qu’elle reviendrait probablement après son congé maternité, il ne s’était pas encore tout à fait habitué à son absence. Le poste paraissait un peu vide sans son rire qui résonnait entre deux appels.

— Salut TK ! lança Marjan, une tasse fumante à la main et un grand sourire aux lèvres.

— Salut, répondit-il en lui rendant son sourire.

Paul arriva à son tour, son gobelet à la main, l’air concentré.

— Vous avez vu Mathéo ? demanda-t-il soudain, les sourcils froncés.

— Non… fit TK, en balayant la pièce du regard.

Marjan haussa les épaules.

— Peut-être qu’il est coincé dans le trafic ?

TK esquissa un sourire, mais son regard retourna machinalement vers le garage, comme pour s’assurer que tout était vraiment sous contrôle.

— Ouais… peut-être, murmura-t-il.

Il prit une gorgée de café, puis soupira.

— Bon, je vais aller voir Tommy, histoire de savoir ce qu’elle me réserve pour aujourd’hui…

TK grimpa l’escalier jusqu’au bureau de Tommy. La porte était entrouverte, mais le bureau vide. Pas de dossier ouvert, pas de veste suspendue à la chaise — rien. Il frappa doucement, par réflexe.

— Capitaine Vega ?

Le silence lui répondit. TK fronça les sourcils, puis referma doucement la porte. Il se retourna, un peu perplexe, et marcha jusqu’au bureau de Judd.

Le grand Texan était penché sur un dossier, un crayon coincé entre les dents.

— Hey, t’as vu Tommy ? demanda TK.

Judd leva la tête, un sourire au coin des lèvres.

— Elle ne rentrera pas ce matin. Elle est à l’hôpital.

— Quoi ? s’alarma TK, déjà sur le qui-vive. C’est son cancer ? Il est revenu ?

— Du calme, cowboy ! répondit Judd en riant. C’est Ivy. Elle a fait un mauvais mouvement et elle s’est tordu la cheville. Tommy est à l’hôpital avec elle.

— Ah… d’accord, souffla TK, soulagé.

— Et Mathéo ?

— Il accompagne Nancy à un rendez-vous de grossesse, expliqua Judd avec un petit sourire. Je suppose qu’ils vont pas tarder à nous envoyer une photo d’échographie.

— Donc… l’ambulance reste à la caserne aujourd’hui ? Tu veux que je sois sur l’échelle ? Pour vous donner un coup de main ?

— Oh non, répondit Judd en secouant la tête. L’ambulance est toujours de service. La centrale va nous envoyer un remplaçant d’une minute à l’autre.

— D’accord… fit T.K., l’air un peu hésitant. Et… on connais le capitaine de remplacement ?

— Toi.

— Moi ? répéta-t-il, les sourcils levés.

— Ben oui. Jusqu’à ce que Tommy revienne, c’est toi le capitaine par intérim.

— Capitaine ?! Judd, j’suis pas sûr d’être qualifié pour ça.

— T’as des années de terrain, une bonne tête et les nerfs solides. C’est tout ce qu’il faut.

— Ouais, mais diriger quelqu’un que j’connais pas… c’est différent. Et puis, j’ai jamais eu à gérer la paperasse et la coordination avec la centrale…

Judd leva les mains en signe d’abdication.

— Hé, c’est pas mon idée, gamin. C’est Tommy qui m’a assuré que tu ferais très bien le taf jusqu’à ce qu’elle revienne.

T.K. soupira, se passa une main dans les cheveux.

— Franchement, j’pensais pas commencer la journée avec une promotion

— Promotion temporaire… précisa Judd avec un petit sourire en coin.

— Ouais, répliqua TK avec une grimace nerveuse.

— Sérieux, TK, t’es né pour ça. Tu tiens de ton père, t’as le sang du commandement.

— Ouais, sauf que j’ai pas envie qu’on m’appelle “Capitaine Strand”. J’me sentirais comme un imposteur.

— C’est vrai que “Capitaine Strand” sonne un peu trop... paternel, admit Judd avec un rire.

À cet instant, la porte du garage s’ouvrit, et un jeune ambulancier fit son entré.

