Aventures : La Fanfiction - Saison 1

Chapitre 22 : À l'aveugle

2820 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/09/2025 10:00

Théo et Grunlek réussirent finalement leur coup. Ils se dirigèrent vers l'entrée de la cellule, pour mettre fin le plus rapidement possible à cette expérience relativement déplaisante. Le nain traîna son bras, du mieux qu'il put, pendant que le paladin se démenait pour trouver la clé qui ouvrait la porte, ce qu'il réussit à faire, après quelques essais.


— Va libérer Bob, je m'occupe de Shin, ordonna le guerrier sur un ton autoritaire.


— Non ! Vous occupez pas de moi, cria Bob à leur attention. Je vais bien, occupez-vous de Shin.


— Je peux au moins tirer ta table, grogna Grunlek, toujours un peu aigri par l'agissement étrange de son bras.


— Ouais. Ouais, merci. Mais je m'inquiète plus pour Shin, on a perdu contact. 


Grunlek s'occupa donc de ramener le mage sur la terre ferme, pendant que Théo s'approchait du puits, où, toujours suspendu et désormais à moitié gelé, Shin attendait, désespéré. Il releva faiblement la tête en entendant du bruit au-dessus de lui.


— Vous m'entendez ? Th… Théo, c'est toi ? 


Théo se pencha un peu au-dessus du trou, pour avoir un contact visuel avec le demi-élémentaire. Des émanations gazeuses semblaient s'échapper des chaînes, comme si l'environnement et le corps de l'archer étaient à une température complètement différente. Dans un soupir, le paladin remonta le bleu, en tirant ses chaînes, et sans prévenir, contre toute attente, le serra dans ses bras, contre son torse nu, pour le réchauffer.


— Han nan, pas ça… marmonna Shin. Pitié, remettez-moi dans le puits… 


Voyant que sa tentative d'affection ne portait pas ses fruits, Théo porta sa princesse jusqu'à l'entrée… Et le lâcha, dans un « bong », en grognant à Bob de s'en occuper. Shin, gelé, le regard perdu, ne put murmurer un petit :


— J'ai… J'ai froid. Et pourtant je suis un demi-élémentaire. 


Libéré de ses chaînes, Balthazar se mit à sautiller joyeusement autour des cadavres en train de brûler, pour réchauffer ses muscles engourdis. Il jeta ensuite un regard inquiet à Shin, qui avait très clairement une sale tête. Il pointa une surface de sable, un peu à l'écart.


— Théo, mets Shin là-bas. Je vais rapprocher les flammes, gentiment, et si elles commencent à trop le lécher, je les retirerai. Je vais pas lui mettre le feu.


— Quoi ? Qu'est-ce qu'il raconte ? demanda Shin, à moitié gelé, inquiet à l'évocation de « flammes » et « lécher ».


— Ne t'inquiète pas, le rassura Grunlek, avec un grand sourire. Si ça sent le cochon grillé, c'est bon signe.


— Me laisse pas avec lui, s'il te plaît, le supplia Shin.


Bob leur tira la langue.


— De toute façon, leur dit-il, tu risques rien. À moins qu'un élément aléatoire ne survienne, tu ne prendras pas feu. Enfin, je veux dire que dans tous les cas, tu ne brûleras pas quoi. 


Shin lui jeta un regard méfiant, presque effrayé. Tout ça n'était guère encourageant. Mais il n'avait même pas la force de répliquer. Il se sentait vide, comme s'il était déconnecté de sa nature de demi-élémentaire. Les flammes se rapprochèrent doucement de lui, et il ferma les yeux, se laissant envahir doucement par la chaleur.


Shin étant hors de danger, Théo se dirigea d'un pas lourd vers Bob. Il lui tapota l'épaule gentiment, le mage pivota dans sa direction, yeux dans les yeux.


— Est-ce que je peux avoir de la pommade ? Là maintenant, tout de suite. Parce que j'ai fait une attaque tout à l'heure, dans la grotte. Il m'en faut. Genre maintenant.


— Le matériel ! cria Bob, se rendant compte d'un détail important. C'est vrai ça, où est notre matériel ? Grunlek, ta vision nocturne, tu vois quelque chose ?


