Aventures : La Fanfiction - Saison 1
Épisode 23 : Le maître des lieux
Par Hakukai
Alors que Théo et Bob se dirigeaient lentement vers le pilier situé à la droite de la petite salle, un long et sombre couloir s'étendait devant les yeux de Shin et Grunlek. L'archer, la main posée sur l'épaule de son ami et n'ayant pas sa nyctalopie bien utile, lui murmura doucement :
— Grunlek, tu vois quoi ?
— Pour l'instant, je vois un long couloir. Avance doucement et surtout ne fais pas de bruit…
— D'accord, répondit platement le demi-élémentaire en s'exécutant.
Les deux aventuriers passèrent alors l'arche recouverte de lierre sans difficulté majeure, laissant le paladin et le pyromage angoissé dans la pièce arrière.
Après quelques pas dans un silence presque complet, Grunlek finit par apercevoir un tournant et enjoignit à Shinddha, en chuchotant le plus bas possible, de serrer la droite à cause de son manque de visibilité. Le seul bruit qui brisait le silence étouffant était les petits grattements que le groupe entier pouvait entendre à leur gauche, et confortant le Golem dans son choix de rester sur la droite du couloir.
Au fur et à mesure de leur progression, les deux compagnons purent entendre un son provoqué par un élément liquide, et les grattements s'étendirent de leur gauche jusque sous la terre. Ils continuèrent d'avancer malgré tout, et l'ingénieur décida de se diriger vers la droite du pilier qui se dressait désormais devant eux, par simple mesure de prudence.
Tandis que le Golem passait devant lui pour le guider, Shin se rendit compte de sa proximité immédiate avec le mur et il posa sa main libre dessus pour assurer son avancée, après avoir créé deux poignards de glace, et ce, malgré sa faiblesse.
Du côté de la pièce reliée au couloir, le demi-diable, inquiet pour ses compagnons de voyage, demanda doucement à l'Inquisiteur posté à côté de lui :
— Putain, Théo, tu les vois ?
— Nan, je vois personne… Tu veux qu'on avance un petit peu ? lui demanda-t-il simplement.
— Nan nan nan nan nan ! J'ai peur de les appeler en plus, ça pourrait attirer des saloperies…, répondit-il en faisant une moue préoccupée.
Pendant ce temps-là, Grunlek et Shinddha commencèrent à entendre, en plus du bruit liquide, une voix humaine étouffée et à peine audible : il leur était impossible de discerner ce qu'elle pouvait dire. Le Nain fit stopper l'archer et s'efforça d'écouter avec plus d'attention, les sens en alerte.
Grâce à cet état de concentration avancé, il put finalement entendre une petite voix, presque lasse :
— À l'aide… Pourquoi vous me faites ça ? … Pourquoi ? Ça retombera un jour… Il y aura une justice.
Après s'être rendu compte que cette voix répétait à peu près la même chose, il s'adressa à son compagnon en chuchotant :
— Shin, t'a entendu ? Y'a une sorte de toute voix très faible… C'est quelqu'un qui appelle à l'aide, mais j'ai l'impression que c'est quelqu'un qui est là depuis longtemps… C'est assez particulier, je- j'arrive pas à en savoir plus, mais apparemment c'est quelqu'un qui serait torturé ou enfermé…
— C'est une voix féminine ? Masculine ?
— Aucune idée. J'ai juste entendu vraiment un appel à l'aide, comme quelqu'un de blasé qui aurait souffert depuis longtemps…
— D'accord… Vers quelle direction à peu près tu peux identifier la source ?
— Tout droit, en face. Toi, qui es demi-élémentaire, est-ce que tu ressens quelque chose par rapport à toute cette eau qui, apparemment, est devant nous ?
