La Marée des Ténèbres

Chapitre 22 : Douce comme le baiser d'un soleil

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:04

Ksh ksh ! La chose était fort déplaisante. Ce petit pays misérable dont il allait bientôt être le maître incontesté savait presque se défendre, en fin de compte. Malgré les attentats avec les nanobots dévoreurs pour diminuer le nombre de leurs véhicules militaires disponibles, ils avaient su s'organiser assez rapidement pour ralentir de manière significative sa progression, surtout cette Jess, l'autre chevalier d'opérette ne pesant pas lourd dans la balance. Quant au gros Drake, Zak veillait à rester dans le milieu des terres pour ne pas se faire canarder gratuitement.
Bien entendu, ce n'était, comme depuis le départ, qu'une question de temps avant qu'il ne plante le drapeau de sa gloire sur la splendide montagne du succès qui l'attendait. Il ne pouvait pas en être autrement. Seulement et pour le moment, malgré sa percée héroïque, et l'aide de généraux droïdes pour harasser l'ennemi en de multiples endroits, il avançait moins vite que prévu et nécessitait une vague de renforts afin d'écraser toute la rébellion qui sévissait encore sur son territoire.
En dépit de l'absence d'Eagle, qui de loin des trois généraux de Green Earth était le meilleur, ces misérables vermisseaux osaient se dresser contre sa splendeur guerrière. Il y avait également eu quelques opérations commando rondement menées par Sami, qu'il ignorait être ici avant cela, comme quoi son service d'information n'était pas parfait. Il la méprisait assez pour sa faiblesse, jugeant que des infanteries même très puissantes et promptes à capturer les villes et autres lieux urbains appuyés d'unités attaquant à distance disposant d'une puissance de feu normale ne pouvaient remporter efficacement une bataille. Ou alors toujours par la même technique déplorable qui consistait à envoyer convoi sur convoi de fantassins pour finalement capturer le QG ennemi. Une très basse méthode, qu'elle essaye donc de la tenter avec la nano-usine !
Aucun de ces ladres n'avait osé pénétrer dans le champ d'effet de la bombe Nocta. Elle ne pouvait que se limiter à des missions de guérilla, qui, aussi ennuyantes et multiples qu'elles étaient, n'était rien d'autre qu'un agacement.
Il allait retourner sur le champ à l'usine pour obtenir les renforts produits entre-temps. En plus de posséder une armée parfaitement équipée, Black Hole avait perfectionné son plan de conquête éclair du monde en installant une sorte de portail qui permettait de surgir sur n'importe quel point de Wars World où se trouvait l'un de ces étranges pylônes, dont Zak ne connaissait aucunement l'origine. Personne ne semblait le savoir,d 'ailleurs, sauf Sturm.

Tout ce qu'il savait, c'était que ce système surréaliste mais fonctionnel allait lui permettre de rentrer à la nano-usine en un clin d'œil. Ainsi régénéré, il n'aurait plus qu'à lancer une deuxième offensive écrasante qui ne laisserait aucune chance à l'ennemi, pendant que les généraux droïdes, certes assez médiocres, tiendraient les forces adverses en respect le temps qu'il revienne porteur de la flamme de la victoire. Un savoureux moment en perspective.

Il fit donc ainsi, et lui et ses troupes revinrent instantanément au lieu d'implantation de ses forces, à côté du pylône hautement gardé. Enfin, hautement gardé en temps normal, car en l'espèce, il était totalement déserté, à part lui et sa cohorte amincie. Il toucherait deux mots de ce problème de sécurité à Starke, même si les chances d'intrusion dans l'espace occupé par le brouillard noir étaient infimes, il ne fallait pas négliger cette petite possibilité. Car Zak avait bien potassé les Règles Universelles Mystérieuses, et s'il ne croyait pas à celle que Ash Twilight lui avait sorti, il prenait plus au sérieux celle selon laquelle c'est par une probabilité de une sur un million que remportaient parfois la victoire ceux sur lesquels était collée la niaise étiquette de 'bons', ou 'gentils'. Toutefois, en avoir conscience ne l'aidait pas tant que ça, que voulez-vous faire contre une chance qui vous faisait perdre alors que vous aviez 999 999 sur un million de l'emporter ?
Zak ordonna le stationnement à son armée, et se rendit à pied jusqu'aux portes de la nano-usine. Il n'y avait bien entendu aucune raison pour qu'il y ai de l'agitation dans la zone, après la pacification radicale qu'il y avait orchestré, mais tout cela semblait...
Un peu trop calme. Il goûta l'air de sa langue, qui était devenue pareille à celle d'un serpent après la libération des pouvoirs du sceau en lui. Il n'avait aucune honte à posséder quelques mimétismes avec les ophidiens, ses nouveaux talents empoisonnés lui étant des plus délicieux. Il ne craignait personne en combat individuel, et avait même la prétention de pouvoir défaire un paquet d'ennemis à lui tout seul. Lorsqu'il s'agissait de commander au niveau global, par contre, s'il ne perdait pas de confiance en soi, cela s'avérait moins payant, on ne pouvait pas espérer faire grand-chose à ce niveau-là.

