Tranche de vie

Rose, vêtue d’une petite robe fleurie et d’un sac à dos presque aussi grand qu’elle, descendait lentement l’allée de l’école, tenant fermement la main de Carlos. Ses tresses rebondissaient à chaque pas, et le vent jouait avec quelques mèches folles qui échappaient à leurs élastiques. Jonah, déjà prêt à filer retrouver ses amis, marchait devant, l’air important du grand frère expérimenté, les mains dans les poches et le menton légèrement relevé.

Arrivés devant la cour, Rose s’arrêta net. Ses yeux, grands comme des billes, scrutèrent les enfants qui couraient et riaient dans tous les sens. Ses doigts se crispèrent sur la main de Carlos, si fort que ses petites phalanges blanchirent.

— Papa… j’veux rester avec vous… murmura-t-elle, la voix tremblante.

TK s’accroupit à sa hauteur, caressant doucement sa joue avec un sourire doux mais rassurant.

— Je sais que ça fait un peu peur, ma princesse. Mais tu sais quoi ? Ton frère aussi, il a eu un peu peur la première fois.

Jonah, embarrassé, haussa les épaules et détourna le regard.

— C’est même pas vrai, marmonna-t-il, les joues légèrement rouges.

Rose leva les yeux vers TK, les larmes menaçant de couler.

— Et si vous m’oubliez… ?

Carlos s’accroupit à son tour, sentant son cœur se serrer.

— On t’oubliera jamais, mi amor. Papa TK et moi, on va être là à la sortie. Et tu n’es pas toute seule, Jonah est à la même école que toi. Tu vas passer une super journée, je te promets.

La cloche sonna alors, faisant vibrer l’air d’un tintement familier. Une enseignante, grande et souriante, s’approcha, tendant la main vers Rose.

— Bonjour Rose, tu viens avec moi ?

La petite regarda ses papas, hésitante, ses doigts encore accrochés à la main de Carlos. Finalement, avec un petit reniflement et un soupir, elle lâcha prise et suivit l’enseignante d’un pas incertain, le sac à dos vacillant légèrement sur ses petites épaules.

TK resta accroupi, les yeux brillants d’émotion,

— Eh ben… souffla TK en secouant doucement la tête, je pensais pas que ça ferait si mal… la deuxième fois…

Carlos passa un bras autour de lui, posant sa main sur son épaule.

— Elle grandit, murmura-t-il.

Rose, de son côté, prenait déjà de l’assurance avec son enseignante, jetant un dernier petit regard par-dessus son épaule à ses papas, le sourire timide aux lèvres.