Arthur: La Vraie Malédiction

Chapitre 3 : Premier Urbex

2706 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 30/07/2022 05:32

La nouvelle de la décision de Caleb a finalement abandonné l’exploration avait jeté un sacré froid dans l’ambiance du groupe maintenant réduit à trois explorateurs. Mais malgré ce départ vécu comme une trahison par Valentin, rien ne le fit changer d’avis et il était bien décidé cette nuit à réaliser son premier urbex et lancer enfin sa chaîne youtube. Lucie et Sacha, hyper mal à l’aise sur le sujet, n’avaient pas osés se prononcer plus, ne voulant contrarier encore plus Valentin qui était maintenant de sale humeur.

Le crépuscule s’était installé depuis quelques minutes, le ciel s’étant peint de cette couleur rouge splendide et le soleil descendant progressivement. Dans peu de temps, la nuit serait tombée. Afin de ne pas attirer l’attention, le trio avait quitté le gîte pour se diriger vers les petites routes forestières, ayant garés la voiture sur un sentier isolé au milieu des bois, à l’abri des regards. Chacun s’était habillé avec des vêtements sombres pour passer inaperçu dans la nuit, et avait préparé son matériel : lampe torche, sac à dos contenant les piles et les chargeurs, puis les petites caméras, installées au niveau de l’épaule grâce à un petit harnais. De plus, Valentin avait apporté une autre caméra, plus volumineuse, pour des plans plus larges et dotée d’une vision nocturne. Une fois le matériel vérifié et opérationnel, le trio se réunit autour du capot de la voiture ou Lucie déplia une carte que Sacha éclaira avec sa lampe torche.

_ Ok, d’après le plan, on est juste ici, à la lisière du bois, dit Valentin en désignant avec son doigt. La maison d’Arthur se trouve au milieu des champs, à seulement quelques minutes à pied dans cette direction.

_ On pouvait pas essayer par le chemin principal ? demanda Sacha.

_ Trop risqué, lui dit Lucie. À mon avis, même si l’endroit est abandonné, il doit être surveillé, justement pour empêcher les jeunes comme nous d’y entrer.

_ Eh ouais, quand on fait de l’urbex faut pas avoir peur des risques, c’est pas donné à tout le monde c’est sûr, ajouta Valentin, qui dans le ton de sa voix laissait entendre qu’il était encore amer à propos de Caleb. Bon, vous êtes prêts ?

_ Prêts, firent Lucie et Sacha à l’unisson, équipés.

Plus tard, alors que la nuit était complètement tombée, le ciel d’un noir d’encre couvert d’une mer d’étoiles, le trio s’était mis en route à travers les champs d’herbes hautes et desséchées par la canicule, s’éclairant pour voir ou ils mettaient les pieds, mais veillant à ne pas trop agiter les faisceaux lumineux pour ne pas être vu de loin. Valentin marchait en tête, Lucie au milieu et Sacha fermait la marche.

_ Hé, on dirait que la lune est pleine cette nuit, fit remarquer Lucie tout en marchant et désignant vers le ciel.

_ Bien sûr, j’ai pas choisi ce jours par hasard, je me suis renseigné, répondit Valentin avec un sourire malicieux sur les lèvres. Aujourd’hui, ça va faire dix ans pile que les touristes américains et leur fille ont disparu dans le coin, et c’était par une nuit de pleine lune. Et coup de bol, c’est le cas ce soir. C’est idéal pour ajouter du peps à la vidéo.

_ Arrête, tu sais très bien que ça me fout les jetons ce genre d’histoires, fit Lucie mal à l’aise.

Sacha quant à lui, ne croyait pas du tout à ces histoires et se contenta d’un petit rire moqueur pour taquiner sa petite copine, encore une fois pour changer. Après de longues minutes de marche au milieu de ces hautes herbes jaunies et desséchées par le soleil, le trio arriva finalement en vue de leur objectif : une maison, d’allure vieille, au milieu de nulle part, située au bout d’un chemin entouré d’arbres. Une grange miteuse se trouvait à proximité, derrière laquelle se trouvait un vieux réservoir d’eau en hauteur, ainsi qu’une hélice couverte de rouille. C’était elle, pas l’ombre d’un doute possible. La maison d’Arthur.