Ksh ksh...
Il n'aimait pas ce que sa langue lui rapportait. Quelque chose n'allait pas, ici, une subtile modification de l'atmosphère. Pourtant, c'était absurde, qu'aurait-il bien pu arriver à sa chère nano-usine ? Aucune aide ne pouvait être attendue de l'extérieur. Aucune. Et sûrement pas de l'intérieur, il s'en était chargé, ah !
Et la base en elle-même était une véritable place-fort hautement sécurisée, il était donc impossible qu'un commando suicidaire ai pu s'introduire ici.
Son mauvais pressentiment n'arrivait pas à le quitter en dépit de cette logique rassurante. Devait-il amener sa garde d'élite en rentrant ?
Il n'eut pas le temps de pousser plus avant sa réflexion : en une minute très intense, le brouillard se leva, dispersé, anéanti par une vague de chaleur étincelante. Toute la zone fut mise à découvert en ce las de temps très court, balayant les effets de la bombe Nocta tel la mouche chassée par la main agacée. Il ne restait rien de sa belle chape de camouflage, et le sol paraissait irradier de ses entrailles des ondes thermiques difficilement soutenables. Il s sentait brûlé de partout, alors même qu'aucun feu ne le touchait, des cloques légères apparurent sur diverses partie de son corps. Il entendit derrière lui le bruit sinistre du métal qui se tord et les cris de douleurs d'autres blessés.
L'air était d'une sécheresse très pure, un peu comme celle du désert adieu la douce senteur du brouillard noir.
Zak leva les yeux, et les rabaissa aussitôt, le soleil était devenu d'un éclat insoutenable.
" Sss... Asssh Twilight !" siffla-t-il, perdant le contrôle de sa diction qui lui était coutumier, même avec sa langue dont la pointe finissait en Y.
Il ne pouvait s'agir que de lui et de son pouvoir Embrasement. Une solution simple, mais qui n'aurais jamais du avoir lieu. Que faisait Starke ? Il avait bien notifié à ce vil individu de prendre les plus extrêmes précautions avec le général de Purple Dragoon. Sss, on ne pouvait donc rien confier à personne ? Il aurait du avoir le don d'ubiquité en plus de ses nouveaux pouvoirs, et tout aurait été bien.
Les portes de la nano-usine s'ouvrirent en une invite silencieuse.
Zak ne se le fit pas dire deux fois, ses troufions derrière lui étaient tout occupés à bander leurs blessures et à geindre de cet événement imprévisible. Il savait qu'il allait dans la gueule de la mangouste, car l'homme responsable de cette débâcle savait forcément qu'il arrivait, et il devait soit avoir un troisième œil, soit avoir réussi l'impossible exploit de prendre en partie le contrôle de la nano-usine.
Ne s'avouant pas vaincu sur un simple prémisse, le général de Black Hole s'avança cérémonieusement, répondant à l'appel insonore.

La veille...

Ash sifflotait tranquillement dans se cellule qui aurait mieux convenu à un psychopathe tueur en série qu'à lui. Il s'ennuyait ferme, et passait de mauvaises nuits. En plus, ces goujats ne daignaient même pas lui servir de la nourriture, à peine avait-il droit à un broc d'eau par jour. Il gardait un souvenir confus des jours passés, ne savait plus trop ce qu'il s'était passé et se demandait ce qu'il était advenu de son tortionnaire qui ne donnait plus signe de vie. Bizarre, il avait pourtant eu l'air déterminé à lui arracher des informations sur Purple Dragoon.
Il s'étira du mieux qu'il put, ses mains toujours engoncées dans ces saletés de gants isolants. Son ventre criait famine régulièrement, et personne ne répondait à ses appels, pourtant le système de surveillance ne devait pas le lâcher une traître minute.
Alors, il attendit en pensant à ce qui devait arriver aux autres. Il ne pensait pas qu'Eagle puisse avoir beaucoup souffert, car Zak, sur le départ, ne lui avait pas porté grande attention. Quant à Nell, c'était une femme très débrouillarde, et il savait qu'elle avait réussi à s'en sortir, quelque soit le moyen. Elle bénéficiait en plus d'une chance de tous les diables.
Elle lui manquait. Il lui tardait que tout ceci finisse, pour exploser la face mauvaise de Zak, démonter l'usine et aller voir ailleurs s'il y avait d'autres troubles, et il y en aurait pour sûr. Il s'était montré un peu trop présomptueux en croyant pouvoir étouffer dans l'œuf cette nouvelle invasion avec une simple victoire ici !
Il bâilla, tandis que la porte se retrouva secouée d'un méchant coup de pied. Il suspendit son acte qui indiquait la fatigue ennuyée.

