Aventures : La Fanfiction - Saison 2

Chapitre 10 : La stratégie de l'échec !

3646 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/12/2025 18:34

Épisode 10 : La stratégie de l'échec !

Par Millena Tilleul


Les aventuriers étaient, pour parler très franchement, faits comme des rats.


Toujours recroquevillés dans le peu d'espace situé dans l'angle mort des deux arbalétriers, et même si ces derniers ne semblaient pas particulièrement dégourdis, nos quatre héros, ainsi que Bragg et Arcana, se concertaient du regard, incertains de la stratégie à adopter.


Viktor, quant à lui, exposé aux tirs qu'il était, semblait croire que la providence divine de la Lumière était à l'œuvre : aucun carreau ne l'avait encore touché, et, étant donné sa situation précaire, c'était effectivement un miracle.


Sauter dans le puits et s'enfuir par les souterrains semblait être la meilleure option, au final, mais ils ne disposaient pas de beaucoup de temps ni de beaucoup de marge de manœuvre. Alors que Théo, Grunlek, Shin et Bob débattaient encore du plan via leur connexion mentale, le pyromage suggéra une solution :


— Je me demande, proposa-t-il à ses compagnons, si je pourrais tester une diversion, histoire de nous donner, certes quelques secondes, moins de dix secondes peut-être, mais, pour nous, ça posera aucun souci, mais suffisamment de temps pour que Théo, Shin et Viktor puissent courir et plonger dans le trou tête la première, comme ça, sans réfléchir. Enfin, oui, peut être pas en plongeant, parce que, sinon vous allez crever, mais…


— Shin a quand même un mauvais souvenir des puits, railla le paladin de la Lumière, toujours mentalement.


— Bah écoute, il faudra que tu le traînes, mon grand ! répliqua le demi-diable d'un ton fataliste et en haussant les épaules.


— C'est très ironique qu'un puits arrive à me sauver, philosopha l'archer du groupe, ce qui fit pouffer de rire ses trois amis.


— Mais du coup, reprit Bob après cette interruption. J'aimerais tenter une diversion à la con, je sais pas si ça va marcher, mais plutôt que de lancer une boule de feu, parce que bon c'est pas une balle de tennis non plus, je vais tenter d'invoquer Brasier sur le pont, là-haut, de manière à ce que les arbalétriers bloquent psychologiquement pendant quelques secondes, en se disant : « Y'a un cheval. Pourquoi ? ». C'est con, mais bon, n'importe quel être humain, même le vétéran le plus endurci quand il y a un cheval enflammé bleu qui apparaît en face de toi tu te poses des questions, « Est-il agressif ? Est-ce un ennemi ? Un monstre ? ». Ils devraient au moins lui tirer dessus une fois pour voir…


— Peut-être, l'interrompit Théo autant pour l'avertir que pour couper court à ses digressions incessantes de mage. Peut-être que ça va distraire les péons, mais ça va certainement pas distraire leur boss !


— Oui, mais écoute : c'est toujours du temps pour vous pour courir ! se défendit le mage. Et pour l'instant, leur boss comme tu dis, il peut pas vous atteindre, c'est plutôt les arbalétriers que vous avez à craindre.


L'argumentation de Bob, bien que très longue, tenait parfaitement la route, en effet. Mais le paladin objecta une fois de plus :


— Il serait peut-être pertinent de penser que peut-être ton cheval a une âme, et qui, si tu l'envoies au casse-pipe en permanence, il va peut être t'en vouloir…


— Est-ce que c'est pertinent de dire que t'as une âme et que, si je t'envoie au casse-pipe, tu vas pas m'en vouloir ? répliqua le pyromage sans se démonter.


Les autres rirent franchement de voir leur ami chevalier se faire ainsi battre par le plus maigre et faible d'entre eux dans une joute verbale, mais il apparut vite que Théo n'avait strictement rien compris à ce que son compagnon venait de lui dire. De toute façon, il n'avait jamais été prouvé que le paladin-inquisiteur-tueur-destructeur-visiblement immortel qu'il était avait une âme, et, de cela, il fallait toujours se rappeler.


— Tu ne réponds pas à la question, lâcha ledit paladin d'un ton neutre, pas vraiment content de s'être fait moucher de la sorte.


— Et bah je m'en contrefous, parce que le cheval n'est qu'une invocation éthérée de mana ou de tout ce que tu veux, j'en réinvoquerais un autre.


