Aventures : La Fanfiction - Saison 1
Épisode 12: À travers champs
Par Temtaranne
Pendant que les trois amis discutaient de la meilleure marche à suivre, Grunlek se pencha au-dessus de l'étang. Les œufs qu'il voyait dans l'eau lui firent penser, à juste titre, que les araignées avaient évolué. Les futurs monstres se développant dans ces cocons tissés pourraient sûrement se déplacer en milieu liquide, et seront peut-être de meilleures prédatrices. Enfin, seulement dans l'hypothèse où ces œufs éclosent.
Le nain tendit son bras sur le côté, faisant reculer la paysanne qui lavait son linge.
— Mais qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle, curieuse. Laissez-moi voir !
— Reculez, reculez, ordonna Grunlek, ne faites pas trop de bruit.
— Mais ça a l'air bien ce que vous avez vu, c'est quoi ? Une pièce ? Vous avez trouvé quelque chose ? osa la jeune femme.
Shin se fit la réflexion qu'elle était conne, tandis que Balthazar se plaça près d'elle en prenant la parole.
— Madame, madame, madame… Vous avez demandé tout à l'heure pourquoi un inquisiteur et paladin se rendait en ces terres, en voilà précisément la raison.
Théo jeta un regard désapprobateur à son ami en robe rouge. Il aurait préféré ne rien dire à la paysanne.
— Nous allons vous demander de garder votre calme et le silence pour l'instant, tout est sous contrôle ne vous inquiétez pas, continua le mage avec un sourire rassurant.
À ce moment-là, le petit Hans intervint, s'adressant à sa tante:
— Écoute, tu, tu es trop curieuse, hein, vraiment, tu devrais les écouter. C'est quand même un très grand paladin qui parle !
Il se tourna vers l'homme en armure.
— Et d'ailleurs, comment vous vous appelez ? risqua-t-il.
— Théo Silverberg, à la rescousse !
Le nain et l'élémentaire pouffèrent, et Balthazard se demandait bien à la rescousse de qui le chevalier voulait aller… De tous les gens qui « veulent mourir comment » ? Il eut une pensée pour la druidesse morte dans la forêt en réprimant à grand peine un éclat de rire.
La curiosité de la jeune femme redescendit de quelques degrés, regardant son neveu d'un air un peu dépité.
— Hum, bon d'accord, acquiesça-t-elle en se tournant vers les aventuriers. Excusez-moi, je ne suis qu'une jeune fille de la campagne, ne le prenez pas mal si je suis trop curieuse…
— Ah non non non, c'est tout à fait normal Élisabeth, rattrapa Bob.
Les quatre aventuriers regardaient avec un certain intérêt la jeune paysanne, qui ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Ils étaient entre hommes depuis un bon moment, alors dès qu'un joli minois se présentait…
— Ne vous inquiétez pas, dame Élisabeth, nous avons tout sous contrôle, la rassura le pyromage.
— Je vous fais confiance, dit la femme.
— Par contre, vous voudrez sans doute reculer de quelques pas, conseilla l'homme à la robe rouge, essayant de l'éloigner de l'étang infesté d'œufs d'araignées. »
Pendant ce temps, Grunlek chercha Éden du regard. Leur compagnon à quatre pattes s'était sans doute un peu éloigné pour marquer son territoire, vivre sa vie de loup. Le nain la repéra en train de gratter en dessous d'un arbre plus loin, pendant que Shin imaginait le canidé disparu ou en train de mordiller un villageois. Son ego ne s'était pas encore remis de la morsure de la louve à leur première rencontre. Bob se dit avec un humour un peu noir que s'ils perdaient le loup, l'élémentaire n'avait qu'à tendre le bras pour qu'Éden y soit accrochée.
— Allez, madame, suivez-moi, on va aller préparer votre chariot, déclara Théo à Élisabeth. Ensuite, nous irons au village.
La jeune femme se tourna vers son neveu.
