Saut dans le temps

Chapitre 9 : Cicatrices

682 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/10/2025 20:18


Dans le salon, Rose était assise sur le divan, le visage crispé, blottie dans une couverture trop grande pour elle. La télévision diffusait une émission, mais elle ne semblait pas vraiment regarder. Son bras blessé reposait contre sa poitrine, bien calé, ses doigts tremblaient un peu chaque fois qu’elle bougeait.

Le tic-tac régulier de l’horloge se mêlait au bruit léger du vent dehors. Une odeur de soupe chaude venait de la cuisine — celle d’abuela —, réconfortante, presque apaisante.

TK entra doucement dans la pièce, tenant deux cachets dans une main et un verre d’eau dans l’autre. Ses pas étaient feutrés, presque hésitants, comme s’il craignait de troubler ce fragile calme.

— Tiens, dit-il en s’agenouillant devant elle. Ça va t’aider à te reposer un peu.

— Ça va, marmonna Rose sans le regarder. J’ai pas mal.

— Mmh. J’te vois grimacer depuis la cuisine, répliqua doucement TK en levant un sourcil.

Rose haussa les épaules, un peu gênée.

— C’est juste… ça tire un peu, c’est tout.

— C’est normal. Ton corps a eu une grosse journée, et il a besoin d’un coup de pouce. Allez, prend tes antidouleurs.

— J’en ai pas besoin…

— Rose… soupira-t-il. Je vois ce que tu fais.

Il s’assit à côté d’elle, lentement, comme on apprivoise un oiseau blessé.

— Prendre un cachet ou deux, ça va pas te rendre accro. C’est pas comme ça que ça commence.

Rose baissa la tête, ses doigts serrant la couverture autour d’elle.

— C’est pas ça, souffla-t-elle.

— Non ? Alors c’est quoi ? Tu veux être forte ? Montrer que t’as pas mal ? Parce que je te jure, avoir mal, ça fait pas de toi quelqu’un de faible. Pas après ce que t’as vécu aujourd’hui.

Un léger tremblement passa sur les lèvres de Rose. Elle ne répondit pas tout de suite. Ses yeux brillaient un peu sous la lumière du salon.

— Toi, t’en aurais pas pris… murmura-t-elle finalement, sans le regarder.

TK resta figé une seconde. Son visage se referma un instant, et il détourna brièvement le regard vers la fenêtre.

— Tu veux être solidaire ou tu veux qu’on fasse un concours de celui qui endure le plus de douleur ? dit-il d’un ton doux, mais ferme.

Il posa le verre et les cachets sur la table basse, puis s’approcha d’elle.

— Rose… Ce que j’ai vécu, ce que j’ai traversé… ça ne t’arrivera pas.

Elle releva lentement les yeux vers lui, son regard cherchant à comprendre.

— Comment tu peux en être aussi sûr ? demanda-t-elle, la voix éraillée.

— Parce que je te vois, répondit-il simplement. Tu sais… pendant longtemps, moi, dès que quelque chose devenait trop lourd, trop douloureux, je me planquais derrière les médocs. C’était mon réflexe. Mon moyen de fuir.

— Mais toi, tu fais pas ça. Toi, tu restes là. T’affrontes les choses. Même quand t’as peur. Et crois-moi, c’est mille fois plus courageux que d’avaler une pilule pour tout engourdir.

Rose baissa les yeux, émue, ses doigts jouant avec le tissu de la couverture.

TK reprit, plus doucement encore :

— Et tu sais ce qui est pire que de souffrir ? Voir ses enfants avoir mal.

Un silence chargé d’émotion remplit la pièce. L’émission continuait de tourner en fond.

Finalement, Rose soupira, attrapa les cachets, les observa un instant avant de les avaler avec une gorgée d’eau.

— Juste pour te faire plaisir, murmura-t-elle, un mince sourire aux lèvres, avant de se blottir contre lui.

TK posa une main dans ses cheveux, les caressant doucement.

— Merci, souffla-t-il, avant de déposer un baiser tendre sur le sommet de sa tête.

Il la serra contre lui, et elle s’y laissa aller, enfin apaisée, le rythme régulier de sa respiration se calant contre celui de son père.

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