Parfois, Bob pouvait faire des digressions interminables d'une intelligence et d'une profondeur inégalable et inégalée. Parfois, il pouvait aussi n'avoir aucun professionnalisme. Mais passons.


Peut être bien que s’il n'avait pas été dans une situation aussi urgente, il n'aurait pas tenté cette stratégie, par peur, justement, des risques faibles, mais existants, que son cheval magique lui en veuille. Mais, justement, la situation était loin d'être propice à la réflexion.


Le pyromage se concentra de toutes ses forces sur son invocation, rendue bien plus complexe par la distance. Son énergie magique s'accumula peu à peu au-dessus du pont, générant en l'espace de quelques secondes son fidèle destrier auréolé de flammes bleues, juste en face des arbalétriers médusés.


Le mage allait joyeusement se vanter de son échec, quand, tout à coup, un léger sifflement retentit, semblable à celui d'une arme qui fend l'air à une vitesse prodigieuse. Une fraction de seconde plus tard, alors que Bob cherchait encore à identifier ce que pouvait être précisément ce son, une explosion, de toute évidence d'origine magique, retentit au-dessus de sa tête, sur le pont. Levant immédiatement les yeux vers la source du bruit, il eut le temps d'apercevoir une poignée d'étincelles bleutées, à l'endroit précis où s'était tenu Brasier une seconde plus tôt.


Le sourire de Balthazar s'effaça instantanément. Quelqu'un venait, et il peinait à l'admettre, de nucléariser son cheval.


Aïe.


— Je propose de se casser, suggéra mentalement Théo à ses compagnons.


Les autres se regardèrent, sceptiques, mais ils n'eurent pas vraiment le loisir de réfléchir plus que ça. À peine quelques secondes après que le pauvre cheval magique eût été proprement réduit en poussière, une voix résonna dans la caverne, une voix d'outre-tombe qui fit frissonner d'angoisse tous les aventuriers :


— Vous êtes les prochains.


Un instant de silence, tant physique que mental, où tout le monde se regarda sans trop savoir quoi faire, jusqu'à ce que l'inquisiteur propose encore une fois une solution si invraisemblable qu'elle passait pour une blague :


— Invoque plein de chevaux ! lança-t-il à Bob, qui essayait encore d'admettre que tout ce qui venait de se passer était réel.


Sa remarque, à défaut d'être intelligente, parvint à détendre considérablement l'atmosphère, arrachant un sourire à tous les aventuriers. Mais ils durent rapidement reprendre leur sérieux pour analyser au mieux la situation, qui devenait de plus en plus insoluble.


Le pyromage réfléchissait à la vitesse de l'éclair. En théorie, ils avaient gagné un peu de temps avant que les arbalétriers et ce sale type ne puissent les attaquer à nouveau.


Mais ils devaient avoir perdu trop de temps à s'étonner de la « mort » du cheval, car le sifflement caractéristique d'un carreau d'arbalète siffla deux fois à leurs oreilles. Non loin d'eux, un léger cri retentit. Visiblement, Arcana venait de se faire toucher par un carreau, mais, serrant les dents, elle continuait toujours et encore de protéger Bragg et de le pousser vers un endroit plus abrité. Les quatre hommes en furent d'abord surpris, mais, en réalité, aucun des projectiles ne l'avait vraiment blessé, l'un d'eux s'était fiché dans son armure, l'autre lui avait vaguement éraflé le flanc. Mais tout de même, une telle preuve de fidélité restait très rare, surtout quand on savait que l'intendant était mourant.


— Elle ne peut pas rester comme ça, il faut qu'elle coure ! fit Théo à ses compagnons par télépathie.


— Ouais, approuvèrent d'une même voix Shin et Grunlek.


— Le problème c'est que Bragg ne peut pas courir, continua le paladin en grimaçant.


— Elle l'abandonnera pas, ajouta le nain d'un air sombre.


— Elle l'abandonnera pas, confirma le mage avec un soupir. Écoute, elle a choisi son destin…


Il y eut un court moment de silence dans les esprits des aventuriers, puis ils partirent d'un bon éclat de rire, silencieux bien sûr pour ne pas signaler leur présence à leurs ennemis. Mais encore une fois, le temps leur était compté, donc ils reprirent tous les quatre leur sérieux et se concentrèrent à nouveau sur leur priorité : s'échapper de cet endroit.


