L'Ombre aspirant la lumière (M version)

Chapitre 3 : Quand la lumière semble aspirer l'ombre (M version)

2924 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/07/2020 11:02

 3.

Un soupir me réveille. Jack me regarde.


- Tu es réveillé ! Comment te sens-tu ?

- Un peu faible mais ça aurait pu être pire.


Je me redresse et sors du lit pour aller prendre un verre d'eau dans la salle de bain. Je lui tends. Ses doigts touchent les miens en le prenant. Une décharge électrique parcours mon bras.


- Je vais prévenir Tony.

- Oui vas y.


Je sors ma tête de la porte. Tony est droit comme un I et attendant.


- Il s'est réveillé.

- Bien. Merci Madame. Si vous voulez quoi que se soit je reste ici.

- Merci.


Je referme la porte. Jack est redressé sur ses coudes.


- Qu'est ce que tu fiches dans cette tenue ?


Je regarde mon corps. Je suis toujours en déshabillé. Je l'avais complètement oublié !


- Tu ne m'as pas vraiment laissé le choix !

- Regarde dans la commode. J'ai des grands pulls.


Je vais fouiller et sors un pull gris que j'enfile. Il me tombe jusqu'aux genoux. C'est bien mieux. Je le remercie. Il tente de se lever mais n'y arrive pas. J'accoure pour l'aider. La poche de sang est vide. Il retire en un coup sec l'aiguille.


- Fait attention Jack !


Il ne dit rien mais pousse un petit grognement de mécontentement.


- Je veux me doucher. Et changer de tenue.

- Je vais t'aider. Prend ma main.


Il s'agrippe à moi et je le guide jusque devant la grande douche à l'italienne. Il s'assoit sur une petite chaise. J'entreprends de le déshabiller. Son costume est maculé de sang. Je lui retire sans peine sa veste de costume. J'arrive à déboutonner facilement sa chemise aux motifs vert et jaune. Il grogne légèrement quand la manche de son épaule meurtri glisse vers le sol.

Quand il est en tenue d'Adam, je retire mon pull pour ne pas le mouiller. Jack glisse dans le fond de la douche. Je viens régler l'eau et je l'aide.

Il me fixe. De son bras valide, le blessé m'attire dans la cabine.


- Je t'ai sali. J'en suis désolé.

- Jack je vais être trempée !


Je me retrouve sous l'eau avec lui dans mon déshabillé qui en aura vu des vertes et de pas mûres aujourd'hui. L'eau est comme je l'aime : chaude. Jack me dévore du regard. Je crois que nos galipettes de la veille ont réveillé une partie de lui éteinte depuis un moment.


- « Je vais te savonner. Avec ta blessure tu vas devoir te ménager un temps.

- Je veux bien si tu restes avec moi le temps que je me remette.

- Je ne vais pas pouvoir rester tous les jours. J'ai un travail mais je viendrais dès que je pourrais.

- Arrête de travailler. Reste avec moi. Avec notre butin de ce matin, j'ai de quoi t'aider financièrement.


Sa proposition devrait me faire peur plus que plaisir. Pourtant... Pourtant je n'ai pas peur. Je ne me sens pas prise au piège. Je me sens bien. Je me sens à ma place.


- Jack... Je suis vraiment touchée que tu me le proposes mais j'aime mon travail.

- Je pourrais te l'ordonner.

- Tu pourrais. Mais tu ne prendrais pas se risque. N'est ce pas ?

- Je n'ai pas encore décidé.


Il reste perdu dans son esprit pendant que je le lave. Je me doute que mon refus doit créer des sentiments qui peuvent à tout moment le faire virer dans une colère noire. Il vaut mieux pour moi ne rien dire et continuer mes mouvements. Quand mes mains viennent masser son cuir chevelu, le sens se détendre. Ses muscles se décontractent et il se laisse tomber davantage sur moi. Il est brûlant.


- Hmmmm. Ce que c'est agréable... dit-il de sa voix rauque.

- Tu as de beaux cheveux quand ils sont aux naturels.

- Tu n'aime pas le vert ?

- Si mais à petite dose.

- J'aime le vert et le violet.

- J'ai cru le comprendre.