" Oh, c'est vous, le groom-service ? Ce n'est pas trop tôt. Le corps humain peut résister jusqu'à quarante jours sans manger, mais je n'ai pas envie d'attendre jusqu'à cette extrémité !"
Pour toute réponse, une aura de chaleur entoura la porte blindée, et des éclairs bleus en fusèrent par les gonds, jusqu'à ce qu'elle repose sur le sol, vaincue.
Une superbe femme aux traits asiatiques apparut dans l'encadrement, aux longs et lisses cheveux noirs de jais, et de pétillants yeux dorés. Elle était vêtue d'un kimono... Non, ce n'était pas un kimono. Plutôt une toge féminine. Enfin, non plus, pas vraiment ça...
Bon, un vêtement en une seule pièce, vert clair, fermé par une ceinture violette, qui ne lui descendait pas plus bas que le dessous des genoux. Ses mains tendues étaient encore fumantes.

" Oh, c'est toi ? fit-il sans marquer d'étonnement particulier. Je croyais que venait enfin un serveur pour m'apporter une collation bien méritée.
- Que préfères-tu, un serveur en uniforme porteur de ton plat préféré... Ou moi ? dit-elle, taquine.
- Sans vouloir être trop gourmand, j'aimerais bien les deux. Dis-moi, tu n'es pas un peu en retard ? J'ai un peu perdu la notion du temps en arrivant ici, mais...
- Vraiment, tu ne changeras jamais ! rit-elle. Je viens exprès pour te sauver, alors que la bienséance et les conventions veuillent que ce soit l'inversen et tu trouves encore à te plaindre que tu as faim et que le service n'est pas assez rapide ? Je peux ressouder la porte, si tu veux, jusqu'à que ce que cette blonde vienne te chercher !
- Sentirais-je un brin de jalousie dans ce persiflage ?
- Rêve donc, grand blond. Tends donc plutôt tes mimines que j'enlève ces vilaines mitaines.
- Avec joie. Impossible de faire correctement des abdominaux avec ça."

Elle lui retira les gants de métal avec une méthode qui ne lui causa presque aucune brûlure. Il joua avec ses doigts pour chasser l'ankylose, les regardant comme des outils merveilleux. Ce qu'ils, au regard de l'évolution, étaient vraiment.
" Dis-donc, ils n'ont pas lésiné avec toi, remarqua-t-elle en inspectant la cellule. Je ne pense pas que nous possédions quelque chose d'aussi sophistiqué chez nous.
- Et pour y enfermer qui ? Je ne pense pas que quelqu'un mérite un pareil traitement. Penses-tu, me laisser ici, sans distraction, sans me nourrir ! Même pas un peu de caviar pour un hôte de marque. Enfin, je dis ça, je déteste la caviar.
- Mon pauvre chou, dit-elle en caressant son épaule. Tu vas pouvoir te gaver autant que tu veux, la base est à nous."
Cette fois-ci, il ne cacha pas sa surprise admirative.
" Déjà ? Depuis combien de temps es-tu arrivée ?
- Quelques heures, douze, tout au plus. Il n'y a pas eu de bataille rangée à proprement parler. Pour tout te dire, je n'ai pas tout à fait compris ce qu'il s'était passé ici. Les défenses automatiques étaient désactivées pour la plupart lorsque nous sommes arrivés. Idem pour les radars. Nous n'avons à eu qu'à détruire quelques tourelles et mettre en déroute quelques escouades pas tellement vindicatives.
Quant la nouvelle de notre intrusion est finalement arrivée jusqu'à l'usine, la réaction ne fut pas non plus très violente. En fait, quand nous avons poussé notre incursion plus loin, la base était déchirée par une lutte intestine. Lorsque j'ai vu ta copine blonde diriger une partie des troupes de Black Hole, j'ai compris qu'elle était arrivée à créer la dissension en un temps record. Les forces qu'elle combattait étaient plus majoritairement composées des drones et droïdes de défenses de l'usine que d'hommes, qui, les uns comme les autre, ne se sont pas montrés très performants. J'ai juste eu à donner un petit coup de main pour mettre HS les unités de production de drones qui n'en sont qu'au stade de l'expérimentation. Des ingénieurs ralliés à notre cause ont réussi à ralentir l'activité du nano-core. Ils sont en train d'essayer de subvertir l'ordinateur central. Le tout a été réalisé avec des dégâts matériels assez peu importants. Il reste encore quelques poches de résistances mécaniques ou humaines à l'instant où je te parle; ce sera bientôt fini. Plutôt que de détruire cette usine, nous allons nous en emparer très bientôt. Eagle a aussi bien aidé, il semble avoir développé au stade supérieur ses habilités de général.
- Belle performance, le félicita Ash. Je n'aurai pas du m'en attendre à moins de la part de Nell. Ni de la tienne, bien sûr, ne fait pas cette moue boudeuse.
- Cette fille a juste une chance folle, aucun mérite !
- Au contraire. Quoi qu'il en soit, cette chance nous a bien servi, et pourrait encore bien nous servir. Nous venons de transformer une épine plantée dans Green Earth en bouclier. Les beaux plans de Zak ne porteront plus bien loin.
- Que comptes-tu faire à son sujet ?
- Quoi qu'il en dise, même avec de nouveaux pouvoir, il est pareil à la majorité de Black Hole : pas très capable. Nous allons prendre complètement le contrôle de cette forteresse, éliminer toute chance de résistance ennemie, et lorsqu'il devra arriver... Et il reviendra ici...

