Aventures : La Fanfiction - Saison 1
La stratégie était maintenant prête. Il ne restait plus qu'à la mettre en place. Par mesure de sécurité, et pour prévenir la lenteur d'esprit de ce pauvre Théo, Bob se chargea de résumer le plan à tout le monde, toujours par connexion mentale.
— L'objectif, c'est que Grunlek va feindre l'inconscience. Ferme les yeux, sort un peu la langue, pour que ça soit réaliste. Théo va ensuite faire du bruit, dans quelques secondes, pour attirer les gardes, pour les informer de l'état de Grunlek, et leur hurler « Au secours, au secours, il va pas bien, venez voir. » Avec de la chance, il va réussir à les attirer, et les gardes vont se pointer vers Grunlek. Lorsque les gardes seront suffisamment proches de Grunlek, j'utilise mes pouvoirs spéciaux et formidables pour éteindre les deux bougies et braseros, qui sont situés juste derrière moi, et derrière le mur, mais je peux sentir la flamme, il n'y a pas de problèmes. Une fois que les lumières sont éteintes, Grunlek ouvre les yeux, ce qui fait qu'avec sa vision nocturne de nain il y verra comme en plein jour, il se libère en déployant son bouclier, ou tu fais comme tu veux, et actives son bras mécanique et assommes les deux gardes, libère Théo, qui va ensuite forcer la porte. Et Shin… Shin utilise ses pouvoirs de glace pour essayer de ne pas mourir, et se libérer du trou, alors que l'homme en blanc qui le surveillait sera attiré vers la cellule et le bordel. À ce moment-là, on crame tout, on tue tout le monde, et on s'évade. Vendu ?
Il y eut un long silence, les trois autres aventuriers se demandant certainement comment il était possible qu'il parle aussi longtemps mentalement que physiquement. Théo finit par répondre.
— Allez, on y va.
— Parfait, cria Bob.
— Euuuuh… Vous pouvez répéter ? demanda timidement Shin, sous les rires de ses camarades. J'ai pas compris…
— Ne tombe pas dans le trou, lâcha Grunlek.
— Exactement, ajouta Bob. Toi, ton plan, c'est : essaye de ne pas mourir.
Sur ces mots, la grande évasion put débuter. Grunlek entendit un petit « clic », au niveau de son bras, annonçant l'ouverture de son bouclier, suivi d'un « crac » discret, celui de la chaîne qui le retenait prisonnier. Le nain ne bougea pas, pour ne pas éveiller les soupçons. Il ferma les yeux, laissa sa tête retomber, et, une fois en position, murmura à Théo :
— Je suis prêt. Appelle-les quand tu veux.
Théo leva les yeux en l'air. Il avait un très mauvais pressentiment : celui que ce plan était voué à l'échec. C'est probablement ce qui donna à sa voix ce ton bien peu convaincu et crédible lorsqu'il se mit à appeler la garde pour poursuivre le plan.
— Au secours ! Au secours ! Monsieur le geôlier ! Mon ami s'est évanouiiii !
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'un des gardes à côté de Bob, qui était en train de se curer le nez, se tourna vers la cellule, avec un regard suspect. Il finit par s'approcher, une main sur son épée, méfiant. Il jeta un regard aux deux individus enchaînés. Celui en face de lui, le nain, semblait presque mort, la lèvre pendant de sa bouche. L'autre ne semblait pas non plus aller bien.
En effet, Théo venait de se prendre une grosse bouffée de chaleur dans la figure. Il sentit les battements de son cœur accélérer. Le poison. Depuis quand Bob n'avait pas regardé sa blessure ? Il eut un hoquet. L'air commençait à lui manquer. Respire, du con, se hurla-t-il mentalement.
Le garde entra lui dans la cellule. Il se plaça immédiatement dans un coin, toujours méfiant, dévisageant le nain du regard. Il ramasse un caillou, aux pieds de Grunlek, qui se tend légèrement. Il attendait le « go » de Théo ou Bob. Mais un souffle rauque, à sa droite, l'alerta quelque peu. Ce n'était pas vraiment prévu.
— Gaaaaaah, cria Théo, cherchant à former un mot. Ackake carkake ! Aaaah.
La voix de Bob, inquiète, résonna immédiatement dans l'esprit de Grunlek.
— Qu'est-ce qu'il a ?
— Tuer. Elyren. Et Bob ! lâcha Théo, dans sa tête.
— Quoi ?! Mais pourquoi ? dit Bob, dans un rire nerveux, se demandant s'il était sérieux.
— Poi… Poison, veines, du con !
— Ah, il fait une rechute, merde…
Grunlek, tendu, ne savait plus quoi faire. Théo était en train de convulser, et il craignait de le perdre s'il ne faisait rien. Mais le garde n'était pas assez proche pour qu'il puisse le mettre à terre d'un coup de poing métallique.
— Il est à deux mètres, lui dit Bob mentalement. Je le vois de là où je suis.
Mais une autre voix alerta le nain. Le garde avait de toute évidence lui aussi remarqué l'état de Théo.
— C'est le poison des araignées ! cria-t-il à ses autres gardes. Je crois que ça se répand. Il faut pas qu'il infecte les autres. On devrait peut-être le brûler.
Grunlek décida de passer à l'action. Mais lorsqu'il tenta de bouger les bras, une petite impulsion psychique le secoua. Le nain lâcha un petit « Oh-oh. » mentalement, à ses amis, faisant soupirer d'exaspération le pauvre Bob. Le plan tournait au désastre. Le bras métallique du nain se disloqua violemment, pris d'une volonté propre. Il s'étendit d'un mètre au moins, et saisit au col le garde, qui poussa un cri de détresse quand la chose le plaqua au sol. Le garde lança un regard terrifié à Grunlek, désolé. Il ne contrôlait plus rien.
