[Nathaniel] Premier amour...

Chapitre 10

6476 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:40

La lumière du soleil traversait mes paupières fermées. J’ouvrais un œil et je fus vite éblouie. Je tentais tant bien que mal de remonter les draps pour me cacher de ce coquin bien matinal quand je me rendis compte que quelque chose m’empêchait de le faire.  Ce quelque chose était un bras qui ne m’appartenait pas en travers de mon corps. Je hurlais.

-mmmmhh, moins fort Al, tu vas réveiller tout le monde….

-qu… qu…qu’est-ce que tu fais dans mon lit !

-mmmmhh, tu te calmes si je te dis que tu es dans le mien ? Lysandre se retourne et se cache sous son oreiller. (Oui, j’ai finie par ouvrir les yeux)

-Je...Oh !

Tout venait de me revenir en tête, la soirée, le concert, le baiser, le lit. J’ai parfois le réveil un peu difficile. Je rougissais fortement.

-Excuse-moi.

Lysandre fini par lever une tête toute ébouriffée pour me regarder. J’éclate de rire.

-Tu verrais ta tête !

Il me dévisage un instant puis sourit.

-La tienne est pas mal non plus.

Je me lève pour jeter un œil dans un miroir que je n’avais vu la veille. Effectivement, mes cheveux bouclés partaient dans tout les sens. Un pétard dedans n’aurait pas pût faire mieux.J’entends le lit grincer et me retourne. Lysandre, debout, cherche des affaires dans une armoire. Il sort de quoi s’habiller puis se tourne vers moi.

-Je peux te prêter une de mes chemises et un pantalon si tu veux prendre un bain. Mais j’ai peur que ça ne t’aille pas beaucoup, même avec une ceinture. Tu préfères peut-être attendre que Rosalya te passe quelque chose, par contre, elle risque de ne pas se réveiller avant plusieurs heures. Il baille à s’en décrocher la mâchoire. Je jette un œil à l’horloge, 9h30. Génial. Personne ne se réveille à 9h30 un lendemain de réveillon.

-Je suis désolée de t’avoir réveillé. Il est super tôt.

-Arrêtes un peu de t’excuser tout le temps. Je ne t’ai pas fait de reproches que je saches….

-Je…. D’accord.

-Excuse-moi Al, je suis pas du matin.

-Ce n’est rien, en plus tu as eu un réveil difficile à cause de moi.

Il me regarde de haut en bas.

-Je ne crois pas non…

Je rougis de plus belle alors qu’il retourne fouiller dans son armoire

-Je vais prendre tes vêtements puis j’irais me doucher si tu m’indiques où trouver la salle de bain.

-C’est la porte qui est là, derrière le rideau.

J’écartais le rideau en question et ouvrait la porte dissimulée derrière pour entrer dans une gigantesque salle de bain. On aurait pu mettre celle de ma maison dans la baignoire de celle-ci ! Le rêve ! Quel veinard ! Tout les matins, c’est la guerre chez nous pour savoir qui est le plus pressé et doit prendre son bain le premier. Le dernier en général, est contraint de prendre sa douche le soir….

-Elle te plait ?

Je sursautais, rouge de confusion, Lysandre avait chuchoté dans mon oreille. Il rigolait puis me tendait une pile de vêtement. Je m’enfermais dans la salle de bain à double tour. Son attitude me gênais horriblement, et je me détestais de réagir autant à ces taquineries. Je me fais couler un bain, plonge dans l’eau bouillante avec délice, puis rêvasse en me demandant ce que j’aurais ressenti si Nathaniel avait été à sa place. Je noyais l’image provoquée par mon imagination perverse et débordante en plongeant la tête sous l’eau.

De la musique s’élevait de la pièce à côté. J’ouvrais les yeux, je m’étais assoupie dans le bain. Je sortais de la baignoire, m’essuyait puis enfilait les vêtements de Lysandre. Je n’aurais pas pu avoir l’air plus ridicule. Sa chemise me tombait au bas des cuisses, j’ai dû faire un méga ourlet à son pantalon que je retenais d’une main puisque la ceinture n’avait pas assez de trous pour que je l’attache. Heureusement que les manches pouvaient se resserrer aux poignets par des galons.Je sortais de la salle de bain, piteuse.