Il sera sans doute très heureux de voir l'usage que nous allons faire de sa chère nano-usine. Battu en si peu de temps, son orgueil sera piqué au vif, il ne pourra pas s'empêcher d'aller plus avant pour s'assurer que les choses sont bien hors de sa portée. Nous n'aurons plus qu'à le cueillir, personnellement, j'ai quelques remontrances à lui faire sur la qualité de l'hébergement. Mais pour le moment je meurs de faim, accompagne-moi donc et allons retrouver les autres quelque part où l'on sert quelque chose de consommable, je veux entendre tous les détails et savoir ce qui s'est passé à Purple Dragoon pendant que je suis ici. Tu aimes toujours les rouleaux de printemps ?"

Zak avançait à travers les couloirs désertés de sa propre base. Par mesure de précaution, il avait tenté de joindre qui que soit dans la forteresse, secteur de production, maintenance, sécurité, surveillance, centre de commandes, même Starke restait muet, ce qui était bizarre étant donné son sérieux. Il ne recevait aucune réponse, quel que soit le canal employé. Tout cela sonnait trop évidemment comme un piège...
Mais il n'arrivait pas à admettre lucidement une telle réalité. Et si jamais il était vraiment arrivé malheur à sa nano-usine, il se croyait assez puissant pour régler le problème par lui-même.
Le silence se faisait oppressant. Il n'y avait aucune trace de combat, tout était propre, absolument impeccable. Le personnel de la base aurait été parti en vacances en laissant la clé sous le paillasson et les machines sur le mode automatique que les lieux n'auraient pas été laissés dans un autre état que celui-ci.
Il fouilla quelques pièces mineures, en vain, il n'y avait pas âme qui vive. Il ne servait à rien de rameuter ceux qui étaient encore en train de se lamenter dehors, ils ne feraient que le gêner dans son investigation.

Il allait même jusqu'au centre de surveillance des blocs de détention, où il découvrit avec une pointe de regret le cadavre de son colonel. Il ne portait absolument aucune marque de violence sur lui, même pas au cou, alors que sa langue bien pendue et ses lèvres bleues, ainsi que les yeux exorbités, témoignaient d'une désagréable mort par asphyxie. Dans la rigidité cadavérique, sa main droite tenait encore un stylo dont il s'était manifestement servir pour écrire quelques courtes pages de brouillon. Zak les lut rapidement, et secoua la tête. Le pauvre Starke avait perdu la tête; le moniteur indiquait une cellule tout à fait normale sans tag de sang sur le mur ou ailleurs, et le prisonnier ne s'y trouvait plus. Une bien triste fin, inexplicable, pour cet homme qui avait de l'avenir devant lui. Enfin, qui aurait pu en avoir.
Lassé, il se résolut d'aller voir là où le signe d'une quelconque trahison serait le plus manifeste, et il se rendit donc au centre de commande.

Qu'il trouva tout également désert. Aucun opérateur à son poste. Essayait-on de lui faire peur en lui faisant croire qu'une mort invisible les avait tous emportés ? Les ordinateurs bourdonnaient faiblement dans la pénombre de la salle, continuant à effectuer des opérations indépendamment de toute présence humaine.
Il serrait presque convulsivement la main sur son katana, prêt à tout moment à voir surgir des silhouettes agressives depuis les ombres. Mais personne ne semblait là pour l'attendre, personne vraiment. Était-ce cela ? Avait-on vidé les lieux puis pris la clé des champs pour lui laisser goûter au ridicule de la situation ?
Non, bien sûr que non... Ils savaient qu'il ne lui faudrait pas longtemps pour tout remettre en ordre, qu'il reste du personnel humain ou non.
Son regard fut attiré par l'écran qui avait clignoté brièvement. Au lieu d'afficher les progrès de son armée au sein du territoire de Green Earth, il présentait maintenant à ses yeux courroucés sa propre mine perplexe. Il grimaça de surprise, et la grimace fut rendue sur l'écran.
" Quelles est cette bouffonnerie ?"
La salle se retrouva aussitôt vivement éclairée, et Zak sentit plus qu'il ne vit plusieurs pointeurs lasers fixés sur son corps. Il baissa les yeux pour vérifier : un sur son cœur, un sur son estomac, un autre pointant une partie plus triviale de sa personne, et le dernier visait carrément son front.