Quand il est enfin propre, je lui donne la main pour l'aider à se lever mais il me fait plier à genoux, face à lui. Ses yeux avalent mon âme et d'une voix glaciale, nasillarde, sa voix de Joker, me dit : « Accepte ma proposition ».

Je crois comprendre que je n'ai pas le choix. Je hoche la tête pour lui répondre à l'affirmatif avant de lui dire : « Je n'irais pas travailler le temps que tu te remettes mais dès que tu iras mieux je reprendrais mon poste. Je vais appeler pour dire que je suis malade. »


- Je dois donc faire avec ton compromis ?

- Tout à fait. Je n'ai pas peur de toi.


Ma réponse semble le déstabiliser. Je ne pense pas que l'on lui ait tenu tête depuis un moment. Son regard n'est plus celui que je connais. Son regard est celui que j'ai vu dans les extraits vidéos de ses crimes. Mais je ne détourne pas les yeux. Ça serait admettre qu'il me fait peur et donc je me contredirais. Nous restons à nous toiser presque nez à nez jusqu'à ce qu'il me lâche en rigolant.


- Très bien alors je vais me plier à tes volontés.


Je recommence à respirer. J'ai réellement pensé que ma dernière heure avait sonner. Alors que je vais pour me lever Jack me pousse. Je me retrouve allonger sur le sol de sa douche. Mon déshabillé est à moitié ouvert et me colle à la peau. Il m'enlace de toutes ses forces. Son étreinte ne se finit pas. Il ne desserre pas les bras de mon corps. Il me garde contre lui et respire l'odeur de mon cou. Mes cheveux gouttent dans mon dos. Je ne veux pas le brusquer. Je passe une main dans ses cheveux qui sont aussi mouillés.

Sans rien dire, ses bras quittent mon corps. Je me lève et je l'aide pour se lever. Je le laisse se maintenir contre la paroi humide le temps de trouver sa serviette et l'essuyer. Quand je finis ma tâche, il m'indique où trouver une serviette pour moi. J'enfile son pull. Et je pars trouver un haut et un bas dans son armoire pour lui. Je m'occupe de moi encore un petit moment pour me coiffer, pendant qu'il me regarde assis sur une chaise. Avoir ses yeux qui ne me quittent pas ne me laisse pas indifférente. Je semble si particulière à ses yeux quand il est Jack.


- Tu es belle.

- Merci Jack. Tu l'es aussi.

- Non. Mais c'est gentil de me le dire.


Son « non » n'est pas un refus. Il pense qu'il est repoussant. Je vais m'agenouiller face à lui et je prends ses mains dans les miennes.


- Je m'en fou que tu ai des cicatrices au visage, dans le dos ou encore sur le torse. Tes cicatrices sont ton histoire. Et elles ne font que me montrer qui tu es.

- Un monstre à tes yeux.

- Mes yeux peuvent changer d'avis.


Il soupir de tristesse. Il ne veut pas me croire. Je reprends :


- Jack n'est pas un monstre.

- Mais Jack est le Joker.

- Une part seulement. J'apprendrais à cohabiter avec lui s'il le faut.

- Vraiment ?

- Je le pense oui.


Son sourire me fait fondre. Des petites ridules, que je ne lui connaissaient pas, viennent éclairer ses yeux. Son visage est celui d'un enfant. Je lui souris en retour.


- J'ai faim !

- Je vais demander à Tony de nous faire porter quelque chose. Tu as une envie ?

- Un gros hamburger et des frites.


Je l'aide à s'installer dans son lit et je vais donner l'ordre à Tony de nous chercher des hamburgers.

Je viens m’asseoir avec lui dans le lit. Je me mets du côté de son épaule valide. Je pose ma tête sur cette dernière. Nous restons ainsi, l'un contre l'autre, en silence. Je me demande à quoi il pense. S'il est Jack ou le Joker ? S'il se demande si lui aussi ne commet pas d'erreur en me faisant rentrer dans sa vie ? S'il va changer ? S'il va me laisser vivre ou me tuer ? Toutes ses questions qui trottent dans ma tête depuis hier.

Tony frappe enfin à la porte. Alors que je me lève le Joker hurle : « Entre. » Je me retrouve debout face à Tony qui ne sait pas comment réagir devant son patron encore vivant ou bien face à son patron avec une femme. Dans les deux hypothèses, il semble retourné.


