Aventures : La Fanfiction - Saison 1

Chapitre 9 : Si vous ne trouvez rien, cherchez autre chose

3718 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/07/2025 09:38

Épisode 9 : Si vous ne trouvez plus rien, cherchez autre chose…


Par Hakukai


Grunlek, grâce à son bras mécanique, arrachait les branches obstruant le passage qu'avait découvert Eden il y a quelques minutes. Au fur et à mesure de sa lente progression, il perçut de plus en plus distinctement un courant d'air froid, provenant de l'ouverture qu'il dégageait depuis un bon moment déjà. Pendant ce temps, Shin analysait le sol aux environs, ne prêtant aucune attention au Nain et chassant la Louve quand elle s'approchait trop près de lui à son goût.


Se redressant après avoir terminé son travail d'observation minutieuse de la terre, l'archer demanda à l'ingénieur qui s'acharnait sur la végétation dense, sans monter le moindre signe de faiblesse :


— Qu'est-ce qu'on fait ? Tu vas continuer à crapahuter là-dedans ? Parce que, visiblement, y ' a pas eu des traces de souillage, de passage, donc voilà… C'est un chemin vierge depuis très longtemps. On peut l'emprunter.


— À la limite, pendant que j'essaye de dégager l'entrée, tu devrais aller chercher les autres. Je pense que c'est beaucoup plus judicieux de passer par là : je les sens pas du tout les autres, répondit l'artisan mécanicien, sans cesser son activité.


Le demi-élémentaire approuva l'intelligente suggestion de son ami et prit le chemin du retour, afin d'aller informer Théo et Bob, restés à deux devant les hautes portes gardées de la ville.


Les deux jeunes hommes, eux, étaient plantés en face des murs, la tête haute et les bras croisés sur le torse dans une posture agressive. Ils étaient dévisagés par un garde se trouvant au-dessus d'eux et qui avait posé ses coudes sur la pierre froide de la muraille, soutenant sa tête avec ses mains, dans une attitude nonchalante. Il prit, après quelques minutes d'affrontement visuel, un verre de bière et fit couler son contenu le long des remparts, dans un but purement et manifestement provocateur.


Bob se contenta de se gausser de cette action plus que risible, tandis que l'Inquisiteur restait étonnement impassible, malgré la colère qui montait en lui face à tant d'irrespect venant d'une simple sentinelle.


— Tu te laisses pas décontenancer, conseilla sagement le mage. Théo, tu te souviens de son visage s'il te plait… Tu graves son visage dans ta haine… 


— Ouais !, s'exclama le chevalier avec un petit rire en hochant la tête, coupant le pyromage dans sa lancée.


— Tu laisses faire, reprit le demi-diable, tu laisses pisser, tu laisses pisser. Tu vois, c'est les rares moments en tant qu'Inquisiteur…


Il se fit de nouveau interrompre par la voix bourrue de l'homme impoli, qui les pointa du doigt, voulant user d'une autorité qu'il ne possédait aucunement :


— Hop hop hop hop hop hop ! Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?


— Ah bah on discute, c'est illégal ? répliqua du tac au tac le pyromancien avec assurance.


— Mouais…, lâcha simplement le garde, peu convaincu.


— Vous avez une famille ? demanda abruptement Théo, le regard froid. Je suis sûr que votre famille va vous regretter dans quelques jours…


— J'ai huit enfants !, répondit avec fierté la sentinelle.


— Sérieux ?! s'étonna le mage.


— Oui !


— Avec combien de femmes ? s'enquit Balthazar avec un ton méchamment moqueur.


— Euh… Ça ne vous regarde pas !


— Ah bah… Forcément ! Ça regarde les enfants, au moins !


— Papa pourra rien leur offrir pour Noël…, intervint l'Inquisiteur d'une voix monocorde, parfaitement inadaptée à la situation présente.


