La Marée des Ténèbres

Chapitre 17 : [Spectres du passé] Secondes chances

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:02

[Spectres du passé] Secondes chances

Quelques jours plus tôt...

Dom-dom !
C'est le bruit approximatif d'un cœur atteint d'une crise cardiaque. Lui qui avait si souvent provoqué cette cause mortelle chez ceux qu'il voulait punir, il n'aurait jamais pensé dans ses pires prévisions se retrouver victime de son propre mode de jugement.
Et pourtant, c'était arrivé...
Il s'écroula sur le dos, suffoquant. La pièce tournait, tournait. Il avait vu dans un dernier regard le sourire ironique de ce gamin et les yeux vibrants d'émotion des policiers.
Échoué... Il avait échoué dans son grand-œuvre.
Les brumes de la mort s'emparèrent de lui et son âme quitta le monde des humains pour aller rejoindre Mu, le néant, la place qui attendait tous les mortels après leurs décès.
Du moins, normalement.
Il se sentait chuter dans le vide, chuter sans fin dans un abîme de ténèbres. Sans son, sans odeur, rien à voir où que ce soit, seulement une sensation glaçante et cette chute interminable.
" Depuis une éternité il tombait dans l'abîme, et au-dessus de lui, plus lentement
Chutaient les plumes de ses ailes."
Ou quelque chose d'approchant, relativement à la Fin de Satan par vôtre décédé mais néanmoins grand homme Victor Hugo.
Il y avait heureusement un fond à cette sorte de puits, et le jeune homme s'y écrasa sans heurts.
Il se releva prudemment, incertain. Ne lui avait-il pas dit qu'il n'y avait rien après la mort ? Qu'était cet endroit ? S'il s'agissait du monde des dieux de la mort, il n' y avait pas à s'interroger sur la raison de son envie à le quitter pour musarder dans celui des humains.
Il essaya d'avancer. Tout était noir,de partout, comme s'il avait été projeté dans un espace sidéral totalement vide. Impossible de distinguer le haut du bas, la gauche de la droite, la longueur de la profondeur. Sans parler de la largeur, bien entendu.

Il avança donc, sans pouvoir rien faire d'autre. Puis... N'était-ce pas une petite lueur blanche là-bas ? Guère plus qu'un point. Il s'y dirigea tout de même, et découvrit en arrivant à elle qu'il s'agissait d'une petite boule de lumière flottante sur laquelle était inscrite en signes scintillants :
キャッチこと

Il se demanda si finalement tout ce qu'il avait vécu depuis qu'il avait trouvé le carnet n'était pas qu'un rêve, un rêve extraordinaire qu'il aurait fait dans le coma. Car là...
Mais non, bien sûr. Il ne savait pas de quoi il s'agissait; seulement, il paraissait encore dans une forme de vie. Faute de mieux, il suivit les instructions et attrapa la boule de lumière.
Un geste regrettable. L'épreuve de Maverick au fleuve des larmes était une douce sinécure en comparaison. Lui, il avait tué tellement de gens...
Toutes leurs morts, des centaines de milliers, il les ressentit. Mais pas en condensé à l'instar de Maverick, elles s'échelonnèrent sur plus d'une heure pour bien lui laisser le temps de s'imprégner de ce qu'il avait fait. Après tout, n'avait-il pas dit lui-même, peu avant de mourir, que donner la mort était un crime impardonnable ? Il ressentait maintenant pleinement la monnaie de sa pièce.
A la fin de la séance, il gisait sur le 'sol', abattu par cette décharge funèbre. Il paraissait tout à fait mort. Quelques instants d'éternité passèrent à la trappe temporelle, et il finit par se dresser à nouveau, légèrement tremblant, mais victorieux. Il avait enduré l'épreuve, et pas une seule larme de regret pour tous les décès dont il avait été la cause directe ou indirecte ne perlait sur sa joue. Plutôt une petite trace d'ennui, qui fondit rapidement.
En réalité, son visage était animé d'un certain intérêt. Il croyait que le roi des dieux de la mort venait de le tester pour voir si, compte tenu de sa fabuleuse utilisation du cahier sur terre, il pourrait devenir une de ces immortelles entités à son tour.
La boule de lumière tournoya autour de sa tête, puis se positionna devant ses yeux, avec un nouveau message.
従うこと

