Aventures : La Fanfiction - Saison 1
Chapitre 32 : Circonstances aggravantes
1966 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 14/10/2025 11:05
Épisode 32 : Circonstances aggravantes
Par Myfanwi
Théo et Grunlek s'engagèrent dans l'escalier menant à l'étage supérieur sous les regards inquiets de Balthazar et Bragg. Le mage leur murmura de se dépêcher, voulant vite en finir. De son côté, Shin, penché légèrement au-dessus du puits, plissa les yeux. Quelque chose était en train de remonter, ce qui ne lui disait rien qui vaille.
Bob, qui s'était tourné vers lui, remarqua quelque chose d'osseux entourer la jambe de l'archer. Il s'apprêtait à lui hurler de reculer quand la chose le tira dans le puits d'un mouvement sec, sans que le malheureux ne puisse réagir. Seul son cri de surprise et de détresse leur parvint aux oreilles alors qu'il se retrouva propulsé dans le trou sans fond.
Une patte se posa sur le bord du puits, puis une seconde. Une créature se dressa doucement hors du précipice, mi-araignée, mi-homme à la rapière. La partie humaine était bien amochée, signe que les aventuriers avaient quand même réussi leur coup, mais aussi, plus surprenant, recouverte de gemmes de pouvoirs. Certaines semblaient endommagées, d'autres au contraire toujours actives. Il avançait vers Bob et Bragg, en parlant d'une voix d'outre-tombe :
— Qui croyez-vous...
— TA GUEULE ET CRÈVE !
Bob lâcha l'enfer sur terre devant lui sans réfléchir, en hurlant comme un fou, pendant plusieurs secondes. Quand il relâcha son sort, épuisé, il se rendit compte que le feu n'avait même pas effleuré sa cible. Il en resta bouche bée.
— Ah bon ? grogna le monstre, mauvais.
En entendant le bazar dans la salle principale, Théo et Grunlek redescendirent immédiatement pour venir en aide à leurs compagnons. À cette cacophonie vint s'ajouter une nouvelle impulsion psychique, qui résonna dans la montagne, faisant vibrer chacune des parois de celle-ci. Les aventuriers sentirent un bout de leur psyché leur être violemment arracher, ce qui eut pour conséquence de les déconcentrer quelques précieuses secondes.
— Il faut que quelqu'un plonge dans le puits pour récupérer Shin ! beugla le paladin par-dessus le vacarme.
— Ouais, bonne idée, lui répondit le mage sur le même ton. Et après, on fait comment pour remonter, gros malin ?!
— Et puis vu comment le gars qu'on a envoyé dans le puits est ressorti… poursuivit Grunlek.
Tous s'imaginèrent un instant ce qu'ils feraient si Shin remontait avec des fesses d'araignées. Le pauvre, il ne pourrait plus jamais baiser, il fallait à tout prix le sortir de là. Il y eut un long silence.
— Donc on considère qu'il est mort ? lâcha Théo le plus naturellement du monde.
— Bah… Ça arrive, répondit Balthazar. Il va falloir qu'un élémentaire le reressuscite.
Grunlek pouffa derrière eux, nerveusement, tout en priant sur le fait qu'ils n'étaient pas sérieux. Allez savoir entre le paladin psychorigide et le mage mégalomane. Dans tous les cas, le problème était le même : un puits, un mutant et Shin tombé les dieux seuls savent où. Le nain chercha dans la pièce un mécanisme de défense pour fermer le puits, en se disant logiquement que Shin n'avait pas dû être le seul à tomber dans le vide. Théo envisagea lui un instant de balancer le demi-diable au-dessus du puits, mais l'intéressé, suspicieux, devina son plan et secoua vivement la tête.
— N'y pense même pas, espèce de trou du cul rouillé. On n'a pas le temps !