Un voix goguenarde retentit alors.
" Grand Maître Zak ! Il semblerait que vous reveniez bredouille de votre glorieuse conquête. Je suis plutôt déçu, moi qui pensais que vous seriez de retour en conquérant.
- J'aurai mieux fait de suivre mon sentiment et de vous injecter une dose mortelle de poison.", fit-il en amenant son regard sur le trio.
Perchés sur la coursive supérieure, Nell, Ash, Eagle le regardaient de haut, avec des sourires revanchards.
" Je vous l'avais même conseillé, reprit Ash. Malheureusement, vous n'avez pas pu aller contre une de ces Règles Universelles Mystérieuses. C'est dommage, je vous croyais plus capable que ça, Zak. Je suis désolé de dire que vous avez perdu le titre de propriété de cette usine pendant que vous êtes parti. Qui va au night-club pour draguer perd sa petite amie, comme dirait l'autre.
- Une comparaison très fine, dit froidement le général de Black Hole en effectuant deux pas pacifiques en avant. ( Ses yeux balayaient les environs, tentant de repérer les snipers dans la pénombre).
- Je suis confus, mon sens de l'humour a été un peu détérioré lors de ma détention ici. A tout malheur quelque chose est bon, n'est-ce pas, Nell ?
- Oh oui ! Comme je le pensais, Black Hole est resté une organisation de brutes. Il ne m'a pas fallu longtemps pour ouvrir à beaucoup de monde ici les yeux sur ce que vous faisiez, et les convaincre que ce n'était que des idioties."

Zak fixa avec un rictus sauvage les quelques traîtres rassemblés ici, qui ne daignèrent même pas le regarder dans le blanc des yeux, mais il le sentait, ils n'avaient aucun remords, ce qui ne fit que décupler sa rage.
" Il semblerait qu'on puisse plus faire confiance aux machines qu'aux humains, ici, constata-t-il avec un calme légèrement fissuré.
- Ne compte pas trop sur elles, le contredit Eagle avec véhémence. Nous nous en sommes chargés pour toi. Cette usine est maintenant la propriété de Green Earth, et elle servira à réparer les dégâts que tu as causés en si peu de temps. Ce n'est que justice.
- Je vois... C'est une défaite complète. A mon crédit, je pense que tout ceci n'aurait pas pu être prévu par le logicien le plus exercé. Wars World semble s'enfoncer dans une nouvelle dimension de la réalité !
- Peu importe ! scanda Nell. Tu es fini, maintenant, Zak. Si tu fais un geste suspect, les snipers t'abattront immédiatement. J'étais contre cette méthode, mais Ash m'a persuadé qu'il vaudrait mieux que tu meurs avec des informations importantes plutôt que de risquer la vie d'un seul d'entre nous."
Zak s'inclina avec grâce devant ses anciens prisonniers, qui étaient maintenant devenus les bourreaux.
" Je vous ai sous-estimés, très chers. Et puisque je ne peux pas compter sur le soutien de mes propres troupes... ' Lorsque la puissance populaire fait sentir sa pression sur l'élu, il faut se soumettre ou se démettre', comme dit le proverbe.
- Reddition en différé, mais on n'y vient quand même, n'est-ce pas ? le nargua Ash. C'est mieux si ça vient de votre plein gré. Maintenant; il nous reste beaucoup à faire, alors j'espère que vous ne vous sentirez pas blessé si votre interrogatoire est mené tout de suite et sans autre forme de cérémonie."
La main du vaincu se crispa insensiblement à l'énoncé de cette dernière phrase.
" C'est un peu cavalier...
- Mais de bonne guerre, je vous assure. Oh, je dois préciser, je ne peux plus vous promettre l'asile politique dans les conditions présentes. Vous vous contenterez très certainement de la vie sauve si vous nous dites ce nous voulons entendre ?
- Très certainement, répéta-t-il en dissimulant du mieux qu'il put sa fureur.
- A toi l'honneur, Eagle.
- Question simple, il y en a beaucoup d'autres qui me viennent à l'idée, et d'autres choses à te dire qui ne sont pas des questions, mais passons. Quelle est la prochaine cible de Black Hole ?"
Zak ne put s'empêcher de ricaner ouvertement face à cette interrogation dénuée de toute finesse.

" Je crois qu'il vous faudra passer à la question suivante. J'ai reçu mon ordre de mission par une enveloppe scellée, je suppose que pour les autres il en a été de même. Je ne vous apprend rien si je vous dis que Sturm- oui, c'est bien lui, vous auriez eu la confirmation tôt ou tard, caresse le rêve de posséder le monde entier. J'ignore complètement dans quel ordre, ni même s'ils vont reprendre partout la même tactique. Il a bien veillé, au cas où l'un de nous se ferait prendre, que nous ne puissions pas révéler quelque chose d'important."
Eagle interrogea Ash du regard, celui-ci hocha la tête pour signifier qu'il pensait qu'il disait vrai.
" Nous allons vous croire pour cette info, déclara l'as du pilotage aérien. Il ne semble pas incroyable, vu comment vous êtes tombés sur nous, que Sturm cherche à s'entourer de précautions.
Qui sont les autres généraux chargés de l'invasion de Wars World ?
- Vous les connaissez tous, répliqua Zak d'une voix doucereuse. Mais vous verrez que tout comme moi ils auront changés, et eux auront certainement le temps de vraiment mettre en application leurs nouveaux pouvoirs.
- Kat fait-elle partie du complot ? demanda Nell.
- Pas à ma connaissance. Mais ce ne serait pas le plus étonnant, certaines des armes dont nous disposons, comme la bombe Nocta, ne portent pas la griffe des 'honorables' scientistes de Purple Dragoon.
- Ce qui m'amène à ce qui le tient à cœur... intervint Ash.
Qui es la taupe ?
- J'ai bien peur que vous ne deviez mener votre propre enquête pour le sssavoir, répondit Zak en laissant serpenter sa langue fourchue en-dehors de sa bouche. Je connaît jussste ssson exissstence, rien d'autre, je penssse qu'il n'y a que Sssturm qui sssache quelque chose sssur lui, et je ne sssuis même pas sssûr qu'il en sssache telllement."

