Entre Vengeance et Chaos
La pluie avait cessé, enfin. Mais l’air, saturé d’humidité, portait encore la mémoire du déluge. Les rues de Starling City luisaient comme des miroirs brisés, reflétant les néons tremblants et les silhouettes égarées. L’eau s’écoulait lentement dans les caniveaux, charriant les débris d’une nuit trop longue. Au-dessus, les nuages restaient bas, d’un gris épais, presque solide, comme s’ils hésitaient à éclater à nouveau. Depuis la fenêtre de son loft, Sam observait la ville renaître sous ce calme incertain. Les vitres portaient encore les traces de la pluie, longues traînées argentées qui déformaient les lumières. Elle resta là, immobile, les bras croisés, le regard perdu dans les reflets mouvants. Le grondement lointain du tonnerre s’effaçait peu à peu, remplacé par le bourdonnement discret des enseignes qui se rallumaient une à une. La veille, elle avait vu son nom s’afficher sur tous les écran.Une condamnation publique, froide et méthodique. Samantha Reilly. Son visage, projeté à la une de chaque chaîne, chaque mur, chaque place. En bas, la ville semblait reprendre son souffle. Des pas pressés résonnaient sur les trottoirs détrempés, des moteurs ronronnaient dans la brume, et les premiers taxis s’aventuraient à nouveau dans les avenues. Pourtant, pour Sam, ce n’était pas le calme du répit, mais celui qui précède l’effondrement. Son reflet dans la vitre lui renvoya une image qu’elle reconnut à peine : des yeux sombres cernés de fatigue, une expression tendue, presque vide. Une mèche humide collée à sa tempe trahissait qu’elle aussi avait affronté la pluie, dehors, avant de se réfugier ici. Dans ce loft devenu son abri et sa prison. Elle inspira lentement. L’odeur persistante de la pluie mêlée à celle de la rouille emplissait la pièce. Samantha Reilly n’était plus une inconnue. Mais ce qu’elle était devenue, aucun mot ne pouvait encore le dire. La tempête avait cessé dehors. Pas en elle.
Elle posa la paume sur la table, sentant sous ses doigts le froid métallique du katana. La lame, entretenue avec une obsession presque cérémonielle, renvoya un éclat dur qui fragmentait la lumière de la pièce. Le dossier ouvert devant elle étalait des relevés, des plans industriels, des preuves de transferts. La signature d’Ethan Hunt revenant comme un leitmotiv, noire et immuable sur chaque page. Toujours lui. L’homme qu’elle avait juré d’effacer. Celui qui, une nuit, avait brûlé son enfance. Elle se redressa, prête à empoigner sa lame, quand la lumière du loft mourut dans un souffle. Un grésillement parcourut la pièce ; l’obscurité se fit compacte, puis une silhouette apparut dans l’encadrement, trempée, la capuche baissée. Oliver Queen. Son visage coupé par l’ombre, ses traits sévères, gouttes d’eau perlant sur le tissu sombre. Il entra sans un mot, portant avec lui l’odeur du dehors et la lassitude des hommes qui ont trop vécu. D’un geste mesuré, il déposa un dossier sur la table ; le bruit sec du plastique se confondit avec le murmure régulier de l’eau glissant du balcon. Les premières pages montraient des repérages près des docks Est : photographies floues, rapports de patrouille, indices d’un chargement d’armes chimiques. Ses hommes avaient été vus là-bas. Hunt était en mouvement. La pièce sentait le café froid et le métal. Sam sentit la tension monter derrière sa cage thoracique. Une vieille mécanique : la colère qui se mêle au calcul. Elle serra la garde du katana, les phalanges blanches, le cuir crissant contre ses doigts. La proposition d’aide de Queen n’eut pas besoin de formules habiles ; l’information suffisait. Il connaissait Hunt. Hunt savait qu’elle le cherchait. Et dans l’ombre, il avait tendu un piège fait de routes, de barges et d’hommes armés. Ils se jaugèrent sans bruit. Dans ses yeux fatigués, Sam lisait la même lassitude que dans les siens. La reconnaissance d’une guerre qui vous use.