L'homme à la rapière les dévisageait pendant ce temps-là, se demandant si ses adversaires avaient oublié sa présence. Le mage, devant l'insistance de ses compagnons, finit par obtempérer, à la condition que ce soit Grunlek qui le tienne. Il avait plus confiance avec le nain qu'avec son potentiel futur bourreau, ce qui était fortement compréhensible. Théo fut chargé arbitrairement en conséquence de l'araignée à la rapière. Bragg, quant à lui, sourit simplement et s'éloigna de quelques pas en murmurant que c'était tous des tarés.
Ailleurs, au même moment, un demi-élémentaire d'eau chutait dans un puits sans fond en hurlant si fort qu'il se promit de se réincarner en chanteuse d'opéra dans sa future vie. Et pourtant, sa main rencontra quelque chose de solide. Il s'y accrocha fermement, c'était probablement ici sa dernière chance de survie, comme si le dieu du destin s'était finalement rendu compte que tuer ses meilleurs cobayes n'était pas la meilleure chose à faire. Il osa un regard vers le fond. Des créatures fantomatiques se mouvaient dans les ténèbres. Pire encore, elles grimpaient dans sa direction. Il serra les dents, il ne voulait pas devenir une demi-araignée élémentaire. Autre problème, il sentit soudainement tout sa psyché être aspirée. Ce puits pouvait être comparé à un vampire assoiffé, la moindre énergie était bonne pour le sustenter. Malheureusement pour l'archer, il était une source assez intéressante pour maintenir l'intérêt du trou sur lui. Un bruit dans les bas-fonds lui rappela le danger imminent qu'il courrait. Dans un geste désespéré, il puisa dans sa force vitale et bondit, propulsé par sa nature élémentaire. Il atterrit in extremis au rebord du puits qu'il agrippa fermement. De là où il était, il put clairement entendre la voix mélodieuse de Théo :
— Ramène-toi ici, espèce d'enculé ! Je vais te purifier ta gueule !
— Ah, tiens donc, répondit le mutant irrité. Le petit paladin se prend pour un bienfaiteur…
— Pas du tout, mais allons-y ! Qu'est-ce que tu vas faire ?
Balthazar s'écarta de quelques pas, profitant de la diversion. Il pointa le puits à Grunlek derrière pour lui faire comprendre de le rejoindre. L'araignée à la rapière se rua sur Théo, crochets en avant, pour lui asséner un méchant coup. Le guerrier leva vainement son bouclier, la patte de l'arachnide le traversa et vint se planter entre deux plaques de plates. Il poussa un hurlement de douleur.
Grunlek rejoignit le pyromage près du puits, ce dernier lui indiqua l'endroit idéal pour se placer.
— Bon, j'ai peu d'espoir pour Shin, lui confia le mage. Mais je peux encore aider. Tiens-moi au-dessus du puits, je vais me surcharger en psyché et brûler ce connard là-bas. Théo le tiendra pas longtemps.
L'ivresse de l'énergie sortant du puits leur fit un peu tourner la tête, mais ils tinrent bon et se mirent en position. Grunlek ferma sa prise sur la ceinture du mage, qui se pencha en avant en commençant à puiser la magie alentour, concentré. Mais notre demi-diable sentit soudainement son soutien lâcher. Il ferma un instant les yeux, priant pour avoir rêvé, mais il bascula en avant.
— Oh le con ! OH LE COOOOOOOOOoooooooooo....
Le bras de Grunlek avait frémi. Il savait très bien ce que ça signifiait. De peur que son bras s'ouvre en deux et mâche Bob comme il l'avait fait avec le garde de la Vieille Tour il y a quelques jours, il relâcha la pression, ne se rendant compte de son erreur qu'en voyant le mage disparaître dans le trou. Le nain, contrarié, vit les doigts de son bras de métal se tourner vers son visage, il en oublia de suite le demi-démon, comprenant que ce n'était pas bon signe du tout.
— Théo ! Au secours !