Lysandre jouait de la harpe. Le soleil éclairait la scène et je profitais du spectacle. Il était étrange mais très joli garçon. Il finit de jouer puis leva les yeux vers moi, gonfla ses joues… et il éclata de rire à en tomber de sa chaise. Lui qui est tellement mystérieux et réservé d’ordinaire se vautra par terre en se tenant les côtes. J’aurais croisées les bras en le regardant de mon air assassin si je n’avais pas eu peur de perdre mon pantalon… J’attendais donc patiemment qu’il se calme. J’espère qu’il aura des courbatures aux zygomatiques ! S’il en parle à quelqu’un, je le tue ! Il finit enfin par se relever, ouvre un tiroir et en sort en long ruban de velours noir.

-Je m’en servais pour m’attacher les cheveux en catogan avant que je ne les coupes, ça devrait faire l’affaire.

Je le regardais s’agenouiller devant moi, passer le ruban à la place de la ceinture puis faire un nœud. Je rougissais fortement de nous voir dans cette position incongrue puis le bénissais dans ma tête pour avoir fermé la porte de sa chambre à clef. Si quelqu’un nous voyait dans cette position, j’étais cuite ! Il prit appuie de ses mains sur mes hanches pour se relever et je suis sure que je devais être aussi écarlate qu’on peut l’être. Il dissimula sa bouche derrière sa main en pouffant.

-Je vais me doucher puis on ira prendre un petit déjeuner. Rosalya sera peut-être réveillée.

Il gloussait encore quand la porte de la salle de bain se referma sur lui. Je prenais un livre de sa bibliothèque et m’asseyait sur le bord du lit en l’attendant. Lorsqu’il sortit de sa douche, son excès d’hilarité le repris un instant, enfin, il me prit par la main et me mena à travers la maison jusqu’à la cuisine. Personne n’était encore levé à part le dénommé Paul, majordome de son état, qui avait garni une table gigantesque d’une montagne de nourriture.

Croissants, pain au chocolat, brioche, pain, confitures, Nutella… Il y en avait pour tous les goûts. Un peu gênée d’être en presque tête à tête avec Lysandre, j’entamais une monumentale tartine de Nutella quand son frère entra dans la cuisine. Il s’installa à table, nous dévisageant tout les deux avec insistance. Je plongeais mon nez dans mon chocolat chaud comme si ma vie en dépendait. Lysandre, lui, continuais de feuilleter son magazine.

-Bien dormis ? demanda Leigh en regardant son frère.

-Alezia et moi avons passés une nuit mémorable !

Je soufflais mon chocolat par le nez, m’étouffant avec, attrapais le premier truc qui me passait sous la main (un croissant) et le balançait de toutes mes forces dans la tête de Lysandre sous le regard ébahie de son frangin.

- Non mais ça ne va pas ! Arrêtes de dire des conneries !

Il éclata de rire, son frère ne tarda pas à le suivre et je me laissais gagner à mon tour par l’hilarité. Nous racontions tout à Leigh qui me regardait de plus en plus avec insistance d’un air étrange, à la fois perplexe et avide…. Il me foutrait presque la trouille. D’un seul coup, il frappe des paumes des mains sur la table, se lève d’un geste brusque en renversant la chaise et dit :

-ça ne peut plus durer, je ne peux pas endurer ça une seconde de plus !

Il fait le tour de la table, m’attrape le poignet et me fait me lever de ma chaise.

- Suis-moi !

Il m’entraine derrière lui, je jette un coup d’œil abrutie à un Lysandre de nouveau hilare avant d’être entrainée par son frère vers une pièce du rez de chaussée. Je devine que c’est là l’atelier de Leigh, il y a des bouts de tissus partout, un bureau lumineux incliné avec un pot à crayon dessus et des feuilles volantes dans tous les coins…. Il me fait monter sur une sorte de mini estrade, sort un mètre de couturier et commence à marquer mes mensurations dans son calepin. Il sort ensuite une robe que je trouve ravissante, s’installe à une machine à coudre et commence à travailler sous mes yeux ébahies. Je ne sais pas si je dois bouger ou pas, mais quand je le vois concentré sur sa machine, j’hésite à le déranger…

J’attrape mon téléphone que j’avais glissé dans la poche du pantalon. J’envoie un message à mes parents pour leur souhaiter une bonne année et pour les assurer que je me porte bien. J’en envoie un ensuite à Nathaniel pour lui souhaiter la bonne année et pour lui dire qu’il me manque. Je finissais de l’envoyer quand une tête blanche ébouriffée passa par la porte. Rosalya est une fille superbe, croyez-moi, mais quand elle vient de se réveiller, elle ressemble plus à un épouvantail en peignoir qu’à autre chose. Je pouffe de rire et lui fait signe. Elle se pose sans aucune délicatesse à côté de moi sur l’estrade.

