Aventures : La Fanfiction - Saison 1
Épisode 30 : Le dernier rempart
Par Myfanwi
La situation était de plus en plus critique. La tentative désespérée d'Eden pour aider Shin avait aggravé le problème. La clé était encore plus éloignée et il allait être plus difficile de la récupérer cette fois. Grunlek, toujours en pleine course, put voir au loin sa louve sortir le demi-élémentaire de son piège… Et ne pas lâcher sa jambe, malgré les insultes de l'archer. Le nain eut un petit sourire, les relations entre ces deux-là s'amélioraient de jour en jour.
Brasier passa à toute vitesse devant lui, paniqué. Le cheval s'enfonça dans le tas d'araignées. Son hennissement de douleur ne tarda pas à revenir aux oreilles de son propriétaire un peu plus loin, qui sentit la connexion magique qu'il avait établi avec cesser immédiatement. Grunlek arriva près des toiles, constatant qu'il allait être difficile d'aider le chevalier, lui aussi en mauvaise posture.
Au centre de la clairière, Théo évita lui de justesse une attaque d'araignée, qu'il repoussa d'un grand coup de bouclier. Il recula en marche arrière, pour couvrir Balthazar et Grunlek, non loin de lui. Bragg, effrayé, ne le quittait pas d'une semelle, ayant bien compris que cette grosse brute épaisse de paladin pouvait faire un formidable bouclier humain en cas de problèmes. Le groupe était presque réuni autour des toiles retenant le chevalier prisonnier. Il allait maintenant falloir maintenir leurs positions sans se faire tuer, une tâche d'une importance primordiale.
— Bon, écoutez-moi, j'ai un plan, lâcha rapidement Théo. Bob, tu brûles les fils qui retiennent la gonzesse prisonnière. Pour éviter qu'elle prenne feu, Shin l'arrose par-derrière.
— Ou alors je gèle la toile et elle se brise d'elle-même, répondit l'archer, en dégageant enfin sa jambe de la gueule d'Eden.
— Évite de la geler, poursuivit Balthazar, en pointant la guerrière. Il faudrait pas lui péter un bras.
Bob, en s'accroupissant, put voir de nouvelles araignées converger vers eux. Il serra les dents, avant de trottiner vers la porte, Bragg sur les talons. L'intendant aurait bien aimé se rendre utile, mais les aventuriers eux-mêmes ne semblaient pas savoir ce qu'ils étaient en train de faire. En voyant d'autres bestioles arriver vers eux, le chef de la Vieille Tour tira frénétiquement la manche du mage.
— Il y en a qui arrivent là ! Et là ! On va mourir !
Balthazar tenta de créer un grand arc de cercle pour les protéger, mais les plaintes de Bragg le déconcentrèrent et il n'arriva pas à se concentrer suffisamment pour faire bouger le feu dans la bonne direction. Derrière lui, Shin mettait son plan en action. Il posa ses deux mains sur la toile et la cristallisa. Elle devient rapidement blanche et aussi fragile que du verre. Un simple coup pourrait la briser désormais.
Grunlek, montant la garde, constata rapidement que d'autres grosses araignées approchaient. Il allait falloir faire vite. Les arbres, les buissons grouillaient de bestioles, si bien qu'il était impossible de les dissocier. Tout n'était qu'araignée. Il donna un grand coup dans la toile pour attraper le chevalier. Cependant, trop embourbé dans les toiles, il ne réussit pas à le dégager. Mais ses mouvements permirent tout de même de dévoiler un passage dans les fils pour récupérer la clé. Le nain lâcha la guerrière pour saisir le petit objet métallique, source de tous leurs problèmes.
C'est alors que Théo fut pris d'un éclair d'héroïsme.
— Je vais la chercher. Je suis un paladin, je ne peux pas laisser des innocents mourir.
— Parce que c'est pas toi qui la tues ? le taquina Balthazar, en riant sarcastiquement.
— On va bien finir par la sauver, lâcha Grunlek.
— Nan, mais cherchez pas, c'est peut-être son destin de mourir… Euh, nan, j'ai rien dit, ajouta-t-il précipitamment en croisant le regard de la guerrière.