Le paladin, toujours aux prises avec l'homme à la rapière, ne l'entendit pas. Grunlek plaça son bras humain devant son bras mécanique par prévention. Il avait complètement perdu le contrôle, son membre agissait de lui-même. Une nouvelle impulsion psychique agita la montagne, ce qui finit par réveiller Théo. Il se rendit alors compte que Grunlek se battait avec son propre bras, que le mage avait disparu et que Bragg était en train de fuir vers l'étage. L'idée de se saisir de l'intendant pour le balancer sur le mutant lui traversa brièvement l'esprit. Foutu pour foutu…
— Eh ! Connard de traître ! beugla le guerrier à l'attention du fuyard.
Il essaya de se libérer pour le poursuivre, mais il n'y arriva pas.
— Grunlek ! Aide-moi !
— Je peux pas ! lui hurla le nain. Je suis coincé !
Cette seconde de déconcentration fut fatale au golem. Son bras mécanique repoussa sèchement son bras humain et l'un des doigts se planta dans son œil droit. Il poussa un cri horrible en s'effondrant sur le sol. Il se débattit, ou convulsa, il ne savait plus trop en tentant de repousser son bras mécanique sans sombrer dans l'inconscience. Il le savait, s'il s'endormait, il était mort.
Shin, accroché au bord du puits, tentait tant bien que mal de survivre. En tout cas, ça, c'était avant de voir Balthazar passer devant lui. Le mage lui frôla la joue.
— Je t'aimais.
Dans un réflexe, l'archer surpris essaya de le saisir sans succès. Le mage trouva un autre point d'appui beaucoup moins stable : la jambe du demi-élémentaire, qui sentit un poids s'ajouter sur le bas, compliquant relativement sa remontée.
— Bouge pas, grogna le mage, je remonte !
Sans aucune gêne, le demi-diable escalada l'élémentaire, qui se tortilla, chatouilleux. Le mage passa la tête au-dessus du rebord, assez pour voir Grunlek à terre, hurlant, le doigt planté dans son œil.
Le nain, paniqué, essaya de se calmer. Lentement, il retira le métal de son organisme. Le bras retomba au sol, sans vie. Du sang coulait le long de son visage et la douleur le lançait, mais, malgré tout, il se tourna vers Théo et l'homme à la rapière. Leur assaillant était couvert de gemmes de pouvoir, il fallait à tout prix le détruire. Il se tourna de l'autre côté, Eden était couchée dans un coin, tremblant comme une feuille. Les cris, l'agitation et les impulsions psychiques avaient eu raison de son courage.
L'homme à la rapière souleva le paladin empalé du sol et se tourna légèrement vers le puits. Théo comprit ce qu'il s'apprêtait à faire et se débattit de plus belle en hurlant de douleur et de colère. Le monstre n'y fit pas attention et le balança vers le puits. Le guerrier se rattrapa au bord par un coup de chance incroyable. Il s'apprêta à remonter quand il entendit :
— Ah putain ! Une seconde échelle, tout ce qu'il me fallait !
Le paladin sentit les chaussures à talons de Bob s'enfoncer dans sa blessure alors que le mage l'escaladait sans aucune considération. Théo, agacé, le laissa faire, et sentit une deuxième main lui agripper la cheville. Shin emprunta le même chemin que son prédécesseur, s'excusant à chaque centimètre grimpé.
Les trois aventuriers se retrouvèrent bientôt près de Grunlek, en rang. Ils avaient tous survécu, mais pour combien de temps encore ? L'inquisiteur en Théo, surpris par l'énergie du puits, se sentit soudainement plus en confiance. Le bras du nain se réactiva lui aussi, l'inquiétant quelque peu. Shin et Bob résistèrent à l'ivresse pour le moment, épuisé par leur récente escalade.
À ce tableau de héros atypiques vint s'ajouter Eden, qui, sentant son maître baisser les bras s'approcha de lui. Ses poils se hérissèrent et elle poussa un grondement sourd vers leur assaillant. Mais dans son regard, Grunlek put lire quelque chose qu'il lui manquait actuellement : de l'espoir. Après tout, vu la situation, c'était la dernière chose à laquelle ils pouvaient se raccrocher. Le combat ne faisait que commencer.