— Ah, voilà ton nouveau partenaire, annonça Judd, un sourire taquin au coin des lèvres.

— Génial… marmonna TK en descendant les escaliers

Un jeune homme d’une vingtaine d’années, l’air énergique, la chemise d’uniforme encore toute neuve se tenait devant lui.

— Capitaine Strand ? lança-t-il aussitôt en tendant la main.

— Euh… non, non, m’appelle pas comme ça, répondit TK, pris de court. C’est… juste TK.

— Oh. D’accord, euh… enchanté, Capitaine TK ?

— Non plus, soupira TK. Juste TK, ça ira.

Judd, derrière lui, se mordait la lèvre pour ne pas éclater de rire.

— Bienvenue à la 126, intervint-il pour le sauver.

Le nouveau esquissa un sourire hésitant.

— Merci, Capitaine Ryder. C’est un honneur d’être ici. Je m’appelle Ethan.

— Ah ça, tu dis ça maintenant, plaisanta Judd. On en reparle après une journée sur le terrain avec lui.

TK leva les yeux au ciel.

— Bon… commença TK, loin d’être sur du ton qu’il devait prendre. On va aller voir s’il faut faire le plein de l’ambulance. La deuxième équipe laisse toujours le réservoir vide…

— Oui, Cap— euh… TK, lança le remplaçant.

TK lui lança un regard noir avant de monter dans l’ambulance. Le nouveau s’installa côté passager, l’air à la fois nerveux et curieux.

— Alors… commença le remplaçant pendant que TK démarrait. Vous faites ça depuis longtemps?

— Les urgences ? Assez pour avoir des cheveux blancs avant quarante ans, répondit TK, faussement blasé.

Il fit une manœuvre pour sortir du garage, l’ambulance s’ébranla, et la caserne disparut derrière eux.

— Et toi ? demanda-t-il.

— C’est mon premier jour à Austin. J’étais basé à San Antonio avant.

TK, lui, jeta un bref coup d’œil au tableau de bord : l’aiguille de l’essence était dangereusement proche du “E”.

— Sérieusement, grommela-t-il en se stationnant à la station-service. On devrait expliquer à la deuxième brigade comment remplir un foutu réservoir.

Ils venaient de terminer de faire le plein quand la radio grésilla brusquement.

« Ambulance 126, demande d’intervention urgente. Homme blessé sur un chantier, possible chute d’une échelle. »

TK lâcha un soupir et attrapa le micro.

— Ici… euh… le Capitaine Strand… l’Ambulance 126 est en route.

Il fit une petite grimace en relâchant le bouton, jetant un coup d’œil à Ethan.

— Bon sang… j’ai failli m’étrangler en disant ça.

Ethan, attachant sa ceinture, étouffa un rire.

— C’était pas si mal…

Les gyrophares s’allumèrent, et l’ambulance se lança dans la circulation.



L’ambulance avait déposé le blessé à l’hôpital, et TK rangeait le matériel avec Ethan. Le stress de la matinée commençait à redescendre, mais il sentait encore son cœur battre un peu trop vite.

Soudain, la porte de la caserne s’ouvrit, et une voix familière résonna dans le garage :

— Eh bien, eh bien… si ce n’est pas Capitaine Strand.

TK se figea, un mélange de surprise et de gêne sur le visage. Carlos se tenait là, les mains dans les poches, un sourire amusé aux lèvres.

— Tu es au courant ? demanda TK, un peu hésitant.

— J’étais au bureau et je captais la fréquence de la centrale… je voulais voir ça de mes yeux, répondit Carlos en haussant les épaules.

TK secoua la tête en riant légèrement.

Carlos s’approcha, son sourire s’élargissant, un petit éclat malicieux dans les yeux.

— T’entendre dire “Capitaine Strand”… ça m’a fait drôle. Mais je dois avouer… j’ai trouvé ça plutôt… sexy.

TK sentit ses joues chauffer et leva les yeux au ciel, tout en esquissant un sourire.

— Très drôle… t’es pas supposé me faire perdre mes moyens en public. 

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