Le jeune homme sourit et suivit l'objet immatériel qui s'enfonçait plus 'loin' dans les ténèbres. Au fur et à mesure qu'elle avançait, l'éclairage qu'elle dispensait mettait à jour un pont fait d'ossements imbriqués les uns dans les autres, et cimentés par du sang gluant et frais. Il se moquait de ces détails morbides et n'avait d'yeux que pour la lumière sphérique qui le conduisait en-dehors des limbes.
Il échoua alors dans ce qui lui parut vraiment être le monde des shinigamis, remplis d'arbres morts, de monceaux informes d'objets, de collines stériles, de poussière, d'os en pagaïe, le tout sous un ciel sombre et sans vie.
Il n'y avait personne, à part lui et la boule de lumière, qui s'arrêta quelque distance plus loin devant un trône plongé dans une zone d'ombre qui empêchait de savoir si quelqu'un l'occupait ou non.
ひざまずく
Afficha son guide lumineux.
Mettant se fierté dans poche car il lui manquait trop de données pour étayer ses hypothèses sur son interlocuteur, il s'agenouilla donc devant le trône.
" So you're alive, constata une Voix qui ne doit pas vous être inconnue.
It's rather impressive... Well, you're not really alive, you see. It all depends on me. But I'm glad you endured pretty well the little ordeal I've prepared for your coming."
L'humain ne se laissa pas décontenancer plus d'une seconde par le changement linguistique, et répondit dans la même langue :
" Are you the King of shinigamis ?
- My, my, really not. Don't move for an instant, I set up the translation. Not like I dislike this language, but, if our agreement will do, you'll need to know this idiom."
On entendit quelques légers bruits de réglages d'instruments, puis la Voix parla à nouveau :
" C'est bien mieux ainsi. Ah, si tu savais comme je suis intéressé que tu soies arrivé jusqu'ici !
- Je ne peux pas en dire autant... A moins de savoir où je me trouve.
- Ce que tu penses est correct, humain, dans ton monde, on dirait bien qu'il n'y pas d'au-delà... Dieu seul sait ce que ton âme serait devenue sans que j'intervienne. Si ce Dieu existe, bien entendu. Car vois-tu, je suis quelqu'un qui peut se retrouver très vite de débordé à effroyablement désœuvré, et j'aime alors observer des gens intéressants. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que tu as attiré mon attention, ainsi que celle de toute la Terre pendant plusieurs années. Pour une seule personne, c'est une belle performance.
Et tu étais si près de réussir ! Dommage... Le monde aurait pu devenir selon tes aspirations. Il en gardera même la marque pour plusieurs années, et il continue d'y avoir de tes fidèles pour te prier. S'ils savaient seulement que tu n'étais qu'un humain, certes brillant, mais un humain quand même ? Pas un élu ou ce genre de choses... Il serait délectable de voir leur réaction si l'histoire du cahier de la mort était ébruitée et accréditée.

Si seulement tu n'avais pas gardé ce trop-plein de confiance en toi, tu aurais eu une chance de t'en tirer. Ou en utilisant une méthode de secours. Ne savais-tu pas qu'il existait un produit capable pour qui l'inhale de le faire passer pour mort pendant une vingtaine de minutes ? Les battements de cœur deviennent imperceptibles avec ce produit... Cela aurait pu être ta chance. Mais non ! Une méthode bien trop basse pour celui qui se prenait pour le dieu du nouveau monde qu'il allait créer. Non, plutôt, tu n'y songeais même pas, car don ton arrogance, tu étais sûr de remporter la partie et de sceller ta victoire !
- Et vous, êtes-vous donc un dieu pour m'avoir observé depuis le début ? "
Voïvode émit une série de petites rires qui lui déplurent fort.
" Loin de là, loin de là. Mais au contraire de toi, je suis réellement puissant. Je n'ai pas besoin d'un amas de cellulose mis en sandwich entre deux couvertures pour tuer ! Cela ne t'empêche pas, bien entendu, d'avoir eu une destinée exceptionnelle. Tu as changé la face de monde pour un bon moment. Je suis désolé de te dire que selon mes prévisions, personne ne prendra ton relais, et la Terre replongera dans la normalité après que tes derniers fidèles se soient remis dans les rangs. Quant au dieu de la mort qui te suivait, il s'ennuie de nouveau, mais n'a pas une once de regret d'avoir agit comme il te l'avait annoncé depuis le début."

