Aventures : La Fanfiction - Saison 1

Chapitre 19 : L'hécatombe

1737 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/08/2025 14:22

Épisode 19 : L'hécatombe

Par Hakukai


Les gemmes explosives lancées par l'homme à la rapière captèrent les dernières lueurs du soleil couchant.


Bob et Shin, se trouvant à l'extérieur du bâtiment encore debout, purent apercevoir sans mal d'étranges étincelles dans l'obscurité, qui prenait place lentement : elles semblaient absorber la moindre lumière qu'il y avait encore, alors que la nuit tombait doucement, mais sûrement sur le Cratère et que la Lune montait doucement dans le ciel.


Le demi-élémentaire comprit immédiatement l'origine de ces scintillements, ayant été confronté à cela il y a à peine quelques minutes durant leur course poursuite avec leur agresseur.


Se rendant compte du nombre de gemmes plutôt important — dix, s'il comptait bien — qu'il y avait en l'air, l'archer ne put qu'émettre un son étouffé de surprise en restant planté au même endroit, stupidement, des sueurs froides lui coulant dans le dos.


Après de longues secondes d'inaction qui lui semblèrent être des siècles, Shinddha finit par reprendre ses esprits et se dirigea en courant vers Théo et Grunlek, sans vraiment se rendre compte que, arrivé au coin de la bâtisse branlante, une gemme de pouvoir était tombée non loin de lui, dans l'herbe. Il cria alors à l'attention de ses deux compagnons de route, fébrile :


— Les gars, ça va péter !


Le pyromage, de son côté, avait réagi plus vivement que le demi-élémentaire et essayait de se reculer le plus possible de la zone des explosions qui suivraient, ayant vu plus tôt leur utilisation, il faut le dire efficace, par leur ennemi.


Toujours en reculant, Bob décida de tenter le tout pour le tout pour arranger la situation qui devenait critique, à mesure que le temps filait : un Enfer sur Terre.


Il tendit les bras vers le ciel, laissant sa partie démoniaque prendre légèrement le dessus et provoquant de légères modifications de son apparence physique : ses yeux prirent une apparence plus reptilienne et des griffes acérées poussèrent à la place de ses ongles.


Un immense brasier sembla sortir du corps frêle du mage et un immense jet de flammes traversa l'air, dans un effroyable rugissement. Cependant, malgré sa volonté bandée au maximum, il sentait la fatigue l'envahir rapidement et le sortilège prit fin au bout de seulement quelques secondes, sans avoir provoqué la moindre explosion, au grand damne du demi-diable.


Comme pour l'enfoncer plus encore dans sa misère et son échec cuisant, une pierre explosive tomba à ses pieds, avec quelques rebonds. Il leva alors les yeux au ciel :


- Ow. Fils de pute, lâcha-t-il simplement à l'intention d'une entité invisible, résigné à son sort funeste.


Des explosions successives, d'une puissance incroyable, retentirent alors dans cet endroit auparavant paisible et empli de chants de sauterelles et des derniers pépiements d'oiseaux. Bob fut violemment projeté vers l'arrière, passant à toute vitesse à côté de l'élémentaire d'eau, étonné et légèrement sonné, traversant sans peine le tronc d'un arbre épais se trouvant sur son chemin et finissant sa douloureuse course dans les folles herbes, quelques mètres plus loin, totalement inconscient. Son corps était recouvert de brûlures graves, malgré sa longue robe écarlate et ignifugée, le laissant dans un état plus proche de la mort que de la vie.


Shin eut beaucoup plus de chance que son ami pyromancien : malgré une déflagration s'étant produite assez proche de lui, il n'avait subi que des blessures mineures, mais le souffle provoqué par cette détonation l'avait forcé à reculer de quelques pas.


Du côté de Grunlek et Théo, qui avaient royalement ignoré l'avertissement pressé de l'archer, le Nain maudissait avec virulence dans sa barbe fournie la maladresse de son ami paladin, qui s'excusa à peine pour sa violente bousculade et protestant sur le fait que la fille ÉTAIT TOUJOURS EN VIE PUT— pardon.


Le coupant dans son monologue inutile et répétitif, une gemme de pouvoir atterrit entre les deux compères râleurs et détonna, propulsant l'Inquisiteur de la Lumière, déjà presque inconscient suite au choc, à l'intérieur de la maison.


Le Golem, qui s'était entouré d'une barrière énergétique absorbant les dégâts magiques — capacité qu'il n'avait jamais utilisée jusque là — et dont les pierres étaient bourrées, fut soufflé par l'explosion, finissant dans un tas de bois non loin de là.


Il se releva immédiatement, malgré son état plus que mauvais, se débarrassa des branches gênantes d'un mouvement de bras agacé et fonça vers le bâtiment qui commençait à prendre feu, dans l'espoir de protéger Théo, qui tentait tant bien que mal d'aller chercher l'enfant évanoui, semi-comateux et boitillant.


Une fois entré dans l'habitation rongée par les flammes, Grunlek chargea l'homme sans hésitation, pour essayer de le mettre hors d'état de nuire. Le poing en métal en avant, il frappa rageusement dans les côtes exposées de son ennemi, avec toute sa force et sa haine : un sinistre craquement put alors se faire sentir sous les phalanges métalliques du maitre artisan, lui apportant un bref sentiment de satisfaction.


