Ce qu’il reste de moi

Chapitre 2 : Derrière les menottes

503 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/10/2025 01:05


La soirée s’annonçait longue. Carlos avait patrouillé tout l’après-midi, géré un vol à l’étalage qui avait dégénéré en dispute conjugale, rempli des tonnes de paperasses, et il venait à peine de s’asseoir à son bureau en consultant distraitement un rapport puis tapotait quelques notes sur son clavier, quand son commandant cria son nom.

— Reyes, dans mon bureau.

Il se leva, un peu irrité, referma son ordinateur et suivit le couloir, sentant la fatigue peser sur ses épaules.

— Reyes, lança le commandant sans même prendre la peine de lever sa tête de son écran d’ordinateur. J’ai un dossier pour toi.

— Encore ? soupira-t-il. J’ai même pas fini le précédent.

— Un type ramassé dans un bar de Riverside. Pas d’antécédents au Texas…

—Super, un mec bourré, marmonna Carlos en attrapant le dossier.

Il soupira en l’ouvrant, feuilletant les pages d’un air distrait, mais son regard se figea presque aussitôt sur le nom inscrit en haut de la première feuille : Tyler-Kennedy Strand.

— Strand ? souffla-t-il.

Instantanément, il sut que c’était TK.

Un mélange d’inquiétude et de colère monta en lui. Qu’est-ce que ce qu’il avait bien pu faire pour se retrouver ici ?

Il parcourut les notes, ses yeux scrutant chaque ligne. Pas d’alcool, pas d’odeur sur ses vêtements, aucune trace d’ivresse ni de signe qui montre qu’il pourrait être sous l’effet des drogues. TK s’était battu, mais avec les idées claires. Pourquoi avait-il des idées autant suicidaires? Un frisson le traversa rien qu’à l’idée que quelque chose de plus grave aurait bien pu lui arriver.

Carlos leva les yeux et aperçut au bout du corridor TK, assis sur une chaise devant son bureau, menotté. Le jeune homme semblait à la fois épuisé et tendu, la lèvre fendue. La vue lui brisa le cœur.

Et pourtant… au fond de lui, il sentit la colère renaître. Celle de cette soirée où il avait tout préparé pour TK, tout organisé avec soin, et où le jeune homme s’était littéralement enfui. Carlos n’avait pas compris ce qu’il avait fait de travers, et maintenant, le retrouver ici, derrière des menottes, ravivait cette frustration.

Il détourna légèrement le regard pour reprendre contenance, essayant de séparer le professionnel de l’émotionnel. Mais chaque détail — la lèvre fendu, le t-shirt en sang, la posture crispée, la vulnérabilité visible — lui rappelait ce qu’il essayait de repousser. Cette émotion qu’il avait ressenti la toute première fois qu’il avait aperçu le pompier.

Carlos inspira profondément. Il devait rester calme. Il devait gérer cette situation comme un officier. Mais une part de lui, la plus honnête, se demandait déjà ce que TK allait dire quand ils seraient face à face.


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