Aventures : La Fanfiction - Saison 1

Chapitre 26 : Retrouvailles

3986 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/09/2025 09:21

Épisode 26 : Retrouvailles

Par Mastroyal


Dans un claquement assourdissant de métal, le bras de Grunlek se referma et, de nouveau, ne fit qu'un avec son maître. Grunlek se releva, plia et déplia ses doigts à titre expérimental, puis se mit enfin à sourire, malgré son état de faiblesse. Dans son dos, l'Intendant Bragg posa une main sur son épaule :


— Maître nain, est-ce que tout va bien ? Je ne voudrais pas vous presser, loin de là. Mais nous avons une affaire urgente à traiter.


— Ne vous inquiétez pas, répondit Grunlek d'une voix apaisante. J'avais besoin de ça pour me sentir entier de nouveau. À présent, vous pouvez être sûr que ça va beaucoup mieux. Enfin… ajouta-t-il d'une voix un peu tremblante, il est vrai que je suis encore un petit peu frêle et il faudra songer à se reposer. Mais à part ça, avoir mon bras qui de nouveau fonctionne, ça va cent fois mieux.


L'intendant, sans poser d'autres questions, se releva et rejoignit Théo qui continuait à avancer dans le couloir, bientôt suivi par Grunlek. Derrière eux, B.O.B., qui entendait siffler le serpent dans l'obscurité, s'approcha du squelette devant lequel Grunlek avait récupéré l'usage de son bras et au prix d'un colossal effort, lui arracha le crâne. Shin lui lança un regard circonspect et dégoûté et lâcha un petit « Enfin un duel que tu as réussi ! » auquel B.O.B. essaya de ne pas prêter attention. Ce dernier examina son crâne sous toutes les coutures à la lumière de Théo et celle de sa flamme, puis tenta de le ranger dans sa sacoche… avant de se rappeler qu'il ne l'avait plus et, finalement, se contenta de le garder en main. Shin, quant à lui, songea d'abord à profaner à son tour le squelette pour lui arracher un os et en faire une arme, mais se souvint qu'il avait la capacité de générer des dagues de glace, et donc haussa les épaules et se mit à suivre B.O.B.


Pendant ce temps-là, Théo, au détour du couloir, aperçut devant lui une statue de femme tendant le bras devant elle, la paume ouverte vers le ciel. Au creux de cette paume reposait une quinzaine de pièces d'or recouvertes de poussière et au sol, s'en trouvaient d'autres ainsi que quelques pièces de cuivre, sans doute tombées de la main de la statue. Théo commença par examiner le bras de la statue, puis ramasser une grosse pierre au sol et la leva au-dessus de sa tête.


— Mais… Qu'est-ce que tu fous ? demanda B.O.B.


— Ben, je vais péter le bras de la statue. Comme ça, s'il y a un mécanisme activant un piège, je le désamorce.


— Ce ne serait pas plus intelligent de remplacer les pièces par quelque chose ayant un poids équivalent ? intervint Shin.


— Et surtout Théo, ajouta Grunlek, tu pars du principe que casser le bras de la statue ne déclenchera pas le mécanisme. Faudrait que tu m'expliques.


Théo garda malgré tout sa pierre, dépité, tandis que Grunlek et Shin s'approchèrent de la statue et se mirent à l'examiner afin de déterminer si, oui ou non, il y avait bien un mécanisme trahissant un piège. Ce fût Shin qui le découvrit, remarquant en effet un mécanisme assez ancien et rouillé et qui ne risquait pas d'être activé en y allant par la force, mais qu'il valait mieux désactiver par sécurité. Shin se mit donc à l'ouvrage, en entendant B.O.B. lui conseiller « d'y aller doucement avec cette statue. C'est sa première fois ». Théo finit par récupérer les pièces, puis jeta sa pierre sur le sol avec un énorme bruit, avant de poursuivre la route. Il finit par arriver devant un immense escalier, où il put constater que, loin d'être abandonnés, ces lieux étaient utilisés de façon très fréquente, l'absence de poussière sur les escaliers trahissant toutes les allées et venues. Le haut de ce dernier restait caché par les ténèbres, mais Bragg informa le Paladin que, normalement, ce passage conduisait à sa suite privée. En haut des marches, les aventuriers débouchèrent dans une petite pièce circulaire où deux portes se découpaient. L'une, d'un vieux bois clairsemé, laissait filtrer un courant d'air et devait mener à l'extérieur. L'autre, d'un bois très épais qui, selon l'Intendant, conduisait dans ses appartements, bien qu'il précisa que les aventuriers pouvaient également emprunter l'autre porte pour sortir du manoir par-derrière.