-…lut !

-Bonjour Rosalya, ça vas ?

- …gueule de bois…

Elle me dévisage, décollant péniblement ses paupières, me regarde de haut en bas, puis ouvre de grands yeux effarés.

-Mais ce sont les affaires de Lysandre ! Raconte-moi tout ! Je veux tout les détails, sinon je ne saurais rien, je sais que Lysandre ne me dira rien ! Je veux savoir ! STEUPLAIT !

Je jette un œil vers Leigh mais il ne semble même pas avoir remarqué la présence de Rosalya, plongé dans son travail. Je rougissais légèrement.

-Il n’y a rien à raconter Rosalya, j’ai juste passée la nuit ici parce qu’il était trop tard pour rentrer chez moi. Ce matin, Lysandre m’a passé des vêtements pour que je puisse prendre un bain, puis au petit déjeuner ton chéri m’est tombé dessus et depuis j’attends ici…

-T’inquiètes, quand Leigh voit une jolie fille habillée comme un sac, il ne peut plus se tenir. Viens, laissons –le, il te cherchera quand il aura fini.

Elle s’enroule dans son peignoir puis part d’une démarche trainante vers la cuisine. Elle s’assoie à table, se fait servir une tasse de café et me regarde d’un air bizarre.

-Comment ça se fait que Lysandre se soit réveillé aussi tôt ? Ce n’est pas dans ses habitudes….

-Je ne sais pas, il faudra lui demander…

Je suis sure que je pourrais servir de feu rouge à la circulation….

-Tu as dormis où exactement ?

-Je… Dans la chambre de Lysandre…  murmurais-je.

-Je le savais ! Je flaire les potins à des kilomètres à la ronde ! Alors ? Il te plait mon futur beau-frère ?

-Tu sais bien que je sors avec Nathaniel.

-Non je ne le savais pas, on ne peut pas dire que vous soyez très expressifs tout les deux.

Elle a l’air un peu déçue puis balais l’air de ses mains comme si Nathaniel était accessoire.

-De toute façon, il n’a rien à voir ma question (qu’est-ce que je disais !), alors ? Lysandre ?

Elle se rapproche de moi, le sourcil interrogateur, et l’oreille tendue comme une épuisette à secrets.

-Je ne peux pas dire qu’il n’est pas mignon….

-RAAAHHH ! Je le savais ! Aucune fille ne pourrait lui résister de toute façon ! Tu m’aurais dit le contraire, j’aurais mis ma main au feu qu’il se serait passé quelque chose entre vous ! C’est dommage quand même, vous iriez bien ensemble.

Je la regardais en lui faisant les gros yeux.

-Bon, d’accord, j’avoue, tu vas bien avec Nathaniel aussi… et puis, ce n’est pas comme si tu ne le dévorais pas des yeux notre cher délégué principal… Vous en êtes où ?

-ROSA !

-Rooohh…. C’est bon, si on ne peut plus rien demander…

Elle sourit en plongeant le nez dans son bol de café.

-Je me sens mieux. Allons voir si Leigh a fini, Moi aussi ta tenue me pique les yeux… (dit l’épouvantail ambulant).

Je me retrouvais de nouveau sur l’estrade, après un premier essayage, Leigh fit deux ou trois retouches supplémentaires et la robe m’allait comme un gant d’après eux mais comme je n’avais pas encore eu le droit de me regarder, je ne savais pas trop. Satisfait, il hocha la tête en direction de Rosalya.

-Ton tour maintenant !

-à vos ordres chef !

Elle l’embrassa puis m’entraina jusqu’à la chambre de Leigh qui n’était pas située très loin de celle de Lysandre. Elle se dirigea vers un dressing immense, se choisie une tenue, puis elle me demanda de m’assoir dos à la coiffeuse pour que je ne puisse pas voir ma tenue.

-Laisse-moi dix minutes, je ne voudrais pas encore ressembler à un épouvantail à côté de toi quand les autres te verront descendre !

