Tranche de vie

Chapitre 5 : Un nouveau nid

796 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/10/2025 21:36

L’appartement résonnait de bruits familiers : le cliquetis des boîtes qu’on empilait, le froissement du ruban adhésif, les pas précipités de Jonah qui filait d’une pièce à l’autre comme un petit ouragan.

Dans le couloir, Judd et Carlos soulevaient un meuble de bureau en grognant d’un même souffle, pendant que Paul et Matéo démontaient le lit. Marjan balayait méthodiquement le plancher.

Dans les bras de Nancy, la petite Rose gazouillait, fascinée par le ballet des grandes personnes autour d’elle. Ses yeux ronds suivaient chaque mouvement comme si tout cela était un spectacle organisé juste pour elle.

— Papa, pourquoi on met toutes nos affaires dans des boîtes ? demanda Jonah, les sourcils froncés, serrant contre lui sa peluche préférée qu’il refusait de ranger.

— Parce qu’on déménage, mon coeur, répondit TK en collant une étiquette sur un carton. Tu te souviens de la grande maison qu’on a visitée ? Celle avec les escaliers et le jardin ?

— Oui… mais pourquoi on change ? Ici, c’était bien, non ?

TK leva la tête. Il eut un petit sourire attendri, un peu nostalgique aussi.

— Elle était bien, oui. Mais là-bas, on sera mieux. Tu auras ta vraie chambre à toi, et Rose aussi. Tu sais, elle grandit vite. Elle ne peut pas dormir dans notre chambre toute sa vie.

Jonah lança un regard vers sa sœur, qui babillait dans les bras de Nancy.

— Elle prend pas tant de place que ça, souffla-t-il, mi-boudeur.

Carlos éclata de rire et s’accroupit à sa hauteur.

— Pour l’instant, non. Mais bientôt, oui. Et toi, tu vas avoir un espace juste à toi. Un lit de grand, un coin dessin, et tout plein de place pour tes jouets…

Le petit hésita, triturant l’oreille de sa peluche.

— Mais… j’aimais bien ici, moi.

TK s’approcha et lui posa une main douce sur la tête.

— Je sais, mon trésor. Mais dans la nouvelle maison, on aura un vrai jardin pour jouer.

Les yeux de Jonah s’agrandirent aussitôt.

— Avec une balançoire et un carré de sable comme chez abuela ?

— Si tu veux, mi corazón, répondit Carlos avec un sourire.

— On pourrait avoir un chien ? lança Jonah avec espoir.

À ce moment précis, Owen entra dans l’appartement et attrapa un carton.

— Si vous voulez, je vous laisse Caramel ! Il n’arrête pas de gruger mes chaussures !

Tout le monde éclata de rire.

TK déposa un baiser sur le front de Jonah.

— On verra pour le chien. Papa Carlos n’a pas trop aimé le dernier animal qu’on a eu…

— C’est parce que ce n’était pas un animal à sang chaud, grogna Carlos depuis la cuisine.

Jonah rit, puis fila vers le salon pour vérifier que son éléphant au nez usé avait bien sa propre boîte. Il prit le temps d’y déposer quelques voitures et un dessin froissé avant de refermer soigneusement le couvercle.

— Tu crois qu’elle va aimer sa nouvelle maison ? demanda-t-il en désignant Rose du menton.

— Elle ? répondit TK en souriant. Je crois qu’elle s’en fiche un peu, pour l’instant. Mais toi, je sais que tu vas l’adorer.

— On pourrait mettre des étoiles au plafond de sa chambre, proposa Jonah, soudain inspiré.

— Si tu veux, mon cœur, dit TK.

— Et moi, je peux peindre des nuages sur ses murs, ajouta Judd d’un ton enjoué.

— Oui, surtout si vous voulez qu’ils ressemblent à tout sauf des nuages, répliqua Grace, moqueuse, en entrant dans la pièce.

Les rires fusèrent. Le soleil de fin d’après-midi filtrait à travers les boîtes empilées, dessinant sur les murs des carrés dorés. On aurait dit que la lumière elle-même voulait emporter un peu de leur vie d’ici.

TK s’arrêta un instant, un ruban de scotch suspendu entre ses doigts.

— On a eu de beaux moments ici, murmura-t-il.

Carlos hocha doucement la tête, serrant Rose contre lui. Il posa un regard attendri sur Jonah, qui alignait ses petites voitures comme pour s’assurer qu’elles ne se perdent pas en route.

— Oui. Mais le plus beau, c’est qu’on les emmène tous avec nous.

TK leva les yeux vers lui, un sourire tendre accroché aux lèvres.

— Tous nos souvenirs ?

Carlos approcha et glissa une main derrière sa nuque.

— Non, murmura-t-il avec un clin d’œil. Nos trésors.

Jonah leva la tête, intrigué.

— C’est quoi, nos trésors ?

Carlos lui sourit.

— Toi. Ta sœur. Et nous quatre, ensemble.

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