— Euh…
Shin se concentra un instant et donna au Nain quelques détails à propos du liquide : il avait l'air épais et spongieux, et se trouvait dans la même direction que l'écho de la voix. Après cette brève description, l'ingénieur hocha la tête et reprit :
— Vu que l'on a toujours le mur sur la droite et que ça vient d'en face, je te propose de continuer à avancer… De toute façon, il n'y a que cette direction…
— Et qu'est-ce que tu vois en face, Grunlek ?
— Pour l'instant, rien, y'a juste le mur et le couloir. Je pense que l'on peut tourner sur la droite, mais le son, lui, vient d'en face.
Resté à l'arrière, Balthazar chuchota fébrilement au paladin de la Lumière :
— Tu crois qu'ils sont morts… ?
— Ouais…
Après cet échange plus qu'enrichissant, le mage décida de monter la garde pendant que Théo allait méditer dans un coin pour se régénérer quelque peu, chose qu'il réussit à faire parfaitement, voire trop pour leur situation plus que stressante.
Le chevalier, après avoir fini sa méditation, prit la place du mage pour monter la garde, afin de le laisser méditer aussi.
Grunlek continuait d'avancer, suivi par Shin. Il arriva finalement à l'angle d'un espace bien plus vaste que le couloir, où il put voir des piliers en pierre et une colonne en verre épais et étrange. À l'intérieur de cette colonne, il y avait un liquide d'une couleur surnaturelle, d'une nature inconnue pour le Nain et dedans y flottaient des individus, endormis ou morts, il ne le savait pas vraiment, conservés comme s'ils se trouvaient dans du formol. Le Golem put d'ailleurs remarquer que certaines parties de leur corps manquaient à l'appel et que leur nombre avait une étrange résonance avec leur propre groupe : ils auraient pu être des Aventuriers, ou même des Héros. Ils étaient entreposés dans d'étranges cuves avec une base en pierre, et parfois, quelques bulles apparaissaient dans l'étrange liquide. Ces personnes semblaient avoir été victimes de gens malintentionnés, probablement des scientifiques qui s'en étaient servis pour des recherches.
La voix que l'ingénieur avait entendue plus tôt était plus proche et venait de sous la terre, à un ou deux mètres devant lui. En effet, il voyait devant lui un début de trappe en métal qui se dessinait sur le sol dallé.
Il avança tout doucement vers cette plaque et prévint Shin :
— Il ne va plus y avoir le mur sur la droite. Ne va pas sur la droite. Mets bien ta main sur mon épaule, y'a une grille juste devant. Je pense que c'est de là que vient la voix.
— Mais on ferait bien de prévenir les autres… Partir à l'aventure tous les deux…
— On sait pas encore si c'est sécurisé et tu veux que j'aille chercher les autres ? s'étonna-t-il. Mais le but, c'est quand même d'avancer dans le noir et du coup, si je les faisais arrêter là dans le noir c'est pas forcément…
— Ouais, mais vaut mieux pas laisser les deux là-bas parce qu'ils vont faire une connerie… J'le sens, j'le sens, on va entendre des flammes, ils vont tout péter…
— Eh bien, ils vont être un peu patients pour changer.
— Qu'est-ce qu'on fait alors ? On part à l'aventure tous les deux et on va essayer de voir ce qu'il se passe ?
— Oui. Surtout, reste bien derrière moi.
Les deux aventuriers arrivèrent finalement au-dessus de la trappe en métal, accroupis, et Grunlek murmura avec précaution à l'intention de l'individu coincé en bas :
— Pschitt, pschitt !
— Aidez-moi… S'il vous plait…
— Qui êtes-vous ? demanda le Nain.
— Bien… Il y a quelqu'un…
— Oui.
— Vous êtes… Vous êtes encore venus pour m'achever ? Ça ne suffit pas tout ce que vous avez fait ?
— C'est pas nous du tout, répondit Shin.
— Nous, on essaye de s'échapper, rajouta le Golem.
— Est-ce que vous savez où se trouve la sortie, par hasard ?? s'enquit l'archer de glace, avant d'entendre un grognement animal et une supplique.