— Mauvaise idée, répliqua B.O.B. S'il y a des gardes, on risque de tomber sur eux. Il vaut mieux entrer dans les appartements, car les gardes ne s'y risqueraient pas. De plus…


Mais le pyromage s'interrompit brusquement et tourna la tête en même temps que ses camarades vers la porte en bois épais. Des petites voix de femmes se faisaient entendre, ainsi qu'une voix d'homme horriblement familière et légèrement perverse qui faisait : « Oui… Hmm… Vas-y… Bouge encore… Oh, tu es mignonne… ». Les quatre aventuriers se regardèrent. Tous avaient reconnu la voix d'Elyren, le gardien de la Tour. B.O.B. se précipita vers Théo en bousculant Grunlek au passage et murmura :


— Hep ! Tu entends ce que j'entends ?


— Oui ! répondit le Paladin d'une voix sadique et mielleuse.


— Bon… D'habitude, on est d'accord que les gens font ça à poil ?


— Je sais pas, je pensais pas à ça. Je voulais juste le tuer.


— Ben, justement. Ça veut dire que tu auras l'avantage. Tu pourras le choper, le frapper dans la bouche…


— C'est vrai, on pourrait lui brûler la bite, aussi ! renchérit Théo dans son amour pour la torture.


— Bon, on y va à trois ? proposa B.O.B.


— À quatre, plutôt ! intervint Grunlek qui avait tout entendu.


— Théo et moi, en tout cas, on a de la biffe avec ce mec ! répondit B.O.B.


— Super ta blague, Grunlek, au passage ! remarqua Théo.


Cette dernière parole les entraîna dans un débat autour de la blague de Grunlek qui leur fit perdre du temps, jusqu'à ce que le sifflement du serpent derrière eux les ramène à la réalité. Ce fut B.O.B. qui finalement conclut la discussion :


— Ah, mais oui ! À quatre, dans ce sens-là ! Bon, on y va ? À trois, on enfonce la porte et on le défonce lui !


Théo prit cette mission très à cœur et, d'un seul coup de pied, défonça la porte et déboucha dans un appartement relativement luxueux. Devant lui, il vit un magnifique lit légèrement débraillé, au pied duquel se tenait un coffre. Une odeur d'encens flottait dans l'air et, de l'autre côté du lit, se trouvait un paravent, empêchant de voir le reste de la pièce. Presque au même moment, Elyren passa la tête derrière le paravent en s'exclamant :


— Mais bon sang ! Je vous ai dit qu'à cette heure-ci, c'est pas un moment pour passer, pour faire des allées et venues… Oh ! fit-il en remarquant Théo et les autres.


— Chope-le ! hurla B.O.B. à l'adresse de Théo. Merci… ajouta-t-il pour paraître un peu plus poli.


— La petite fille a l'air derrière, et non plus devant ! ricana Grunlek. Ça ira ?


Théo ne l'écouta pas, étant déjà parti à l'assaut, et donna un puissant coup de poing à Elyren qui bascula en arrière et termina sa course contre un arbre d'intérieur, l'air hébété. Théo passa de l'autre côté du paravent, et vit devant lui une scène qu'il qualifierait volontiers de « surréaliste ». De charmantes jeunes femmes étaient assises en tailleur, et jouaient avec l'équipement des aventuriers. L'une, par exemple, tenait dans ses mains l'arc de Shin et imitait une lyre avec, une autre jouait avec un gantelet d'armure, une troisième tapotait sur un des livres de B.O.B.… Elles étaient légèrement dévêtues, une odeur d'alcool plus forte que celle d'encens se faisait sentir. Elyren, toujours au sol, regardait la scène d'un air surpris. Théo regarda les jeunes femmes et s'écria :


— La première qui bouge, je lui fais la même chose !!!


