Aventures : La Fanfiction - Saison 1

Chapitre 11 : Araneae

2274 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/07/2025 10:00

Épisode 11 : Araneae

Par Myfanwi


Après une journée de voyage, nos aventuriers gagnèrent finalement les prairies et les quartiers un peu plus habités composant les territoires de la Vieille Tour. Inquiets après les étranges révélations dont ils avaient été les témoins, le groupe se dirigeait maintenant vers leur objectif principal, contacter l'intendant des lieux. Ils approchèrent d'un petit hameau, d'où un chant provenait, féminin, mélodieux qui résonna en eux. Grunlek repéra également un enfant, en haut d'une tour de guet, et en avertit directement ses compagnons, histoire de faire attention. Le nain était assez anxieux, préférant longer les arbres. Ils n'étaient pas censés se trouver ici, ils se devaient donc d'être extrêmement prudents. Ce n'était pas vraiment l'avis de Théo ni celui de Balthazar.


Pour le paladin, un enfant ne représentait pas un danger immédiat, il décida d'ignorer les conseils de sécurité du nain, pour continuer sur le sentier. Pour le mage, trop heureux de retrouver ENFIN un paysage citadin, personne ne savait pour leur cas, ils auraient donc de toute manière la paix. Il se dirigea vers l'enfant, un grand sourire aux lèvres, leva un doigt, dans le but de lui adresser la parole, avant de se faire pousser légèrement par Théo, qui le perturba. Il bouda en constatant que toute l'attention était désormais posée sur l'Inquisiteur, et non plus sur lui.


— Eh gamin, on est loin de la ville ? lança le guerrier d'une voix rauque au garçon.


Shin, Grunlek et Bob ne purent réprimer un petit rire devant le ton bourru qu'il avait employé. Le social, ce n'était pas vraiment le fort de leur ami. L'enfant, qui était en train de rêvasser, tourna la tête vers le groupe. Ses yeux se mirent instantanément à briller en voyant la personne qui lui avait adressé la parole. Théo gonfla un peu la poitrine. Contrairement aux autres classes sociales, les paladins étaient un modèle pour tous les enfants, passant dans les villes dans leurs armures luisantes. C'est comme ça qu'il se voyait, en tout cas. Pour Bob, qui avait été la victime de paladins pendant toute sa vie, le point de vue était radicalement différent. Mais il resta distant, laissant Théo et le gamin parler.


Shin, peu intéressé par la scène, reporta son attention sur autre chose. À sa droite, lavant son linge dans un petit étang se trouvait une jeune femme. C'était elle qui chantait. Grunlek, bien qu'un peu plus rassuré, restait lui sur ses gardes, toujours persuadé que quelque chose clochait dans le coin. Il avait toujours été le plus prudent des quatre. Les voir partir comme ça sans protection lui hérissait le poil, mais il restait silencieux, à l'arrière, bougonnant de temps à autre.


Alors que Balthazar s'en allait explorer les environs, la tête haute, vexé au plus profond de son honneur, Théo s'approcha de la cabane où l'enfant se trouvait, un grand sourire aux lèvres.


— Vous… Vous êtes un vrai paladin ? demanda ce dernier, les yeux toujours remplis d'admiration.


— Ah ah ah ! Bien sûr ! lui répondit Théo d'une voix forte.


L'ego de ce dernier était comblé par tant de considérations et d'honneurs. Le gamin descendit de sa tour, et s'approcha lentement de lui, avant de tendre la main vers son armure et de l'effleurer du bout des doigts.


— C'est… C'est une vraie armure ?


— Bien sûr que c'est une vraie armure, elle a été forgée dans les Églises de la Lumière.


— Woooooaw. Moi, quand je serais grand, j'aimerais être paladin. Comme Papa ! … Avant qu'il ne meure.


— C'est… C'est… bégaya Théo, légèrement pris au dépourvu. C'est parce qu'il est dans un monde meilleur maintenant ! Il est avec la Lumière, et il veille sur toi de là-haut Billy.


L'enfant écarquilla les yeux, légèrement surpris. Un grand sourire illumina son visage, il se tourna, courut chercher un seau d'eau et vint lui tendre, les yeux brillants.


— Écoute Bi… Écoute Gamin, est-ce que tes parents…


— Je m'appelle Hans !


— Écoute Hans, est-ce que tes parents sont par là ?


Hans pencha la tête légèrement sur le côté et fit une petite moue triste.