Le jeune homme paraissait perdu dans des pensées complexes. Voïvode savait très bien qu'il était d'une intelligence bien supérieure à la normale, et lui accorda ces quelques moments de réflexion.
" Une seule conclusion possible, même en ne sachant pas ce que vous êtes : si ce que vous dites est vrai, vous ne m'avez pas laisser échapper à la mort pour me permettre de réaliser mon rêve, mais pour vos propres intérêts, n'est-ce pas ?
- J'étais sûr que tu le devinerais. Je regrette de ne pas être plus philanthrope, mais même si je le voulais, je ne pourrais pas te ramener sur ta Terre. Il y a une limite à mes capacités d'ingérence... Je ne peux pas perturber trop la trame de l'univers. Ta mort est survenue, et nul ne pourrait croire que tu aies échappé à la sentence du dieu de la mort. Ou alors, tu serais réellement considéré comme un dieu, cette fois-ci...
Non, je ne peux pas faire cela. Ce qui n'enlève rien à mon admiration pour la propension que tu as montrée à aller jusqu'au bout de tes idées et servi du don qui t'avait été accordé de cette manière inédite. Tu es exceptionnel, et les gens de ta trempe méritent une seconde chance, peu importe où qu'elle soit donnée.
C'est pourquoi je vais te proposer un marché. Ne monte pas dans ta tête quelque astuce de langage pour me tromper, contrairement au dieu de la mort qui te suivait, tu n'arriverais pas à me mettre en situation d'infériorité; et comme j'ai tout suivi de ton histoire, de ton ascension à ta chute, je connais tout de tes talents remarquable pour le mensonge et la tromperie.
- Très bien, convint-il. J'écoute votre proposition, être inconnu.
- Les marchés les plus simples sont les plus tentants, et le mien est des plus simples. Je propose de te ramener à la vie sur un monde dont tu ne sais rien, mais qui est aussi pourri que celui que tu viens de quitter les pieds devants. Je te doterais de nouveaux pouvoirs pour juger ces gens que tu détestes tant. En fait, je crois que cela ne peut que te ravir, car tu pourras continuer ton idéal ici, la différence principale étant que tu n'en seras pas le dieu... Car si jamais Wars World devrait jamais avoir un maître, ce sera moi, et nul autre. Oh, je dois également ajouter une précision : tu ne connaîtras jamais mon vrai nom, et de toute façon, ce n'est pas cette magie de mort même si formidable qui pourra agir sur moi. Oublie le passé, et focalises-toi sur le présent en mettant tes compétences à mon service, car tout comme toi, j'exècre les criminels, et je ne désire qu'apporter la paix sur ce monde. Avec toi en tant que juge, cela pourrait se faire très rapidement.
Qu'en dis-tu ?"
Le japonais haussa les épaules.
" Ce n'est pas comme si j'avais réellement le choix... Une telle opportunité ne se représentera pas.
- Certes non, admit la Voix. C'est ma proposition première, unique et non-renouvelable. Garantie label rouge.
- Alors je vais la saisir. Quel que soit ce nouveau monde, il connaîtra bientôt une justice implacable. Et quels que soient les pouvoir dont tu parles, je ne ferais plus d'erreur.
- Excellent. Du moins, c'était prévisible. Maintenant, je suis obligé d'en passer par une formalité administrative, mais mieux vaut le faire de suite; la situation va évoluer rapidement...
Tu dois donc me prêter serment. "
Il écouta le texte du serment d'un air faussement attentif.
Bakka...
Il n'avait aucune information et aucun moyen d'action pour le moment, mais dès qu'il serait à nouveau libre et vivant, il agirait selon les ordres, en apparence. S'il était possible de revenir à la vie, il devait être possible de retourner sur terre. Il endormirait la méfiance de cette entité, enquêterai sur lui, et à la première faille qui se présenterait, il prendrait le dessus.
Voïvode savait pertinemment que son nouveau protégé devait être en train de penser des choses de cet acabit avec une joie sinistre, et c'était justement l'une des raisons pour lesquelles il l'avait choisi.
Wars World allait devenir encore plus pimenté...

Ailleurs...

Adder récurait, frottait, astiquait, bref, nettoyait de fond en comble les conduits d'aérations et autres endroits regorgeant d'une saleté repoussante. Il travaillait sans entrain, essayant surtout d'éviter que la moindre once de crasse ne vienne ternir l'éclat de son visage si magnifique et altier. Tache plutôt ardue étant donnée sa nature intrinsèque.
Et tache d'autant plus inutile. Pourquoi est-ce que Sturm l'avait affecté à ce travail indigne d'un être humain ? S'il avait envoyé Helmut à la place, il en aurait même conçu de la peine pour lui tant ce travail était affligeant de monotonie et de dangerosité pour la salubrité corporelle.
Un cleanbot arriva près de lui, lui dédiant une série de bips ironiques, avant de repartir en vrombissant.
Adder aurait bien poursuivi la machine narquoise, à qui revenait de droit le travail qu'il effectuait à sa place, pour lui flanquer un magistral coup de pied, mais il ne pouvait pas se permettre cela. Il avait déjà tenté par le passé, et au moment de la pause-déjeuner, on avait glissé de l'huile de moteur dans sa soupe et assaisonné sa viande avec de la limaille de fer. C'était forcément un coup de ces damnées machines, elles copinaient pour rendre son labeur encore plus pénible. S'il essayait d'appliquer la loi du talion, il se retrouvait immanquablement frappé par ce genre de blagues de mauvais goût. Et impossible d'en toucher un mot à qui que ce soit, surtout pas à ce gros idiot d'Helmut qui paraissait bienheureux de regarder des machines de guerre se faire assembler à longueur de journée.

