Saut dans le temps
TK avait suivi Charlie jusqu’à Jonah. Le jeune garçon était assis sur le marchepied de l’ambulance 126, le dos voûté, les coudes sur les genoux. Son visage était d’une pâleur inquiétante, et ses yeux à moitié fermés semblaient lutter pour rester ouverts.
— Hey, mon cœur, dit TK en s’accroupissant devant lui. Qu’est-ce qui se passe ?
— J’ai… mal au cœur…, murmura Jonah, la voix faible et éraillée.
TK posa une main chaude sur son épaule, le regard doux.
— Ok… Est-ce que tu te sens étourdi ?
— Oui…
TK hocha la tête et se leva.
— Ok, donne-moi une minute.
Il ouvrit un compartiment sur le côté de l’ambulance et sortie un sac de secours. En vitesse, il attrapa le brassard à pression et un stéthoscope.
— Je vais prendre tes constantes.
Jonah obéit sans un mot, les yeux baissés. TK glissa le brassard autour de son bras et enclencha l’appareil.
— Respire doucement, voilà… parfait.
Un silence tendu s’installa, seulement troublé par le bip régulier du tensiomètre.
TK observa les chiffres s’afficher, fronça un peu les sourcils.
— Un peu bas…
Il plaça ensuite deux doigts sur le poignet de Jonah pour prendre son pouls.
— C’est un peu rapide. Tu te sens nerveux ? dit-il avec un clin d’œil en se tournant vers Charlie.
— Très drôle…, marmonna Jonah.
Mais soudain, Jonah pâlit davantage. Ses épaules s’affaissèrent, et il porta une main à sa tête.
— J’me sens… vraiment pas bien…
TK le rattrapa aussitôt par le bras, alarmé mais calme.
— Hé, hé, respire. Viens, on va t’allongé.
Il le guida doucement jusqu’à l’intérieur de l’ambulance et l’aida à s’étendre sur le brancard.
— Voilà. Respire tranquillement.
Jonah gémit faiblement, les paupières mi-closes. TK vérifia son pouls à nouveau, puis passa une main sur son front moite.
— Pourquoi j’me sens comme ça ? Fit Jonah
— Papa Carlos pense que quelqu’un a mis quelque chose dans certains verres, expliqua TK calmement. T’es pas le seul à te sentir mal. Diego a vomi, et il se sent déjà beaucoup mieux.
Jonah serra un peu ses bras autour de son ventre, essayant d’avaler sa nausée, puis murmura à son père.
— Non… pas devant Charlie…
TK jeta un coup d’œil à la petite, qui se tenait près de la porte de l’ambulance, inquiète, triturant le bas de son chandail. Un sourire lui échappa.
— Ok, alors… on a une autre option. Mais je te préviens, tu vas probablement pas aimer.
— Quoi ? demanda Jonah, méfiant.
TK se leva, ouvrit un compartiment métallique au-dessus du brancard et fouilla rapidement. Il en sortit un bolus de sérum physiologique, une tubulure et une aiguille emballée.
Quand Jonah aperçut le matériel, il blêmit encore plus.
— Oh non… non, non, non…
TK s’agenouilla à nouveau devant lui, d’un calme exemplaire.
— Hé, écoute-moi. Ça va t’aider à te réhydrater et à te remettre sur pied beaucoup plus vite.
— Je déteste ça…, marmonna Jonah en serrant les poings.
— Je sais, admit TK avec un petit sourire. Tu préfères vomir peut-être. Je peux t’installer dans un coin tranquille avec un seau.
Charlie, toujours là, grimpa dans l’ambulance, inquiète.
— Est-ce que Jonah va être correct ? demanda-t-elle d’une petite voix.
— Bien sûr, répondit TK avec douceur. Ça va très bien aller…
— Facile à dire pour quelqu’un qui pique les autres…, bougonna le garçon.
TK roula des yeux, puis sortit une paire de gants, les enfila avec méthode et sortit les compresses d’un geste sûr.
Il attrapa le bras de Jonah, qui se raidit aussitôt.
TK déballa un tampon d’antiseptique et nettoya le creux du bras de son fils.
— Ok, dit-il. C’est encore le moment de reculer.
Jonah hocha la tête. Visiblement avoir Charlie tout près, lui donnait du courage… ou Jonah avait tout simplement peur de perdre la face devant la jeune fille…
— Détends-toi, fit TK calmement. Regarde-moi, pas l’aiguille.
— Trop tard, je l’ai vue…, grogna Jonah, crispant la mâchoire.
Alors Charlie, sans réfléchir, s’approcha et glissa sa main dans la sienne et doucement tourna son visage pour qu’il la regarde elle.
— Regarde-moi, dit-elle doucement. Regarde mes yeux.
— En voilà un bon truc, dit TK en installant l’aiguille dans la veine.
— Aïe !
— C’est fini, coupa TK en fixant la perfusion.
Jonah cligna des yeux, surpris.
— C’est… déjà dedans ? T’est sur ?
— Eh oh, tu doutes de mes compétence… rigola TK. Détends-toi, tu vas vite aller mieux.
Jonah soupira, l’air épuisé mais soulagé.
— Facile à dire avec ce truc planté dans le bras…
TK lui tapota gentiment la jambe.
— T’as été courageux. Et t’as une super infirmière privée, en plus, dit-il en désignant Charlie.
La petite rougit, mais garda la main de Jonah dans la sienne.
— Je vais aller voir si Tommy et Nancy ont besoin d’un coup de main avec les autres patients, ajouta TK en se relevant. Charlie, si tu vois que son état empire, tu viens me chercher, d’accord ?
— Promis, répondit-elle sans lâcher Jonah du regard.
TK lui adressa un clin d’œil avant de repartir vers le tumulte.