De son côté, Bob se décida à agir. Il commença par éteindre toutes les lumières, histoire de provoquer la panique. Il savait aussi que deux personnes étaient près de lui. Il avait repris suffisamment ses esprits pour tenter un lance-flammes au pif, mais sans lumière, il risquait de ne pas viser correctement, voire pire, d'enflammer la table le retenant prisonnier. Il se grandit un maximum, tendant les mains approximativement vers là où il entendait du bruit, et il lâcha tout. Une gigantesque salve de flammes sortit de ses mains, et il ne tarda pas à attendre la vieille et le garde qui était resté près de lui se mettre à hurler de douleur. Une bonne chose de faite.
— Bob, attention ! Il y en a un autre qui se rapproche de toi !
Cette phrase, c'était Shin qui l'avait hurlé, en voyant son ravisseur fuir au-dessus du puits, paniqué. Bob se crispa, la voix résonnant très fortement dans son cerveau, et la caverne. Le demi-élémentaire tenta lui de geler une nouvelle fois les chaînes le retenant prisonnier. Sa mana ne se dispersa pas comme il l'aurait voulu, tout ça allait lui coûter du temps précieux qu'il n'avait pas. Il serra la mâchoire. La liberté n'était plus loin.
De son côté, Grunlek commençait à doucement paniquer. Son bras avait pris un angle assez inédit, bien loin de sa position habituelle, et il était désormais en train de broyer le garde, lui éclatant la tête au sol par accoues violentes, éclaboussant le visage de son propriétaire d'un mélange de sang et de cervelle. Profitant des mouvements violents de son bras, et ne voyant pas vraiment quoi faire d'autre, Grunlek tenta de libérer son bras humain, en tirant sur les chaînes. Un « crac » se fit entendre du côté de son bras métallique. Le crâne du garde fut réduit à l'état de compote, et les doigts en métal pénétrèrent son cerveau, arrachant une grimace de dégoût au nain, qui n'arrivait pas à se libérer, malgré tous ses efforts. Le bras finit par se replier, lentement, reprenant sa position d'origine, tout en traînant les restes du garde, toujours accroché à sa main. La bonne nouvelle, c'était que les clés étaient désormais à sa portée, même s'il était toujours coincé. De l'autre, son bras, toujours animé d'une folie sanguinaire, pivota doucement vers lui, menaçant. Paniqué, Grunlek essaya d'attraper les clés avec les pieds. Son bras se rapprocha de son visage… Et retomba lourdement au sol, sans vie. Il venait d'épuiser toutes les gemmes de pouvoir disponibles, il allait falloir le recharger pour pouvoir le réutiliser.
À côté de lui, Théo, toujours en proie aux convulsions, fit appel à sa foi pour se calmer. Et ça fonctionna. Son corps retomba lourdement au sol, alors que, haletant, il reprenait doucement sa respiration. Il recouvra doucement ses esprits, analysant la situation. Le corps du garde, ou tout du moins ce qu'il en restait, se trouvait à côté de Grunlek, dépité, essayant de bouger son bras métallique avec l'aide de sa jambe. Le nain, en le voyant réveillé, lui lança le trousseau de clés d'un mouvement habile de jambe. Le paladin les récupéra, et se libéra enfin de ses chaînes. Il se releva difficilement, et se traîna vers le nain, en faisant briller le bas de son armure, que les gardes avaient eu la gentillesse de lui laisser.
— Ça va ? lui lâcha le paladin, un peu chancelant.
— Tout marche comme prévu, c'est parfait, lui répondit Grunlek, amer.
— J'adore quand un plan se déroule sans agro, gro, croc. Accrocs.
Le scientifique qui avait nargué Shin, passa devant la cellule, paniqué, puis tenta de contourner les flammes de Bob. Le pyromage fronça les sourcils, et contrôla les flammes pour les jeter sur lui. Le scientifique s'embrasa dans un grand cri de douleur, faisant jouir de plaisir le démon à l'intérieur de sa tête.
Il ne restait donc plus que Shin, toujours coincé dans son puits. Il avait entendu beaucoup de choses bouger au-dessus de lui, mais, pour ce qui était de sa situation, elle était toujours la même : lui, pendu par les bras, au-dessus d'un puits sans fond.
— Les gars ? demanda-t-il mentalement. Vous êtes libres ? J'entends Théo faire « Gneu-gneu » dans ma tête.
— Bah… Disons qu'on aurait bien besoin d'une personne de libre, lui répondit mentalement Bob. On aurait bien besoin d'un petit coup de main, si tu vois ce que je veux dire…
Shin banda sa volonté. Allez, cette fois, il en était certain, il allait réussir à se libérer. Il ne pouvait pas rater trois fois. Ses amis avaient besoin d'aide, il fallait qu'il arrête de faire n'importe quoi. Il ne sut pas si c'était normal, mais il se sentit soudainement très faible, alors qu'il essayait d'invoquer la glace. Il était presque sûr que ce n'était pas normal.
Théo et Grunlek, traînant son bras derrière lui, se dirigèrent eux vers la porte de la cellule. Il était temps de mettre fin à cette partie de leur histoire assez embarrassante. Ils n'avaient qu'un souhait : sortir d'ici et aller oublier cette histoire autour de pintes de bière dans une auberge paysanne.
La situation semblait enfin s'améliorer. Si Shin se vidait toujours lentement de sa volonté dans son puits, le nain et le paladin, désormais libres, allaient pouvoir enfin faire progresser leur aventure. La liberté n'était plus très loin pour nos aventuriers.