Je prenais donc mon mal en patience. Une heure plus tard (Dix minutes hein ?) Rosalya sortait de la salle de bain perso de Leigh (Je les hais !), fraiche et jolie comme la fleur qui a inspiré son prénom. J’obéissais à toutes ses directives alors qu’elle me tartinait de crème, fond de teint et j’en passe. J’avais l’impression d’être une toile allègrement badigeonnée de peinture…

-Finie ! Lève-toi pour voir ? Mmmmmhh … il manque quelque chose…. Je sais ! Je vais te coiffer, tes cheveux sont tout emmêlés !

Et me voila de nouveau les fesses sur la chaise pendant une bonne demi-heure supplémentaire le temps que Rosalya se batte avec mes boucles rebelles. J’avoue avoir hâte de voir le résultat. Entre le maquillage, l’habillage et le brossage, il nous a bien fallu 3 heures de travail ! Je serais presque vexée de nécessiter autant de travail… Je suis si moche que ça un lendemain de réveillon ? Rosalya me prêta des bas blancs et une paire de ses bottes à lacets comme elle aime porter. Heureusement, nous faisions la même pointure.Elle me jaugea du regard, eu un mouvement de tête appréciateur.

-Tu vas tous les épater ! Attends-moi là !

Mais quoi encore ? J’ai l’impression d’être une poupée dans les mains de plusieurs petites filles capricieuses…. J’aimerais bien rentrer chez moi maintenant, mon lit me manque et je dormirais bien encore un peu… J’entends un bruit de pas précipités dans l’escalier puis Rosalya entre en trombe dans la pièce.

-C’est bon, tout le monde n’attends plus que toi et la nouvelle création de Leigh ! Je t’attends en haut de l’escalier !

-Mais que…

Elle est déjà repartie…. Bon, j’ai pas le choix, Allons-y ! (Comment ça tout le monde?) Je sors alors de la chambre et voie Rosalya qui m’attends.

-Mesdames et Messieur, Nous vous présentons Alezia Charming, nouvelle Égérie de Leigh Création !

(QQQUUUOOOOIIII !!!!) Je continue d’avancer, de toute façon, ils m’ont bien eu. Je descends les escaliers en regardant au loin pour ne pas croiser la multitude de paires d’yeux qui m’observent. Il y a encore trop de monde dans cette maison ! Ils ne pouvaient pas rentrer chez eux ! CLAP ! CLAP ! CLAP ! Des applaudissements surgissent bientôt imités par le reste des spectateurs. Je cherche du regard celui qui en est à l’origine mais ne le trouve pas. Leigh fini par venir à ma rencontre, et me tends la main, je jette un œil à Rosalya qui me fait signe d’y aller. Bientôt, je suis noyée dans la foule.

Je rencontre les parents de Rosalya et ceux de Leigh et Lysandre. Une partie des cousins et cousines me sont également présentés, je reçois des éloges et des compliments d’une trentaine d’inconnus au moins. Je réussie plus ou moins à m’extirper de là et hante les couloirs à la recherche d’un endroit tranquille. Je fini enfin par tomber sur un magnifique miroir sur pieds. Je me dévisage dans la glace mais n’arrive pas à me reconnaitre. Une poupée me fait face. Une robe majoritairement blanche, aux manches longue et à la jupe bouffante, une sorte de corset vert émeraude mettant en valeur une taille délicate. Des rubans de satin verts émeraudes s’entrecroisant à certains endroits. Un simple ruban de velour vert met en avant un cou fin et délicat.

Un visage au teint de porcelaine et aux joues rouges est dévoré par des yeux verts étincelants rehaussés par une fine ligne d’eye-liner. Les cheveux, relevés en chignon structuré sont maintenus par un collier de perles nacrées. La bouche enfin, rouge et charnue, s’ouvrait délicatement pour former l’arrondi d’un O. Ce n’était pas moi.

Une main se pose sur mon épaule. Je me retourne pour faire face à Lysandre. Il me fait un sourire étrange.

-Je suis désolé Alezia, quand Leigh et Rosalya sont comme ça, on ne peut plus les arrêter…

-Je n’arrive pas me reconnaitre dans le miroir Lysandre.

-Je sais, pourtant, ils n’ont fait que te révéler ce que tout le monde pensent en te voyant. Une jeune fille belle et délicate.

-Je ne comprends pas, pourquoi ils ont fait ça ?