— Aah… Pas encore…
— « Pas encore », c'est-à-dire ? l'interrogea le demi-élémentaire.
— Ils me mordent… Encore… Et encore… Et encore…
— Qui ça ?
— Les créatures qui sont avec moi en bas… Si vraiment vous voulez vous échapper, je peux… Aaaah ! Pourquoi ils me font ça ?
— Est-ce qu'on peut vous aider sans libérer les créatures ? demanda prudemment Grunlek.
— Elles sont avec moi…
Suite au silence causé par sa déclaration, le prisonnier reprit d'un ton suppliant :
— Je suis l'Intendant Bragg… Je suis l'Intendant de la Vieille Tour.
— Ah, lâcha l'ingénieur, sans intonation particulière.
— Ils m'ont capturé… Ils ont récupéré des choses sur moi… Ils veulent… Ils veulent contrôler… Les gemmes de pouvoir… Ils ont compris des choses…
— De qui vous voulez parler ? dit Shin. Si on vous libère, est-ce que vous nous en parlerez plus en détail ?
— … Oui…
— OK, est-ce que… Vous pouvez nous décrire ce que c'est, ces créatures ? … Ça m'a l'air très risqué…
— Des… reptiles… Ils sont dans le charnier avec moi.
Grunlek, pendant que le prisonnier et l'archer discutaient, observa la grille pour trouver un moyen de l'ouvrir. Il s'aperçut alors que le système d'ouverture était très simple et que, même avec un bras immobile, il pouvait s'en occuper sans problème.
Il entreprit alors d'entrouvrir le plus silencieusement possible la trappe, afin de voir ce qu'il se trouvait en dessous : au fond de cette sorte de prison, de deux mètres cinquante de hauteur, il y avait un charnier avec des cadavres en putréfaction et de l'équipement. Il y avait aussi, entre les morceaux de corps, des sortes de lézards qui se promenaient.
L'ingénieur mécanicien, grâce aux mouvements lents de ces reptiles, put en voir un se rapprocher du corps de l'Intendant et le mordre au niveau de la jambe.
— Alors, qu'est-ce que tu vois ? lui demanda Shinddha.
— Je vois l'Intendant et apparemment… Y'a pas mal de corps et des sortes de gros lézards qui sont en train de le manger tout doucement…
— Très bien. Combien de lézards ?
— J'en vois deux, mais je vois aussi une sorte d'araignée ou de je ne sais pas trop quoi… Ce que je te propose, vu c'est que c'est quand même assez haut, je vais t'abandonner là. Ne t'inquiète pas, je vais revenir très très vite, je vais aller chercher les autres.
Remarquant un étrange mouvement qu'il lui apparaissait comme dangereux, Grunlek referma brusquement la trappe, et l'araignée qui avait bondi jusqu'à lui se cogna contre la plaque de métal.
— Tu pars tout seul ? s'enquit l'archer d'une petite voix, ne semblant pas perturbé plus que ça par l'attaque.
— Je te laisse, je vais juste les chercher. J'en ai vraiment pour deux minutes. Si tu veux, je vais te reconduire contre le mur d'où on vient. Au pire des cas, tu as juste à longer le mur dans le sens inverse et tu seras où on était.
Le Golem, après avoir guidé l'élémentaire, refit le chemin inverse pour aller chercher Théo et Bob, sans rencontrer de grandes difficultés sur le trajet.
Arrivés là où Grunlek avait laissé Shin, le reste du groupe put enfin voir ce que leur ami nain avait vu, les rendant plus que perplexes et le mage et le paladin purent enfin entendre ce que leurs autres compagnons avaient perçu avant eux : un appel l'aide, provenant de sous leurs pieds.
Cette situation fit naitre de nombreuses interrogations dans l'esprit des Aventuriers : quelles étaient les choses mises à l'œuvre dans ces souterrains ? Qui était l'instigateur de tout cela ?
Tout cela, ils le savaient pertinemment, allait plus loin que ce qu'ils auraient pu imaginer…