Saut dans le temps

Chapitre 4 : Urgence à la maison

1069 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/10/2025 00:58

Le moteur de l’ambulance ronronnait faiblement quand la 126 franchit les portes de la caserne.

TK s’étira sur son siège, un soupir lui échappant en éteignant le moteur.

À côté de lui, Nancy relisait les notes sur sa tablette.

— J’te jure, si je dois encore remplir un rapport de patient qui « refuse le transport », je change de métier, lança-t-elle en roulant des yeux.

— Ouais, mais avoue que c’est quand même mieux que de se faire vomir dessus, répondit TK avec un sourire en coin.

Nancy éclata de rire.

— T’as pas tort.

Derrière eux, Tommy était déjà descendue, son regard concentré sur les papiers qu’elle tenait.

— Allez, on range le matériel. Moi, j’ai encore deux rapports à boucler avant l’heure du diner, lança-t-elle d’un ton à la fois ferme et maternel.

TK hocha la tête, rangea ses gants et referma la trousse. Il adorait ces journées tranquilles, où tout semblait bien aller. La routine, quoi.

Nancy vint s’appuyer contre le camion, les bras croisés.

— Dis-moi, lança Nancy avec un sourire malicieux, t’as prévu quelque chose ce week-end ?

— Non, pourquoi ?

— J’sais pas… on serait dû pour se faire quelque chose, toute la bande, continua Nancy. Un souper, une soirée au bar…, n’importe quoi. On dirait qu’on s’voit plus en dehors du boulot.

— T’as pas tort, répondit TK en hochant la tête. En plus les enfants son rendu grand… ils peuvent se débrouiller seul un soir.

— Exactement ! s’exclama Nancy. Je veux dire, j’adore mon fils, mais des fois, j’ai besoin de parler avec quelqu’un qui peu me répondre autrement que par des onomatopée…

— Je te comprends, rit TK.

Nancy le fixa avec un petit sourire taquin.

Un silence doux s’installa. Puis, le téléphone vibra dans la poche de TK.

Il jeta un coup d’œil à l’écran.

Jonah

Il sourit, sans se douter une seconde de ce qui l’attendait.

— Allô, mon cœur ? Qu’est-ce qu’il y a ?

La voix de Jonah, haletante, paniquée, lui répondit aussitôt.

— Papa ! C’est Rose ! Elle s’est coupée, au bras ! Y’a du sang partout ! J’sais pas quoi faire !

Le monde s’arrêta.

Une fraction de seconde, TK cessa de respirer.

Les mots se heurtaient dans sa tête : coupée, sang, Rose.

Son cœur se tordit violemment dans sa poitrine.

Mais l’instinct prit le dessus.

— On arrive, dit-il d’une voix soudain ferme, étranglée de tension. On arrive tout de suite.

Il lança un regard à Nancy.

— C’est Rose. Elle est blessée. Grave.

Nancy blêmit aussitôt, mais ne posa aucune question.

— OK. On y va.

TK hurla vers le bureau :

— TOMMY ! C’est Rose ! Elle s’est blessée !

Tommy ,qui était accouder devant une table roulante en train de remplir sa paperasse, leva la tête, figée une seconde, puis fonça vers l’ambulance.

— On monte, dit-elle simplement.

TK courait déjà, le téléphone toujours collé à l’oreille.

— Écoute-moi bien, mon cœur. Tu dois lui donner les premiers soins, maintenant.

Il l’entendit balbutier un « O-OK » tremblant, et le cœur de T.K. se serra.

Il aurait tout donné pour être déjà là, pour le prendre dans ses bras, pour effacer la peur qu’il entendait dans sa voix.

L’ambulance démarra, les gyrophares éclatant dans la lumière du jour.

Nancy, sur le siège conducteur, attrapa la radio.

— Ambulance 126, départ d’urgence. Blessure grave, adresse personnelle du secouriste TK Strand.

TK serrait le téléphone si fort qu’il en avait mal à la main.

— Est-ce qu’elle est consciente ?

— Elle dit plus rien… mais elle garde les yeux ouverts.

— Bien. Il faut compresser la plaie tout de suite. Trouve un torchon, une serviette, n’importe quoi. Appuie fort.

Chaque mot lui arrachait un morceau de souffle.

C’était comme soigner un patient à distance — sauf que cette fois, c’était sa fille.

Il entendait Jonah respirer vite, paniqué, puis le froissement d’un tissu.

— Et maintenant ?!

— Reste appuyé. Fort. Il faut arrêter le saignement. Est-ce qu’elle est pâle ?

— Oui… vraiment.

— Ok. Lève-lui le bras. Et reste avec elle. Parle-lui.

La sirène hurlait. L’ambulance bondissait à travers la circulation.

Dans le vacarme, TK gardait une voix ferme, rassurante — mais ses doigts tremblaient.

— Rose, fit Jonah d’une voix brisée, reste avec moi, d’accord ? Papa arrive. Ça va aller, je te promets.

Un gémissement traversa la ligne.

Puis Jonah cria, affolé :

— Papa ! Ça va plus du tout !

— Allonge-la doucement. Et tourne sa tête sur le côté, au cas où elle vomirait.

— J’ai peur, papa…

— Je sais. Mais tu fais ça super bien, mon grand. Je suis tellement fier de toi. On est presque là. Reste avec elle, OK ? Continue de lui parler.

Un silence. Puis une voix étouffée, brisée par les sanglots :

— Reste avec moi, Rosie… lâche pas, s’il te plaît…

Tommy à l’arrière de l’ambulance, s’activait déjà sur le kit de trauma.

— TK, bilan rapide ! demanda-t-elle.

TK serra le téléphone contre son épaule, voix ferme.

— Plaie avant-bras, entaille profonde, saignement actif. Consciente mais pâle, tachypnée. Hématophobe : risque choc vagal. Compression en place, maintien du contact verbal.

Tommy hocha la tête.

— Reçu. Je mets en place le kit plaie profonde, monitorage tension et fréquence cardiaque dès l’arrivée, vigilance syncope.

Nancy, concentrée au volant, lança :

— Arrivée dans moins de dix minutes, Capitaine.

La voix paniquée de Jonah jaillit à nouveau dans l’oreille de TK :

— Papa ! Elle s’évanouit !

Un vertige saisit TK, mais il tint bon.

— Garde la pression. Ne lâche pas. On arrive. Tu m’entends ? Ne lâche pas.

Il ferma les yeux une seconde, serrant le téléphone contre son oreille comme s’il pouvait, à travers la ligne, les protéger tous les deux.

La sirène déchirait l’air.

Et pour la première fois depuis longtemps, TK sentit la peur lui mordre le cœur — cette peur viscérale de perdre ce qu’il avait de plus cher.

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