-Leigh est passionné par son métier, tu es exactement le type de mannequin qui correspond à son style de création. Il te demandera probablement de défiler pour lui, et il aurait raison, tu es époustouflante ainsi !

-Je n’ai rien d’un mannequin.

-C’est vrai, tu es milles fois mieux qu’un mannequin.

-Ce n’est pas drôle Lysandre.

-Tu as une âme, un visage très expressif et des yeux magnifiques. Regarde-toi encore dans ce miroir et dis-moi qu’il a tort !

Je faisais face à la glace de nouveau, Lysandre derrière moi, me tenait par les épaules.

-Alors ?

Je me dévisageais de nouveau. Il avait raison, le résultat était trop bluffant !

-Allez, vient, Leigh doit te chercher à l’heure qu’il est. Si Mademoiselle veut bien se donner la peine.

Lysandre me faisait une courbette puis se redressa en me tendant son bras. Je posais ma main délicatement et éclatais de rire. Je pouvais bien faire la poupée après tout, ils sont tellement sympathiques dans cette famille ! Leigh fini par habiller Rosalya d’une autre de ses créations. L’un de leur cousin, photographe, nous fit faire une séance photo dans plusieurs endroits de la maison qui avaient tous un petit côté historiques. Certaines d’entres elle, faites avec filtre, nous faisaient vraiment penser à de délicates poupées anciennes  posées sur des fauteuils ou méridiennes.

A chaque fois qu’il en avait l’occasion, Lysandre me chuchotais des trucs au creux de l’oreille ou me taquinais jusqu’à ce que je sois rouge comme une pivoine. Ça avait l’air de beaucoup l’amuser ainsi que Rosalya qui me jetait des regards entendus du genre  « il est craquant pas vrai ? » Finalement, je demandais à mes parents de venir me chercher en début de soirée. Je laissais Leigh récupérer son trésor et enfilais la tenue de sport du lycée que Rosalya me passait. Zack, le photographe, m’avait promis de m’envoyer un double des photos dès que possible. Je passais décidément une excellente journée.

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Je regardais par la fenêtre, l’esprit ailleurs. L’arbre qui arrivait à hauteur de mes yeux commençait à bourgeonner, les oiseaux volaient en chantant dans le ciel bleu, les nuages cotonneux faisaient une course folle dans le ciel, c’était une journée vraiment idyllique.

-Mlle Charming ! Mlle Charming ! (HHEEInnnn ?! Ah ! C’est moi !)

-Mlle Charming… Qu’est-ce-que je viens de dire ? Pouvez-vous répéter ma dernière phrase ?

(M*rde !)

-Non monsieur….

-Cessez de rêvasser et appliquez vous un peu bon sang !

-Oui monsieur, pardonnez-moi.

Le prof pousse un soupir d’agacement et reprends son cours d’un ton monocorde. J’avais au moins eu le bon sens de rougir. Castiel gloussait au fond de la salle, je lui lançais un regard haineux puis remontais les rangées des yeux. Je tombais béatement dans un tourbillon d’or en fusion, Nathaniel me regardait en souriant. Je rougissais puis piquais du nez dans mon bouquin. Les vacances de noël s’étaient admirablement bien passées. J’avais passé un super noël, le nouvel an était pas mal non plus, Nathaniel et moi nous sommes vus autant que possible les jours suivants, cinéma, restaurant, bowling, patinoire…. Elles sont passées trop vite et voilà que 2 mois de cours ont suivis sans que je m’en rendre compte…. Il faut dire qu’entre les cours, le club de tir à l’arc qui prépare un tournoi et mes rendez-vous avec Nathaniel, j’avais l’impression de ne pas avoir assez d’heures dans une journée.

En plus, la saint valentin approchait ainsi que l’anniversaire de Nathaniel et j’étais à sec niveau idée de cadeau. Pour la saint-valentin, je pouvais toujours lui offrir des chocolats maisons préparées avec amour, mais son anniversaire ? Il y avait aussi mon rendez-vous avec le Docteur Teller la semaine prochaine pour essayer de faire disparaitre les cicatrices et Leigh qui n’arrêtait pas de me harceler pour que je passe à sa boutique faire les essayages pour son défilé alors que celui-ci est prévu pour juillet….

Arf…. C’est trop compliqué… Décidément, le ciel est vraiment magnifique…..

