Recueil sur le thème d'arcane
Je me suis battue, je me bats et je me battrai encore tant que je serai vivante, quitte à mourir dans cette arène. Je balance ma tête en arrière, les poings serrés alors qu’un énième combattant a faibli sous mes coups, mes bandes sont autant imbibées de mon sang que du sien.Tu n’es plus là, tu m’as abandonnée, comme Jinx l’a fait, enfin... Caitlyn, je ne t’en veux pas tu sais. Je suis juste… Morte. Morte de l’intérieur, alors… Pourquoi ne pas le faire de l’extérieur? Ces blessures sur mon visage marquent de plus en plus ma peine, le vide dans ma vie. TU es mon vide. Je te voulais, je te veux, je ne t’aurai jamais. Je savais que cela devait arriver. Un autre adversaire tombe sous la force de mes poings. Je suis dans un autre monde, un monde de cauchemars. Je n’ai plus rien à perdre. Je suis celle que personne ne peut battre et pourtant, des gens cherchent encore à me vaincre. Jamais! Jamais je ne perdrai dans ce que j’appelle mon nouveau boulot. À la force de mes poings ensanglantés, à la sueur versée et qui est noyée dans mes larmes qui ne cessent de couler.
Je serai la meilleure et je tairai tous les doutes et les maux dans mon esprit et mon coeur pour être la plus forte, celle que personne ne peut dépasser, celle que tout le monde craint. Pour terrasser les combattants pensant avoir une chance contre moi. Une chance de gagner face à la meilleure de l’arène, à la Hound. Celle qui n’a perdu aucun combat depuis son arrivée. Celle sur qui personne ne pariait parce qu’elle était une femme probablement. Cependant, ils ont bien vite su à qui ils avaient affaire. Je suis fière de ce que je suis devenue. Je crois? Ouais! Me battre.. C’était ma seule véritable utilité dans le fond et dans ce monde. Faire couler ce liquide carmin et poisseux sur le corps de ceux qui faiblissaient face à moi ou me retrouver simplement couverte de celui-ci parce que je n’avais pas évité les coups. Quelle tristesse.. Ah bon? Regarde toi, regarde moi! Je ne suis plus rien. Je ne sais plus quoi faire dans cette vie, je sombre sans savoir comment arrêter ça. Jinx, ma sœur… Caitlyn, mon amour… Venez sécher ces perles salées qui coulent le long de mes joues, venez panser mes plaies. Pouvez vous voir ma déchéance?
Je me regarde dans le miroir pour me maquiller et aller dans cette arène qui pue ma transpiration et celle des autres combattants qui ont plié sous la violence de mes phalanges. Je vomis, je ne suis plus que l’ombre de moi-même, mais? Je m’agrippe au lavabo et regarde mon reflet fantomatique et dégueulasse. Qu’importe…. Bordel j’adore me battre et pourtant, je sais que je me bousille, tout simplement, mon monde s’est écroulé quand j’ai perdu Cait et Jinx. J’ai tout perdu en une journée…
J’ai gagné, encore, mon adversaire a mordu la poussière comme un débutant. Tout le monde parie sur moi. Mes poings sont mon gagne pain à présent. Loris, un ancien pacifieur devenu ami avec moi et m’ayant suivi jusqu’à Zaun, me paye aussi mes verres et nous passons des bons moments ensemble, à trinquer et boire. Oubliant la moiteur de mon corps, me concentrant sur l’envie de faire la fête pour ne pas m’enfoncer dans mon chagrin amer qui se reflète au fond de mon verre. Je le vois, là, me narguant pour me dire qu’il n’est pas loin et qu’il restera là tout au long de ma vie dans le chemin que j’ai choisi d’arpenter.
C’est fini pour ce soir. L’arène qui rime avec douleur et le bar où règne la déchéance, le vice et la corruption. Je suis totalement bourrée, encore une fois, je ne tiens plus debout et si Loris n’était pas là pour me tenir et faire se lever mes pieds à chaque marche je serais tombée il y a un moment. J’aurais très certainement fini en bas des escaliers, inerte, au sol. Mais dans le fond, est-ce si grave que ça, hein? Après tout, je n'ai strictement plus rien à perdre et c’est d’ailleurs pour ça que je passe mes soirées à l’arène ou au bar. C’est comme ça, je ne changerai plus jamais, je ne le veux plus… Je ne le veux plus? Est-ce vrai? Hm… Peut être que si? Non, non je ne veux à présent vivre que cette vie. La souffrance corporelle fait bien moins mal que la souffrance psychologique. Celle-ci ne guérit jamais ou pas totalement, alors que le corps lui, garde des cicatrices mais pas la douleur. Du moins je crois, pfff je suis bien trop conne pour réfléchir à ça et avec un esprit dans la brume c’est encore plus difficile.