— Il y a deux choses que je pourrais faire, proposa mentalement Shin, qui, depuis un moment déjà réfléchissait silencieusement. Je pourrais générer une épaisse brume, de manière à bloquer la vue…


— Bonne idée ! approuvèrent instantanément les autres.


— Ou alors, poursuivit l'archer, qui voulait absolument avoir l'avis de ses amis sur sa seconde idée. Je pourrais invoquer mon familier, mon nouveau pouvoir, pour servir de leurre ! À supposer que je puisse lui faire émettre des sons…


— Non, fais pas ça ! répliqua Bob. T'as bien vu ce qui est arrivé à mon cheval !


— Et l'idée de la brume était bien meilleure, compléta Théo.


L'archer fit la moue, mais finit par se rendre à l'évidence : même s’il avait pu faire parler son tout nouveau familier, il n'aurait jamais pu le créer assez loin pour avoir la diversion qu'il souhaitait. De plus, comme le disaient ses camarades, l'idée de créer de la brume semblait bien plus adaptée à la situation. Dommage, il aurait bien voulu voir comment la petite créature se débrouillait concrètement, mais bon, il allait devoir encore attendre un peu visiblement.


Le demi-élémentaire soupira donc légèrement, et commença à se concentrer sur l'eau environnante afin de la transformer en vapeur. Comme l'avait souligné Bob, le fait de se trouver sous terre, et près d'un cours d'eau de surcroît, aidait beaucoup à la création de ce genre de phénomènes naturels. Puisant dans sa nature magique toute l'énergie nécessaire, Shin transforma peu à peu l'eau environnante en une épaisse chape de brume qui vint flotter au-dessus de leurs têtes. La vue des arbalétriers était entièrement obstruée par cette imposante quantité de vapeur opaque, ce qui laissait à nos héros tout le temps nécessaire pour atteindre le fameux puits, seule échappatoire possible.


Contre toute attente, le pyromage insista avec énergie pour passer le dernier. C'était plutôt illogique, quand on voyait son manque cruel de force physique et son absence flagrante d'armure, deux choses qui lui auraient éventuellement permis de supporter un carreau d'arbalète dans le dos.


— Ah non ! objecta Grunlek. Je ne descendrais pas tant que tu ne l'auras pas fait !


— Mais si, vas-y putain, j'ai un plan ! répliqua le mage par télépathie en faisant de grands gestes avec les mains. Dépêche-toi, sinon je vais te mettre le feu à nouveau !


Le nain grimaça, mais abandonna toute résistance quand Balthazar le menaça de le pousser dans le puits s'il ne coopérait pas. Sans doute qu'avec la musculature de brindille qu'il possédait, il aurait eu du mal à mettre lesdites menaces à exécution, mais passons.


Les premiers à sauter à l'intérieur furent Arcana et Bragg, blessés et bien pressés de sauver leurs peaux. Viktor les suivit de près.


Puis Shin s'approcha du puits avec une légère appréhension, regarda en bas et… se figea instantanément. Sa vieille peur lui revenait, l'empêchant d'avancer. Il ne voulait pas y aller, il ne pouvait juste pas.


Théo et Grunlek échangèrent un regard, puis chacun passa d'un côté de l'archer et l'aida de son mieux à descendre au fond de la cavité, le nain utilisant même son bras mécanique pour rendre la chose plus efficace encore. Ils arrivèrent donc en bas sans encombre, et se pressèrent dans le passage qui menait vers la rivière souterraine et ce qu'ils espéraient être la liberté, tandis que Bob, de son côté, se dépêchait de descendre à son tour, pressé par les bruits des carreaux d'arbalète qui fusaient de tous côtés et par le claquement des bottes sur la pierre.


Le mage se laissa tomber au sol, puis recula d'un pas. Alors qu'il observait rapidement les alentours, il entendit le bruit d'une lourde masse qui atterrissait non loin de là. Le chef de leurs ennemis avait dû sauter du pont pour les rejoindre. Il jura entre ses dents, intima à ses compagnons de se hâter, puis se concentra intensément sur sa magie, bien déterminé à mettre le feu à tout ce qui pouvait brûler dans la zone, n'importe quoi qui pourrait ralentir la progression de leurs ennemis.