Le mage de feu, suite à cette phrase, manqua de s'étouffer de rire à ses côtés, ce qui fit se dessiner un sourire sur les lèvres du paladin qui arborait, il y a seulement quelques secondes, un visage complètement fermé.


— Holà là !, tempéra le guetteur, J'vous sens un peu tendu là euh… Inquisiteur !


— Théo ! Théo, Théo, Théo, Théo, Théo, Théo !, commença Bob, qui perdit de nouveau le monopole de la parole.


— Les mecs, on s'calme, intervint Shin. On a trouvé un passage avec Grunlek et l'autre saloperie de louve…


Ignorant totalement le demi-élémentaire, qui en fut blasé au plus haut point, la sentinelle agressa le paladin avec des mots n'ayant aucun rapport avec le contexte actuel :


— Ça se voit que l'Inquisition là, dans vos églises là, on ne vous a pas appris la méditation…


— Théo ! Théo, Théo, Théo, Théo ! Sans déconner, apprécie ces moments rares dans ta vie où tu dois faire preuve de l'exact opposé que tu es, afin de le comprimer, de le sublimer dans quelque chose de glorieux d'ici quelques jours… Un plat qui s'mange froid, ça te dit quelque chose ? Ça vient de ton église !, dit le pyromage.


— Ouais…, approuva-t-il, avec une satisfaction presque malsaine visible sur sa face.


— Ouais, ouais, euh… Comme… Comme y dit votre… votre copain, lança le garde pour appuyer les paroles du demi-démon.


— Ignore-le, ignore-le ce sac à bière…, enjoignit Bob et Théo en agitant la main pour balayer la phrase de l'homme en haut de la muraille, du coup, tu… c'est bonheur avoue ! Avoue, tu goûtes d'avance !


Le paladin hocha la tête et s'adressa ensuite au pauvre Shinddha, ignoré et délaissé par tout le monde depuis déjà de longues minutes :


— Vous avez trouvé un passage ?


Un ange passa. L'archer fixait le vide droit devant lui, attendant qu'on lui prête juste un minimum d'attention. Ce fut le silence soudain qui lui fit reprendre ses esprits :


— … Oui… Oui… Ça y est, vous êtes reconnectés avec ce qui est important ? demanda-t-il sous le rire du paladin amusé. L'aventure se passe là-bas, les mecs, ok ? continua-t-il en montrant le chemin d'où il venait. Donc, laissez le poivron tranquille en haut et… 


— Hola ! Je vous ordonne de ne pas quitter cet endroit !, cria ledit « poivron », interrompant l'élémentaire une nouvelle fois.


— Allez vous faire foutre ! rétorqua le chevalier, désormais irrité, en insistant bien sur chaque mot de sa phrase.


— Houlala ! Vous m'avez mal parlé, monsieur l'Inquisiteur !, s'offusqua le guetteur.


— Oui, c'est ça ! Il vous a mal parlé !, affirma Shinddha en levant le pouce en l'air, souriant.


— Ouais, ouais… ! I speak English !, prétendit Balthazar, pressé.


— On va aller pisser entre hommes, là, contre l'arbre ! Allez, salut !, lança l'archer, marchant déjà vers l'endroit où se trouvaient Eden et Grunlek, Bob avançant à ses côtés.


— Je vous ai dit que je vous ordonne de rester !!, hurla le garde, en colère.


Si le mage et le demi-élémentaire ignorèrent sans scrupules l'homme bruyant, avant de partir pour de bon, le chevalier lui demanda :


— C'est quoi votre nom ?


— Et il l'écrit sur un petit carnet, dit Shin au demi-diable, en plaisantant. Nom, prénom, s'il vous plait ! Je n'oublie jamais un visage !


— Euh… Pourquoi ? s'enquit la sentinelle, sur la défensive.


— C'est quoi votre nom ? répéta Théo, sans répondre à la question posée.