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J’étais debout, en sous-vêtements, devant un homme qui me prenait en photo. Il me fit tourner à gauche, à droite, bouger les bras, me pencher en avant… Le Docteur Teller avait l’air extrêmement concentré. Je jetais un regard inquiet à ma mère, ce n’est pas que ça me gène, plusieurs médecins m’ont vus avant lui, je commence à être habituée, c’est surtout que je commence à m’inquiéter de ne pas pouvoir les effacer. Il me dit de me rhabiller puis s’installe à son bureau. (Tous des sadiques les médecins, ils ne peuvent pas vous dire tout de suite ce qu’il y a, ils auraient l’impression d’être moins important !)

Je m’installe sur une chaise à côté de ma mère et le dévisage. La trentaine, les traits fin et élégants, il a de beaux cheveux noir coupés court et un bouc qui lui entoure les lèvres. Des yeux marron clairs très expressifs, les pommettes et le contour du visage bien dessinés. C’est un très bel homme.

-Je vais être franc avec vous Mademoiselle, ça vas prendre du temps. Le problème, ce n’est pas la surface à traiter puisqu’indépendamment les unes des autres, elles sont assez petites. Le souci, c’est qu’elles sont dispersées sur une partie assez importante du corps. Je vous propose de commencer par le bras le plus touché, nous ferons ensuite le deuxième, c’est ce qui doit vous gêner le plus. Enfin, je m’occuperais des autres dispersée sur le ventre. Par contre, je ne pourrais rien faire pour celle située entre les omoplates. Elle est trop profonde.

Ouf, j’ai eu peur à un moment que ce ne soit pas possible.

-D’accord Docteur.

-Pour réussir à les dissimuler, nous devrons enlever la partie cicatrisée et la recouvrir de peau saine prélevée sur une autre partie du corps. Entre chaque intervention, nous devrons laisser à votre corps le temps de régénérer la peau prélevée et au greffon le temps de prendre. Vous devrez prendre des médicaments tout les jours pour éviter les rejets. Vous me comprenez ?

-Oui Docteur.

-En chirurgie esthétique, nous n’avons pas le droit d’opérer un patient mineur sans deux consultations préalables chez un psychologue, la deuxième devant avoir lieux minimum 1 mois après la première. C’est pour permettre au patient de s’assurer de sa détermination et de sa volonté à voir son corps changer. Nous ne pourrons pas effectuer d’opération sans la validation du psychologue. Est-ce-que tout est clair pour vous ?

-Oui Docteur.

-Dans ce cas, voici le numéro d’un collègue qui travaille avec nous depuis longtemps. Quand vous aurez son aval, revenez me voir et nous nous occuperons de votre problème. Des Questions ?

-Non, merci Docteur.

Ma mère et moi quittions l’hôpital. Je regardais le paysage défiler, la tête dans les nuages. J’étais contente de pouvoir être opérée mais perplexe quand au temps que ça prendrais. Moi qui espérais qu’en un coup de laser et deux jours d’antidouleur je pourrais sortir en t-shirt, j’étais un peu dépitée…

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Nous sommes samedi et je suis debout dans la cuisine devant le plan de travail. Mes orangettes au chocolat étaient terminées, les boules de coco aussi. Le reste des chocolats que j’avais préparés était disposés avec amour dans une jolie boite de bois décorée de flocons peints par Violette sur ma demande.

-AALLL !!! UNE HYSTERIQUE AUTELEPHONE POUR TOI !

Je me lavais les mains en speed, et attrapais le combiné que mon frère me passait.

-Allo ?

-Salut Al ! C’est Rosa. Je t’en supplie, il faut que tu m’aide !

-Euuhh d’accord, qu’est-ce que je dois faire ?

-Passe à la boutique de Leigh ! Je n’en peux plus de l’entendre marmonner en tournant autour de ses mannequins de plastiques à se demander quelle robe serait la mieux sur toi, quelles matières, quels breloques ! VIENS !

Et elle me raccrocha au nez. Je regardais le téléphone d’un air débile qui fit rire mon frère. Je le reposais sur son socle, allais ranger mon bazar dans la cuisine. Je regardais le tas des ratés (je n’avais gardé que les plus beaux pour ma boite) et en prenais une poignée que je glissais dans un sac congélation zippé. Puisque je devrais subir la torture du couturier cette fin de soirée, autant que j’ai un petit réconfort. J’adore le chocolat ! Je me rendais au centre-ville, trainant un peu les pieds en sachant bien que ça serait probablement pénible, puis fini par rentrer dans la boutique. J’y étais déjà venue une ou deux fois, mais son charme et son ambiance cosy me faisait toujours le même effet. J’avais envie de tout essayer.