Loris m’a raccompagnée, je suis à présent seule dans mon studio qui pue le renfermé, dont le lit est presque un lit à vrai dire, je ne sais pas trop, mais je peux dormir c’est l’essentiel. En face se trouve le lavabo crasseux avec mon miroir que j’ai brisé d’un coup de poing. J’ai eu mal, mes bandes se sont imprégnées du liquide qui me tâche de plus en plus. Des tas de bouteilles jonchent le sol, je ne vais pas m’arrêter là, ça non. Je cherche une nouvelle bouteille, ou du moins une qui contient toujours de l’alcool. Une fois celle-ci trouvée je m’adosse au mur, soupirant tout en fermant les yeux, j’avale une gorgée. De nouveau je commence à être en nage. L’effet de l’alcool? En ai-je vraiment trop bu? Très certainement, mais après tout qui est là pour m'en empêcher? Je m’en fous. Je suis livrée à moi-même à présent et bien que j’ai un ami… Je n’ai plus les deux êtres que j’aime le plus à mes côtés. Je suis… Seule, meurtrie et incapable de raisonner par moi même à cause de mon ivresse constante. Encore une fois, qu’importe? Je suis devenue un déchet. C’est marrant de voir à quel point on peut tomber aussi vite et aussi profond dans un gouffre où la lumière n’existe plus et je suis incapable d’attraper les prises que j’effleure ! Marrant? Non, ça fait plus pitié qu’autre chose. Si mes adversaires, ceux qui misent sur moi et les autres savaient pour quelle raison je me battais… Ils riraient de moi à gorge déployée et bien plus encore.
Voilà… Mes larmes recommencent à couler. Je suis pathétique! Alors je pose ma bouteille au sol et me relève avec difficulté, titubant et m’accrochant à mon punching ball pour commencer à frapper dedans. Des coups plus violents les uns que les autres. Ça me défoule, non, pas assez, je hurle à m’en briser les cordes vocales, je revois Caitlyn en train de m’embrasser, il faut que je frappe, je vois Jinx et moi en train de nous battre, il faut que je frappe. Je pleure, encore et encore, je sens mes phalanges se fissurer, craquer contre le punching ball. La rage dont je suis animée ne les aura pas épargnées et le liquide carmin imbibe le sac de boxe qui plie et bouge de plus en plus. Je pleure à chaudes larmes, après tout personne ne peut me voir dans ce taudis où je vis, non, plutôt où je survis. Je ne vis plus, il n’y a plus âme qui vive dans mon corps, juste le vide. Un vide énorme remplacé par de la noirceur.
Je me suis écroulée de fatigue en frappant une dernière fois sur mon sac de boxe, tombant en arrière sur mon lit grinçant, me prenant une bouteille vide dans le dos. Qu’est ce qu’elle pouvait bien foutre là? J’ai mal.. Au ventre, à la tête, aux poings, enfin… Partout en fait. Je me recroqueville en position de foetus sur moi-même. J’aimerai juste… Disparaître. La lumière du jour filtre à travers mes rideaux déchirés et me réveille. J’ouvre un œil péniblement puis l’autre, battant plusieurs fois des paupières afin de revenir à la réalité. Je me lève péniblement, ce n’est pas une heure pour moi. Habituellement, et depuis que je suis revenue à Zaun, je vis la nuit. Qu’importe le Last Drop est ouvert. Le Last Drop… Quand je pense que ce bar fut jadis à mon père adoptif et qu’à présent il est tenu par des voyous. Des voyous tout comme moi. Je m’aide de la rampe pour descendre, mes pas sont mal assurés. Je ne sais même pas comment ils font pour tenir bon durant mes combats, l’adrénaline sûrement, car avec tout l’alcool qu’il y a en moi et le peu de nourriture qui se trouve dans mon estomac… Je suis une épave.
Je m’assois au comptoir avec difficulté et demande un verre de l’alcool le plus fort qu’il puisse y avoir dans le bar. Quitte à se ruiner la santé autant le faire bien, n’est-ce pas? Je bois, gorgées après gorgées jusqu’à plus soif puis quelques heures plus tard… Je me ressaisis, il faut que je dorme encore, encore un peu avant de retourner dans l’arène. Je paye, je sors et.. Je m’écroule au sol comme une pierre devant le Last Drop, le visage démaquillé par la sueur due au trop plein d’alcool et tout les autres abus causés durant ces dernières semaines.
Impossible de bouger, pourtant, je peux voir une bouteille devant mes yeux. Une bouteille similaire à celle que j’avais lancée par erreur sur Loris lors de notre première rencontre. Si j’avais su que ce serait le plus beau cadeau qu’il me ferait… Le plus… Dévastateur pour mon corps, mon esprit et pourquoi pas mon âme en plus, tiens? Le trio parfait. Mais non impossible, quoique… C’est avec lui que j'avais le plus bu, comme s’il m'avait encouragé dans mon auto destruction. Si j’avais su que je ne pourrais plus m’en passer, que ça deviendrait vital pour moi, pour m’évader. Ne plus penser à Caitlyn et ma soeur. Juste… me décharger de tout le poids que j’avais sur les épaules, car l’arène ne me suffisait pas. Mais à présent j’étais accro et je ne savais pas comment m’en passer, comment m’en sortir Dans le fond je savais que ce n’était pas la faute de Loris, il avait cru bien faire, qui sait? Loris c’est pas le genre de type à vouloir faire du mal aux autres, il a juste voulu m’aider, mais au final il m’a brisée. Je ne l’ai pas vu venir mais je l’ai accepté en mon âme et conscience, maintenant j’en paie le prix fort. Peut-être l’ai-je mérité après tout? C’est dans cet état de quasi inconscience que je sens des sueurs froides qui coulent dans mon dos. Je vais m’évanouir c’est certain, dans le fond je ne m’y suis jamais habituée. À quoi au juste? L’alcool à foison? Les bagarres? Le sang? Leur manque? Je ne sais pas, je ne suis pas en état de penser à l’heure actuelle. J’ai mal, j’ai la vue brouillée par les larmes et l’alcool et je commence à sombrer. Je ferme de nouveau les yeux et vois ma soeur et la femme que j’aime à cet instant. J’ai perdu connaissance.