— Pour vous féliciter de votre assiduité ! Et en reparler quand votre chef sera revenu ! dit le pyromancien pour le convaincre, les mains en porte-voix pour être mieux entendu.


— Aaaaaaah ! C'est Elyren ! s'exclama-t-il, heureux d'être complimenté.


— Elyren… Parfait, on se reverra, sans doute très bientôt ! se réjouit le demi-démon.


— À bientôt… fit le chevalier de la Lumière, sans émotion particulière.


Après un départ plutôt précipité, ils avancèrent vers le passage obstrué de la muraille, à quelques lieues des portes de la ville. Devant cette ouverture, Grunlek s'affairait toujours à arracher les branches, sans faiblir.


On pouvait voir que le tas de bois, que le Nain délogeait à grands coups de bras mécanique, était composé de feuilles et de restes d'arbres qui avaient poussé ici, mais qui, par manque de place, avaient simplement fini par dépérir tristement.


— Grunlek, s'il te plait… Toi et ton loup, écartez-vous. Enfin, avec ta louve, pardon… demanda le pyromage en s'approchant.


— Attends, attends, attends, tempéra le demi-élémentaire, inquiet des conséquences que cela pourrait engendrer, euh, ne commence pas à tout faire cramer, car ça va faire de la fumée…


— Oui, gâche pas tes forces, gâche pas tes forces, conseilla l'ingénieur au mage, on peut y arriver, on peut tout dégager…


— Mais le temps qu'ils arrivent, on sera loin ! On aura déjà passé…, avança le pyromancien, un peu surpris par la résistance imprévue de ses amis.


— Nan, mais c'est vrai que, par contre, ils peuvent trouver l'entrée du coup…, dit calmement le chevalier.


— Pff… D'façon, on a besoin que de rentrer une fois, souffla le demi-démon en levant le pouce pour indiquer le chiffre un. Au pire, s'ils trouvent l'entrée, ils vont la reboucher : on évitera les attaques, ah !


— Ou alors, ils vont nous suivre aussi ! rétorqua avec intelligence Théo.


— Quoi, les méchants ? s'enquit Bob.


— Oui, il vaut mieux faire ça discrètement, cautionna le Golem, prudent.


Le mage de feu grommela dans sa barbe, ce qui fit rire l'élémentaire, qui le charria gentiment, avec une voix plus aiguë :


— Je peux pas utiliser les flammes… m'énerve !


— On réussira si on s'y met tous ensemble !, affirma le Nain avec aplomb.


— Qu'est-ce que t'en penses Shin ? demanda Balthazar, désireux de savoir ce que l'archer pensait de sa proposition.


— Ah bah, c'est ce que j'ai dit : c'est qu'il faut pas brûler, parce qu'avec la fumée, on va les alerter. Ils vont nous suivre et tout le pataquès donc… Il faut déblayer à la main, on va se faire chier à quatre…


— Trois contre un, dit le mage en agitant les mains devant lui, j'me soumets, sauf que je vais pas aider à déblayer, je vais essayer de calmer mon démon personnel.


— Dès qu'il faut travailler un peu manuellement…, lui reprocha doucement Grunlek.


— Han, l'excuse de flemmard ! s'exclama Shinddha, sous le petit gloussement de l'ingénieur amusé. Bon, je vais essayer de… de repenser à ma vie dans mon coin… pendant que… vous faites le boulot. Non, non, tous les quatre, allez, huile de coude et tout…


— Je vais d'abord calmer mon démon personnel, puis, je vais aider, insista Bob. Parce que merde, voilà…


— Je vais aider, lança l'Inquisiteur, avant de changer d'avis. Ah, euh non, avant ça, je vais juste trouver un… un… Parce que les chevaux ne pourront pas nous suivre… Donc je vais euh… je vais euh… mettre une… attacher Lumière…, balbutia-t-il, indécis.