Dégoûté par la prononciation serpentine et frustré par ces phrases vides d'informations, Eagle laissa libre cours à sa colère. Ash et Nell tentèrent de calmer; Zak profita de ce court intervalle pour intervenir.
Les snipers s'écroulèrent tous dans les trois secondes qui suivirent, un drôle de projectile fiché dans leurs gorges. Il s'agissait de faux ongles que Zak avait apposé sur ses doigts, et qu'il conservait pour de telles occasions; qu'il puisse les lancer avec une telle force malgré la distance dénotait bien de ses pouvoirs surnaturels. La réaction de ses adversaires fut rapide, mais il fut plus rapide qu'eux, et mettant en pratique la vitesse défiant les limites humaines qu'il avait acquise, il bondit de reposoir en reposoir pour arriver finalement jusqu'à la coursive. Eagle avait utilisé le temps en cellule pour méditer et se concentrer sur son pouvoir, et petit à petit, avait obtenu des résultats satisfaisants. Avec une vitesse égale au général de Black Hole, il repoussa son assaut et l'envoya bouler jusqu'au sol, et en le rejoignant d'un saut athlétique.
Pendant un moment, ils se jaugèrent du regard, puis passèrent à l'attaque. Impossible d'intervenir pour les autres, ils se mouvaient avec une célérité telle qu'il en devenait difficile de suivre leurs mouvements avec les yeux.

Zak et Eagle se joignirent en un ballet mortel, fait d'attaques rapides et d'esquives gracieuses. Il dégaina son katana et fouaillait l'air. Il savait qu'il avait l'avantage, une seule égratignure sur la peau de son ennemi et il aurait le fin de mot de l'histoire, au moins en ce qui concernait le militaire de Green Earth.
Eagle, conscient du toucher mortel de l'être avili qu'il détestait, gardait une distance suffisante. Il le feinta plusieurs fois avec des mouvements de mains et de pieds, mais contrairement à Zak, il ne maîtrisait aucun art martial et n'évitait que de plus en plus difficilement les bottes furieuses de son adversaire. Lorsqu'il sentit sa limite atteinte, il laissa sciemment Zak approcher près de lui, et dégaina l'arme de poing qui ne pouvait que lui convenir le mieux : un Desert Eagle. Ce n'était pas à proprement parler une arme à feu rapide, mais elle était fiable et ses balles avaient un bon facteur de pénétration. Il appuya sur la gâchette, Zak, trop vif pour son tir, ne reçut qu'une éraflure à l'épaule.
Eagle fut envoyé à terre, et se contorsionna de droite et et de gauche pour éviter les coups de lames qui ripèrent contre le métal du sol du centre de commande.
Eagle se dégagea d'un tonneau vers la gauche, se posta sur un genou, et tira deux fois sur Zak, qui, avec une certaine classe, arrêta les balles avec son katana, qu'il pointa ensuite vers lui d'un air de défi. Eagle eut une sueur froide, il allait tenter un petit tour qui ne pourrait marcher qu'un seule fois contre un type comme lui.
Mais c'était un bon tour.
S'il savait accélérer ses propres mouvements, contrairement à ce que croyait sûrement l'autre il avait également expérimenté comment les ralentir. Il modula la zone temporelle entre eux deux et jeta son pistolet comme un boomerang. Zak arqua un sourcil et se prépara à rejeter l'arme de la même façon qu'il avait expédié les munitions, quand il réalisa, une seconde trop tard, que l'objet planait dans les airs à une allure horriblement lente et impossible normalement.
Eagle se jeta sur lui et le désarma, puis récupéra avec un timing parfait le Desert Eagle, dont il presse le canon contre le torse du massacreur de la région.