-ALEZIA !!!! Je croyais que tu n’arriverais jamais !

Envolée la sensation de bien être, je poussais un soupir.

-Viens !

Rosalya me tire par le bras puis m’entraine dans l’arrière boutique. Elle finie par me pousser dans le dos avant de refermer la porte derrière moi. J’ai l’impression d’être un poulet balancé dans la fosse au lion. J’enlève mon manteau et mon sac, les dépose en boule à côté de la porte puis m’avance entre les penderies à la recherche de Leigh. Quelqu’un pose ses mains sur mes épaules, je sursaute et pousse un cris bien ridicule avant de faire face à mon agresseur :

-Eeennnnfiinnn…..

Je me retrouve face à un Leigh tout échevelé, les cernes jusqu’aux joues et la tenue débraillée. Un zombi…

-Viens.

Il m’entraine jusqu’à sa « sélection », un fouillis indescriptible de robes, pantalons, bustiers, chemises à volants… Oh mon dieu ! Je vais y passer la nuit ! Je n’aurais jamais dû mettre mon nez ici !

-Rosa ne vient pas avec nous ?

-Rosa en assez. Enfile ça pour commencer.

Il me tend un fatras de tissus, je glisse un œil vers la porte…

-Et ne pense même pas à t’enfuir ! Zou ! En cabine d’essayage et que ça saute !

Je sursaute et part à toute vitesse enfiler son premier choix, il est effrayant quand il est comme ça ! J’en étais à mon 20ème essaie, j’avais les jambes sciées à force de marcher de long en large et il n’était toujours pas satisfait. Certaines de ces tenues m’allaient pourtant parfaitement bien. Il était en train fouiller dans ses croquis, à la recherche de quelque chose. Coincé dans une robe du style victorien qu’ils apprécient tant son frère et lui, je m’étirais de mon mieux pour faire passer l’engourdissement de mes muscles endoloris. C’était pire que tout le sport que j’ai pût faire dans toute mon existence.

J’allais chercher dans mon sac un chocolat et le callais dans ma joue pour le laisser fondre puis je m’asseyais sur le bord de l’estrade, balançant les jambes dans le vide. Impossible de se décontracter avec ce corset ! Quelqu’un s’asseyait à côté de moi.

-Salut ! Alors il t’a prise dans ses filets ?

-Oui. Je n’en peux plus ! Qu’est-ce que tu fais ici ?

-Je viens toujours rendre une visite à Leigh après les répèt, il a souvent trop tendance à oublier l’heure quand il est plongé dans son travail.

-Tu en veux un ?

Je lui tendais le sachet de chocolat.

-Avec plaisir !

Il en pioche un, le met dans sa bouche et le calle contre une joue comme je venais de le faire.

-Rah ! Ils sont trop bons ! Tu les as trouvés où ?

-Je les ai fait cet aprèm, avant d’être prise au piège ici.

-Je passe commande tout de suite !

Je rougissais sous le compliment. On s’était mis à papoter de choses et d’autres en boulottant les chocolats sans prêter plus d’attention à Leigh. Celui-ci s’était retourné, une feuille à la main et nous dévisageait en gribouillant dessus sans piper mot. Quand je m’en rendais compte, je filais un coup de coude dans les côtes de Lysandre en lui montrant son frère du menton.

-Je crois que tu ne vas pas tarder à être libre.

-J’AI TROUVE !

On sursautait tout les deux.

-Oui, je crois que ça sera parfait ! C’est exactement ce qu’il me fallait pour mon final ! Ah ! Je vous adore !

Il s’avança vers nous puis nous serra tout les deux dans ses bras. Je haussais un sourcil interrogateur vers Lysandre qui haussa les épaules pour me faire comprendre qu’il ne fallait justement pas chercher à comprendre. Leigh nous mis ensuite gentiment mais fermement à la porte. J’ai à peine eu le temps de reprendre mes vêtements et de me changer ! Je rentrais chez moi vers 20h complètement rincée ! Racontais tout à ma mère qui ne voulait pas me lâcher depuis qu’elle savait que j’avais un petit ami puis allais me coucher direct sans même manger. Comment on peut oser quitter des couettes aussi moelleuses !

 

 

 

 

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