Théo tenta d'atteindre la guerrière, mais son épaisse armure empêchait la fluidité de ses mouvements. De plus, le feu rongeait de plus en plus la toile, et commença même à lécher l'armure de la guerrière, qui se mit à gémir, de douleur et de peur. Elle allait finir carbonisée parce que des abrutis se prenant pour des aventuriers n'avaient jamais lu un livre de codes de chevalerie de toute leur vie. Bob finit par réagir devant leur incompétence, faisant reculer les flammes pour laisser une plus grande marge de manœuvre à Shin, toujours en train de geler la toile. Il étendit ensuite le feu dans un arc de cercle autour du groupe se battant avec la toile, se mettant lui en danger face aux araignées progressant de l'autre côté.
Shin finit de geler la toile, permettant à la guerrière de se libérer d'elle-même. Dangereusement au-dessus du vide, un soutien physique n'était pas de refus. Grunlek montra la clé à l'archer, avec un petit sourire narquois, le faisant rougir, vexé, alors qu'il venait quand même de sauver quelqu'un.
— La clé ! hurla Bob. Vite !
Grunlek accourut et rentra le bout de métal dans l'orifice prévu à cet effet. Un long cliquetis métallique résonna dans l'épaisse porte, et l'ouverture finit par se produire. L'intendant Bragg et Balthazar s'engouffrèrent dans le passage les premiers, en bons lâches qu'ils étaient, laissant les autres se débrouiller derrière avec la guerrière. Shin tira la jeune femme hors de la toile et la poussa sans ménagement vers la porte, Grunlek les suivant de très près. Seul Théo resta en arrière, bien caché derrière son bouclier, pour dissuader les bestioles de les suivre, d'une manière ou d'une autre.
— Vous ne passerez pas ! hurla-t-il d'un ton vaillant, lui faisant ainsi perdre de précieuses secondes.
On peut dire que cette phrase eut l'exact effet inverse. Théo put voir plusieurs arachnides remuer du fessier. Elles prenaient de l'élan pour lui bondir dessus. Sa parade serait décisive. Deux araignées lancèrent l'assaut. Il leva son bouclier le plus haut possible. L'arachnide s'écrasa dessus, mais lui arracha aussi le bouclier des mains, le laissant à découvert. Grunlek et Shin le tirèrent en arrière, et la porte se referma. Théo, bouche bée, se releva d'un coup et se jeta contre la grille.
— Rendez-moi mon bouclier bande de saloperies ! Je l'ai payé vachement cher en plus !
Théo se tourna vers la guerrière, occupée à vérifier qu'elle allait bien. Il avança d'un pas mécanique vers elle et lui arracha son bouclier des mains.
— Donne-moi ça. T'es trop faible pour t'en servir.
C'était un bouclier plus petit, moins épais et beaucoup plus moche, qui ne remplacerait jamais le sien dans son cœur. Mais c'était déjà ça. Et puis c'était pour couvrir son cul qu'il avait perdu le sien, alors elle n'avait rien à dire. La jeune femme, blasée, n'opposa même pas résistance. De l'autre côté de la grande porte, des cris et des bruits de pattes pouvaient encore se faire entendre. Un long frisson parcourut l'échine du groupe, qui décida de se mettre en marche, loin de cet enfer.
Bob fut le premier à entendre des cris humains, un peu plus loin devant lui, légèrement paniqués. Le mage poussa un soupir. Cette journée commençait sérieusement à s'éterniser, il avait envie d'aller se coucher et de manger un gros rôti de lapin dans le coin d'une taverne paysanne. Grunlek lui tapota gentiment le dos.
— On n’a pas trop le choix. Courage.
L'érudit aurait bien engueulé Bragg pour son incompétence, mais le regard vide et apeuré de l'intendant l'avertit que ça ne servait à rien. Et puis il fallait dire que, si Shin n'avait pas provoqué les araignées, tout ce qu'il s'était passé plutôt ne serait certainement pas arrivé.