Vraiment, quelle plaie, quelle honte ! Lui, le grand Adder qui avait fait trembler Cosmoland grâce à son génie stratégique et ses terribles pouvoirs de généraux, se voir cantonner à un rôle si médiocre lui mettait le moral dans les chaussettes.
Quand est-ce que Sturm allait se décider à le sortir de là et à l'envoyer en mission ? Il n'osait partir de lui-même pour faire ses preuves, il ne voyait que trop bien un micro-météore tomber du ciel pour cogner son crâne. Il ne souffrait pas que son visage soit abîmé en quelque endroit que ce soit.
Si seulement quelqu'un pouvait entendre sa détresse silencieuse et lui venir en aide...
Blouhou !
Un phénomène très étrange se produisit à côté de lui. Un rectangle transparent était apparu en créant des vaguelettes d'air, puis s'était rétréci pour disparaître. Une jeune femme à l'apparence quelque peu inhabituelle, dans son costume rouge et noir qui lui couvrait entièrement le corps tout en en laissant son visage maquillé en clownette à découvert, en était sortie.
Elle tapota l'épaule d'Adder, qui tourna la tête, et faillit en tomber par terre en la voyant. L'inconnue sourit devant sa surprise.
" Qui... Qui êtes-vous ?
- Oh, est-ce que les noms sont réellement importants, mon mignon ?"
Il en resta statufié. C'est la première fois qu'une femme lui disait qu'il était mignon ! Ce n'est pas comme si ce n'était pas le cas, bien sûr, mais...
Il déposa son matériel de nettoyage, tua un faux pli et reprit contenance.
" Hm, non, je suppose que non. Vous êtes, euh, une nouvelle générale de Black Hole ?"
La jeune femme agita ses clochettes en secouant la tête.
" Pas vraiment. Pas du tout, même.
- Que faites-vous ici, alors ? Euh, je ne veux pas dire que vous n'avez rien à faire ici, mais je ne pensais pas rencontrer...
- Là, là, là, ne te poses pas tant de questions ! chantonna-t-elle. Je suis ici pour toi, mon mignon. J'ai entendu ton appel.
- Comment est-ce que ça se pourrait ? Je n'ai-
- Ta ta ta ! Qu'es-ce que je viens de dire ?
- De ne plus me poser de questions ?
- Bieeen ! Alors fais comme je te dis. Je suis une amie, ne t'inquiète pas. Je ressens ta déception. Tu ne trouves pas ça anormal qu'on te mette ici, toi le grand général, alors que ce babouin d'Helmut, ou même ce gros robot tout bête, pourrait le faire à ta place !
- Exactement ! approuva Adder avec chaleur. Je ne sais pas ce qui-
- Tu ne crois pas que Sturm t'as sous-estimé ?
- Complètement ! Je-
- Ah ah, j'en étais sûre ! Dans ce cas, c'est parfait. Je suis venue t'aider à prendre ta chance. Ta seconde chance, en fait, mais quelqu'un d'aussi grand que toi en mérite bien une, non ?
- C'est tout à fait ce que je pense, mais le Seigneur Sturm ne voulait pas m'écouter. J'ai fui avant que-
- Oh, c'est bien ce que je craignais, mon pauvre chou, déplora la femme habillée en bouffonne. On ne peut pas laisser passer quelque chose comme ça ! Qu'est-ce qu'il y connaît en matière de talent, celui-là, avec sa tête de machine à laver ? Tu aurais du être son bras droit au lieu de ce prétentieux de Maverick ! "
Adder en resta muet quelques instants. Il ne savait rien d'elle, mais bon sang, voilà enfin quelqu'un qui le comprenait parfaitement et qui savait bien voir la réalité ! Quelqu'un avec le jugement aussi sûr ne pouvait être qu'une bonne personne. Même vêtue comme une employée de cirque.
" Allons, ne perd pas ta langue, bel Hidalgo. Chasse le désespoir de ton cœur, je suis venue t'apporter de quoi réaliser tes jutes ambitions. Tu épateras Sturm à coup sûr, peut-être même que tu le surpasseras... C'est tentant, non ?
- Surpasser... Sturm ? "
Adder ne pouvait pas y croire.