— Il y avait des caisses, là où j'ai sorti Shin du puits, dit calmement Théo. Et il y a des trucs sur la table derrière, dit-il en pointant une table en pierre derrière lui, couverte de papiers. 


Théo, Grunlek et Bob se répartirent donc le travail. Bob se dirigea vers des caisses situées de l'autre côté des flammes, sa robe, bien qu'arrachée partiellement, le protégeant toujours de celles-ci. Il garda un œil sur le demi-élémentaire, désormais roulé en boule à côté du feu, pour éviter qu'il ne brûle. Théo se dirigea lui vers la table, et Grunlek vers les caisses près du puits.


Le nain ouvrit difficilement une première caisse, avec son seul bras valide. Il y trouva une grande quantité d'éléments alchimiques : fioles, instruments, quelques plantes, tous neufs pour la plupart. Leur équipement ne se trouvait pas ici. Grunlek chercha des choses à transporter, qui pourraient être utiles pour leur voyage. À défaut, il trouva quelques éléments d'ingénierie, qui lui arrachèrent un sourire, quand il repensa à ses années de formation avec Ugryn. Il décida de mettre ses connaissances à l'épreuve pour caser son bras métallique dans une position qui ne le gênerait pas. Il était difficile de faire quoi que ce soit en traînant son membre derrière lui, et pire, il risquait de s'abîmer à force de traîner dans la poussière, ce qu'il ne voulait surtout pas.


Théo s'occupait lui des papiers sur la table. Il trouva une grande liste de noms, tous inconnus, avec, tout en bas, leurs noms à eux. Il y avait aussi des papiers couverts d'observations et d'analyses, en particulier sur Grunlek, Bob, Shin, et quelques interrogations sur sa propre personne, sur son lien avec les gemmes de pouvoir. Il y a encore quelques jours, il ne savait même pas que ça existait. Il se souvenait vaguement avoir vu Grunlek tiquer, la première fois qu'elles avaient été utilisées contre eux. Le paladin en était certain, c'était un art interdit, et donc une hérésie. Il haussa les épaules, ramassa tous les papiers, et retourna vers les autres.


Bob découvrit de la nourriture dans sa boîte, en grande quantité. Seulement, c'était des choses à manger tout de suite, qui seraient difficiles à transporter par la suite. C'était toujours mieux que rien, mais il était déçu. Il informa mentalement Théo et Grunlek de sa trouvaille, tout en jetant un coup d'œil à Shin, et il se mit à chercher quelque chose ressemblant à un bâton. Il avait perdu le sien au village, dans leurs aventures précédentes, et ça lui manquait cruellement. Il trouva un balai, dans un coin, en arracha la tête, et donna un petit coup au sol avec. C'était mieux que rien. S'il le taillait, il était même sûr de pouvoir en faire quelque chose de plutôt potable. Il abandonna aussi la connexion mentale, qui commençait à l'épuiser mentalement. Il n'y avait plus de danger immédiat, ils pouvaient parler maintenant.


Théo s'était approché d'un garde calciné, à la recherche d'une épée. Il en avait une, en effet, mais la lame, rouge vif, indiquait clairement qu'il valait mieux attendre qu'elle se refroidisse. Bob pencha la tête sur le côté, et lui indiqua la cellule d'un geste de main.


— Va fouiller celui dans la cellule. J'ai pas eu une image claire de ce que Grunlek lui a fait, mais il doit encore avoir son matériel sur lui. 


Le paladin haussa les épaules, et se dirigea vers la prison dont il était sorti à peine quelques dizaines de minutes plus tard. Il grimaça, il souffrait toujours du poison, et il espérait sincèrement que Bob puisse lui arranger rapidement ça. Il ne voulait pas mourir. Il trouva le tas informe composant les restes du garde au sol, et se mit à le fouiller, avec une grimace de dégoût. Hormis quelques instruments de chirurgie et quelques pièces d'or, il n'y avait rien de bien intéressant. Bob, qui l'avait regardé faire, lui sourit à son retour, mesquin.


— C'est pas toi qui disais qu'il ne fallait pas piller les cadavres ?


— Ouais, mais là, c'est pas pareil. C'est un méchant. Et puis la Lumière…


— Ouais, c'est un méchant quand ça l'arrange, lâcha Grunlek en riant, toujours penché sur son bras mécanique.


