Ce qu’il reste de moi

Chapitre 8 : Sous les néons de la nuit

1172 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/10/2025 18:41

TK suivit Carlos jusqu’à sa Mustang, le cœur battant un peu plus vite qu’il ne voulait l’admettre. L’air frais de la nuit lui fouettait le visage et chaque pas rapprochait un peu plus de l’inconnu. Il jeta un coup d’œil au conducteur, encore souriant, l’air parfaitement sûr de lui.

— Alors… c’est quoi ce bar d'Austin que je ne connais pas encore ? demanda TK, essayant de masquer son excitation derrière une curiosité feinte.

Carlos le regarda un instant, un sourire en coin.

— Qui t’a dit qu’on restait à Austin ?

TK cligna des yeux, surpris.

— On sort de la ville ? s’étonna-t-il. Est-ce que je devrais m’inquiéter ? Qui me dit que tu vas pas m’emmener dans un coin paumé, perdu au milieu de nulle part…

Carlos éclata de rire, secouant la tête.

— Tu as peur ? fit-il en levant un sourcil moqueur. Tu devrais peut-être appeler les flics…

TK sourit malgré lui, charmé par l’audace de Carlos et cette façon qu’il avait de jouer avec ses limites. Il se força à prendre une grande inspiration, essayant de calmer l’agitation dans son ventre.

— Et alors ? demanda-t-il, feignant l’insolence. Je devrais être rassuré ou… flippé ?

— Je t’emmène dans un endroit où tu n’entendras pas de musique country, répondit Carlos, son sourire plus doux, presque complice.

Un frisson parcourut TK. L’idée de suivre Carlos dans ce mystérieux endroit, éveillait à la fois sa curiosité et un désir qu’il n’arrivait plus à ignorer. Et malgré lui, il se surprit à espérer que la route serait longue.

— Vraiment ? On pourra danser ? Mais genre… pas en ligne, précisa-t-il en prenant place sur le siège passager.

Carlos rigola.

— Tu veux quelle sorte de dance… de la salsa, du tango? fit-il avec un sourire malicieux.

TK haussa les sourcils, faussement méfiant.

— Eh ben… je pensais plus à danser au sens large… ? Du genre, se trémousser un peu au son d’une musique pop. J’veux dire, je sais que ce genre de danse, c’est probablement dans tes gènes… mais j’te jure, tu veux pas me voir tenter une salsa.

Carlos éclata de rire, un vrai rire, chaud et communicatif.

— T’inquiète, c’est pas là que je t’emmène, taquina-t-il avant de démarrer la voiture.

Le moteur ronronna, grave et régulier, pendant que TK bouclait sa ceinture, un sourire discret au coin des lèvres.

Il jeta un coup d’œil vers Carlos, ses doigts posés sur le volant, le regard concentré sur la route. Il se demanda un instant s’il savait seulement à quel point il pouvait être désarmant comme ça, en silence, avec ce calme tranquille et ce léger air de mystère.

La radio jouait une chanson latino en fond, une de ces mélodies rythmées et langoureuses à la fois, où chaque battement semblait respirer à travers les haut-parleurs.

Carlos changea de vitesse d’un geste fluide, précis, presque sensuel. TK suivit le mouvement du bras, la ligne tendue du biceps qui se contractait juste assez sous la lumière des néons. Il détourna le regard aussitôt, se mordant la lèvre, comme s’il s’était surpris lui-même à regarder trop longtemps.

Chaque geste de Carlos, chaque soupir du moteur, chaque vibration de la route sous ses pieds faisaient battre son cœur un peu plus fort.

Il s’était pourtant promis de prendre son temps. De ne pas replonger tête première. Pas encore. Pas cette fois.

Mais entre les mains assurées de Carlos sur le volant, la musique qui s’insinuait sous sa peau et la douceur de cette nuit texane, il n’était plus très sûr de pouvoir résister aussi longtemps.

Quand la voiture s’immobilisa enfin, TK en eu le souffle couper.

Devant lui, les néons clignotaient en rouge et violet sur une façade sans prétention, mais l’écho sourd de la basse faisait déjà trembler le trottoir.

Il tourna la tête vers Carlos, les sourcils légèrement levés.

— Sérieusement ? C’est là qu’on va ?

— Tu voulais pas de country, non ? répondit Carlos avec un petit sourire en coin.

TK éclata d’un rire incrédule.

— Ouais, mais je pensais pas que t’allais m’amener dans une boîte de nuit.

Carlos sortit de la Mustang, contournant la voiture pour venir lui ouvrir la portière avec un geste à la fois galant et désarmant.

Le son explosa dès qu’ils franchirent la porte : un mur de basses et de lumière. Les voix, les rires, les cris se mélangeaient à la musique pop qui battait à plein volume.

A l’intérieur, TK resta un instant figé, clignant des yeux sous les stroboscopes multicolores.

La piste de danse s’étendait devant eux, gigantesque, couverte de silhouettes en mouvement, moites, riantes, libres. L’air vibrait de chaleur, d’énergie et d’alcool.

Un instant, il crut sentir son cœur se serrer.

C’était comme un flash — celui de New York, des soirs passés à danser avec sa brigade après les gardes, à rire, à oublier les appels qui finissaient mal.

Ce genre d’endroit, il adorait…

Il se tourna vers Carlos.

— Wow… je m’attendais pas à ça.

— Tu viens danser ? cria Carlos pour couvrir la musique, son regard pétillant dans les faisceaux colorés.

TK hocha la tête sans hésiter.

Carlos attrapa sa main sans réfléchir, juste assez longtemps pour le tirer dans la foule.

La chaleur les enveloppa aussitôt. Les corps se pressaient, la lumière changeait sans arrêt — rose, bleu, doré — et le rythme de la musique vibrait jusque dans leurs os.

TK se laissa emporter, presque surpris de sentir ses épaules se détendre. Il n’avait pas dansé depuis des mois. Pas comme ça, pas sans penser à ce qu’on attendait de lui, pas sans se retenir.

Autour d’eux, la piste était une mer mouvante. Et Carlos… Carlos bougeait avec une aisance déconcertante, fluide, sûr de lui.

TK rit, essoufflé, essayant de suivre le rythme.

— Tu m’avais pas dit que t’étais un pro ! cria-t-il par-dessus la musique.

— Tu l’as dit toi même! répondit Carlos avec un clin d’œil. C’est dans mes gènes !

Ils dansèrent encore, plus proches maintenant. Leurs épaules se frôlèrent, leurs bras se croisèrent sans vraiment se chercher — ou peut-être que si.

TK sentit son cœur battre au rythme de la basse, fort, rapide, comme s’il essayait de rattraper tout ce qu’il avait laissé derrière lui.

Pendant un instant, il n’y eut plus rien d’autre que la musique et le regard de Carlos.

Ce regard-là, franc, brûlant, presque trop vrai.

Et TK sut qu’il était foutu.

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