— Bon, Hans, tu as fini de t'occuper de l'épée maintenant ? Je te rappelle qu'il faut tirer la charrette !
Le paladin se promit d'aider le petit garçon à tracter le chariot, tout en disant à ses compagnons que cela ne servirait à rien de les tuer maintenant, autant trouver le « cerveau » et le tuer directement, ce qui ferait disparaître tous les monstres d'un coup plutôt que de s'ennuyer à tout tuer sur leur passage. Shin proposa alors de geler le petit point d'eau par précaution pour arrêter le développement des créatures aquatiques.
Pendant ce temps, Hans redonna son épée au paladin, qu'il avait soigneusement préparé. La plupart des gens croyaient son épée toujours affûtée, mais l'inquisiteur avait l'œil entraîné, et remarqua le fil désormais plus tranchant de la lame.
— C'est du bon travail Hans, le remercia Théo, admiratif. Tu feras un excellent écuyer un de ces jours. »
Shin murmura tout bas un « si tu survis », provoquant l'hilarité de Grunlek et de Balthazard.
Le gamin bloqua un moment, le regard pétillant en entendant les paroles de l'homme en armure. Ces paroles l'emplirent d'une nouvelle énergie, et il se retrouva presque à tirer le chariot tout seul tant les mots de l'inquisiteur l'avaient motivé.
Pendant ce temps, l'élémentaire posa ses mains à la surface de l'eau afin de la geler, sous le regard amusé du pyromage qui imaginait bien son ami ayant trop enfoncé ses mains dans le liquide et se retrouvant bloqué par sa propre glace. La pellicule glacée s'étendit sur tout le point d'eau, gelant les œufs monstrueux et les créatures qui s'y développaient, qui cessèrent de bouger. Le jeune garçon s'émerveilla devant cette démonstration de magie, redoublant son énergie alors qu'il était déjà assez intenable.
La jeune femme se plaça devant le chariot pour mener les voyageurs dans la bourgade où elle habitait. Elle ne savait pas exactement ce qu'ils cherchaient, mais elle et ses amis étaient prêts à les aider si besoin est.
— Ne vous en faites pas, dame Élisabeth, je vais ouvrir la marche avec vous, vous vous sentirez moins seul ainsi, clama Balthazard d'un ton avenant.
— C'est bien la première fois qu'on m'appelle dame, dit la jeune femme. »
Théo jeta un coup d'œil à son ami pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de l'appeler dame, ce n'était qu'une paysanne. Bob s'en moqua et continua sa conversation avec Élisabeth.
Grunlek, quant à lui, congédia la louve. S'ils se dirigeaient vers un village, mieux valait que les habitants ne voient pas l'animal avec eux. Bob aurait bien invoqué son cheval, mais lui aussi risquait de faire peur aux gens. Éden avait bien compris qu'elle faisait sa vie, revenant vers le nain, car elle était devenue affectueuse envers lui. Le canidé avait de toute évidence été élevé de manière un peu sauvage.
Le groupe rejoint par la paysanne et son neveu continua son chemin vers le nord. Malgré les quelques tentatives de Théo, Bob et Shin, ils ne se mirent pas à chanter un air paillard au milieu des champs.
Sur le chemin, l'archer et le pyromage tentèrent de séduire Élisabeth, malgré les quolibets de leurs amis, qui essayèrent d'imiter les techniques de drague douteuses des deux courtisans par un magnifique dialogue chuchoté:
— Hé t'as vu, moi je… Moi j'ai un arc ! tenta Théo, qui tirait la charrette avec Hans, en souriant.
— Je le bande comme personne, rajouta le nain d'un ton graveleux, provoquant l'hilarité du paladin et le regard perplexe du petit garçon qui n'avait visiblement pas compris la blague. »
La jeune femme se situait à l'arrière du groupe, encadrée par ses deux prétendants. Mais il ressortit de la discussion que la paysanne était plus intéressée par le mage que par l'homme masqué, qui les laissa seuls pour le restant du chemin.