Une d'entre elles poussa un cri strident et recula à tâtons vers un tas de livres qui traînait par terre et dit précipitamment :


— Mais… Mais… Mais… Qu'est-ce que vous allez faire de nous ?! Arrêtez !! Nous n'avons rien fait de mal !!


— STOP !! hurla Théo. La première qui bouge, je lui défonce la gueule ! Vous vous mettez dans le coin, là-bas, et vous ne bougez pas ! ALLEZ !!


Pendant tout ce remue-ménage, Grunlek s'approcha d'une commode de l'autre côté du lit, et récupéra quelques pièces d'or qui traînaient, pendant que l'Intendant Bragg lâcha un « Oh ! Espèce d'ordure ! ». Théo s'avança dans la pièce, où les jeunes femmes l'évitèrent soigneusement tout en demandant : « Qui êtes-vous ? », « Pourquoi nous agressez-vous ? », « Qu'avons-nous fait ? », à quoi il répondit par un : « SILENCE !!!! ». Les jeunes femmes se laissèrent alors gagner par les larmes, tandis que le paladin se planta devant la porte d'entrée d'un air menaçant. B.O.B. s'avança à son tour dans la pièce, et la balaya du regard pour y voir ce qui était intéressant. Il repéra notamment l'épée de Théo sur le sol, l'armure de Théo sur un mannequin, une torche accrochée au mur (même si ce n'est pas très intéressant)… B.O.B. se dirigea vers l'épée et la ramassa, tout en maintenant à distance une jeune femme qui se trouvait à sa portée, et jeta un coup d'œil sur un bureau, non loin. Il y vit des cartes du Cratère dont certaines étaient accompagnées d'annotations sur les localisations des gemmes de pouvoir, des notes sur la géopolitique du Cratère, une dague, une boussole, un sextant (qu'il confondit d'abord avec un compas), des pièces en cuivre, une bouteille d'alcool de poire et une pomme. B.O.B. récupéra un sac et y fourra son crâne ainsi que tout ce qui se trouvait sur le bureau. Shin, de son côté, se dirigea à son tour vers le bureau et y prit la pomme, avant de traverser à nouveau la pièce en direction d'un coffre juste à côté de la porte d'entrée principale. Il l'ouvrit, et y découvrit du linge, plutôt propre, qui devait servir de draps de rechange à l'Intendant. Shin, sous les conseils de B.O.B. et de Théo, se servit de ces draps pour attacher et bâillonner les jeunes femmes après les avoir regroupées. Théo put enfin quitter son poste et se dirigea vers Elyren qui tenta (inutilement) de lui échapper en rampant sur le sol tout en lui adressant un regard mauvais. Le sang du paladin ne fit qu'un tour ! Il attrapa le gardien par le col et le lança à travers le paravent, où il finit par atterrir sur le lit et sur le dos, en poussant un hurlement de douleur, et en gémissant :


- Ca... Calmez-vous, Messire paladin. Voyons, je… Je n'ai rien fait de mal… Je n'ai rien fait de mal, arrêtez ! Vous… Vous êtes un paladin ! Vous êtes quelqu'un de bon… Enfin… Je crois.


— Va falloir réviser vos notions sur les paladins ! répliqua Théo pendant que B.O.B. était secoué d'un fou rire incontrôlable.


Et pour faire bonne mesure, l'Inquisiteur envoya une nouvelle fois son poing dans la bouche du gardien qui cracha quelques dents sur le sol. Après seulement, Théo se calma et dit :


— Bonjour, Elyren. Tu te souviens de moi ?


L'Intendant Bragg eut un regard désapprobateur, mais laissa le paladin s'occuper du gardien et s'avança à son tour au centre de la pièce. Elyren tenta une nouvelle fois de protester :


— M… Mais… arrêtez ! J... Je… Je n'ai rien contre vous. Je ne suis pas votre ennemi. Qu'est-ce que vous faites ? Et qu'est-ce que vous faites à ces pauvres jeunes filles ?