« On ne se fait pas confiance, » dit-elle enfin.
« Non, » répondit-il calmement. « Mais on vise la même cible. »
Un silence lourd retomba entre eux, fait d’acceptation plus que d’accord. Sam remit la lame dans son fourreau d’un mouvement sec, précis, presque rituel. Il acquiesça d’un geste minimal, la main posée sur la crosse du dossier. La décision ne fut pas prononcée à voix haute ; elle se fit simple et tranchante, comme l’acier : ils feraient route ensemble cette fois. Une alliance froide, circonstancielle, limitée au temps d’un objectif commun. Rien de plus. Rien d’autre. Dehors, la ville continuait de respirer sous un ciel encore humide ; à l’intérieur, la seule chose qui brillait clairement était la détermination sur son visage.
Le vent fouettait le port. Les containers, encore ruisselants des averses de la veille, formaient un labyrinthe de métal et d’ombre. Chaque claquement de tôle, chaque écho de pas se répercutait à l’infini, comme une menace tapie dans l’air saturé d’iode et de rouille. Sam avançait sans un mot, son manteau noir épousant les rafales. Oliver la suivait à quelques mètres, silencieux, attentif à ses gestes. Leurs pas se répondaient comme deux battements de cœur désaccordés.
« Tu sens ça ? » demanda-t-il à mi-voix, son regard balayant les ombres.
Elle hocha lentement la tête.
« Oui. Quelqu’un est déjà passé. »
Il se rapprocha d’un pas, son ton plus grave.
« Reste près de moi. Si ça tourne mal, je m’en charge. »
Sam esquissa un sourire sans joie, les yeux toujours rivés devant elle.
« Tu oublies à qui tu parles, Queen. »
« Non, » répondit-il doucement. « Je me souviens très bien. C’est pour ça que je dis ça. »
Le sol était glissant, couvert d’une pellicule huileuse où la lumière des lampadaires se fragmentait en éclats jaunes. Des mouettes hurlaient au-dessus des grues, silhouettes spectrales contre le ciel d’acier. Dans la pénombre, ils se fondaient dans le décor. Deux ombres en chasse, liées par la même tension. Ils atteignirent une porte blindée, entrouverte, oscillant doucement sous la pression du vent. L’air qui s’en échappait avait une odeur de poudre et de sang frais. Sam entra la première. La lumière à l’intérieur était blafarde, presque clinique. Des corps gisaient au sol, encore tièdes. Des hommes en tenue tactique, renversés dans le silence. Leurs masques déchirés révélaient des visages figés dans la stupeur.
« Ça se complique… » murmura Oliver.
Sam s’accroupit près de l’un d’eux, effleurant du bout des doigts une plaie nette à la gorge.
« Pas lui, » murmura-t-elle. « Ce n’est pas Hunt. »
« Alors qui ? »
Elle releva les yeux vers lui.
« Quelqu’un comme moi. »
Un silence tendu s’installa. Le métal grinça au-dessus d’eux, quelque part dans l’ombre. Sam se redressa lentement, scrutant les corps étendus au sol. Quelque chose dans la précision des plaies, dans la rigueur du geste, lui rappelait un passé qu’elle aurait préféré oublier. Ce n’était pas une exécution improvisée, ni le travail d’un commando. C’était une signature. Celle de la Ligue. Un message adressé à elle seule. Un grondement monta du fond du hangar. Une vibration sourde, d’abord indistincte, puis un rugissement. L’explosion les prit de plein fouet. Le souffle les projeta contre un mur, brisant les vitres, soulevant un nuage de feu et de débris. Le métal hurlait, les flammes dansaient entre les poutres comme un animal enragé. Oliver la tira en arrière juste avant qu’un container ne s’effondre.
« Sam, reviens ! »
Elle s’était figée. Son regard venait de croiser une inscription, peinte à même le mur noirci, encore rouge malgré la suie :
« Tu n’as jamais quitté Nanda Parbat. »
Sam blêmit. Le souffle court, elle s’approcha lentement du mur, les yeux rivés sur les lettres.
« Il sait… » murmura-t-elle.
