Ce qu’il reste de moi

Chapitre 5 : Le fils du capitaine

685 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/10/2025 01:13


L’air de la nuit lui fouetta le visage dès qu’il poussa la porte du commissariat. La pluie s’était calmée, mais le bitume brillait encore sous les lampadaires, et la ville semblait soudain plus silencieuse qu’à son arrivée.

TK inspira profondément, le sac en plastique à la main. Il fouilla à l’intérieur, en sortit son téléphone, son portefeuille, ses clés. Des objets banals, mais qui lui donnaient presque l’impression de redevenir quelqu’un.

Et pourtant, il n’y arrivait pas.

Son esprit restait prisonnier du poste, du regard de Carlos.

Ce regard-là…

Il l’avait senti jusque dans le creux de son ventre, comme une brûlure douce, une chaleur qu’il essayait encore de nier.

Il se força à secouer la tête, comme pour chasser cette image.

Il avait d’autres choses à affronter.

TK déverrouilla son téléphone. Trois appels manqués — tous du même numéro : papa.

Il ferma les yeux une seconde, jurant entre ses dents.

Owen allait le tuer.

Il se demanda pourquoi il n’avait pas accepté l’invitation de Carlos, pourquoi il avait simplement hoché la tête avant de tourner les talons.

La réponse, il la connaissait.

Parce qu’il savait très bien comment ça se serait terminé. Carlos avait le pouvoir de réveiller en lui des désirs et des pulsions trop grandes pour résister. Et TK n’était pas sûr de pouvoir supporter ça. Pas ce soir.

Il avait besoin de temps. De comprendre ce qu’il voulait vraiment.

Et surtout, de trouver les mots justes pour expliquer les choses à Carlos. De la bonne manière cette fois, pas sur le vif dans un poste de police


Il hésita, le pouce suspendu au-dessus de l’écran. Il aurait voulu n’appeler personne, rentrer à pied, se fondre dans la nuit jusqu’à disparaître. Mais il n’avait plus le courage. Pas ce soir.

Il appuya finalement sur le contact, porta le téléphone à son oreille.

Une sonnerie. Deux. Trois.

Puis la voix de son père, tendue, entre la colère et l’inquiétude :

— TK ? T’es où, bon sang ?

TK déglutit.

— …Salut, papa.

— Dis-moi pas que t’es encore à l’hôpital.

— Non, pas cette fois.

— Alors où ?

— Au poste.

— …Quoi ?

La voix d’Owen se fit plus dure, plus tendue.

— TK, tu veux dire le poste de police ?

— Ouais.

Un autre silence.

On entendait un froissement, un bruit de pas, peut-être le frottement d’une veste qu’on enfile à la hâte.

— Qu’est-ce que t’as fait ? demanda finalement Owen, sa voix un peu plus basse, presque contrôlée.

— Rien de grave. Une bagarre.

Une bagarre ? Tu te rends compte à quel point c’est idiot ?!

— Oui, répondit TK, la mâchoire serrée. Je sais.

— T’étais sobre ?

— Mais oui !

Owen marqua une pause. Ce mot, pourtant rassurant, semblait le désarmer.

Il inspira lentement, comme pour retenir la colère qui montait.

— T’as été blessé ?

— Non. Enfin, un peu. Rien de cassé.

— Et ils vont te relâcher ?

— Oui… je suis déjà dehors… mais faut quelqu’un pour venir me chercher.

— D’accord, dit Owen après quelques secondes. J’arrive.

TK allait raccrocher, mais Owen renchéri, cette fois, la voix plus douce :

— Fils… je suis fière que tu n’es rien prit... Mais bordel, tu peux pas continuer à tester tes limites comme ça.

TK ferma les yeux. La honte lui mordit la gorge.

— Je sais, papa.

— Non, tu crois savoir. Mais ce genre de connerie, c’est pas juste toi que tu blesses. Tu veux tout foutre en l’air ? Notre nouvelle vie ici, ton poste à la 126 ?

Il aurait voulu répondre, se défendre, dire que c’était juste une soirée qui avait mal tourné — mais à quoi bon ? Owen avait raison.

— Ça n’arrivera plus, fit TK, conscient qu’il avait l’air d’un ado en train de se faire gronder.

— J’suis là dans quinze minutes. Bouge pas.

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