- Content de vous voir patron.

- Content d'être encore en vie Tony. Merci, dit-il avant de reprendre, Enfin, merci avant que j'oublie, de m'avoir sauver avec cette chère demoiselle.


Le Joker dit merci à son garde du corps. Ou bien Jack ? Je ne sais pas. Tony doit connaître un peu Jack. Jack peut faire confiance et non le Joker. Il va falloir que j'apprenne à différencier le Joker et Jack.

Tony se décide finalement à rentrer dans la pièce et dépose un sac aux pieds du lit. Jack va pour l'attraper mais il bouge trop violemment et se fige avec une déformation du visage. Je lui apporte. Il me remercie du regard et plonge ses mains dedans. Il ressort un hamburger. Il retire l'emballage et croque avec envie dedans. Nous le regardons manger avec Tony sans rien dire. Après avoir englouti son repas en à peine quelques coups de mâchoire, il prend sa barquette de frites et la mange aussi vite que le reste. Après avoir fini, il s’essuie la bouche d'un revers de la main et s'étend de tout son long en poussant un gémissement satisfait. Je ne peux m’empêcher de rire. Je regarde Tony qui esquisse un léger sourire d'à peine une demie seconde.

Jack se relève pour me regarder avec un air interrogateur.


- Tu avais faim !!

- C'est certain ! Merci Tony pour le repas.

- De rien Patron. Je vous laisse


Tony nous laisse. En se retournant, il me fait un clin d’œil et quitte la pièce. Tony aurait-il un cœur ? Il me semble qu'il m'a prise en sympathie.


- Viens manger.


Ce n'est pas une question mais un ordre. J’obtempère. Pendant les quinze minutes où je mange, Jack ne me quitte pas des yeux pour s'assurer que j'effectue correctement sa directive.

Ayant enfin fini je me décide à lui poser une question.


- Depuis combien de temps me suis-tu ?

- Joker !


Sa réponse me fait rire.


- J'aimerais une réponse Jack.

- Si je n'ai pas le choix... Depuis un an.


Je manque de m'étrangler.


- Un an !

- C'est ça.

- Mais qu'est ce que... Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ton regard ?

- Mériter, murmure-t-il. Tu étais belle, souriante et sûre de toi quand je t'ai vu passer dans la rue. Je devais savoir qui tu étais. Alors j'ai fait le nécessaire. Je voulais rester loin de toi mais comme tu peux le voir, je n'ai pas réussi. Quand on a finalement commencé à parler, je mettais dit que ça me suffirait. Mais ça n'a fait qu'augmenter l'attirance que j'avais pour toi. Je voulais plus. Alors j'ai fait ce que je devais faire.

- C'est une révélation ça !


Jack ne dit rien. Je reste là à le scruter. Je décide finalement de venir contre lui et je pose un baiser sur sa bouche. Il semble surpris.


- Tu ne t'énerves pas ?

- Non. J'aurais des raisons de m'énerver plus tard. J'ai eu suffisamment peur de te perdre aujourd'hui.

- Tu as eu peur pour de vrai ?

- Bien sur ! J'ai su que c'était toi le blessé dès que je t'ai vu tomber. J'ai eu peur Jack. Nos semaines de discussions ont eu un impact sur moi. Ça fait déjà un moment que l'on parle et que l'on discute. Tu m'as montré cette part de toi qui mérite mon attention et mon amour. Que tu sois le Joker, Batman ou Venom m'importe peu. Jack me plaît. Jack m'attire. Je t'ai dit que j'apprendrais à cohabiter avec le Joker s'il le fallait. Et je le ferais.

- Tu es encore plus merveilleuses que dans mes rêves.

- Je ne vais pas me jeter des fleurs mais oui !


Je passe ma main dans ses cheveux. Mes doigts courent sur son front. Descendent petit à petit sur ses joues et atteignent ses cicatrices. Ses yeux ne bougent pas. Je veux les toucher mais au moindre signe de refus, j’arrêterais. Je continue ma course jusqu'à ses impressionnantes balafres. Jack ne semble pas à l'aise mais il me laisse faire. Une manière de me dire qu'il me fait confiance. Je passe un doigt fragile et tremblant sur celle de sa joue gauche. Elle est plus petite en taille mais plus épaisse. Je traverse sa lèvre supérieure et j'arrive à la seconde cicatrice. Elle est plus longue et plus fine. Elle remonte d'avantage sur sa joue. Elles ne sont pas repoussantes. À mes yeux en tout cas. Mais le lui dire ne pourra jamais retirer toute la souffrance qu'elles impliquent.