Théo souleva le gardien par le col, planta son regard menaçant dans ses yeux, et gronda :


— Maintenant, tu vas répondre à toutes nos questions ! Pas la moindre hésitation, sinon, je te pète les jambes !


— Mais… Vous pouvez demander autrement, voyons. Vous… Vous êtes plus barbare qu'un paladin…


Mais Elyren paya son insolence en recevant un nouveau coup de poing dans la tête qui le fit tomber dans les pommes.


— Et voilà, soupira B.O.B., t'y es allé trop fort.


— Pas grave, répliqua Théo. Donnez-moi l'alcool de poire.


— Oh, putain ! T'es qu'un salaud ! grommela B.O.B. en allant lui chercher l'alcool.


L'Intendant Bragg recula pour laisser passer B.O.B., impressionné par la violence dont faisait preuve Théo. B.O.B. tenta de le rassurer :


— Ne vous en faites pas. Ça aurait été n'importe qui d'autre, on aurait fait ça proprement, dans les règles. Mais…


— Mais je les connais, ces jeunes filles, l'interrompit Bragg. Ce sont des servantes de mon manoir. Ça va ? Vous allez bien ? ajouta-t-il à l'adresse des jeunes femmes.


— Mais pour les jeunes filles, tout va bien, reprit B.O.B. Il n'y a aucun souci, on veut juste éviter qu'elles donnent l'alerte. C'est juste lui, dit-il en montrant Elyren du doigt. On a un sacré passif, avec lui, en fait. C'est rien.


— Je veux bien vous croire, messieurs. Mais quand même, ces jeunes filles n'ont rien fait.


— Vous en êtes sûr ? interrogea Shin.


Spontanément, l'Intendant tenta de les libérer. Mais Théo l'arrêta :


— Non ! Ne les libérez pas ! On ne les libère pas !


— Elles seront libérées sitôt qu'on sera partis, ajouta B.O.B. De toute façon, elles resteront pas bien longtemps ici et on leur fera absolument aucun mal. Cependant, on ne peut pas risquer qu'elles déclenchent l'alerte tant qu'on ne connaît pas la loyauté de vos gardes.


Bragg réfléchit quelques secondes, puis déclara :


— Ça me convient pour l'instant, mais n'en abusez pas.


Au même moment, Elyren revint à lui, du sang entourant sa bouche qu'il tenait dans sa main. Il marmonna :


— Mais… Ce n'est pas très urbain, ce que vous faites. Qu'est-ce que vous voulez ?


— Bon, déclara Théo. Maintenant B.O.B., on va pouvoir lui poser les bonnes questions.


— Je peux lui poser la question, du coup ? interrogea B.O.B.


Pendant que Théo levait les yeux au ciel devant la stupidité de la question, Grunlek fit le compte des pièces d'or qu'il avait ramassé sur la commode et dans le coffre-fort en dessous, et arriva à un total de 100 pièces d'or. Tout en contenant sa joie, il ramassa le reste de son équipement et le remit sur lui, puis prépara les baluchons pour le départ, tandis que B.O.B. lui demanda de fouiller le dernier coffre au pied du lit. Théo fit signe à Bragg de s'approcher, ce qu'il fit, et se tourna vers Elyren et cracha :


— Alors, maintenant, Elyren, tu vas nous expliquer tout ce qui se passe ici. Pourquoi tu es là, pourquoi Bragg est là, qu'est-ce qui se passe dans cette ville, et d'où sortent toutes ces araignées qu'on croise partout, autour de la ville.


— Et surtout, pour qui tu travailles ! ajouta B.O.B. pour ne pas avoir l'air moins sévère.


— M… M… Moi ? bredouilla Elyren, en reculant légèrement à chaque mot. Alors… À la base, je suis un fonctionnaire, messieurs.


Il recula encore un peu, sur la défensive, et adressa un nouveau regard malveillant à Théo.


— Qu'est-ce que c'est que ce regard ? Non, mais, tu vas te calmer, ouais ?! gronda Théo.


