Elle s'apellera Lily

Chapitre 23

2465 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:43

La fin de la semaine se passa dans une banalité déconcertante. J’avais presque l’impression d’être redevenue une anonyme dans la foule des étudiants. C’était à la fois reposant et frustrant. On prend très vite gout à être le centre d’attention. Le samedi matin, je me faisais une session shopping avec Ambre qui me fit remarquer avec toute la délicatesse qui la caractérise que je ferais mieux d’arrêter les pâtisseries si je ne voulais pas enfler comme une baleine. Je n’avais eu aucun soucis pour enfiler le jean slim à ma taille, mais je devais bien me faire une raison, jamais ce foutu bouton ne voudrais s’attacher.

Dans la cabine, je me mettais de profil, posant la main sur mon ventre. Effectivement, le superbe ventre plat qui faisait ma fierté commençait à se tendre légèrement. Je calculais mentalement et j’en étais déjà à 9 semaines… Dans une semaine c’est les vacances, dans un peu plus de 2 semaines, j’aurais ma première échographie. Le temps passait beaucoup trop vite.

-Dis-donc miss monde, quand t’aura fini de monopoliser la cabine, on pourra peut-être continuer de se promener !

Je sursautais, enlevais le pantalon trop petit pour renfiler celui que j’avais puis sortais de la cabine.

-Tu as raison, j’ai intérêt de me mettre au régime !

-Ah ! Tu vois, c’est ça quand on se laisse aller ! Des beautés comme nous doivent s’entretenir régulièrement si elles ne veulent pas finirent comme le reste de ces pauvres filles.

Je rigolais.

-tu as sans doute raison Ambre, en attendant, je me contenterais de ces t-shirt et de ce superbe pull !

Nous continuions notre ballade tout le reste de la matinée, parlant de nos camarades de classe, de Castiel, de Dake, qui était à notre grande surprise, toujours fidèle... Quand je rentrais à la maison, j’étais rincée et j’avais l’impression que mes jambes allaient exploser ! Je passais le reste de la journée avec le groupe et Nick qui voulait à tout pris nous faire faire une séance photo pour la couverture de l’album. Celui-ci devait sortir dans les BAC juste après notre prochain concert, c'est-à-dire celui du premier week-end des vacances de la toussaint. Je croyais que ça serait amusant, j’avais tout faux. On devait prendre des poses absurdes à mon goût avec des maquillages et des tenus différentes qui mettaient trois plombes à mettre à place. On était aveuglés par des projecteurs qui donnaient plus ou moins de lumière selon les indications des photographes. Et il faisait une chaleur atroce dessous en plus .

Bref ! C’était l’enfer.

Ensuite, Nick nous emmena répondre aux questions d’un journaliste d’une revue connue pour son sérieux dans le domaine musicale. Enfin, nous devions répéter pour pas être trop mauvais le jour du concert. On avait plus qu’à croiser les doigts pour ne pas jouer comme on le faisait ce jour là sinon on allait s’en prendre plein la gueule tellement on était mauvais. Il faut dire que la journée nous avait tous tués !

Le lendemain, je faisais la grasse matinée jusqu’à pas d’heure, je me réveillais complètement amorphe.  Même Castiel s’était levé depuis longtemps quand je sortais enfin du brouillard.  Je descendais l’escalier comme un zombi, me vautrant sans aucune grâce sur la première chaise venue de la cuisine. Au moment où j’attaquais ma première tartine de pain beurrée, Casstiel revenait de sa ballade avec Démon.

-Bonjour la Belle au bois Dormant !

-Bonjour mon prince pas charmant !

-Sympa !

-Comme toujours mon pti globule ! Mais tu sais bien que je ne résiste pas à tes compliments !

Il déposa la laisse du chien près de l’entrée. Celui-ci se précipita comme un vorace vers sa gamelle d’eau. Castiel, lui passa les bras autour de mon cou et appuya sa tête sur mon épaule après m’avoir embrassé.

-Il faut vraiment que tu y ailles ? Tu peux pas « oublier ».

-Non, j’ai promis d’y aller en début d’aprèm, je veux pas me taper une salle note.

Il poussa un soupir et nicha sa tête dans mon cou, le parsèment de baisers.

-Je préfèrerais te garder rien que pour moi.

-Je sais. Cast ?

-mmmmmh?

-Je ne crois pas que je continuerais le groupe après le bébé….

-C’est toi qui voit ma belle, mais qu’est-ce que tu feras ?

-Je voudrais entrer au conservatoire. J’aimerais faire de nouveau du jazz ou devenir prof de musique… Je ne sais pas trop encore.

-On verra ce qui se présente.

-C’est ce que je me disais… Au fait, j’ai le ventre qui commence à sortir… Je ne peux plus mettre certains de mes pantalons.

-C’est vrai ? Fait voir !

Je me levais de ma chaise alors qu’il prenait ses distances pour mieux apprécier la différence. Je soulevais ensuite un peu mon t-shirt pour découvrir le bas de mon ventre. Il fit une moue dubitative et s’approcha de moi puis posa la main sur mon ventre.

-Ca fait bizarre hein ?

-De quoi ?

-De savoir qu’il y a quelqu’un là dedans.

Il me tenait maintenant dans ses bras, mon dos contre son torse, ses mains posées de part et d’autre de mon nombril.

-Oui, c’est bizarre. J’ai encore un peu de mal à réaliser.

-Pareil. Tu préfère un garçon ou une fille ?

-Je sais pas trop, je n’y ai pas encore réfléchie… Et toi ?

-Un pti mec ! Je lui apprendrais la guitare, lui mettrais un t-shirt motorhead sur le dos et lui apprendrais à head bangger comme un fou !