En quelques secondes à peine, il parvint à générer un impressionnant tourbillon de flammes dans tout l'intérieur du puits, grimaçant légèrement à cause de la chaleur et de son brusque affaiblissement en psy. Après ce sort, il ne pourrait plus rien faire, si ce n'est regarder les autres se battre. Le pyromancien recula légèrement, prenant un instant pour admirer son œuvre. La tornade enflammée remontait en rugissant vers la surface, brûlant absolument tout ce qu'il y avait d'inflammable entre les pierres du puits. Satisfait, il s'apprêtait à tourner les talons et à fuir avec les autres, mais quelque chose d'étrange attira son attention. Bob tourna à nouveau son regard vers le début d'incendie qu'il avait créé et qui tournoyait toujours.


Un bras. Un long bras nu à la musculature impressionnante avait plongé dans la tempête de feu et de chaleur. C'était en soi quelque chose d'impossible, rien d'humain n'aurait pu entrer dans une telle fournaise sans être carbonisé sur place, non ? Le mage ne chercha pas la réponse, préférant de loin ne pas la connaître.


Le bras était armé d'une hache presque aussi impressionnante que la résistance à la brûlure de son porteur. Au centre de l'arme était sculpté un œil, si visiblement magique que Balthazar se demanda sincèrement ce qu'il faisait encore là, alors qu'il aurait déjà dû s'enfuir à toutes jambes et prévenir ses amis que le danger approchait. Il n'eut pas vraiment le temps de se focaliser sur l'apparence de la hache — qui soit dit en passant semblait de très bonne facture —, trop occupé à regarder, bouche bée, les flammes se faire aspirer par elle dans un grand bruit de succion.


— Oh merde, courez ! fut la réaction immédiate du mage quand il vit cela.


Sage initiative. Il se retournait déjà quand il entendit, au dessus de lui, la voix d'outre-tombe du porteur de la hache qui disait :


— Oh oui…


Ce n'était pas le moment de rêvasser. Bob se mit à courir derrière ses amis, n'essayant même pas de leur expliquer la situation. Ça serait une trop grosse perte de temps.


Grunlek, qui en avait assez entendu pour comprendre qu'ils étaient poursuivis, suggéra de faire s'effondrer le tunnel, ce à quoi son ami mage lui répliqua de courir, et les autres lui firent remarquer qu'il ne pourrait sans doute pas contrôler les potentielles chutes de pierres. Cette idée arrêterait certainement leur ennemi, ça, c'était certain, mais elle les tuerait aussi par la même occasion. La proposition fut donc abandonnée au profit d'une autre stratégie bien plus classique, mais tout aussi efficace : la fuite pure et simple.


Arcana fut la première à sauter dans la rivière, soutenant Bragg. Elle fut immédiatement suivie par le reste des aventuriers, Bob fermant toujours la marche.


Se retournant brièvement dans sa fuite, le pyromancien vit la silhouette d'un homme grand et musculeux, pourtant deux haches reliées entre elles par une lourde chaîne. Cette dernière partie était rouge, incandescente, et rappela douloureusement au mage les flammes qui avaient été absorbées plus tôt.


L'homme lui-même était aussi, voire plus, effrayant que ses armes. Ses yeux étaient presque entièrement rouges, deux flammes luisant au milieu de son visage déformé par son sourire presque malsain.


« Et merde », pensa Bob juste avant de plonger dans l'eau glacée à la suite de ses compagnons.


Le courant était fort, très fort, et emportait inexorablement les aventuriers vers l'avant sans qu'ils puissent résister. Ils se débattaient comme ils pouvaient pour garder la tête hors de l'eau, toussant et suffocant. Arcana faisait de son mieux pour soutenir Bragg, qui était au bord de l'inconscience. En bref, tout le monde essayait de son mieux de ne pas se noyer.


Alors que la rivière les entraînait vers l'avant, ils aperçurent avec effroi un large tourbillon, qui à n'en pas douter, les entraînerait au fond, ou les enverrait s'écraser contre les rochers environnants.


Paniqués, les aventuriers commencèrent à regarder de tous côtés, à la recherche d'une solution miracle à tous leurs problèmes. Bob, dans l'élément qu'il aimait le moins, dans des conditions non adaptées à un maigrichon sans force comme lui, cela ajouté au fait que le sort précédent l'avait vidé de sa magie, perdit immédiatement la connexion mentale avec ses compagnons, qui le regardèrent un instant, perdus.