Pourtant, loin de se démonter face à la violence du mécanicien, son adversaire porta un coup de rapière en direction de la tête exposée de l'ingénieur, de façon à le blesser gravement. Le Nain ne put esquiver et cette attaque contondante lui fit perdre brutalement connaissance, à la grande joie de son ennemi.


Pendant ce temps-là, Théo avait réussi à ramasser délicatement le corps de l'adolescente, qui lâcha un léger — dernier soupir. Cependant, s'étant débarrassé de son opposant, l'homme à la rapière s'était approché par-derrière et avait posé, sans appuyer, sa lame dans le cou du paladin incapable de se défendre, encombré par le corps de la jeune fille. La seule chose que le chevalier put dire avant de se prendre un coup dans la tête et sombrer dans l'inconscience fut :


— Aïe.


À l'extérieur, Shin était totalement désemparé face à cette situation et, surtout, était le dernier debout, sans qu'il ne le sache.


Il doutait de la marche à suivre : devait-il aller vers le mage pour apaiser ses souffrances et procéder aux premiers soins, ou aller tuer leur agresseur, en supposant qu'il n'ait plus de gemmes explosives ?


Pesant le pour et le contre, il finit par prendre sa décision et se dirigea vers Balthazar, dans l'espoir de pouvoir le sauver : s'agenouillant à ses côtés, il entreprit d'arroser abondamment le corps calciné de son ami, afin de ralentir l'aggravement de ses blessures.


Parmi les ruines fumantes de l'habitation et les rares explosions qui retentissaient encore, il put entendre des bruits de pas, lents, qui se rapprochaient de lui, alors qu'il était occupé depuis un moment à maintenir le demi-démon en vie.


Émergeant de la fumée noire et âcre, il put voir que c'était l'homme à la rapière, en bien piteux état : il se tenait les côtes et boitillait, usant de sa rapière pour avancer péniblement vers le semi-élémentaire d'eau agenouillé.


Le regard fatigué, mais victorieux, il s'arrêta à quelques mètres de Shin et s'adressa à lui, nonchalant :


— Alors, que fait-on maintenant ? On combat jusqu'à la mort ou… vous vous rendez ?


— Alors là… Tu vas le payer !, gronda rageusement Shin, après un silence lourd de sens.


— Vous avez le choix, répéta l'homme sans se démonter. On s'affronte jusqu'à la mort, au risque que vous perdiez la vie et que vos amis perdent la vie aussi, ou alors… vous vous rendez.


Il soupira longuement, malgré la douleur qui devait être occasionnée par cette action et reprit sur le même ton badin:


— Tout repose sur votre décision. Après tout, vous avez été un brave adversaire jusqu'à maintenant.


Se remémorant ses tirs de flèches complètement ratés, le benjamin du groupe retint un sourire désabusé face à l'hypocrisie de son interlocuteur. Pourtant, pour le jeune élémentaire désespéré, il était absolument hors de question de capituler ici : il fallait juste trouver un moyen de s'en sortir sans l'aide de ses amis, qui s'avérait être précieuse à certains moments… Comme maintenant, par exemple.


— A-Après ce que vous avez fait à m-mes camarades… Après c-ce que vous avez f-fait à ce village ... À-À ces pauvres gens, bégaya-t-il sous le trop plein de colère.


Il fut interrompu par la voix mesurée et calme de l'homme à la rapière, qui souriait à présent, amusé.


— Si vous ne vous étiez pas mêlés de ce qui ne vous regardait pas… Honnêtement, on en serait pas arrivé là. Tout, finalement, est de votre faute à vous, je suis désolé de vous le dire ! C'est juste que vous avez du mal à le reconnaitre, finit-il avec un ton condescendant et un sourire en coin horripilant pour le Kory.


— Pourquoi moi, personnellement ? demanda sombrement l'archer, les sourcils froncés. Qu'est-ce que j'ai à voir avec tout ça ?


Ignorant la question, le maitre d'armes fit un pas dans sa direction, puis deux, faisant se tendre le demi-élémentaire, qui généra un poignard de glace et attaqua. Nonobstant la fatigue plus qu'évidente et l'inattention de son adversaire, ce qui aurait du rendre son action plus facile et efficace, sa précipitation fit qu'il n'égratigna que la tenue de son opposant et il arriva tout contre l'homme, totalement à sa merci, n'étant pas du tout à l'aise au corps à corps.


Saisissant cette chance inouïe de retourner la situation à son avantage, son ennemi en profita pour saisir Shinddha à la gorge de sa main gauche et, de l'autre, pointa sa rapière vers la gorge de l'archer de glace, les yeux injectés de sang et à bout de souffle.


C'était le combat du dernier espoir pour les deux hommes épuisés : l'élémentaire avait sa dague au niveau des côtes de son agresseur, qui, lui, menaçait de l'égorger tout en l'étouffant doucement.


Un voile noir recouvrit peu à peu la vision du Kory, suite au manque d'oxygène et bientôt, tout comme ses camarades, il finit par sombrer dans les méandres sombres de l'inconscience.

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