— Ma tante est par là-bas… Mais ma mère et mon père sont morts…


— Très bien, on va aller voir ta tante, viens avec moi et…


— Mon père, il est mort en protégeant ma mère et…Euh… Oui ! Venez, venez.


Grunlek, qui avait observé la scène de loin, se serait volontiers claqué la tête contre un mur. Le gamin lui annonçait que ses parents sont décédés, et la seule chose que trouvait à répondre Théo était « Très bien ». Shin, qui était à côté du nain, se frappa le visage en marmonnant un petit « Putain, il a recommencé » de désespoir. Théo sembla l'entendre, et fronça légèrement les sourcils, et fit un geste bizarre avec ses mains indiquant clairement « Mais non ! Je suis gentil là ».


Shin détourna le regard, légèrement gêné, pour reprendre l'observation lointaine de la jeune femme en train de chantonner, en lavant son linge dans un petit étang bordé par quelques fleurs. Théo et Hans passèrent devant lui, le sortant de sa rêverie. Le gamin se précipita vers l'inconnue, qui s'avéra être sa tante, et lui secoua le bras, surexcité.


— Tante ! Tante Elisabeth ! Il y a… Il y a un paladin ! Regarde, c'est lui ! hurla-t-il en pointant Théo du doigt tout en sautillant sur place.


La jeune femme tourna la tête dans la direction indiquée par l'enfant. Elle était ravissante, de longs cheveux bruns, dépassant d'une capuche sombre, un regard plein de malice et un teint de peau clair qui plurent immédiatement à Shinddha, qui se mit à sourire stupidement. Cependant quelque chose d'autre attira bien vite le regard de l'archer, à travers les feuillages. Des cocons, il en était sûr, d'araignées, pas encore à maturité, étaient suspendus aux branches, s'agitant doucement sous la brise matinale du Cratère.


— Excusez-moi ! lâcha timidement Shin, en rougissant légèrement derrière son masque, à l'attention de la jeune femme. Est-ce que vous avez remarqué que… Que le buisson derrière vous est rempli de saloperies ?


— De quoi est-ce que vous parlez ? lui répondit-elle d'un ton distant.


— Re… Regardez-bien ! Vous pouvez identifier ces formes ? Ce sont des cocons d'araignées.


Elle se tourne vers l'arbre, lève la tête, mais ne vit rien. Les sens des demi-élémentaires sont plus développés que ceux des humains normaux, il était donc normal que la vision de la jeune femme soit moins évoluée que la sienne. La jeune femme se dirigea vers l'arbre et commença à écarter les branches, pour mieux voir, sous le regard médusé de Shin et un avertissement de Théo.


Pendant ce temps, Balthazar, toujours un peu boudeur, revint de sa balade, après n'avoir remarqué que des choses qu'il savait déjà, à savoir qu'il y avait de grands champs à l'ouest, et la Vieille Tour qui approchait au nord. Rien de bien intéressant. En retournant sur ses pas, il vit Grunlek partir en courant vers la scène, pour essayer d'éloigner la jeune femme du danger. Shin, qui avait une connaissance de la nature un peu plus précise, savait que le temps pressait. Les araignées normales, celles qui ne font pas plusieurs mètres de haut, se réfugient dans l'eau à leur éclosion, pour se protéger le temps de grandir et de devenir plus fortes. Avant d'en informer ses compagnons, il s'avança vers un second arbre, la boule au ventre. Encore des cocons. Le village semblait totalement infesté.


Théo, comprenant rien qu'au regard du demi-élémentaire que la situation était une catastrophe, décida néanmoins de garder son calme et de s'adresser à la tante de Hans.


— Madame, est-ce que vous habitez par ici ?


— Oui, en fait, je me suis un peu éloignée avec mon neveu pour laver le linge, puisqu'en ce moment l'eau du puits est en train de se tarir. On pense que des algues obstruent l'alimentation, ou quelque chose comme ça. On a du mal à avoir de l'eau à la périphérie de la Vieille Tour, donc je suis venue ici pour laver le linge. Mais… Je peux vous emmener, vous guider vers le village, si vous voulez.


— Oui, bah on va faire ça. Rassemblez vos affaires, on va aller au village.


— Si vous pouviez répondre à ma question, par contre, Messire, que fait un paladin par ici ? Nous avons à craindre quelque chose ?


Théo ne laissa rien paraître, au grand soulagement de ses compagnons. Ou presque.


— Pas du tout ! Les paladins sont là pour protéger les gens. Nous… Euh… Nous nous promenons dans les endroits où les gens ont besoin de notre aide et… Tout va bien.