— Et puis partage les pièces d'or, ajouta Shin, tout juste réveillé.


— Nan, c'est moi qui les aient trouvés, grogna le paladin.


— Et c'est moi qui l'ai tué, continua le nain. Donc c'est mes pièces d'or.


— Non, c'est ton bras qui l'a tué, acheva Bob, hilare. C'est les pièces d'or de ton bras techniquement.


— Exactement, voilà, c'est à mon bras, donc vous les donnez à mon bras, dit Grunlek avec un grand sourire.


— De toute façon, on s'en fout, on est en train de crever, finit Théo, en rangeant les pièces d'or dans son slip.


Parce que oui, il fallait pas déconner, c'était quand même ses pièces d'or. Théo jeta un regard autour de lui, avant de pousser un soupir.


— Cassons-nous, on a plus rien à faire ici. 


Bob tira une grimace, peu convaincu. Il se tourna vers les autres, et hocha négativement la tête. Il n'en avait pas tout à fait fini ici.


— Écoutez les gars, on est dans un état lamentable. Il y a sûrement des personnes au-dessus, et elles ne nous ont pas entendus, parce que l'on a pas fait tant de bruit que ça. On a probablement un peu de temps avant que des gardes viennent faire leur ronde ici.


— On ne sait même pas ce qu'il y a au-dessus, grogna Shin, qui reprenait un peu de couleurs.


— Ouais, bah allons-y ! s'exclama Théo.


— Non, répondit le mage. Je vais faire une torche, en rassemblant le feu. Derrière, il y a de la bouffe. On va se mettre dans la partie sombre, et on va s'en remettre un petit peu, histoire d'avoir de quoi affronter ce qui nous attend au-dessus. Et si un abruti se ramène, je pourrais toujours éteindre sa torche.


— Mais on a la surprise ! cria Théo, qui ne comprenait pas le choix du mage. On pourrait sortir, les tuer tous et partir d'ici. On va pas se reposer dans le donjon de l'ennemi.


— Mais l'ennemi ne sait pas encore qu'on est libre !


— Si vous voulez, je pourrai aller inspecter les lieux, dit timidement Shin.


— Toi, tais-toi, t'es mort, lui répondit sèchement Théo.


— Ouais, repose-toi, confirma Bob. 


Sur ces mots, le mage se dirigea vers Grunlek, pour voir ce qu'il avait trouvé. Il analysa rapidement ce qui se trouvait dans la boîte. Il y avait tout ce qu'il fallait pour préparer l'onguent tant espéré par Théo. Il ramassa ce qui pouvait être utile, et se dirigea à grandes enjambées vers la table en pierre, pour être plus à l'aise. Le paladin attrapa des choses à manger, et les distribua au groupe, pour qu'ils reprennent un peu de force. Bob s'attela à la préparation de la pommade, avec l'aide de Grunlek. Il prépara quelque chose d'assez rudimentaire, mais qui pourrait amplement suffire à soulager Théo au moins pendant quelques heures. Il se dirigea ensuite vers Théo, lui fit signe de se retourner, et étala la crème tout le long de son dos, s'inquiétant quelque peu en voyant que le venin semblait de plus en plus présent et de plus en plus corrosif.


Les aventuriers, nourris, un peu plus en forme, se décidèrent enfin à quitter cet endroit, et à s'aventurer dans le couloir. Après avoir grimpé un long escalier, ils pénétrèrent un endroit un peu terreux, mais en grande partie en pierres. Les installations étaient humaines, c'était un signe encourageant. Ils ne devaient pas être très loin de la civilisation. Cependant, en écoutant mieux, ils décelèrent des choses inquiétantes, derrière les parois. Des choses qui grimpent, qui grattent, qui montent. Rien de très encourageant.


Théo ouvrait la marche, son pantalon éclairant un peu l'endroit, suivi de Shin, encore très faible, et Grunlek et Bob à l'arrière, surveillant que rien ne les suivait. Le groupe s'arrêta à une intersection. Devant eux se trouvaient d'autres escaliers, qui montaient, entre deux parois de lierre très épaisses. En plissant les yeux, le paladin se demanda même s'il n'y avait pas quelque chose à l'intérieur de ceux-ci.