— Écoutez, je… Je voulais juste un peu m'enrichir, poursuivit le gardien. Je n'ai rien fait de mal. Je n'ai rien fait de mal, je ne sais pas ce qui se passe ici. Je ne savais même pas pourquoi est-ce que l'Intendant Bragg était enfermé. Moi, je pensais qu'il était en vacances.


— En vacances ?! Et tu bosses pour qui, maintenant, enfoiré ?! rugit B.O.B.


— Mais… On m'a payé pour le silence, justement, répondit Elyren. Écoutez, je… je travaille pour le chevalier Vladimir Hannibal. Il… Il n'est pas là depuis quelque temps, déjà, mais… J'ai eu des consignes claires. Je devais juste… investir cette propriété et puis… continuer de la faire fonctionner normalement. Il y a des gens qui allaient et venaient vers ces souterrains, mais je ne devais pas poser des questions, garder les yeux fermés. Écoutez, mon… travail de fonctionnaire m'incite à la discrétion. Vous allez pas quand même pas m'en vouloir de faire mon travail…


— Suffit !! s'exclama B.O.B. Suffit… Vladimir Hannibal… C'est un nom intéressant, ça. Ça se trouve où ? Dans quelle région du Monde ?


— Il… Il a dû partir pour faire des choses. Cela fait des jours que je ne l'ai pas revu. Moi, je ne le suis pas à la trace. Écoutez, mon employeur…


— Ah là là là là, mais c'est pas assez convaincant, ça, soupira B.O.B. Théo ? S'il te plaît, tu veux bien lui forcer à se souvenir d'une ou deux informations sur la localisation de notre ami Hannibal ?


— Je peux lui casser un doigt ? demanda Théo.


— Oui, répondit B.O.B avec un grand sourire. C'est ce que je te demande, en tout cas.


Théo abattit son poing sur l'index d'Elyren qui hurla de plus belle, ce qui choqua considérablement les jeunes filles, juste à côté.


— Calmez-vous, calmez-vous, mesdames, fit Shin qui les surveillaient. C'est normal, c'est un paladin. Il sait ce qu'il fait. Il n'y a pas de problèmes, c'est normal. C'est la « paladinade » qui est en cours.


L'Intendant Bragg regarda Théo d'un air choqué et murmura :


— Vous étiez obligé ?


— Oui, répondit l'inquisiteur. C'est comme ça que ça marche dans les Églises de la Lumière.


— Cet homme, ajouta B.O.B., cache des informations sur l'homme qui vous a détrôné et enfermé dans un cachot. Si vous voulez, on peut vous laisser le faire vous-même. Mais personnellement, je préfère que Théo lui pète un doigt.


— Écoutez, hurla le gardien, renseignez-vous auprès des écuries ! Je suis sûr qu'ils savent par où ils sont partis ! Je sais pas, il a dû… emprunter la route pour… Je sais pas… À tout hasard, vers la Cité des Merveilles. C'est tout ce que j'ai entendu dire ! Oh, faites quelque chose pour mon doigt !


— Eh bien, voilà ! fit B.O.B. d'un air satisfait, comme une maman félicitant son fils. Voilà !


— Menteur ! intervint Shin en espérant détendre l'atmosphère. Ça s'appelle le « Pays des Merveilles » !


Théo, sans prêter attention à la blague de Shin, demanda à l'Intendant Bragg s'il disposait d'informations quant à la localisation de cette Cité des Merveilles. Le fils des Ténèbres répondit en disant qu'il s'agissait d'une des plus grandes exploitations de pierres précieuses du Cratère et qu'elle se situait à la frontière, à une ou deux semaines de voyage.


— Très bien, fit Théo. Bon bah, au revoir…


— Attendez ! dit Shin. J'aimerais en savoir plus sur ce Vladimir Hannibal. Quelle était sa fonction ? Quel était son rôle ? À quoi il servait dans tout ce… rififi ?