Elisabeth lui lança un regard suspicieux, cherchant à décrypter ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête du paladin. Shin chercha quelque chose du regard, derrière lui.


— Bob !


Le mage, concentré depuis quelques minutes sur le dialogue de Théo et de la jeune femme, se tourna vers le demi-élémentaire, ravi qu'on s'intéresse enfin un peu à lui. Il se stoppa dans son élan, surpris par une intervention de Théo, qui s'était penché sur Hans, un grand sourire (malsain) aux lèvres.


— Écoute Hans, j'ai une mission à te confier. Tu vas me tenir cette épée, fais attention à ne pas te couper.


— C'est… C'est vrai ? lui répondit l'enfant avec un grand sourire. Merci Monsieur ! Merci ! Je… Je peux… Je faisais souvent ça avec mon père, je préparais ses armes avant qu'il parte à la guerre. Je sais que c'est sacré pour vous votre arme, mais est-ce que je peux... Euh…


Balthazar sourit doucement en pensant « Astiquer votre épée » avant de suivre quelques instants Hans du regard, et de revenir à sa mission initiale, Shin.


— Bob, Bob, tu sais, tous les jours tu râles parce qu'on te laisse pas utiliser tes pouvoirs pour tout cramer ? Eh bah là c'est ton jour Bobby.


— … Quoi ? Tu veux que je tue ces enfants ?


— Non ! Pas le gosse, laisse le polir son épée et s'amuser avec Théo, regarde là.… Dans les buissons, là ! Des cocons d'araignées. Des cocons d'araignées de partout.


Bob leva la tête, avant de se frotter la barbe en marmonnant. Il donna un petit coup de coude à Grunlek, non loin de lui.


— Eh, regarde dans l'eau s'il n’y en a pas, lui chuchota-t-il, pour ne pas alerter la jeune femme et son neveu.


Il fit ensuite signe à Shin de distraire Elisabeth, en l'emmenant un peu plus loin, en lui disant de ne pas s'inquiéter et de lui expliquer calmement la situation, afin qu'elle ne panique pas et ne le gêne pas. Théo plissa les yeux.


— Bob, tu sais que le feu, ça s'étend pas vrai ?


— S'il te plaît, mon travail c'est de contrôler le feu. J'ai réussi à en éteindre un. Je vais pouvoir en empêcher un autre.


— On peut pas juste les décrocher et les tuer ? S'ils sont pas à maturité c'est comme écraser des larves hein.


— Le problème, c'est qu'il y en a beaucoup, intervint Shin, on va devoir nettoyer ça par le feu.


— Le problème, reprit Bob, c'est que la capacité principale de ces araignées est de créer un suc ou un produit qui est capable de créer l'infection qui te ronge les veines. Donc, si leur sang ou leur bile est à moitié développé à l'intérieur, et que tu presses ça entre tes doigts, je donne pas cher de ta peau. On a peut-être de la pommade pour soigner ce bordel, mais on en a peu.


Théo souligna d'un coup d'œil qu'il pourrait très bien en avoir dans les autres arbres, et indiqua à Bob que le feu risquait de les réveiller, ce qui aggraverait la situation plus qu'elle ne l'arrangerait. Et de plus, le village à côté risquerait tout bonnement d'être alerté, et qui dit village, dit gardes et potentiels ennuis. Ce plan ne fonctionnerait pas de toute manière.


Bob se rappela soudain d'un détail important. Les araignées sont connectées entre elles par un esprit de groupe. Quand l'une souffre ou meurt, toutes les autres le ressentent. Leur vitalité fonctionnant par nid, en imaginant qu'ils puissent en découvrir l'origine, ils pourraient avoir un moyen de cesser tout ça, de vaincre le mal rongeant cette région.


— Shin, dit calmement Bob. Va dire à la lavandière de vider son seau, et condenses-en, pour lui faire un seau propre. Pour qu'elle ne s'inquiète pas, dis-lui que l'eau est trop calcaire, ou une connerie dans le genre.


— On ne sait pas vraiment ce qu'il y a dans l'eau, le coupa Grunlek. Si ça se trouve elle n'est pas infestée.


Ils se lancèrent tous trois un regard, avant de s'avancer doucement vers l'étang, et de se pencher au-dessus de ce dernier, prudemment. Grunlek fut le premier à repérer, sous la surface de l'eau, quelque chose bouger dans des cocons. Il semblerait que les créatures arachnoïdes aient évolué.

Laisser un commentaire ?