— L'attache pas !, objecta le Lennon, choqué. L'attache pas ! Il est suffisamment dressé pour rester là dans le coin et s'occuper de sa propre vie tout seul. Mais, si on se fait attaquer ou si jamais lui se fait attaquer, il sera attaché et il va se faire défoncer !


— Il peut clignoter comme un gyrophare s'il a des problèmes ? s'interrogea Shin en ponctuant sa phrase d'une imitation réussie d'un système d'alerte, sous le fou rire du demi-diable. Non, mais sérieusement, ça pourrait être cool !, compléta-t-il.


— Le cheval antivol !, s'exclama le pyromage, hilare. T'as un mec qui lui met une claque sur le cul…


Il compléta sa phrase en contrefaisant le bruit d'une alarme.


— Non, non, t'as raison, je ne vais pas l'attacher, lui dit le paladin de la Lumière, ne réagissant pas aux bêtises déblatérées par ses deux compagnons. Je le laisse par là…


Il montra vaguement la droite avec son bras, vers un endroit plein de verdure. Il s'adressa ensuite à sa monture obéissante, dans laquelle il avait une confiance complète :


— Allez, bouge pas Babette. On se reverra dans quelques jours.


Après cela, Théo et Grunlek reprirent le dégagement du passage ensemble, à grands coups d'épée et de bras métallique. Au prix de gros efforts, ils réussirent enfin à bouger le tas de bois gênant et, les deux purent sentir un courant d'air froid, beaucoup plus conséquent que tout à l'heure, qui semblait parvenir des sous-sols. Ayant enfin assez d'espace pour passer, les quatre personnes décidèrent de s'y aventurer.


— On peut pas envoyer le clébard en reconnaissance, comme ça, s'il crève, c'est pas grave ? exigea l'archer, faisant rire une nouvelle fois Balthazar.


— Ah non, je l'aime pas !, insista-t-il après l'éclat du mage.


L'Inquisiteur s'avança le premier, faisant briller son armure de plates avec sa Foi afin de mieux voir devant lui. Il était suivi par Grunlek et Shin, tandis que Bob fermait la marche, faisant brûler le bout de son bâton : ainsi, les aventuriers avaient une vision plus que correcte de l'endroit qu'ils visitaient.


Le paladin vit, en face de lui, que le sol rocailleux était assez pentu. Étant vêtu d'une lourde armure, cet environnement présentait de grandes difficultés pour le chevalier. Heureusement, étant suffisamment entrainé et fort, il put entamer la descente sans trop d'efforts. Arrivés en bas du chemin, ils débouchèrent sur un tunnel qui semblait être composé, en majeure partie, de cristaux coupants, au grand dam des héros. Par chance, les rares endroits où ils pouvaient poser les pieds sans danger étaient assez plats pour progresser facilement.


Le meneur du groupe guida, sans hésiter, les trois autres hommes vers la lumière qu'il apercevait devant lui, au loin. De là-bas leur parvenait l'écho de gouttes d'eau tombant des stalactites cristallines jusqu'aux flaques au sol, irritant Théo et Bob, dont les nerfs étaient presque à vif après l'altercation avec Elyren. S'ajoutant au bruit constant de ces perles liquides, les pas plus qu'audibles du paladin en armure ricochaient sur les parois du corridor, agressant les pauvres oreilles des aventuriers.


Ils arrivèrent finalement, après quelques minutes de marche, dans un endroit donnant sur un fleuve souterrain. Durant leur trajet, Bob avait donné un bon coup de bâton sur des cristaux se trouvant au sol afin d'en récupérer un morceau pour l'étudier un peu plus tard. On sait jamais, se dit-il, si ça se trouve, c'est des trucs ultras puissants de la mort… ou c'est des cailloux de merde.


Ils s'approchèrent tous jusqu'au bord de la berge pour jeter un petit coup d'œil vers la rivière coulant en contrebas, dans de petits clapotements. Ils se mirent ensuite à avancer prudemment le long du rebord surplombant l'énorme torrent, le demi-démon et le chevalier en tête de cortège.