Oliver, couvert de poussière, chercha son regard.
« De quoi il parle ? »
Elle détourna les yeux, refermant le fourreau de son katana d’un geste sec.
« De ce que j’étais… avant tout ça. »
Le retour vers le loft se fit dans un silence de plomb. L’air sentait encore la fumée et le métal brûlé. Sam avançait vite, comme pour échapper à quelque chose. A ce qu’elle avait vu, à ce qu’elle avait reconnu. Oliver la suivait sans un mot, son regard accroché à sa silhouette tendue.
À l’intérieur, le loft paraissait étrangement vide. La lumière blafarde des lampes dessinait des ombres longues sur les murs. Sam jeta sa veste trempée sur le dossier d’une chaise, puis posa son katana sur la table, le geste sec, presque mécanique. Elle resta un moment immobile, fixant la lame. Le reflet d’un visage qu’elle connaissait trop bien lui renvoya un souvenir qu’elle aurait préféré laisser enfoui. Oliver s’approcha lentement, sans la brusquer.
« Ce message… il n’était pas destiné à effrayer. C’était un avertissement. »
Elle hocha la tête, sans lever les yeux.
« Non. C’était une provocation. Il veut me rappeler d’où je viens. Ce que j’ai été. »
Sa voix était calme, mais chaque mot vibrait d’une tension contenue.
« Il sait que je ne fuis pas mon passé. Je l’ai juste laissé derrière moi. Mais lui… il refuse de me voir autrement que comme son arme. »
Oliver resta silencieux un instant, puis répondit doucement :
« Peut-être qu’il sent que tu lui échappes. Que tu deviens quelque chose qu’il ne peut plus contrôler. »
Sam leva enfin les yeux vers lui.
« Personne ne m’a jamais contrôlée, Oliver. Pas même lui. »
Un silence. Il hocha la tête, un léger sourire triste au coin des lèvres.
« Non… mais il t’a façonnée. Et parfois, c’est pire. »
Elle le fixa, surprise par la justesse de ses mots.
« Tu crois que je suis encore cette fille-là ? »
« Je crois que tu l’as été, oui. Mais aujourd’hui, tu choisis. Et c’est ce qui te rend différente d’eux. »
Sam détourna le regard, le souffle tremblant.
« Choisir n’efface pas les cicatrices. »
« Non. Mais ça empêche qu’elles décident pour toi. »
Elle resta un moment sans rien dire. L’air semblait plus lourd, saturé par les mots tus.
Puis elle murmura :
« Il m’a enlevé mes parents, mon enfance, ma loyauté. Il a tout pris. Et maintenant, il veut ce qu’il reste. »
Oliver s’approcha encore, posant sa main sur le bord de la table, tout près de la sienne.
« Alors ne lui donne rien. Pas même ta colère. »
Sam leva lentement la tête. Son regard était dur, mais au fond, quelque chose vacillait. Une fatigue, une peine ancienne.
« Tu crois que je peux encore faire autrement ? »
« Oui. »
Il resta là, à quelques centimètres, son regard plongé dans le sien.
« Parce que tu n’es pas seule cette fois. »
Le silence qui suivit n’était plus celui de la tension, mais celui d’une promesse fragile. Dehors, les rues luisaient encore, gorgées d’eau, reflétant les lumières des réverbères comme autant de fragments d’un monde éreinté. L’air portait cette odeur d’asphalte lavé et de fer humide, celle qui suit les tempêtes et précède toujours le calme. À l’intérieur, la lumière du loft se faisait douce, presque irréelle. Les murs respiraient encore la chaleur du combat, le poids des mots. Ils restèrent là, face à face, sans un mot de plus. Deux âmes cabossées, mais debout. Et dans ce silence suspendu, il ne restait plus ni peur, ni colère. Seulement cette certitude muette qu’ils n’étaient plus seuls à porter leurs fantômes.
