Ce qu’il reste de moi
Carlos ne savait même pas comment tout avait basculé. Une seconde, il était assis avec TK à l’extérieur du café, et l’instant d’après, le monde semblait avoir explosé. Des dizaines de voitures s’étaient percutées, un bus renversé sur le côté, ses vitres éclatées, la fumée s’élevant dans l’air.
Ses sens de policier se mirent instantanément en alerte. Ses mains tremblaient légèrement, mais son esprit était déjà en mode opérationnel. Il se précipita pour sécuriser la zone, diriger la circulation, éloigner les passants, s’assurer que personne d’autre ne se fasse mal. Les cris, le métal qui grinçait, l’odeur de carburant… tout cela n’était qu’un bruit de fond. Son attention était focalisée sur le chaos devant lui.
Et pourtant… d’un coin de l’œil, il cherchait TK. L’homme qu’il aimait. Celui qui avait plongé dans le bus pour sauver la conductrice coincée, disparaissant au milieu de la scène infernale.
Carlos avait appelé les secours, sécurisé les victimes, mais il ne pouvait détacher ses yeux du bus. L’eau jaillissant d’une borne fontaine inondait l’habitacle, la fumée tourbillonnait, et chaque seconde semblait une éternité.
Puis la 126 arriva. Owen entra dans le bus pour prendre la relève. Et là, Carlos vit TK s’étendre sur le bitume humide. Sa chemise était rouge de sang, ses points probablement éclatés sous l’effort, le visage à moitié couvert par un masque à oxygène. Et pourtant, malgré l’épuisement et la douleur, TK repoussa son père et retourna vers la victime pour s’assurer qu’elle était en sécurité.
Carlos inspira profondément, la gorge nouée. Il l’avait vu dans des situations dangereuses avant, mais jamais comme ça. Cette combinaison de force, de détermination et de vulnérabilité… c’était à couper le souffle. Il revit le premier moment où il l’avait croisé, en pleine intervention nocturne, et le même frisson, le même vertige d’amour, le traversa à nouveau, amplifié mille fois.
Il s’approcha d’Owen, incapable de quitter TK des yeux.
— Il est impressionnant… murmura-t-il, la voix étranglée.
Owen leva les yeux, grave, et acquiesça :
— C’est mon fils.
Une chaleur intense envahit la poitrine de Carlos, un mélange d’admiration et d’amour. Le même TK qu’il aimait, celui qui le faisait rire, trembler et perdre pied, venait de lui rappeler pourquoi il était tombé amoureux de lui, encore et encore. Et là, au milieu du chaos et du danger, Carlos sut qu’il serait toujours prêt à le suivre, où qu’il aille.