Saut dans le temps

Chapitre 12 : Quand la fête s’arrête

902 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/10/2025 13:11

Au bout d’une heure, l’ambiance changea subtilement.

Rose, jusque-là tout sourire, remarqua que Diego ne riait plus. Son regard semblait un peu perdu, et il se balançait légèrement d’avant en arrière.

— Hé… ça va ? demanda-t-elle, la voix hésitante.

— J’me sens… étourdi, répondit-il en portant une main tremblante à son front.

Leïla fronça aussitôt les sourcils et tira une chaise vers lui.

— Attends, assieds-toi, dit-elle en l’aidant à se poser. Respire un peu, peut-être que t’as trop chaud.

Mais Diego avait le teint cireux, presque gris sous les lumières.

— J’me sens pas bien…, souffla-t-il, la voix à peine audible.

Rose sentit une boule se former dans son ventre.

— J’vais chercher tes parents, dit-elle précipitamment avant de filer presque en courant à travers la foule.

Elle fendit la marée humaine, évitant les plateaux et les rires, le cœur battant à tout rompre. Elle repéra Carlos près de la table des desserts.

— Papa ! C’est Diego… il va pas bien ! lança-t-elle, essoufflée.

Carlos releva la tête, alarmé.

— Pas bien comment ?

— Étourdi, tout pâle. Leïla est resté avec lui.

Il hocha la tête et suivi Rose. Mais à peine avaient-ils fait trois pas qu’un murmure traversa la salle : un adolescent, un peu plus loin, venait de s’effondrer, soutenu par deux amis paniqués.

Carlos sentit une tension glaciale lui remonter le long du dos.

— Ça va ? demanda-t-il en s’approchant.

— J’sais pas… il tient plus debout…, répondit l’un des garçons, affolé.

Deux jeunes malades, à quelques minutes d’intervalle, dans la même salle bondée. Pas bon signe. Pas du tout.

Carlos sentit l’instinct du flic se réveiller. Il leva les yeux, cherchant T.K. dans la foule.

— TK ! Tommy ! par ici ! lança-t-il d’une voix forte.

T.K., alerté par le ton de son mari, accourut, suivi de Tommy.

— Qu’est-ce qu’on a ? demanda Tommy en s’agenouillant près du jeune homme.

— Perte d’équilibre, vision trouble, nausée, rapporta Carlos. Et Diego, présente les mêmes symptômes.

— Super, deux cas d’un coup, marmonna T.K. en posant deux doigts sur le cou du garçon. Pouls rapide, respiration instable. Ça ressemble pas à un simple coup de chaleur.

Tommy acquiesça, sérieuse.

— OK, on le met en position latérale. T.K., vérifie ses pupilles.

Elle sortit son stéthoscope pendant que T.K. ouvrait doucement une paupière.

— Pupilles dilatées, souffla-t-il. Carlos… ça ressemble à ce que tu m’as parler…

Carlos sentit son estomac se tordre.

Cette phrase-là, il l’avait redoutée.

TK avait raison : les signes, la pâleur, la désorientation… tout ça ressemblait dangereusement à sa dernière enquête...

Il leva les yeux. Autour d’eux, les rires continuaient, la musique battait encore, les verres tintaient

Une sueur froide coula le long de sa nuque.

— Papa, fit Rose en tirant doucement sur sa manche. Il faut aller voir Diego.

— On va essayer de trouver Nancy et Mathéo, dit-il d’un ton ferme. Toi, reste derrière moi.

Carlos fendit la foule à grandes enjambées, Rose sur ses talons.

Il chercha des yeux Nancy, et la repéra enfin à une table, en train de parler avec Paul.

— Nancy ! cria-t-il, la voix tranchante. Vient ! C’est Diego !

Le visage de Nancy se décomposa. Elle se précipita, suivi Rose et s’agenouillant devant son fils.

Diego était conscient, mais livide. Sa respiration était rapide et saccadée. Des perles de sueur lui couvraient le front.

— Chéri, regarde-moi… tu m’entends ? demanda Nancy en lui tapotant doucement la joue.

— J’ai… j’ai mal au cœur… balbutia Diego avant de se pencher en avant, pris d’un haut-le-cœur.

Mathéo arriva et s’agenouilla près d’eux, tandis que Nancy chercha le pouls de son fils, le front plissé.

— Tachycarde, respiration rapide, transpiration froide… c’est pas juste une indigestion, murmura-t-elle.

Diego gémit, se plia en deux. Mathéo eut juste le temps de rapprocher une poubelle avant qu’il ne vomisse.

Nancy le soutint, lui tenant la nuque, ses gestes précis mais son regard trahissant une peur viscérale.

Carlos allait revenir vers T.K. quand un bruit précipité le fit se retourner.

Charlie fonçait droit sur lui, le visage paniqué.

— Monsieur Reyes ! Jonah… Jonah se sent vraiment pas bien !

Carlos sentit son cœur rater un battement.

— Où ça ?

— Là-bas, près des camions…

Il se retourna d’un mouvement sec.

— TK ! cria-t-il. Jonah est malade aussi !

T.K. se releva aussitôt, laissant le patient à Tommy.

— Charlie, montre-moi !

Sans attendre, il la suivit en courant. Tommy leva la tête vers Carlos.

— Trois jeunes, mêmes symptômes… Ça ressemble à une intoxication collective.

Carlos serra les dents.

Il se tourna vers Rose et Leïla.

— Écoutez-moi bien, dit-il d’un ton qui ne laissait aucune place à la discussion. Vous ne touchez plus à rien. Ni à boire, ni à manger. Compris ?

— Mais pourquoi ? demanda Rose, confuse.

— Pas de “pourquoi”. Vous allez voir Marjan, tout de suite. Et vous restez avec elle jusqu’à ce que je revienne. C’est clair ?

Les deux filles hochèrent la tête, impressionnées par le ton inhabituellement ferme de Carlos.

Quelque chose n’allait vraiment pas.


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