Aventures : La Fanfiction - Saison 1
Épisode 18 : Assaut
Par Myfanwi
Le groupe d'aventuriers est en train de poursuivre leur assaillant, à quelques mètres devant eux. Il semble souriant, comme satisfait de son action. Shin et Grunlek restent néanmoins prudents, ayant repéré les gemmes de pouvoir qu'il tient entre chacun de ses doigts. L'homme court en direction d'un bâtiment abandonné, là où, d'après la paysanne, des enfants jouaient habituellement. Théo venait de soigner Eden, Bob lui commençait à se demander ce qu'ils allaient bien pouvoir faire pour le stopper.
Les aventuriers décidèrent de faire une pause dans leur course effrénée pour mettre au point un semblant de stratégie qui leur permettrait de ne pas mourir stupidement de suite en affrontant l'homme. Ce fut Shin qui ouvrit le bal.
— Je suis le seul à l'avoir à distance, j'ai envie de lui tirer dans les pattes, pour l'immobiliser.
— Et moi non ? bougonna Grunlek.
— Il a une arbalète, rappela Théo, mais Shin est spécialisé dans ça.
— Oui, mais il est pas loin, je peux l'avoir facilement.
— On s'en fout, juste tirez lui dessus.
— Vu la distance, je pourrais même lui balancer mes propres couteaux, termina Bob.
Théo se dit lui que le fait que leur assaillant cherchait à les entraîner était le signe qu'il était content qu'ils le suivent, et que c'était de toute évidence un piège. Balthazar se frotta la barbe, toujours à la recherche d'une stratégie.
— Shin, tu vas essayer soit d'utiliser une flèche, soit un petit sort de glace près de ses jambes si c'est possible. Ou sinon balance une salve de flèches et…
— Vas-y Shin, obéis à Bob ! grogna Théo, visiblement mécontent de voir la direction du groupe lui échapper.
Bob se figea, et fronça les sourcils, légèrement vexé. Shin leva les yeux en l'air.
— Bon, déjà, on va se calmer. Le but, c'est pas de le tuer, c'est de le stopper net.
— Bah… Quand il aura plus de jambes, il va s'arrêter, lâcha tranquillement le paladin.
— … Shin ! reprit Bob. Focus sa jambe ! Tu auras plus de chance de le toucher.
Le demi-élémentaire, las de voir ses compagnons se chamailler, décida d'agir de lui-même. Son œil avisé braqua le bout de la flèche vers les jambes de l'homme. Ils devaient à tout prix le stopper pour avoir plus d'informations, connaître ce qui l'avait motivé à tenter de les tuer. Et il fallait le faire vite.
Grunlek le devança cependant, en dégainant son arbalète. Pour le nain, les informations arrivaient en second plan, d'abord les enfants, quitte à ce que l'homme perde la vie. Le carreau partit, fendit l'espace… Et vint se loger dans l'armure du fugitif, dans l'épaule droite. L'impact sembla le déstabiliser légèrement, mais pas suffisamment pour l'arrêter. Grunlek poussa un grognement de mécontentement et reprit sa course derrière lui.
Théo s'assura de la stabilisation de l'état de santé du loup, se releva, et tenta de rattraper ses compagnons. Bob dégaina un couteau, dans une tentative un peu désespérée. Il le lança dans la direction du fuyard… qui se trouvait un peu trop loin. L'arme termina sa course dans l'herbe.
Devant cette suite d'échecs, Shinddha décida de passer à l'action. Il se figea, confortable sur ses appuis, banda son arc, et visa les jambes de l'homme. Il pensait déjà à la gloire et aux lauriers que ce tir lui rapporterait. Ou plutôt lui aurait rapporté si la flèche n'avait pas lamentablement raté sa cible. L'ennemi prend néanmoins de la distance, les chances de le rattraper s'amenuisaient de seconde en seconde.
Grunlek, toujours sur ses talons, voit progressivement apparaître devant lui un adolescent, qui court dans sa direction, une grosse blessure à l'épaule gauche, survenue il y a très peu de temps. Le jeune homme semble paniqué, effrayé, probablement en état de choc au vu de la pâleur de son visage. Il agrippa Grunlek comme s'il était son dernier rempart.
— Il y a mon… mon frère et ma sœur qui sont là-bas ! J'ai croisé… Il y avait un agresseur, un bandit, il a essayé de me donner un coup et il a continué sa course !
Grunlek serra la mâchoire, visa l'homme toujours en fuite et tira un carreau, qui rata sa cible. Ralenti par l'adolescent, le nain fut rapidement rejoint par Théo. Bob jeta un rapide coup d'œil à la blessure de l'enfant, pour s'assurer que ce n'était pas trop grave. Son sang se glaça, il avait déjà vu ce genre de blessure, mais dans un autre contexte, dans des académies plus sombres, où on apprenait aux jeunes apprentis… La torture. Ce n'était pas une attaque pour tuer, mais une attaque pour faire souffrir volontairement. Il serra les dents et se tendit. Ce malade devait absolument être arrêté. Il décida de prendre un autre chemin, pour essayer de prendre le fugitif à revers, ou tout du moins de voir si d'autres complices ne l'accompagnaient pas, craignant de tomber à nouveau dans une embuscade.
Shin, à la traîne, accéléra la course. Il se positionna à une dizaine de mètres, et tenta un nouveau tir. La flèche rata de nouveau sa cible. L'homme leur lance un regard, avant de s'engouffrer dans la maison abandonnée, d'où un cri strident ne tarda pas à s'échapper. Balthazar hurla immédiatement au piège. Il cherchait à les attirer, il fallait qu'ils restent sur leurs gardes.