Valentin, Lucie et Sacha arrivèrent sur un sol graveleux, laissant entendre les légers crissements de leurs chaussures, et se tinrent quelques instants face à cette baraque vintage, dont les murs étaient recouverts de poussière.

_ J’avoue que ça fait un peu bizarre d’être ici, souffla Lucie avec enthousiasme.

_ Ok, on va pouvoir commencer à filmer l’exploration, prévint Valentin qui se tenait prêt à enclencher sa caméra d’épaule, puis vérifia que les autres le faisaient aussi. Une fois fait, Valentin se força à se décrisper et sourire pour rendre mieux à l’image, et enclencha la caméra principale qu’il utilisa pour se filmer lui et ses potes.

_ Re. Me revoilà les amis, comme convenu, et je ne suis pas tout seul, je suis en compagnie de Lucie et Sacha, là juste derrière moi, qui vont m’accompagner dans cette première aventure.

_ Hello tout le monde, salua Lucie en faisant coucou à la caméra avec un grand sourire, son visage éclairé par sa lampe.

_ Yo ! fit tout simplement Sacha en faisant un signe.

_ Et regardez un peu ce que nous avons pour vous les amis, poursuivit Valentin et faisant un plan large de la maison. Je vous l’ai promis et la voici. La maison d’Arthur et les Minimoys, la vraie de vraie. C’est ici, en 2006, 2009 et 2010 qu’on étaient tournés les trois films. Alors, nous n’allons pas faire la maison en premier, nous ferons d’abord la grange qui est à côté et ensuite la maison, c’est le plan. Et comme vous avez pu le constater, oui nous sommes trois alors que j’avais dit que mon pote Caleb serait aussi des nôtres, mais malheureusement il y a eu un imprévu. Il a du rentrer chez lui pour des soucis familiaux assez graves, je vous en dit pas plus pour respecter sa vie privée, j’espère que vous comprendrez. Mais bon, on est de tout coeur avec lui, et ça ne va pas nous empêcher de mener à bien cette exploration. Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti pour le monde d’Arthur et les Minimoys.

Et, il coupa, jugeant cette séquence comme bonne. Lucie et Sacha furent assez surpris de voir à quel point il avait su improviser et mentir à propos de Caleb et aussi comment sourire à la caméra sans montrer son véritable ressenti.

_ Dis mec, pourquoi t’as pas dit la vérité à propos de Caleb ? demanda Sacha juste pour savoir.

_ C’est mieux que les gens s’imaginent un problème familiale plutôt qu’une désertion, dit Valentin. Ça attirera un peu plus la sympathie du public pour nous.

_ Attends t’es sérieux ? Tu leurs mens comme ça, sans réfléchir ? C’est pas vraiment ce qui était prévu, intervint Lucie.

_ Et que Caleb nous lâche comme ça, tu crois que c’était prévu ? Je suis obligé d’improviser, et je fais pas ça par plaisir, et si ça vous dérange, vous avez qu’à partir, déclara Valentin à bout de patience et commença à se diriger vers la grange pour filmer la prochaine là-bas.

Lucie le regarda faire, et fut bien tenté de le prendre mot, de l’envoyer se faire voir et retourner à la voiture. Mais Sacha ne paraissait pas avoir envie de laisser Valentin ici tout seul.

_ Allez Lucie, on peut pas le laisser en plan comme ça, pas après tout ce trajet. Faut bien que ça ai servi à quelque chose, dit-il.

_ Non mais tu vois comment il nous parle, répondit Lucie, agacée. Je vais pas accepter de me faire traiter comme ça bien longtemps.