Quelques heures de marche plus tard, le groupe arriva dans une zone plus urbanisée, située dans le creux des collines. Grunlek, qui observait les environs, voyait un puits au centre d'une sorte de place, et la Vieille Tour au loin, qu'il estimait être à de longues heures de voyage. Les gens présents dans le petit hameau avaient une bonne tête, paraissant sympathiques et complètement déconnectés de la réalité telle que les aventuriers la connaissent. Ils ne se doutaient pas le moins du monde de ce qui pouvait se passer dans le reste du Cratère.
Quelques poules et vaches, regardant le groupe passer avec le même regard que Shin ou Bob posaient sur la jeune paysanne, complétaient le paysage rustique. Hans, toujours très enthousiaste, ne cessait de regarder le paladin à ses côtés. Celui-ci avait demandé à Élisabeth, pendant le trajet, le nombre d'habitants, ou s'il y avait un maire dans ce village.
Balthazar, lui, avait cherché à savoir s'il y avait une taverne ou un magasin dans les environs. La bourgade était répartie d'une manière éclatée sur toute la périphérie de la Vieille Tour, au milieu des champs. La tour était entourée d'un village plus consistant, composé majoritairement des maisons des bourgeois de la région, car la personne qui la dirigeait n'était autre que l'Intendant Bragg. Celui-ci se chargeait de récolter les informations du Royaume de l'Ouest afin de les transmettre aux personnes dirigeant le Cratère. Mais à part ça, tous vivaient en autarcie. L'événement le plus incroyable de ces dix dernières années était la venue d'un paladin de la Lumière, en l'occurrence Théo de Silverberg, il y a quelques heures. À part cela, des fêtes étaient organisées dans la Vieille Tour, mais les festivités n'étaient pas accessibles au premier paysan venu. Le seul dirigeant de la communauté était l'Intendant, mais les anciens du village, dont faisait partie la mère d'Élisabeth, pouvaient répondre aux interrogations des aventuriers. La dame à l'âge vénérable interpellait justement sa fille à voix haute, lui demandant de lui présenter ses compagnons.
La jeune paysanne avait été facilement courtisée par Bob, mais celui-ci sentait qu'elle l'oublierait tout aussi facilement. Mais cela convenait parfaitement à Balthazar, qui ne cherchait nullement une relation à long terme, mais plutôt une romance passagère. Le pyromage était heureux de ne pas être considéré comme le prince charmant par la femme qu'il essayait de séduire. Malheureusement pour lui, il n'y avait pas de taverne où il pourrait tranquillement se… reposer avec Élisabeth. Il n'y avait dans la région que très peu de voyageurs, les portes de la muraille souvent closes et le passage de la caverne abritant des élémentaires d'eau peu utilisé. La plupart des visiteurs étaient des nobliaux des régions voisines essayant d'acquérir des parcelles dans les environs de la Tour, ou des commerçants. Mais cela faisait quelques semaines qu'il n'y avait plus aucun visiteur venant de l'extérieur, les portes étant visiblement fermées. Les habitants ne s'en étaient pas plus inquiétés que ça, mais les voyageurs comprirent que l'ordre les empêchant d'entrer ne leur était pas spécialement adressé.
Balthazar demanda à sa conquête de leur indiquer un endroit où lui et ses compagnons pourraient être hébergés, le temps de se reposer et de changer les bandages de Théo et d'appliquer la pommade curative sur sa blessure au dos. Ce dernier, détaillait le village qu'ils traversaient en tirant toujours la charrette avec le jeune Hans, remarquant le chemin se dirigeant vers leur objectif, la Vieille Tour de l'Intendant Bragg.
Grunlek, quant à lui, profitait de sa vue d'ensemble des maisons pour observer les habitants paisibles de cette partie du monde.
Pendant ce temps, l'archer remarqua, dans les arbres et les buissons environnant les habitations, qu'ici aussi se trouvaient de nombreux cocons d'araignées.
La menace était non seulement imminente, mais elle était aussi totale.