Ce qu’il reste de moi

Chapitre 10 : Sans réfléchir

815 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/10/2025 00:47

TK n’avait même pas réfléchi.

Une minute, il était dans la cuisine, la tasse de café encore chaude entre ses mains. La suivante, il se retrouvait dehors, la porte claquée derrière lui, le cœur battant à tout rompre.

Il ne savait pas où il allait. Il savait juste qu’il ne pouvait plus rester là.

Maintenant qu’il savait… maintenant que son père lui avait tout dit, c’était plutôt difficile à avaler. Il avait été en colère contre lui. De lui avoir cacher cette maladie aussi longtemps. Mais, comme d’habitude, Owen avait fait ce sourire un peu forcé, celui qu’il sortait pour éviter les conversations sérieuses. Il avait beau lui avoir dit qu’il avait eu peur de lui annoncer, et TK avait beau avoir compris ses raisons. Ça n’en était pas plus facile à affronter pour autant.

Alors il était parti.

Sans but, sans réfléchir, juste pour échapper à ce poids dans sa poitrine.

Et, sans trop savoir comment, ses pas l’avaient conduit ici. Devant la porte de Carlos.

Il resta un moment immobile sur le palier, les poings serrés dans les poches, le souffle court.

Pourquoi ici ?

Il aurait pu aller courir, ou simplement s’enfermer dans sa chambre comme il l’avait toujours fait quand le monde devenait trop lourd.

Mais au lieu de ça, il avait conduit jusqu’à chez lui.

Machinalement, il leva la main et frappa. Une, deux fois.

Et aussitôt, il regretta.

Qu’est-ce qu’il faisait là, exactement ? Venir débiter sa peur chez un gars avec qui il couchait à peine depuis quelques semaines ?

C’était ridicule. Il allait juste passer pour un type paumé incapable de gérer sa vie.

Mais avant qu’il ait le temps de tourner les talons, la porte s’ouvrit.

Carlos, en t-shirt et jogging de sport, les cheveux dégoulinant de sueur, le regard surpris mais doux.

— TK ?

Il resta planté là, incapable de parler, incapable de bouger.

Et soudain, tout remonta d’un coup : la conversation, le mensonge, le regard de son père.

Ses yeux le piquaient.

— Mon père a un cancer, dit-il simplement.

Carlos fronça les sourcils, l’air déstabilisé.

TK rit nerveusement, un rire court, presque amer.

— Il me l’a pas dit. J’ai découvert ses médocs dans la salle de bain et j’ai fouiller sur le net pour savoir à quoi ça servait…

Carlos ne dit rien. Il s’effaça simplement pour le laisser entrer.

TK franchit le seuil, le cœur battant fort, et s’affala sur le canapé, les coudes sur les genoux.

Le silence qui suivit fut presque apaisant.

Il sentit Carlos s’asseoir à côté de lui, sans un mot. Pas de questions, pas de conseils. Juste une présence.

Et ça, c’était exactement ce dont il avait besoin.

TK prit une longue inspiration, les yeux fixés sur le sol.

— Désolé, murmura-t-il. J’voulais pas t’imposer ça. Je… j’te dérange probablement. J’débarque comme ça, sans m’annoncer.

TK ferma les yeux. Il était fatigué… Depuis qu’il avait emménagé à Austin, il avait l’impression de vivre dans une bulle. Un genre de vie parfaite, toute neuve, toute propre, bien rangé. Comme si Owen lui avait donner une seconde chance sur un plateau d’argent… Une nouvelle famille, une nouvelle maison, une nouvelle caserne et même un nouveau… il ne savait pas exactement ce qu’était Carlos, mais ça aussi c’était parfait…

Mais, il avait l’impression que tout était trop beau. Comme si le moindre geste risquait de fissurer ce qu’il essayait de reconstruire.

Carlos l’avait convaincu que changer d’air et laisser l’ancien TK derrière lui serait bénéfique. Celui qui fuyait, celui qui tombait, celui qui faisait tout exploser quand les choses devenaient réelles.

Mais voilà. Même à des kilomètres de New York, ses vieux réflexes le rattrapaient.

Il fuyait encore.

Et maintenant, il était là, chez Carlos.

Ce gars qu’il apprenait à connaître, qu’il voulait laisser entrer sans trop savoir comment.

Ce gars qui, à cet instant, ne disait rien, mais restait là, solide, à côté de lui.

— J’comprends pas pourquoi j’suis venu ici, lâcha TK dans un souffle. J’suis désolé.

Il se leva, mais Carlos déposa une main chaude sur ses épaules et le força à s’assoir.

— Hey, fit-il doucement. J’suis content que tu es le reflex de venir me voir quand ça ne va pas…

TK ferma les yeux un instant. Le poids sur sa poitrine sembla se relâcher, un peu.

Il ne savait toujours pas pourquoi il était venu ici, mais en cet instant précis, il savait qu’il avait eu raison.

 




Laisser un commentaire ?