Le groupe se mit en marche au pas de course, et déboucha bientôt dans un long couloir rocailleux. La jeune femme en profita pour se présenter. Elle se nommait Stella, paladine de la Cité des Merveilles. Elle était en train de surveiller la porte quand les araignées avaient surgi de nulle part, la piégeant alors qu'elle tentait de se replier. Elle leur expliqua aussi qu'elle avait été prise en traître par un homme avec une rapière, qui avait provoqué une espèce d'explosion à ses pieds, sans qu'elle n'en connaisse l'origine. Elle avait sombré dans l'inconscience et s'était réveillée ensaucissonnée dans la toile, d'où elle avait pu voir le nombre d'araignées grandir, attirées par la Cité.
Deux gardes se trouvaient devant eux, à priori des mercenaires, vu leurs tenues plus guerrières que celles portées habituellement par des sentinelles. Ils semblaient terrorisés et ne remarquèrent même pas leur présence. Les bruits d'araignées tout proches se mêlèrent rapidement à quelque chose d'inédit. Une grande impulsion psychique traversa le couloir, saisissant le groupe aux tripes. Les aventuriers, secoués, manquèrent même de lâcher leur équipement. Eden sembla elle aussi touchée par la pulsation, se recroquevillant en couinant. Le bras du nain vibra, et il craint de nouveau d'en perdre le contrôle, alors que des mécanismes s'activaient à l'intérieur de celui-ci.
Les deux mercenaires, décontenancés, se mirent dos à dos, pointant le groupe de leurs armes. Ils ignoraient s'ils étaient des alliés ou des ennemis, et leur nervosité ne tarderait sans doute pas à provoquer un accident. Les aventuriers n'y prirent même pas garde. Bob lança vaguement un « Qu'est-ce qui se passe ici ? », alors que Théo et Grunlek partaient déjà loin devant.
— Je… Je ne sais pas, bégaya un des gardes. On a vu des hommes passer, ils… ils maîtrisaient des choses. Ils sont dans la salle avec le… le puits de symbiose, le puits d'énergie et…
— Combien ?! hurla Bob, pour les faire parler plus vite.
— Je.. Je sais pas, j'en ai vu un ou deux… Non, deux, je crois, je sais pas, je sais plus. Et puis il y a des bruits de métal et des choses qui se produisent à l'intérieur.
— Qu'est-ce qu'il y a dans cette salle ? Qu'est-ce qu'ils foutent ?
— Je sais pas ! On a pas voulu y aller ! Et… Et cette impulsion psychique obsédante… Nous, nous on est juste là pour travailler, pour… pour protéger notre patron qui est derrière dans la pièce. Nous, on a rien…
— Qu'est-ce qu'il y a dans cette salle ?! répéta Bob, en le secouant.
— Il y a un puits d'énergie dans cette salle et puis ils sont en train de faire des choses, je ne sais pas quoi !
Théo revint sur ses pas.
— Tu tireras rien de lui. Qu'ils prennent plutôt l'autre glandue de paladine là, qu'ils s'enferment dans la salle et qu'ils se mettent en sécurité, on se débrouillera.
— Faites ça, enchaîna Bob. Enfermez-vous et n'ouvrez sous aucun prétexte, jusqu'à ce que les choses se calment.
Les deux mercenaires obéirent, Théo tira Bob à sa suite pour rejoindre les autres, un peu plus loin. Le paladin prit la tête du groupe et emprunta le passage en face de lui, menant vers la fameuse salle où se trouvait le puits d'énergie. Un mauvais pressentiment le prit directement aux tripes en rentrant dans la pièce et il ralentit l'allure. Au centre de la pièce se trouvait une grande ouverture, au sol, une flaque abyssale, laissant s'échapper de l'énergie. Une sphère étrange l'entourait, pulsant comme si elle était vivante, alors que des vagues de condensation s'engouffraient à l'intérieur de celle-ci.
Derrière ce puits, vêtu de sombre, debout sur une partie rocheuse légèrement surélevée se tenait un homme. Il avait des cheveux longs, noirs, et le regard perdu dans le paysage déformé par la magie. Théo put aussi remarquer, sous sa cape, de longues chaînes noires, rampant au sol, trouvant leur source en haut d'escaliers, dans le fond.
Le paladin fit un pas en avant. Une pulsation sembla émaner du lieu, rendant son pas hésitant. C'était comme si toute la montagne dans laquelle est enfouie la Cité des Merveilles était entrée en résonance, comme si elle vivait ce qui était en train de se produire.