_ Je sais bien mon coeur, mais faut pas qu’on commence à tous se prendre la tête comme ça, au milieu de nulle part. Écoute, on prend sur nous, on fait son truc et quand on revient au motel, on aura une bonne discussion.

_ Oh ça, tu peux compter là dessus, souffla Lucie qui décida finalement de rester, n’ayant pas trop envie de retourner seule jusqu’à la voiture en pleine nuit, et avec Sacha, rejoignit Valentin qui les attendaient devant les portes de la vieille grange et préparait déjà la caméra.

_ Bon, vous êtes prêts ? Il demanda, toujours avec ce ton aussi renfrogné.

_ Vas-y, mais je préfère te prévenir, c’est la première et dernière fois que je fais de l’urbex avec toi, lui déclara Lucie assez froidement.

Valentin ne répondit même pas à ça, préférant l’ignorer et effectua le dernier réglage de la caméra principale. Il reprit son jeu d’acteur, d’homme souriant et motivé, et reprit le tournage en filmant la porte de la grange.

_ Ok, première étape : exploration de la grange. Sacha, Lucie, allez-y, ouvrez.

Le couple joua le jeu et après quelques minutes de galère, réussirent à déverrouiller et ouvrir les grandes portes en bois. À l’intérieur, des ténèbres absolues et une forte odeur de renfermé les accueillirent. Éclairant avec leurs lampes et filmant avec leurs caméras d’épaule, le trio pénétra à l’intérieur lentement, regardant absolument partout.

_ Wow, c’est énorme, ria doucement Valentin en filmant.

_ C’est flippant ouais, ajouta Lucie moins à l’aise.

La première chose qu’ils virent fut cette énorme forme en plein milieu de la grange et recouverte d’une bâche poussiéreuse et usée. Valentin la saisit et la tira, la faisant glisser en soulevant un nuage de poussière qui fit tousser tout le monde. Ce qui se trouvait sous la bâche était une voiture rouge vintage. Valentin ne manqua pas de la filmer sur toute sa longueur.

_ Regardez ça, c’est la vieille bagnole, la Chevrolet 1947 comme dans les films, commenta Valentin qui avait retenu ses notes prises en revisionnant le film.

_ La vache… Vous croyez qu’elle marche encore ? demanda Lucie, réellement intéressée et venant toucher le capot, essayant de l’ouvrir mais sans succès, celui-ci étant verrouillée.

_ Y a qu'un moyen de le savoir, dit Sacha en se penchant à travers la vitre ouverte, et écrasa le bouton du klaxon avec sa paume.

Et... rien ne se produisit, à sa grande déception.

_ Pfff, ce tacot est complètement mort, il ajouta, déçu.

_ En même temps, ça fait des années que ça moisi ici, commenta Lucie.

Valentin quant à lui, poursuivit l'exploration et continua de filmer, s'assurant de tout bien éclairer avec sa lampe. Il approcha d'une sorte de vieille et longue table en bois sur laquelle était éparpillé un amas de vieux objets, d'outils en tout genre, de vieilles pièces de métal et aussi des pailles en plastique sales.

_ Et là, si je me souviens bien, c'est ici que Arthur construit son invention dans le premier film, son espèce arroseur à légumes à base de pailles.

Pendant ce temps, Lucie s'était aventurée un peu plus au fond de la grange, remarquant une échelle en fer qui menait vers un étage supérieur composé de planches. Curieuse, elle décida de grimper les échelons, avec prudence, et heureusement ils paraissaient encore tenir. Faisant attention à chaque pas, elle grimpa et arriva au sommet...

_ AAAAAAAAAAH!

Le cri de terreur de la jeune femme fit sursauter et retourner Sacha et Valentin qui la virent alors, le regard effrayée et ayant réussie à se retenir au barreau de l'échelle. Sans quoi, elle aurait fait une chute qui aurait pu lui causer de sacrés dégâts. Sacha accourut en bas de l'échelle, l'aidant à descendre et la voyant trembler de peur.