Des larmes de rage coulaient des yeux du général de Green Earth.
" Après avoir libéré la nano-usine, j'ai vu ce que tu as fait sur ce territoire, Zak. J'ai vu les forêts rasées, j'ai vu les villes arrachées, et dans les mêmes rues de ces villes tourmentées j'ai vu les cadavres de centaines de personne de mon peuple qui pourrissaient lentement.
Tu l'as fait exprès, n'est-ce pas ? N'EST-CE PAS ?"
Zak ne dit rien, ses yeux se réduisirent à deux fentes ophidiennes et il montra les crocs en sifflant.
Eagle fit feu à bout portant, et se désolidarisa du corps pour éviter une attaque convulsive. Il se releva, et observa la créature, car il ne pouvait plus penser à Zak comme ça, ramper par terre avant de s'affaler plus loin, pris de derniers spasmes ignobles et de sifflements d'agonie.
Nell et Ash descendirent rejoindre le tireur, et posèrent sur ses épaules des mains compatissantes. Il les remercia d'un sourire assez pauvre.
" C'est fini, Eagle, dit Nell d'une voix très douce. Partons. Ton pays a besoin de toute ton attention, maintenant."
Il acquiesça silencieusement, et accompagna ses deux amis bras-dessus, bras-dessous, vers la sortie de la salle de commande, surveillés par un œil vitreux. Avec un rictus des lèvres d'où perlaient des rigoles de sang, Zak extirpa une télécommande de sa poche et appuya sur le seul bouton qu'elle comportait.
Des sirènes se mirent à hurler dans toute la nano-usine. Depuis les haut-parleurs s'éleva une voix féminine impersonnelle.
" Bonjour à tous. Ceci est une annonce urgente, merci d'y prêter attention. L'autodestruction de la base a été initialisée. Tout le personnel qui tient à la vie est prié de retenir ici ceux qui doivent mourir par ce moyen, puis de fuir s'ils tiennent à leur propre vie. Destruction complète dans trente minutes.
Nous vous remercions d'avoir choisi la firme Mad Secure Self-Destruct Inc. et nous vous souhaitons une bonne continuation."

http://fr.youtube.com/watch?v=8-8yfFLmQ-c
Diantre, palsambleu, cornegidouille ! Un tel retournement de situation pourrait donner lieu à une bien excitante scène mouvementée de fuite éperdue, comme le dicte une des Règles Universelles Mystérieuses, avec ce délicieux compte à rebours avant le grand boum. Ce ne fut cependant pas le cas, car le temps imparti s'avéra suffisant pour quitter les lieux en toute sérénité. Il n'y eut aucune explosion prématurée pour les retarder, aucune fermeture de porte imprévue, juste un peu de chaos pendant la ruée du personnel de Black Hole qui avait changé de camp, et qui lui pensait que la seule personne qui devait mourir par ce moyen était Zak agonisant, et peut-être aussi Joe car il cuisinait aussi bien qu'une taupe enrhumée.
Les ingénieurs leur dirent bien vite qu'en si peu de temps il était vain de vouloir tenter un quelconque désamorçage du système d'autodestruction, et même si c'était bien dommage de perdre la nano-usine, il valait mieux elle qu'eux.

Ash insista pour prendre son temps et ne sortir qu'au moment précis où le souffle de l'explosion allait donner l'impression de les rattraper; Nell lui donna gentiment un coup sur la tête pour lui faire oublier ces conventions cinématographiques.
Le reste des troupes qui étaient revenues du premier assaut de Green Earth entendirent aussi l'annonce, qui était diffusée également à l'extérieur, et ne demandèrent pas leur reste, laissant leur général se débrouiller là-dedans avec ce qu'il avait pu provoquer.
Le trio, bientôt transformé en quatuor par la jonction avec Amaterasu, la générale qui était venue les sauver, se posta donc à une distance suffisamment sécuritaire de la nano-usine, et assista à sa destruction, qui fut fort belle et agrémentée de jolis effets pyrotechniques. Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle reposât sur le sol en un grand amas de ruines fumantes et désordonnées.
Ils contemplèrent ainsi les vestiges de ce lieu peu hospitalier quelques moments, puis, d'un commun accord, firent route tous ensemble pour aller porter un coup de main à Jess, Drake et Sami, afin de débarrasser Green Earth des derniers bataillons de Black Hole, qui, privés de la direction de leur chef ophidien et remis entre les mains de mauvais droïdes de commandement, ne les retiendraient pas longtemps.

Une main se leva hors des gravats. Elle était fine, et il lui manquait quatre faux ongles. Le reste du corps s'extrayait péniblement en-dehors des morceaux de murs et divers débris.
Zak foula des pieds le théâtre de sa défaite, et toussa légèrement. Il avait attendu assez longtemps, ces idiots, bien content de ce dénouement, devaient avoir vidé la zone.
Oui, vraiment, les imbéciles... Il avait gardé ce dernier atout : sa capacité de régénération sensationnelle. Ash aurait pourtant du s'en douter lorsqu'il croyait l'avoir mis KO en le balançant contre un mur. Tant pis pour eux; il était dommage, pour lui, d'avoir du sacrifier la nano-usine, mais il préférait de loin sa propre vie sauve, en laissant une mue derrière lui.
Il s'assit en position du lotus et médita sur cet échec. Il ne pouvait pas décemment se montrer devant Sturm après ceci. Non, vraiment pas. Il n'était pas hors-jeu, et quelque que soit la conclusion qui serait donnée à cette guerre éclair, il voulait y jouer un rôle, et saisir toute opportunité alléchante.