Hésitant, Théo ne savait pas vraiment où poser les pieds sur la surface friable, si bien que, par totale inadvertance, il marcha sur un morceau de roche qui, sous son poids, s'effrita, le faisant chuter. Avant de disparaitre aux yeux de ses amis, il commença une phrase qu'il ne put jamais terminer :


— Attention, c'est… !


Immédiatement après le début de la mise en garde inachevée, Grunlek et Shin se plaquèrent contre le mur, tandis que Balthazar, insouciant, se penchait dangereusement vers le bas :


— Hein de quoi ? Attention quoi ?


Son pied râpa sur le bord et il rejoignit le paladin dans sa glissade le long de la pente rocheuse. Leur chute, de quelques dizaines de mètres, se termina dans un grand bruit d'éclaboussures : les deux hommes maladroits trempaient maintenant dans le fleuve jusqu'aux genoux.


Analysant leur nouvel environnement, le pyromage comprit rapidement comment s'était formé le passage qu'ils avaient emprunté tout à l'heure : devant lui coulait un fleuve qui s'était formé de façon naturelle et qui, avec le temps, avait provoqué l'effondrement de la terre et de la muraille.


Pendant que le mage se faisait ces réflexions intelligentes, l'Inquisiteur de la Lumière avait plongé son épée dans le liquide glacé et, grâce à cela, il put observer un phénomène plutôt étrange : les remous provoqués par les mouvements de sa lame ne semblaient pas naturels… Ayant des bases solides dans tout ce qui touchait au domaine mystique, il put affirmer avec certitude qu'il y avait là une force, ou une vie, qui n'était pas censée être présente ici, normalement.


Il décida alors de tenir au courant son compagnon, tout en parlant assez fort pour que les deux restés en haut puissent l'entendre parfaitement :


— Bob, dans le fleuve y'a un truc pas naturel.


— Euh… Ouais, mais je peux pas balancer un truc à la boule de feu dedans… On est dans la merde, claironna le pyromancien, un coup de main, les enfants au-dessus !


— Y'a pas moyen que tu éclaires les eaux pour qu'on puisse voir à travers un peu… ? demanda Shin.


— Fizz, t'as pas une corde ? quémanda le chevalier.


— Bah non, mais je… commença le demi-élémentaire, semblant un peu perturbé par l'emploi de ce prénom.


— Je dois avoir ça dans mon barda, une corde, affirma posément le Nain tout en débutant la fouille dans ses affaires.


— C'est pour ça que j'avais dit qu'on avait besoin de passer par une auberge !, s'énerva faussement le demi-démon.


Il toussota ensuite et, pour ne pas rester sans rien faire et, en passant, pour aider son ami paladin, il décida de créer une armure autour de lui : son énergie magique l'entoura rapidement et, bientôt, les flammes apparurent autour de son corps frêle, vives et protectrices.


Durant ce temps, l'ingénieur avait cherché dans sa besace et, malheureusement pour ceux qui avaient chuté, il ne trouva pas cet objet tant désiré. Shin, de son côté, ayant remarqué les branchages qui recouvraient les murs, songea à s'en servir pour fabriquer une échelle de fortune pour hisser les deux aventuriers jusqu'en haut. Mais hisser un paladin en armure complète sur une distance supérieure à dix mètres… ? Il aurait énormément de mal.


S'approchant du demi-élémentaire qui semblait un peu perdu, le Nain prit en charge la confection de ce qui pourrait peut-être tirer ses compagnons d'affaire.


Théo, accédant à la demande de l'archer, fit briller fortement son épée, profitant du fait que Bob luisait à ses côtés grâce à son sortilège. Il fut d'ailleurs dérangé par celui-ci, qui lui posa une question bien curieuse :


— Tu peux générer de la foudre sans ciel ?


— … Je pense… que je ne sais pas, répondit l'Inquisiteur, pris de court.