Un voile de brume s’élevait des rues encore humides, tandis que Starling City scintillait sous une lueur d’acier. Les toits luisants reflétaient la pâleur des néons et des phares, comme si la ville elle-même respirait après avoir longtemps retenu son souffle. Tout en haut d’une tour abandonnée, Talia al Ghul observait la scène à travers ses jumelles. Le vent soulevait les pans de son manteau noir, glissant dans ses cheveux comme une caresse glaciale. Autour d’elle, le béton fissuré portait les traces d’un passé oublié. Un ancien poste de guet de la Ligue, transformé en point d’observation silencieux. Dans son viseur, elle distingua deux silhouettes quittant le loft. Samantha Reilly et Oliver Queen. Ils marchaient côte à côte, leurs ombres se mêlant sur le bitume encore mouillé. Talia les suivit du regard sans ciller. Entre eux, elle perçut cette tension fragile. Une méfiance à peine contenue, mais aussi… autre chose. Une faille. Un lien qu’elle n’avait pas prévu. Ses doigts se crispèrent sur le rebord du mur. Le métal râpa contre sa peau, sans qu’elle semble le remarquer.
« Tu joues avec le feu, ma sœur », murmura-t-elle, presque pour elle-même.
Elle activa un communicateur dissimulé sous sa manche. Une lueur verte clignota.
« Ici Talia. Contact établi. Elle collabore avec Queen. »
Un léger grésillement, puis une voix féminine s’éleva. Froide, mesurée, empreinte d’une autorité familière. C’était Nyssa.
« Le Conseil doit être averti. »
Talia serra la mâchoire, les yeux toujours fixés sur les deux silhouettes s’éloignant dans la brume.
« Pas encore. Donnez-moi du temps. Je la ramènerai avant qu’elle ne trahisse tout ce pour quoi nous nous sommes battues. »
Un silence. Puis la voix de Nyssa, plus dure encore :
« Si elle ne revient pas… la Ligue viendra à elle. »
Le signal s’interrompit. Le vent se remit à souffler, plus fort, soulevant la poussière et le silence autour d’elle. Talia abaissa lentement les jumelles. Sous la lumière blafarde des réverbères, elle suivit une dernière fois la silhouette de Samantha disparaissant dans les rues de la ville. Son regard s’assombrit.
« Ne m’y force pas, Samantha… » murmura-t-elle.
La nuit, lourde et sans étoiles, avala ses mots.
Le lendemain matin, la lumière était crue, lavée par l’averse qui avait laissé la ville luisante et froide. Sam et Oliver arpentèrent les ruines encore fumantes du hangar, foulant un décor de métal tordu et de cendres. Des éclats de tôle maculaient le bitume, des étincelles mourantes fumaient dans les crevasses, et une odeur âcre de plastique brûlé et de poudre pendait dans l’air. Partout, des empreintes de pneus dessinaient des trajectoires nerveuses ; des bouts de câble fondus pendaient des poutres comme des intestins métalliques. Au sol, à demi englouti par la suie, gisait un téléphone dont l’écran n’était plus qu’un réseau de fissures, la coque gonflée par la chaleur. Oliver se pencha sans précipitation, gants enfilés, et retira avec précaution la mémoire miniature nichée dans son logement. Une petite carte aux bords noirs, encore tiède. Il la glissa dans une pochette plastique, la main assurée.
« On peut peut-être tirer quelque chose de ça, » dit-il, la voix plate mais chargée d’espoir professionnel.