Le mage parvint tout de même à se calmer, et à réfléchir à la meilleure façon de résister au courant. Il finit donc par s'allonger sur le dos, les jambes vers l'avant, et son bâton tenu fermement à l'horizontale en travers de son torse. Il espérait également que sa robe, retenant de l'air, lui permettrait de flotter un peu mieux. Malheureusement pour lui, sa tentative de limiter la casse avait beau être intelligente, le courant était trop violent, et il se trouva très rapidement emporté, ballotté de tous côtés, se cognant contre les rochers. Un coup plus violent que les autres le sonna, et le propulsa dans une direction qu'il n'arrivait pas à déterminer, tant il avait perdu tous ses repères.


Aracana parvint à tirer Bragg jusqu'au rocher. Viktor n'eut pas la même chance, et fut, comme le mage, ballotté par le courant, projeté contre les parois, et transporté vers le tourbillon.


Shin avait assisté à la scène avec sur le visage un savant mélange d'effarement et de panique. Il savait que peu importe comment cette situation tournerait, il s'en sortirait, étant dans son élément de prédilection et ses pouvoirs seraient forcément plus puissants dans l'eau. Mais ses amis risquaient, eux, de perdre la vie, noyés dans le tourbillon ou la nuque brisée contre un rocher.


— Bon, je vais peut être d'abord essayer de me mettre moi-même en sûreté, avant de tenter d'aider les autres » pensa l'archer. Malchanceux comme il était, il risquait encore de se rater s’il ne procédait pas par étapes.


Il évalua la situation, puis décida d'utiliser ses pouvoirs afin de marcher sur l'eau. Impressionnant, classe et efficace, tout ce qu'il lui fallait. Le demi-élémentaire se concentra de toutes ses forces et… ne parvint pas à se redresser.


Le destin lui en voulait vraiment, là, c'était certain, un tel degré de malchance n'était pas naturel. Shin tomba à la renverse en lançant un impressionnant chapelet de jurons. Voilà, maintenant, il était vraiment de mauvaise humeur.


L'archer, une fois immergé, reprit rapidement le contrôle, et commença à nager. Au moins il s'en sortait toujours mieux que ce pauvre Bob. Il nagea avec énergie en direction du rocher auquel Arcana se tenait.


Pendant que ses amis se débattaient plus ou moins efficacement pour survivre, Grunlek analysait son environnement proche pour déterminer l'endroit où il pourrait le plus facilement s'accrocher avec son bras-grappin. Il dut cependant mal évaluer les distances au moment de lancer, car son tir rata, et il se retrouva, comme les autres, à se débattre avec les éléments, maudissant sa petite taille et se cognant contre les obstacles sur sa trajectoire.


Ne restait au final plus que Théo, qui faisait face au problème inverse de celui de ses amis. Tandis qu'eux n'arrivaient pas à se maintenir en place et étaient emportés et malmenés par le courant trop fort pour eux, l'inquisiteur, lui, coulait comme une pierre, incapable de se déplacer à cause du poids de son imposante armure de plate. Il restait donc sur place, retenant le plus longtemps possible sa respiration. Il tenta bien d'utiliser ses pouvoirs pour s'empêcher de se noyer, mais les prémices de la suffocation l'en empêchèrent. Il resta donc là, pendant que l'air dans ses poumons se raréfiait, tentant vainement de se déplacer, mais y parvenant à peine, à la fois incapable de remonter et en même temps transporté, lentement mais sûrement, par le courant de la rivière.


Alors qu'ils se retournaient du mieux possible pour voir comment leur compagnon en armure se portait, Shin et Grunlek furent frappés par quelque chose d'étrange, quelque chose qu'ils n'avaient jamais vu auparavant et dont Théo ne semblait pas se rendre compte lui-même. Bob aussi l'aperçut, mais il était trop occupé à se maintenir en vie pour trop s'en préoccuper. Autour de l'inquisiteur qui suffoquait au fond de l'eau, dans la faible lumière dorée de son armure, il y avait une sorte d'aura, une ombre qui se superposait à sa silhouette. De cette vision particulièrement inquiétante sortaient quelques émanations fantomatiques qui tentaient de sortir, de s'agripper aux alentours.


Mais alors qu'ils tentaient de déterminer de quoi il pouvait bien s'agir, la silhouette aux allures spectrales disparut soudainement.


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