— Shin, viens, on va monter là dessus, dit Théo en pointant le promontoire au-dessus des escaliers. On aura un aperçu sur la salle. Même si je sens qu'on va pas aimer ce qu'on va y voir.


— C'est pas une bonne idée, grogna Bob. Tu vas briller comme une étoile, tu seras une cible facile. Je serai plus d'avis de laisser Grunlek passer, avec sa vision nocturne. Le problème, c'est qu'il est pas très en forme. Théo, tu peux le soigner, avec le reste de ta mana ? 


Théo ne semblait pas pour l'idée, il lança un regard hautain au nain, mauvais, avant de soupirer.


— De toute façon, si je le fais pas, on va encore me dire « Ah là là, Théo… » Gnagnagna.


— Je comprendrai, si tu ne le fais pas, dit Bob avec un grand sourire qui disait exactement le contraire.


— Laisse-tomber, lâcha Grunlek, je vais aller voir et…


— Allez, je le fais, dit Théo, en appuyant bien sur chaque syllabe pour montrer qu'il était pas content.


— C'est pour la bonne cause, lui dit Bob, compatissant. S'il se prend un pet, il tombe inconscient et on va devoir se le traîner. Tu sais combien ça pèse un nain ?


Grunlek, blasé, décida d'avancer sans eux. Il grimpa les marches et s'enfonça dans l'obscurité, sous le regard bienveillant de Shin.


— Qu'est-ce que tu vois avec tes yeux de nain ? entendit-il Théo dire, derrière lui. 


L'intéressé plissa les yeux, cherchant du regard un quelconque danger. Il repéra rapidement quelque chose, au-dessus de l'arche devant lui, dans le lierre, se glissant silencieusement. C'était reptilien, de type serpent. Un très gros serpent. Et bien sûr, le seul chemin praticable était celui qui passait en dessous. Il jugea bon de faire demi-tour et de rejoindre le groupe, pour ne pas avoir à parler trop fort.


— Il y a quelque chose là-haut, dit-il calmement. Un serpent.


— On pourrait demander à Shin, l'ami de la nature, d'y aller, proposa Théo.


— Tu déconnes ?! C'est un serpent, c'est dégueulasse, railla Shin. Je voulais que Bob fasse des flammes moi.


— Quoi ? Je vais pas faire des flammes, je sais pas si ça réagit comme un mammifère.


— Eh bah on va faire du bruit, lâcha Théo. On va y aller en faisant des « goulou-goulou » et il aura peur ! 


Bob songea alors à brûler le lierre, mais Théo lui rappela qu'ils n'avaient aucune idée d'où ils étaient et qu'il n'avait pas envie de mourir asphyxié ici. Grunlek les laissa se chamailler et lança un regard au serpent. Il n'avait pas bougé, il ne semblait pas avoir remarqué leur présence. Il commençait même à se demander s'il n'était pas possible de juste passer silencieusement. Il proposa l'idée aux autres, qui acquiescèrent.


— Moi, je pourrais passer en mode furtif, dit Shin. Et essayer de voir ce qu'il y a au bout de cette arche.


— Mais tu ne vois rien dans le noir, répliqua Grunlek. Je vais te guider.


— Ou il te porte, hasarda Bob. Mais attendez ! J'ai une question. Enfin, j'ai un truc improbable. Le slip de Théo brille. On sait que Théo utilise sa foi. Mais est-ce qu'il a besoin de le porter ?


— Tu prendras pas mon slip, grogna le paladin. Et puis je vais pas passer mon slip à Shin, et puis ça marchera pas s'il est trop loin. Si c'était aussi simple, j'aurais déjà ouvert une boutique de « Slips de la Lumière », je te signale. 


Comme pour accompagner ses paroles, Théo posa une main sur son armure, prêt à la défendre. Il finirait pas à poil dans ces couloirs pourris. Shin et Grunlek décidèrent donc de partir en éclaireur, la main de l'élémentaire accrochée sur l'épaule de son ami nain. Ils s'enfoncèrent dans les ténèbres, côté à côté, laissant Théo, inquiet, déjà prêt à se battre, et Balthazar, assez faible, qui risquait bientôt de devoir piocher dans sa vie pour agir, voire pire, dans son côté démoniaque. Leurs aventures reprenaient de plus belle.


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