— Bob ! cria Théo. Mets le feu à la maison ! Je rentre dedans, s'il y a des enfants, je les sauve.
— Mais… Mais si c'est piégé ?! S'il y a d'autres gemmes à l'intérieur ?! Je vais tout faire péter, on va tous crever !
— C'est des gosses Théo… marmonna Shin à côté. Ils sont plus sensibles que des adultes.
— J'ai buté des dizaines d'araignées, continua Bob, je vais pas tuer deux gosses là maintenant !
Théo serra la mâchoire, pourquoi fallait-il qu'ils contestent toujours ses ordres ?
— S'il y a des gosses, je vais les sortir de là. Je me prendrai un coup de rapière, tant pis.
— Je vais tenter de faire une télépathie pour voir s'il y a des êtres vivants à l'intérieur, reprit Bob, l'ignorant. Ah merde, il me faut un contact visuel…
— Mais… Mais mets le feu à la maison ! continua inlassablement le paladin. S'ils meurent… Bah… Tant pis.
— Mais non ! T'es un paladin ou… ? C'est qui le méchant ? C'est qui le gentil ? C'est moi qui suis à moitié démoniaque ! Et toi, tu me demandes de mettre le feu à la maison !
Shin et Grunlek approuvèrent le mage d'un hochement de tête désespéré. Les décisions de leur ami laissaient clairement à désirer.
— Mets le feu à la maison et laisse-moi les sauver ! grogna Théo. Fais-moi confiance !
— Non… J'en meurs d'envie ! J'en meurs d'envie ! Je mentirais si je disais pas que j'en mourrais d'envie ! Mais là, c'est pas la chose à faire !
— Mais si ! Tu mets le feu à la maison, et nous, on sauve les gosses.
— Mais arrête de me tenter…
Balthazar était à deux doigts du craquage mental. Shin prit le relai.
— On ne peut pas se mettre en deux groupes ? Un qui attaque, un qui évacue les enfants de l'autre côté ?
— C'est pour ça que je faisais le tour, dit Balthazar, en essayant de se calmer.
— Mais la maison, elle est toute petite, geignit Théo. Ils sont quatre au pire à l'intérieur !
Le pyromage décida finalement de continuer à faire le tour, en espérant que les boulets qui lui servaient de compagnons ne commettent pas de grosse imprudence. L'envie de cramer la maison était forte, mais il gardait ce plan en dernier recours, au cas où tout allait vraiment très mal. Théo jeta un regard à Shin et Grunlek, à ses côtés, qui ne semblaient pas convaincus. Il poussa un soupir, il était temps d'agir. Il se dirigea vers la maison, Grunlek sur les talons. Shin décida de rester en retrait, Bob continua lui à faire le tour.
Le nain en profita pour ressortir son bouclier, pour couvrir les arrières du paladin. En s'approchant, ce dernier put apercevoir son adversaire, tenant en joue avec sa rapière une jeune adolescente. Il sourit sadiquement à l'inquisiteur, et se mit presque à chantonner.
— Chacun son bouclier, paladin.
— Dans quelques minutes, vous allez mourir de toute façon. Au pire vous allez tuer l'enfant avant, mais après vous allez mourir.
— Très cher paladin, peut-être que je mourrai, probablement même, si on va plus loin que ce qui est prévu, mais… Mais j'ai d'autres plans pour vous. Veuillez m'excuser. Même si vous avez combattu avec ardeur et que tout ne s'est pas passé comme prévu, je veux bien le reconnaître.
Il pointa la rapière vers l'inquisiteur, tout en serrant son emprise sur la jeune fille avec son bras gauche.
— En garde.
— Vous allez vraiment utiliser une fillette pour vous défendre ?
— Oh. Je crois sentir poindre un sentiment de cul… culpabi… En fait non.
L'adolescente se débattait, Grunlek se demanda si elle n'allait pas être un poids pour l'homme plus qu'autre chose, mais il ne semblait pas s'en soucier, et pour cause, elle était en train de s'étouffer lentement. Théo, qui en avait marre, commença à se demander s'il ne devait tout simplement pas rentrer dans le tas, quitte à ce que la jeune fille se prenne un bouclier de la lumière dans la face. Avec un peu de chance, il serait assez déséquilibré pour lâcher la fillette. Grunlek, qui comprit ce qu'il s'apprêtait à faire, hocha négativement la tête.
— Il la tient par le bras, tu vas lui briser la nuque…
— Mais nooooon.
Grunlek, dépité, vit passer devant lui un paladin en armure de plates complète, bouclier en avant, fonçant droit sur l'homme à la rapière et la gamine. Il ferma les yeux pour ne pas voir le massacre. Il put néanmoins entendre clairement un bruit sourd, suivi d'un craquement violent derrière le bouclier.
— … Oups ? lâcha doucement Théo.
Le paladin n'eut pas le temps de se remettre de sa surprise, il se retrouva propulsé en arrière, déséquilibré. Il baissa doucement le bouclier, juste à temps pour voir l'adolescente s'écrouler, inconsciente, dans le coma… Ou morte, un peu des trois… Et l'homme à la rapière, en pleine possession de ses moyens, le bras tendu vers le ciel, la main remplie de gemmes de pouvoir, qu'il venait juste de lancer dans les airs.