- Jack ?

- Oui ?

- Si on partait de Gotham quelques jours ? Juste le temps de ta convalescence.

- Une idée tentante mais impossible. Le Joker ne prend pas de vacances. Mes ennemis en profiteraient et ils sauraient que j'ai été blessé. Chose que je veux éviter.

- Tu veux dire que personne de va savoir que tu as été blessé ?

- Bien sur que non. Mes hommes ne vont pas me trahir. Ils ne sont pas stupides. Quoi que, ajoute-il pour lui.

- Tu vas continuer comme si rien ne s'était passé ?

- Tout à fait. Tony va me remplacer sur certains points mais je ne peux pas me permettre de quitter Gotham alors que j'ai un plan pour atteindre Batman.

- Un plan fiable ?

- Qui pourrait le devenir. Mais qui restera mon plan le temps de savoir s'il peut fonctionner.

- Je ne veux pas m’immiscer dans ton plan. Je ne fait pas parti de l'équipe.

- Tu voudrais ?


Ses yeux s'illuminent plein d'espoir.


- Jack... Jack... Cohabiter tu te rappelles. Pas plus. Pour le moment en tout cas. »

- Tu ne fermes pas la porte ?

- Nous je la laisse entre-ouverte.

- Je viendrais l'ouvrir.

- Tu es bien sur de toi.

- Si je l'étais mon œuvre n'aurait pas eu tout cet impact.

- Ton œuvre...

- Ce pourquoi je suis revenu., reprend-t-il pensif et pour lui même.

- Tu es de Gotham ?

- Je ne dirais rien de plus sur moi. Tu en sais suffisamment pour un bon moment.

- Mais tu me raconteras.

- Si tu ouvres la porte cela arrangera considérablement la situation effectivement.

- Cette phrase me dis quelque chose... Mais je t'ai dit ça hier !

- Je retiens aussi mes leçons.


Je lui souris gentiment. Il est, pardon, adorable avec ce petit sourire. Adorable avec ses yeux qui pétillent de malice. Ses yeux qui me laissent croire qu'un futur plus simple, loin de toute cette violence, qu'il est capable d’engendrer, verra le jour à un moment. Que nous aurons le droit à notre happy end. Que les méchants peuvent avoir une retraite des plus paisibles. Que même le Joker pourra quitter la scène pour que Jack me soit rendu. Que Jack avec ses cassures, troubles, peurs et tout cet amour qui ne demande qu'à éclore pourra passer le reste de sa vie à mes côtés.


- Patron ?


La voix de Tony me fait sortir de ma rêverie. Jack se lève pour aller ouvrir. Il referme derrière lui pour rester dans le couloir avec son homme de main. Une urgence de travail. Si je puis dire. Je ne veux pas me retrouver dans les combine du Joker et de ses hommes. Bien que je me mouille jusqu'au cou dans leur gang en partageant mon lit avec leur chef.

Jack ouvre la porte avec brusquerie. Ses yeux sont redevenu ceux du Joker. Sa voix aussi.


- Des complications que je vais devoir gérer. Peut-être que tu devrais rentrer chez toi. Tony viendra te ramener à moi quand j'aurais réglé ça.


Sans me laisser le temps de répondre, mes yeux le voient disparaître dans le couloir. Tony me regarde attendant que je me lève pour le suivre. Je m'exécute un peu abasourdie par ce soudain changement de situation et la vitesse à laquelle il devient le super vilain redouté de tous.

Dans la voiture, Tony ne dis rien. Mais quand il arrive enfin devant chez moi il me dit : « Vous êtes la première Madame à rentrer dans la vie du patron. Et sans aucun doute la dernière. Soyez indulgente avec lui. Il a beaucoup à apprendre de ce côté-ci de la vie. » Je lui souris à travers le rétroviseur et je rentre chez moi.

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