Ce qu’il reste de moi
Chapitre 19 : Sous les aurores boréales
619 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 26/10/2025 21:06
Carlos était là, à l’entrée du garage de la 126, les mains dans les poches, comme s’il attendait depuis toujours.
Sans un mot, TK s’approcha et le prit dans ses bras. Ce ne fut pas une étreinte rapide, ni hésitante — plutôt un long moment suspendu, où leurs respirations finirent par s’accorder.
— Tu veux que je t’ramène chez toi ? demanda Carlos, la voix douce.
TK hocha la tête, puis murmura contre son épaule :
— Juste pour aller chercher deux-trois affaires. Ce soir… j’ai envie de dormir avec toi.
Carlos eut un petit sourire, celui qu’il ne sortait que dans les moments vrais.
— T’es sûr ? Tu as eu une grosse journée…
— Je suis sûr, répondit TK. J’ai pris ma décision, et pour une fois… j’ai pas envie de réfléchir.
Ils restèrent un instant encore, bercés par le bruit lointain de la ville. TK sentit le poids des derniers jours s’alléger. Ce soir, il n’y aurait pas de masque, pas de peur. Juste eux deux.
La soirée avait filé comme un rêve. Ils avaient mangé sans se presser, parlé un peu, ri beaucoup. Puis, sans trop savoir pourquoi, Carlos avait proposé de sortir voir le ciel. L’air était frais, et un silence presque sacré planait sur la ville endormie.
Ils s’étaient installés sur le capot de la voiture, allongés côte à côte, les épaules frôlant la tôle tiède. TK avait levé les yeux vers le ciel — un vert pâle, traversé de lueurs mouvantes.
Des aurores boréales. À Austin.
Un phénomène rare, presque irréel.
— Regarde ça, murmura Carlos.
— Ouais… c’est fou.
TK sentait la main de Carlos chercher la sienne. Il la prit sans réfléchir. Le monde semblait suspendu, juste eux, le vent, et ces lumières dansantes au-dessus de leurs têtes.
Un peu plus tard, de retour chez Carlos, le calme s’était transformé en quelque chose de plus dense, de plus intime.
Aucune précipitation, aucun mot inutile.
Les gestes avaient parlé pour eux.
Carlos avait effleuré sa peau comme s’il craignait de la briser, avait posé ses lèvres sur son épaule bandée avec une douceur infinie.
Ce n’était pas seulement du désir — c’était une façon de dire je t’aime, sans le dire encore.
Leurs souffles s’étaient mêlés, lents, profonds. TK s’était endormi contre lui, le cœur battant, les yeux humides de reconnaissance.
Au petit matin, une lumière dorée filtrait à travers les rideaux. TK s’était éveillé le premier. Carlos dormait encore, une main posée sur sa poitrine.
TK le regarda longuement, un sourire flottant sur ses lèvres. Il repassa en mémoire la nuit, la tendresse, les murmures, la chaleur partagée. Son cœur battait fort, mais d’un rythme paisible, presque nouveau.
Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait complet.
TK resta immobile, le souffle encore un peu court, le corps encore réchauffé par la proximité de Carlos. Quand soudain son téléphone vibra sur la table de chevet.
Il le prit, l’écran éclaira son visage à moitié endormi.
Un message :
« Je viens d’atterrir à Austin. »
— Quoi… ? murmura TK, le cœur bondissant dans sa poitrine.
Il leva les yeux vers Carlos, qui dormait encore paisiblement.
Sa mère ici… à Austin… maintenant. TK laissa échapper un petit rire nerveux. Il savait déjà ce que ça signifiait. Ses deux parents ensemble… ça ne pouvait annoncer qu’une seule chose : la guerre était assurée.