Sam hocha la tête, le regard court, les poings toujours crispés de la colère rentrée. Elle remonta la capuche de sa veste, respirant l’air épais comme si chaque inspiration l’aidait à contenir la tempête intérieure. De retour au QG, l’atmosphère changea : du fracas industriel au bourdonnement fébrile des serveurs. Les écrans projetaient des flux d’informations, des lignes de code et des cartes mouvantes ; des LED vertes pulsaient sur les baies, un éclairage froid qui dessinait leurs visages en nuances bleutées. Felicity déploya sa station comme un chef d’orchestre : clavier cliquetant, interfaces qui s’empilaient, ventilateurs qui ronronnaient en cadence. La carte entra dans la machine de récupération. L’écran resta d’abord noir, puis s’anima : une série de chiffres défila, des paquets de données fragmentés, des phrases tronquées apparurent entre deux blocs hexadécimaux, comme des bouteilles à la mer renvoyant des morceaux de phrase. Felicity, concentrée, ses doigts dansant sur la surface tactile, murmura des commandes. Puis, soudain, une image prit forme sur l’un des moniteurs. D’abord grésillante, puis nette : le visage d’Ethan Hunt, cadré de près, s’imposant avec un sourire trop calme, trop maîtrisé. Il était là, devant une caméra, comme s’il avait attendu ce moment. La vidéo cracha des mots calibrés, polis par la cruauté :
« Si tu vois ceci, Samantha, c’est que tu continues à refuser les règles. Si tu veux la vérité, commence par réduire en cendres tes certitudes. La vengeance t’a rendue prévisible. Et les prévisibles… meurent jeunes. »
Le visage d’Ethan se coupa net, l’image se figea une fraction de seconde puis se dissipa dans un grésillement. Sam sentit les muscles de sa mâchoire se contracter violemment. Sa main, posée sur la table, se referma jusqu’à blanchir ses jointures. Une colère froide monta en elle, nette et précise comme la lame qu’elle portait.
« Il joue avec moi, » souffla-t-elle, sans illusions, presque dédaigneuse.
Oliver posa une main sur son épaule, un geste bref mais solide, plus protecteur que rassurant.
« Fais-le jouer, » dit-il simplement, sans fioriture. « Rend-lui la monnaie de sa pièce. »
Elle leva la tête. Le regard qui la fixa alors n’était plus celui de la femme ordinaire qu’elle feignait parfois d’être : c’était l’acier poli de Nanda Parbat. La dureté apprise à la sueur et à la douleur, cette lumière glacée qui n’admet ni faiblesse ni compromis. Dans ses yeux brûlait la décision nette d’un serment qui ne souffre plus d’hésitation.
« Très bien. Il veut une guerre… il l’aura. »
Sa voix se brisa à peine, mais elle n’y laissa transparaître aucune hésitation. Oliver la regarda partir, conscient du seuil qu’elle venait de franchir. Il connaissait ce masque. Il s’y était vu, autrefois, dans un miroir trop honnête ; il savait à quel prix on portait cette résolution. Mais cette fois, il n’était plus un témoin distant. Il était à ses côtés. Il ne la laisserait pas sombrer, pensa-t-il, tandis qu’ils s’éloignaient du moniteur encore chaud. Dans la salle, Felicity éteignit l’affichage, le souffle court. Les serveurs continuèrent de murmurer leur litanie électronique, comme des bouches d’ombres prêtes à cracher d’autres secrets. Dehors, la ville luisait, indifférente, et quelque part, la mécanique de la traque venait de se remettre en marche.
Sur un toit, à l’autre bout de la ville, Ethan Hunt observait les écrans alignés dans son repaire. Le vacillement des moniteurs projetait sur son visage des éclats de lumière bleue, qui dansaient comme des braises dans l’ombre. Autour de lui, des câbles serpentaient sur le sol, entre des plans, des dossiers, et des fragments de vie volés à d’autres. Un sourire tranquille effleura ses lèvres.
« Bienvenue dans ma partie, Samantha. »
Sa voix, basse et posée, se perdit dans le bourdonnement régulier des machines. Il s’avança vers une grande carte murale de Starling City, constellée de points rouges reliés par des traits noirs. À chaque intersection, une mèche semblait prête à s’enflammer. Il effleura du bout des doigts un de ces points. Un hangar près du port. Avant de reporter son attention sur un autre, plus à l’est.
« Voyons combien de temps il te faudra avant de comprendre que je suis partout. »
Un bref rire lui échappa, sans joie. Puis, d’un geste lent, il éteignit les écrans un à un. Le silence s’installa, avalé par l’obscurité. Dans la pénombre, seul demeurait le rouge lointain d’une cigarette, qui se consumait entre ses doigts. Il la porta à ses lèvres, inspira profondément, et souffla la fumée comme on trace une promesse. Sa voix résonna alors, presque un murmure, presque une prière :
« Liés par le feu… ou consumés par lui. »
La braise s’éteignit. Et avec elle, la lumière.