Un petit accident interrompit ses pensées, un cahier venait de lui tomber directement sur la tête. Il inspecta des yeux les alentours, personne. Il se massa le crâne et ramassa l'objet contondant.
Il s'agissait d'un banal carnet noir, qui paraissait vieux, à la couverture tout aussi noire sur laquelle était inscrit son nom en lettres gothiques argentées. Curieux, il voulut le consulter, lorsque l'ouvrage s'ouvrit de lui-même jusqu'à la dernière page. Avec une angoisse certaine, il lut ceci :

" Vingt-troisième jour du cinquième mois de la 1776eme année après le Grand Chambardement, calendrier Warworldien.

Reviendra à propre usine après avoir brillamment échoué dans sa tentative de conquête de Green Earth en un seul coup. Se jettera comme l'imbécile orgueilleux qu'il est en plein dans le piège qui lui est tendu.
Après avoir perdu son combat contre Eagle et avoir été forcé de détruire sa propre usine, feint la mort et survit à l'explosion. Se juche sur les gravats et lit ceci juste avant de recevoir son jugement.
Probabilité de décès : 100%"

Les mains tremblantes, il jeta au loin ce cahier étrange. Il devait y avoir une explication rationnelle à ceci, on ne pouvait pas prédire la mort des gens comme ça...
" Il est inutile de vouloir échapper à son châtiment."
Qui était ce nouveau venu ? Grand, les cheveux bruns roux, le visage beau, habillé comme une sorte de prêtre... D'un prêtre qui aurait appartenu à un culte bien sombre. Cet homme... Il respirait la mort. En un instant, Zak perçut cette aura de meurtre autour de lui, et sut qu'il avait énormément tué, sans jamais se salir à proprement parler les mains. Son regard était dur, sa voix, impavide.
" Qui êtes-vous, ô étranger habillé comme un ecclésiastique ?
- En ce monde, je suis connu sous cette simple lettre, K...
- Le nom est court, mais toutefois, cela laisse présager de-
- Inutile de continuer à parler, le coupa sèchement K. Beaucoup d'autres attendent leurs jugements, sans le savoir, bien entendu, et pour le moment, je suis obligé d'y veiller en personne. Reste tranquille, ce sera vite fait."
Et l'étranger plongea d'un mouvement sa main à l'intérieur de son corps, comme si elle avait plongé dans de l'eau. Zak sentit un étau autour de son cœur, qui se desserra au bout de quelques secondes.
K tenait maintenant à la main un petit sablier doré, dont le sable continuait à s'écouler tranquillement. Il comportait sur le devant une petite plaque en or stylisée, vierge. Sur le côté, un petite molette. Derrière, un petit cadre dans lequel était incrusté un morceau de papier, vierge également.
K sortit un stylet en argent d'un des replis de son habit, et inscrivit quelque chose sur la plaque, comme si elle avait été faite de simple papier.
'Zak Swiftness', mentionnait maintenant l'écriteau de métal minuscule.
" Dire que tu es un criminel, Zak, serait encore trop doux. Les mondes, et même la méthode, changent, toutefois, mon idéologie ne varie pas."
Il tourna la mollette, et tout le sable restant dans le haut du sablier tomba dans la partie inférieure.
Zak n'aima pas, mais alors pas du tout, cela. Il songea vaguement à agresser ce K qui se permettait de bien étranges manières avec lui, il avait des questions mordantes sur la signification de ce rituel.
Mais quelque chose l'en empêchait, lui soufflait qu'il ne servait à rien de s'opposer à cet homme, et que son destin était tracé.
K jeta un coup d'œil à sa fidèle montre, qu'il avait refusé de troquer contre celle de Black Sun.
" Bientôt, ce monde sera purgé des gens comme toi. Et j'occuperai une place toute autre que ce que pense ce Voïvode.
Adieu, Zak Swiftness."
Dom-dom !
Le général de Black Hole porta la main à son cœur. Qu'est-ce... Qu'il se passait ? Pourquoi ?
Les questions se pressaient dans son esprit, mais il mourut les yeux remplis d'incompréhension.
K n'accorda que peu d'attention à la dépouille, pas plus qu'au cahier qui disparaissait en cendres. Apparemment, pas de réincarnation pour lui.
Il devait rapidement trouver un moyen de se dédouaner de Nekoroïous, c'était lui qui possédait ces cahiers, et lui seul était apte à modifier les informations qu'ils contenaient, bien qu'il avoua lui-même qu'il ne se permettrait jamais de faire une telle falsification sur son monde natal.
Les cahiers ne causaient en aucun cas la mort, car ils étaient censés rester intouchés, ils ne servaient que d'indicateurs. Voïvode avait commandé au Régisseur de détourner ces cahiers de leur fonction première, puisqu'ils ne se trouvaient pas en Aznhurolys, et lui avait été réduit au simple rôle de bourreau.
Ah, il n'y avait plus cette pression à laquelle il avait été coutumier... Ce moyen de tuer était beaucoup moins gracieux qu'avec un cahier de la mort. Pour cela aussi, il devrait trouver une solution.
Chaque chose en son temps. Il lui suffisait pour le moment de jouer le serviteur soumis et heureux d'accomplir sa tache, tôt ou tard, le plan qu'il avait déjà imaginé se concrétiserait.
Tôt ou tard.

 

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