Ce qu’il reste de moi

Chapitre 18 : Ce que je suis... enfin pour l'instant

874 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/10/2025 20:48

TK était assis sur un banc, les coudes appuyés sur ses genoux, les mains jointes dans le garage de la 126.

Son cœur battait vite — trop vite.

Il entendait au loin le vrombissement familier du camion qui approchait, ce son à la fois rassurant et terrifiant.

Dans quelques minutes, ils seraient tous là. Son père, Judd, Marjan, Paul, Mateo…

Et lui, il allait devoir parler.

Il inspira profondément. L’air sentait l’huile, la poussière et un peu la fumée — l’odeur même de la vie qu’il voulait.

Celle qu’il n’osait plus espérer.

Mais maintenant, tout était clair.

Son épaule le lançait encore à chaque mouvement, souvenir direct de ce bus, de cette femme coincée et de cette évidence : il n’avait jamais été aussi vivant qu’aujourd’hui.

Et jamais aussi sûr de lui.

Il baissa la tête, frotta ses paumes moites sur son jean.

Il avait répété dans sa tête des dizaines de fois ce qu’il allait dire.

Mais aucune version ne sonnait juste.

Comment expliquer ? Comment mettre des mots sur des années de lutte, sur cette peur qu’on le regarde différemment maintenant?

Mais ce soir, il en avait fini de cacher.

Il en avait marre d’avoir peur de son passé.

Parce qu’au fond, ce passé faisait partie de lui.

Et s’il voulait aller de l’avant, il devait tout leur dire.

Le ronron du moteur se rapprocha, puis le cri des pneus contre le béton.

Les lourdes portes du garage s’ouvrirent lentement, laissant entrer le camion de la 126 dans un souffle d’air chaud.

TK se redressa d’un bond, le cœur tambourinant dans sa poitrine.

Les voix familières résonnèrent…

TK sentit leurs yeux sur lui — surpris, curieux, bienveillants.

Son souffle se bloqua dans sa gorge.

Il resta immobile une seconde, les mains crispées, incapable de parler. Ses doigts tremblaient légèrement, et il les cacha dans ses poches.

— Les gars… écoutez… euh… j’voulais vous parler de quelque chose… dit-il enfin, la voix plus basse qu’il ne l’aurait voulu. Soyez indulgents, s’il vous plaît… parce que… c’est lourd à porter.

Un silence tomba. Les visages s’étaient faits plus sérieux.

Judd croisa les bras, Mateo fronça les sourcils. Marjan inclina légèrement la tête, attentive.

TK inspira profondément. Son cœur cognait fort contre ses côtes.

— J’suis dépendant…

Owen fit un pas en avant.

— TK, intervint-il doucement.

Mais TK leva la main.

— Papa ! J’ai besoin de le faire…. S’il-te-plait…

Il releva les yeux vers les autres, la boule au ventre.

— J’suis dépendant aux opiacés. Et… il y a quelques mois, à New York, j’ai fait une rechute assez sévère. J’ai fait… une overdose…

Il avala difficilement sa salive.

— Et mon père… enfin, mon capitaine m’a retrouvé inconscient. Mon cœur battait plus et il à fait ce qu’il sait faire de mieux… il m’a sauvé la vie.

Un léger frisson parcourut la pièce.

Personne ne bougea. Les regards restaient fixés sur lui, mais aucun ne portait de jugement. Seulement une sorte d’inquiétude silencieuse, mêlée de respect.

— Si j’suis venu ici, continua-t-il, c’est uniquement parce qu’il m’y à obliger… voila…

Il laissa échapper un souffle nerveux, passa une main sur son visage.

— Ce que j’essaie de dire c’est que… je n’ai jamais vraiment choisi ce que je faisais de ma vie. Sans exception. Je n’ai même pas choisi de… de devenir pompier… et… euh… et bien…

Judd s’avança, calme, solide.

— Hey, hey… Quoi que tu ressentes l’envi de nous le dire… dit le, d’accord.

Paul approuva d’un signe de tête.

— Il a raison. On est avec toi.

Et ce fut tout ce qu’il fallut à TK pour continuer.

Il inspira lentement, les yeux un peu brillants.

— Ben justement c’est l’idée, vous voyez. Aujourd’hui à cette intersection, quand j’avais cette femme mourante devant moi. J’aurais donner tout ce que j’avais pour la sauver… Et c’est ce que j’ai fait d’ailleurs… mais, ça n’a pas suffi. Jusqu’à ce que vous arriviez tous.

Il esquissa un sourire tremblé.

 — Et à ce moment précis j’ai su que tout irait bien pour elle et que tout irait bien pour moi… parce que c’est ça que je veux faire pour le restant de ma vie… enfin pour l’instant en tout cas.

Il fit un pas en avant, le regard plus assuré.

— C’est ici que j’veux être… avec vous tous… Alors je choisi cette famille…C’est là qu’est ma place…

Le silence qui suivit était lourd, mais doux.

Mathéo essuya discrètement une larme. Marjan hocha la tête avec un sourire ému.

Paul lui donna une petite tape sur l’épaule, et Judd, la voix un peu cassée, lança :

— Bienvenue à la maison, TK.

Owen, lui, resta immobile. Le regard humide, mais fier.

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