Je rigolais, je m’imaginais très bien la scène.

-Il faut que je me prépare. Je suis déjà à la bourre.

-Vas, je te dépose avant d’aller chez Lysandre…

-Je ne savais pas que tu y allais…

-Bah ! Comme ma chère et tendre préfère passer du bon temps avec un parfait crétin, il faut bien que je trouve de quoi m’occuper !

-Idiot !

Je me retournais dans ses bras et l’embrassais avant d’aller prendre ma douche. Il me déposa au pied de l’immeuble. Je détachais la sangle de l’étui de mon saxo et le prenais à la main. Déposais un baiser furtif sur le nez de mon cher et tendre qui avait relevé sa visière puis montait les marches qui menaient à l’appartement d’Ethan.

Je frappais à la porte et un zombi m’ouvrit…

Ethan, les cernes jusqu’aux genoux, se mouchait avec un bruit de trompette dans un mouchoir en tissu.

-Endre…

-Euh, t’aurais dû m’appeler… Je ne serais pas venue si tu es malade…

-Bah guestion… On doit dravailler….

-Ok… Si tu insiste.

Je passais la porte en l’évitant le plus possible, pas question que j’attrape sa crève…. J’entrais dans l’appartement et le bazar était encore pire que la dernière fois… Pas étonnant qu’il se choppe des trucs bizarres avec une hygiène de vie aussi déplorable… Je retrouvais toute seule le chevalet et m’installais avec ma partition à la même place que la dernière fois pendant qu’il s’installait derrière son piano.

-Tu devrais jouer comme tu le faisais la dernière fois, après que je sois sortit de l’appartement, je vais essayer de t’accompagner…

-Tu b’a endendu jouer ?

-Oui, je suis restée t’écouter derrière la porte… Joue comme si je n’étais pas là, j’essaierais de m’adapter à ta mélodie.

-D’aggord…

Pas de ronchonnement, il suivit mes directives… Il devait vraiment pas être bien… Nous jouions comme ça depuis à peu près deux heures quand je remarquais qu’il lui arrivait de rater de plus en plus de notes, il n’était plus dans le rythme de la musique. Dommage, le début était prometteur… J’arrêtais de jouer.

-Bah ! bourguois du d’arrêde ?

-Parce que t’arrive plus à rien nase comme tu es.

Il poussa un soupir, passant sa main sur son visage puis s’appuya la tête sur ses bras croisés sur le piano.

-Du a raison…

Quand je disais qu’il n’était pas bien… Je rangeais mon matériel, il se leva pour m’accompagner à la porte, quittant le banc de son piano et … s’écroula comme une poupée de chiffon. Et Merde ! Je posais mon étui, m’approchais de lui et posais la main sur son front, brulant…

-Ethan ? Donne moi le numéro de téléphone de tes parents qu’ils viennent s’occuper de toi.

-D’ai blu de barents….

-N’importe qui d’autre alors …

-y’a berdonne…

Et merde de merde ! Je le laissais en plan sur le sol et jetais un regard circulaire. C’est pas possible de vivre dans un foutoir pareil ! Où il dort ? Je faisais le tour rapide de son studio mais il n’avait pas de chambre, juste la pièce principale, la kitchenette à côté et une micro salle de bain. Le tout noyé sous un bordel digne d’un dépotoir. Je finis par dénicher un vieux matelas et une couette planqué sous un tas de partitions, de cahiers et de linge sale. Je le déblayais et tirais dessus l’épave ambulante qui était à moitié tombé dans les pommes.Je le couvrais de la couette et commençais à prendre mon étui pour partir. Sur le seuil, je m’arrêtais en pestant. Je ne pouvais pas partir comme ça, je n’y arrivais pas. Je maudissais intérieurement mes hormones surement à l’origine de cette sensibilité exacerbé, claquait la porte, posais mon étui devant et remontais ensuite mes manches.

J’avais besoin de lui pour avoir une bonne note après tout….

J’hésitais un instant, ne sachant pas par où commencer. Une légère nausée provoquée par l’odeur de renfermé me faisait d’abord ouvrir les fenêtres pour aérer un peu, planqué sous la couette et déjà malade, un peu d’air frais ne lui ferait pas plus de mal. J’attrapais d’abord toutes les partitions qui trainaient les posaient en pile  bien droite sur le piano, seul élément de la pièce visiblement propre. Je faisais ensuite un tas de vêtements sales dans un coin, un tas de cahiers et de livres dans un autre. Je me mis en quête de sacs poubelles mais n’en trouvant pas, je frappais chez les voisins leur en demander un.

Je ramassais tout le bazar, nettoyais la vaisselle et la salle de bain, passait un coup de balai et de serpillière.  Ça me prenait bien deux heures !

L’appartement semblait maintenant deux fois plus grand. Une fois fait, je me mettais en quête de médicaments en fouinant dans les placards, je trouvais un truc contre le rhume, remplissais un verre propre d’eau bien fraiche et forçait Ethan à avaler la mixture et surtout à boire tout le verre. Je récupérais un gant que j’imbibais d’eau froide et le déposais sur son front pour forcer la fièvre à s’atténuer un peu. Comme je voulais attendre un peu que la fièvre diminue, je sortais mon saxo et jouais quelques classiques du jazz en changeant régulièrement le gant.

Finalement, sa fièvre diminua un peu. J’attrapais mon étui à musique et les sacs poubelles pour les jeter en bas, fermais les fenêtres puis  fermais la porte derrière moi sans faire de bruit.

J’espérais juste qu’il serait assez en forme pour le cours de musique de demain.

 

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