Saut dans le temps
Sans perdre une seconde, Carlos se dirigea vers Judd, à l’entrée du garage.
— Judd, faut que je te parles. Maintenant.
Le grand Texan comprit au ton qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Trois jeunes malades en moins de dix minutes. Ça ressemble trop à un truc sur lequel j’enquête…
Judd fronça les sourcils.
— Tu crois que quelqu’un a trafiqué les boissons ?
— J’en suis pas sûr… mais je veux voir les caméras. Tout de suite.
Ils échangèrent un regard lourd de sous-entendus, puis se dirigèrent rapidement vers la petite salle de contrôle, leurs pas résonnant sur le béton du garage.
Dans le bureau, Judd pianotait sur les ordinateurs pour sortir les images des caméras. Carlos, lui, sortis son téléphone de la poche de son jeans.
Il appuya sur une touche, inspira, et parla d’une voix contrôlée, mais tendue.
— Ici l’agent Reyes, matricule 4721. Unité 126, possible intoxication collective sur site. On a déjà trois jeunes avec symptômes. Besoin de renforts et d’une équipe de prélèvement sur place, statut urgent.
Le téléphone plaqué contre son oreille, il écoutait d’une voix calme mais ferme.
— Oui, je crois que c’est lui, confirma-t-il. Même mode opératoire… Ok, je vous tiens au courant.
Il raccrocha et serra les poings, la mâchoire crispée.
— Je m’en veux de pas avoir été plus vigilant, avoua-t-il à Judd. J’aurais dû anticiper, surveiller davantage. Mais jamais, jamais je n’aurais pensé qu’il oserait agir ici, dans une fête organiser par des pompiers…
Judd, immobile devant les écrans de surveillance, passait au ralenti les images captées. Son regard scrutait chaque détail, cherchant l’ombre, le geste suspect.
— Regarde ça, dit-il en pointant l’écran où un homme, casquette vissée sur la tête, s’approchait des verres avec une démarche furtive.
Carlos s’approcha, son visage se durcissant.
— C’est lui. L’homme qu’on traque depuis des semaines.
Un silence pesant s’installa.
— Je dois avertir mon comandant, souffla Carlos.
Il recomposa un numéro.
— Là, regarde, chuchota Judd en zoomant l’image. À 18h11 il remet quelque chose dans une carafe, puis s’éloigne comme s’il n’avait rien fait. On le suit à la caméra 3 vers la rue nord — il se confond dans la foule.
La sueur perlait au front de Carlos, mais son ton resta sec, professionnel.
— Description confirmée, lança-t-il au téléphone. On a le suspect filmé en train d’altérer une boisson
Il se tourna vers Judd
— On mobilise toute la 126, ordonna Carlos. On fait le max avant que les patrouilleurs arrivent. On fouille chaque recoin. Personne ne sort sans notre accord.
— On traque ce type jusqu’à ce qu’on le trouve, ajouta Judd, déterminé.