— … C'est moins théâtral quoi, dit le Kory après un temps de silence.


— Oui, c'est voilà… P't-être que je peux générer de l'électricité sur mon épée, mais pas invoquer la foudre…, marmonna le chevalier.


— Mais ça sera moins puissant que de faire tomber la putain de foudre… Parce que si tu fais tomber ça dans le fleuve, bon, on crève aussi, mais si on arrive à trouver un coin…, réfléchit Bob à haute voix.


— J'y ai pensé, l'informa le jeune homme en armure, mais effectivement, sans le ciel au-dessus de la tête, je pense que…


— Ouais, c'est moche c'est moche…, approuva le demi-diable. Ça pue la merde, je t'avoue.


— Je te vois bien en train de t'acharner à essayer de faire tomber la foudre, et puis il se passe rien… Tu t'y reprends à plusieurs fois, mais en fait, au-dessus…, plaisanta Grunlek en montrant le plafond, ayant interrompu la confection de la corde.


Bob partit dans un fou rire monumental, qui résonna dans toute la caverne alors que Shin et Théo esquissaient des sourires amusés.


— À l'extérieur, c'est le chaos, continua le Nain, y'a la foudre qui tombe de partout et les gens ne savent pas pourquoi… Toi, t'es là en train d'essayer « Ah bah bon, ben ça marche pas ! ».


— LES DIEUX NOUS ATTAQUENT !, s'exclama le pyromage. Le châtiment !!, continua-t-il en faisant semblant de frapper sur un gong.


— Le mec avec sa bière « Ah putain, merde ! », rajouta Shin, ne manquant pas une seule occasion pour rajouter sa petite touche rigolote.


Reprenant son sérieux, tandis que les trois autres riaient encore, le paladin plongea son regard émeraude à travers la surface du liquide : il put alors voir des silhouettes immenses, vers le milieu du fleuve, appartenant à des élémentaires d'eau en sommeil.


— Il faut pas parler trop fort ! chuchota Théo, alerté, attirant l'attention de Balthazar, qui fit exprès de le narguer, ce qui provoqua une nouvelle fois l'hilarité du Nain et de l'archer :


— POURQUOI ?


— Y'a des élémentaires d'eau endormis sous la flotte, souffla le paladin sur le même ton.


— DES QUOI ? hurla le demi-démon, ayant décidé de jouer avec la patience du chevalier de la Lumière.


— Mais c'est un peu la famille ! se réjouit Shinddha, les yeux brillants.


— Bah c'est… C'est plutôt ta famille éloignée… le tempéra l'homme en armure.


— Des élémentaires d'eau… ? s'assura le mage, plus posé.


— Des vrais élémentaires d'eau, pas des Shin, des élémentaires d'eau, insista l'Inquisiteur.


— Ah moche…, chuchota le pyromancien en se grattant la barbe. Moche… Ils vont pas m'aimer, ils vont genre me focus…


Après un intense moment de réflexion de la part du guerrier, celui-ci prit les choses en main :


— Écoute Bob, on bouge pas, on va attendre que les deux là-haut nous remontent…


Indiquant patiemment ce dont il avait besoin pour fabriquer la fameuse corde de fortune à Shin, grandement occupé à faire une introspection ayant pour but de déterminer à quel proche il pourrait associer les élémentaires présents dans l'eau, Grunlek commença son minutieux travail.


Les remous se faisaient de plus en plus forts dans la rivière, ce qui poussa Théo à demander à l'artisan d'aller plus vite dans son entreprise. Obéissant à l'invective urgente, le Golem finit en un temps record son œuvre et le chevalier put alors sentir le câble en fibre végétale lui tomber sur l'épaule gauche. Il soupira alors de soulagement, mais ce sentiment d'euphorie ne dura, hélas, pas très longtemps : devant lui, un bras énorme perça la surface de l'eau, de l'autre côté du fleuve…


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