" Mais oui ! assura-t-elle. Après tout, est-ce que Black Hole ne s'en serait pas mieux sorti si tu avais été à sa tête ? Ah, c'est peut-être trop tôt pour voir si loin... Tiens, prends ça. "
Elle lui fourra dans la main un morceau de papier plié en quatre et un médaillon.
" Qu'es-ce que c'est ?
- Un plan pour trouver les sceaux. C'est que Sturm a utilisé pour augmenter les pouvoirs de Zak, de Candy et de Jugger. Vous êtes les derniers sur la liste, peut-être même qu'il ne vous les donnera pas du tout, à toi et à Helmut. Mais ces sceaux sont un piège, ils ne vous donnent du pouvoir que dans une certaine mesure. Pour contrôler la puissance qui s'en dégage, tu auras besoin de ce médaillon. Oui, un seul, Helmut n'en a pas besoin. C'est que ça ne marcherait pas avec lui, de toute façon, arrivé à un certain niveau, on est irrécupérable, non ? Avec ça, Yellow Comet ne fera pas un pli devant toi.
- Yello Comet ?
Ah, tu ne sais pas ? Ce sera ton ordre de mission. Il veut te renvoyer sur les lieux de tes défaites passées, comme une punition, en ne te donnant pas tous les moyens nécessaires pour réussir. Mais maintenant, tu sais, alors tu ne laisseras pas les choses se passer ainsi, n'est-ce pas ?
- Certainement pas ! déclara-t-il avec fougue.
- Géniiiial ! Je savais que j'avais raison en venant te rendre visite. Tu n'as plus à te laisser marcher par les pieds, Adder. Il est temps de montrer à Cosmoland, qu'est-ce que je dit, à Wars World tout entier que cette guerre n'avait été qu'un coup d'essai et que maintenant tu vas faire flamboyer tout ton pouvoir à la face du monde. Tu seras la nouvel Empereur de Yellow Comet, au minimum !
- Empereur... rêva le général de Black Hole. (Il songeait notamment à ranger Senseï à l'hospice, à un travail qui conviendrait parfaitement à Kanbei dans le jardinage, et une occupation bien spécifique pour Sonja. Quant à Grim, il n'aurait qu'à aller jusqu'au bout de son superpouvoir Kamikaze).
- Alors, qu'est-ce que tu attends ? Sturm ne se doute rien. Avec tes nouveaux pouvoirs, tu n'auras rien à craindre de sa possible colère. Il n'aura pas le temps de s'occuper de toi, il ne pourra que s'incliner devant ton succès. Plus ton perds ton temps ici, moins de chances tu auras de brouiller les cartes.
- Mais le matériel, l'armée, le plan d'invasion ? "
La jeune femme semblait perdre un peu patience.
" Je te fais confiance, mon mignon, tu trouveras bien quelque chose. On n'est pas aux pièces, non plus. Met tout bien en ordre, fais semblant de continuer à obéir scrupuleusement, et une fois que tu es prêt, tu donnes tout ce que tu as, d'accord ? Je ne veux pas qu'on dise que j'ai aidé un minable."
Le mot résonna dans la tête d'Adder, fantôme rabaissant. Il imaginait Sturm lui répéter ce mot, encore et encore. Serait-il vraiment capable de ?...
" Tu hésites ?
- Hein ? Oh, non, non !
- Alors tu n'as rien de mieux à faire que de rêvasser ici ?
- Si si, bien sûr ! J'y vais tout de suite !"
Et il partit en se retenant de courir devant tant de bonne fortune. La chance elle-même venait de s'incliner devant le grand Adder et de lui transmettre de quoi réaliser ses desseins. Adieux éponges nettoyantes et chiffons secs, bienvenues terres à conquérir !

Noïs Nemid- double N, pour les intimes-, le regarda s'éloigner, donna une pichenette à la clochette gauche de son capuchon et fit la moue. Les humains étaient si candides... Et celui-ci, aveuglé par une avidité et un orgueil primitifs, devenait particulièrement stupide.
Enfin, mission accomplie. Elle quitta les lieux par le même moyen par lequel elle y était arrivé, et songea à avaler une double dose de pastilles pour l'haleine.
Dire autant d'éloges imméritées en si peu de mots laissait un goût horrible dans la bouche.

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