_ Putain Lucie, tu nous a collé une de ces trouilles. Pourquoi t'as hurlée comme ça? lui demanda Sacha, inquiet de la voir comme ça.

_ Je... je voulais voir ce qu'il y avait là haut, mais quand je suis arrivé au sommet, un truc a surgi dans la lumière de la lampe, à deux centimètres de mon visage. Bordel, j'ai cru faire une crise cardiaque.

_ Un truc? Quel truc? demanda Valentin, intrigué.

_ Je sais pas. C'est aller beaucoup trop vite, répondit Lucie encore tremblante.

Tout à coup, des bruits de pas très rapides se firent entendre, faisant doucement craquer les planches de l'étage supérieur, comme si quelque chose courait très vite. Braquant les faisceaux de leurs lampes en hauteur, le trio ne dit plus aucun mot, écoutant attentivement et pouvant presque entendre leurs coeurs battre dans leurs poitrines. Finalement, une petite forme furtive surgit de derrière des caisses, les faisant à nouveau sursauter, mais très vite, ils furent soulagés et comprirent ce que c'était quand le petit animal, agacé d'avoir été surpris dans sa cachette, leur cracha dessus avant de s'enfuir dans les ténèbres.

_ Ha ha, c'était juste un foutu chat errant, fit Valentin, amusé.

_ On aurait du s'y attendre, ajouta Sacha. C'est toujours un paradis pour les bestioles ce genre d'endroit abandonné.

_ En tout cas, c'est dans la boîte, fit remarquer Valentin. Franchement Lucie, tu devrais faire du théâtre. Ton cri de peur était parfait.

Blasée, elle choisit de l'envoyer paître en l'ignorant tout simplement et s’éloigna vers les portes de la grange. Cette fois, Sacha se montra moins conciliant et le fit comprendre à son pote.

_ Mec c'est bon, lâche la. Tu vois bien que ça l'a surprise et qu'elle a eue peur.

_ Peur? D'un chat? pouffa Valentin.

_ J'aurais bien voulu t'y voir à sa place, rétorqua Sacha pour défendre sa copine. On a de la chance qu'elle ce soit pas cassé quelque chose en tombant. À moins qu’une jambe fracturée avec l’os qui sort à l’air libre ça t’aurais fait kiffer pour ton petit film, hein ?

_ Mais arrête, ça va pas de dire des trucs pareils. Bien sûr que non je voudrais pas une telle chose, se défendit Valentin, dominé d’une tête de plus par Sacha.

_ Bon écoute, je sais que t’as encore les nerfs pour ce qui s’est passé avec Caleb, mais c’est pas en retournant cette frustration sur moi et Lucie que ça va arranger les choses. Alors, s’il te plaît, arrête de faire ta tête de nœud. Je veux t’aider mec, mais je préfère te prévenir que si tu continues, tu vas terminer ce tournage tout seul. Ok ?

_ Bon, ok, excuse moi mec, soupira Valentin lourdement.

Sacha accepta de le croire, mais restait à voir s’il tiendrait parole. Suite à cet accord, les deux garçons rejoignirent Lucie qui les attendaient à l’extérieur de la grange. Le trio se concentra et se dirigea ensuite vers l’endroit principal à explorer : la maison.

Ils grimpèrent les marches en bois du petit porche, les entendant craquer sous leurs pieds. Valentin fermait la marche, mais soudain, il fit volte-face, filmant et éclairant en direction du champ de haute herbes qui encerclait la propriété. Il plissa les yeux, comme pour essayer de mieux voir. L’espace d’une seconde, il crut voir dans l’obscurité une forme à quatre pattes s’enfuir et disparaître derrière les herbes.

_ Valentin ? Qu’est ce qu’il y a ? demanda Sacha.

_ Hmm, non rien. J’ai cru entendre des bruits de pattes dans les hautes herbes. Sûrement des bestioles qui se baladent. Allez, allons-y.

Sur ces mots, ils ouvrirent la porte et pénétrèrent dans la demeure.



Laisser un commentaire ?