— Eh bien, répondit l'Intendant, je l'ai engagé pour les études sur les gemmes de pouvoir. Lorsque la Guilde des Intendants l'a engagé, afin de faire ces études sur les gemmes de pouvoir, il a commencé, petit-à-petit, à faire ses propres analyses, à me tenir de moins en moins au courant de ses résultats. Et, du jour au lendemain, je ne sais pas ce qu'il a découvert, mais… Il m'a jeté dans le cachot où vous m'avez trouvé. Je ne pensais pas survivre.


— Est-ce que vous étiez au courant pour les aventuriers kidnappés et torturés dans ce donjon ? interrogea B.O.B.


— Non ! répondit Bragg. Je n'ai pas validé ce genre de chose, voyons. Je fais partie de la Guilde des Intendants, vous vous rendez compte ?


— Bon, fit Théo. Ben, du coup, on va pouvoir y aller. Ah, mais avant, une dernière chose. Est-ce qu'il y a une issue, dans le couloir d'où on vient ?


— Ben, oui, répondit B.O.B. Il y avait une porte qui menait vers l'extérieur, et une autre qui menait ici dans cette chambre. Pourquoi ?


— Bah, parce que, maintenant qu'Elyren a parlé, je comptais lui donner mon épée et l'envoyer dans le couloir pour se battre contre le serpent.


B.O.B. éclata de rire et déclara :


— Bah, écoute, il y a une épée et une armure, ici. Il n'a qu'à se servir.


— Cette épée et cette armure sont à moi, répliqua Théo.


— Ah, pardon.


— Ce que je comptais faire, c'était de me débarrasser de cette vieille armure rouillée que je porte actuellement et que j'ai trouvée sur un cadavre et la lui laisser. Même chose pour l'épée rouillée.


— Écoute Théo, reprit B.O.B., même si ce que tu proposes est extrêmement puissant et extrêmement jouissif, on ne va pas faire ça. On va juste lui mettre une attelle pour son doigt, l'attacher au lit, et puis nous casser d'ici. Quelqu'un viendra sans doute le libérer d'ici trois quarts d'heure, mais on s'en fout, on sera loin d'ici.


Pendant ce temps-là, Grunlek inspecta le contenu du coffre au pied du lit. Dedans, il y trouva principalement du linge, et… Une vieille fourrure de loup. Il eut un pincement au cœur en pensant à Eden. En voyant cela, Elyren s'efforça d'adopter un ton rassurant :


— Euh… Rassurez-vous, ce… ce n'est pas votre créature, qui se trouve là. Rassurez-vous.


— Et comment va Eden ? demanda Grunlek sans préambule. Qu'est-ce que vous savez sur elle ?


— Et où est-elle ? rajouta B.O.B. Parle, fumier !!


À ces mots, le gardien lâche un petit « Oups ! » :


— Écoutez, je… vais me montrer conciliant, et… coopératif. Ne… Ne vous énervez pas. Euh… Je…


Il hésite, cherchant ses mots, puis avoue d'une seule traite :


— Bon, j'ai demandé à ce qu'on l'empaille. Mais… Peut-être que ce n'est pas encore fait.


— Bon, une bonne chose de faite ! fit Shin.


— Après, fit Grunlek en mitraillant Shin du regard, s'il y a un loup empaillé, à côté, il y aura un Elyren empaillé !


— C'est vrai, approuva B.O.B. Après tout, la taxidermie sur les humains, c'est pas quelque chose dont on n'a jamais entendu parler. Détail : où se trouve le magasin de l'empailleur, en sortant d'ici ?


— De… Derrière la boucherie, à l'extérieur, dans le centre-ville.


— Est-ce qu'on peut prendre des indications ? demanda B.O.B.


— Moi, je prendrais un steak d'Eden, en passant, dit Shin.


— Et un Shin empaillé bientôt, aussi ! marmonna Grunlek.


Les aventuriers attachèrent solidement Elyren au lit, puis sortirent du manoir en repassant par le passage et en sortant par la porte en bois clairsemé. L'air frais de la nuit qui leur caressa la peau leur donna un sentiment de liberté jusque là inespéré. Mais cette félicité fut brutalement interrompue lorsqu'ils entendirent, au loin, un cri de loup. Un cri que Grunlek jurerait, il en était certain, être celui d'Eden !


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