Chapeau melon et bottes de cuir

Chapitre 11 : Drôles de dames

2442 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:54

Devant son ordinateur surpuissant, la tête appuyée sur ses mains, Edward Nygma réfléchissait.

D’accord il réfléchissait sans arrêt, mais là, il n’était pas en train de mettre au point une de ses brillantes mises en scène dédiée à la destruction du chevalier noir. Non, il réexaminait les événements qui avaient fait que sa partenaire parte vivre avec Poison Ivy et Harley Quinn. Le fait qu’elle soit partie à la planque d’Ivy directement après s’être enfuie signifiait qu’elle connaissait suffisamment l’endroit pour s’avoir qu’elle y serait acceptée. Donc, c’est probablement là où elle allait à chaque fois qu’elle disparaissait.

Et pas chez un éventuel étalon comme il l’avait cru.

A sa décharge, vu comme elle avait réagi c’était tout à fait légitime !

D’ordinaire cela ne l’aurait pas dérangé tant que ça qu’elle parte, Query et Echo le faisaient à chaque fois que son compte en banque commençait à se vider. Mais déjà, Seshat avait été une combattante bien plus efficace que ses deux assistantes. Ensuite, ça lui coûtait beaucoup moins cher puisqu’elle ne demandait pas à être payée. Elle restait avec lui uniquement parce qu’elle voulait de lui.

Bon d’accord c’était parce qu’elle avait succombé au syndrome de Stockholm et qu’elle avait été en dépression quand il l’avait kidnappée. Mais à ce niveau là, il voulait bien prendre ce qu’on lui donnait. Au départ il avait cru qu’elle reviendrait au  bout de quelques semaines, comme le faisait régulièrement Harley. Mais comme au bout d’un mois ni Harley ni Seshat ne rentraient au bercail il dut se rendre à l’évidence : Ivy avait trouvé de meilleurs arguments.

En attendant il avait du ré-engager Query et Echo avec des résultats mitigés. Elles étaient douées, oui, mais il s’était habitué à mieux. Il allait donc falloir qu’il trouve un moyen pour que Daphnée revienne. Malheureusement il ne pouvait utiliser sa famille.

Il afficha sur les nombreux écrans les différents dossiers qu’il avait sur elle. Papiers d’identité, dossier psychiatrique… rien qu’il ne puisse utiliser.

Il avait besoin de plus de données.

 

 

La vie avec Poison Ivy et Harley Quinn ne ressemblait en rien à celle que Seshat menait en vivant chez le Sphinx. Chez lui, elle pouvait être réveillée à n’importe qu’elle heure du jour ou de la nuit si son ex-employeur avait besoin de quelqu’un à qui exposer les idées qui lui passaient par la tête et qu’il ne pouvait tout simplement pas garder pour lui. Pas d’énigme non plus, la télévision n’était pas réquisitionnée pour regarder la Roue de la Fortune tous les soirs et elle pouvait faire ce qu’elle voulait, quand elle voulait. Elle n’était plus éveillée chaque matin par les cris de frustration de Nygma, mais par le rire de Harley quand elle regardait ses cartoons. Laquelle semblait ravie d’avoir quelqu’un qui aimait autant les dessins animés qu’elle, parce que généralement Paméla avait envie de se pendre au bout de dix minutes. Mais Daphnée, elle, n’avait jamais arrêté de les regarder. Elle avait juste fait une pause quand elle avait quatorze ans parce qu’elle les jugeait « gamins » avant de recommencer à les regarder avec son petit frère six mois plus tard. Elle connaissait certains épisodes de Tex Avery par cœur.

Une chose que le trio faisait assez souvent aussi, c’était dévaliser les boutiques. Littéralement. L’arrivée de Daphnée avait été une autre bonne excuse pour recommencer. Après tout, elle avait besoin d’un costume vidé de tous les points d’interrogation, taches vertes et autres accessoires qui criaient « Sphinx ». Elles avaient fait ça deux fois depuis, mais à une occasion elles s’étaient déguisées et Poison Ivy avait hypnotisé un gros homme d’affaires trop riche pour son propre bien.

Evidemment, maintenant qu’elle avait le champ libre pour faire ce qu’elle voulait, elle s’était attaquée à Maxie Zeus. Elle avait commencé par ruiner toutes ses sociétés écran, ce qui n’avait pas été très dur grâce à toute l’expérience qu’elle avait acquise en travaillant à la première banque de Gotham et avec le Sphinx. Quelques vols, deux un trois explosions, quatre incendies, une visite du fisc et le tour avait été joué. Puis elle l’attaqua de plein pied. La première fois il avait réussi à lui échapper. La deuxième fois elle avait commencé par écarter tous ses hommes de mains en utilisant un gaz soporifique volé à l’hôpital avant d’aller le confronter à l’étage au dessus. Le combat avait été rude, elle était ressortie couverte de bleus et grésillante car elle avait été frôlée par sa lance, mais elle avait fini par le battre à mort avec un bout de son bureau. Enfin, elle croyait. D’après les informations, bien qu’en piteux état, le pseudo Olympien avait réussi à s’en sortir.

Elle aurait plus de chance la prochaine fois !

Poison Ivy passait l’essentiel de ses journées dans le laboratoire aménagé à la cave, ou à s’étaler sur le divan avec Harley et Daphnée pour commenter les informations. Généralement, c’était quand un de leurs très chers collègues passait pour un flash spécial. Evidemment, elles changeaient de chaîne quand le Joker était à l’écran. Au début, elle ne s’en était pas rendu compte, mais Paméla et Harley faisaient la même chose quand Nygma apparaissait au vingt heure. Puis il y eut un changement. Deux en fait. Alors qu’elle prenait une douche, Harley était entrée en trombe et lui avait jeté une serviette à la figure avant de la traîner avec elle dans la pièce à vivre.

« Faut qu’tu vois ça !

Elle avait dit ça en pointant le poste de télévision du doigt, alors Daphnée resserra la serviette contre elle et regarda attentivement. Visiblement, c’était Eddie, enfin Nygma, qui sortait de la première banque de Gotham, encadré de ses deux partenaires plantureuses, Query et Echo. Elle sentit un creux se rouvrir au niveau de son abdomen.

- Je le pensais plus malin que ça. Elles savent pas viser. Batman va leur casser la gueule avant qu’il ne puisse profiter de son argent.

Sa voix était plus acide qu’elle ne l’aurait voulu.

- Mais regarde, il a pas prit d’argent ! »

C’est vrai, apparemment tout ce qu’il comptait faire c’était exploser l’endroit avant de s’enfuir. Réalisant que tous ses anciens collègues venaient probablement de mourir elle dut s’asseoir. Elle regarda l’écran pendant quelques minutes, souhaitant pour la première fois que la batmobile attrape la camionnette noire. Alors que Nygma recevait la soupe de marrons qu’il méritait amplement, Daphnée se félicita de lui avoir fait jurer de ne jamais s’en prendre à sa famille, de quelque façon que ce soit.

Après ça, Harley et Pam ne changèrent plus de chaîne quand il apparaissait à l’écran. Seshat avait envie de voir Query et Echo se faire taper dessus. Mais étonnement ça ne lui plaisait toujours pas tant que ça quand le Chevalier Noir transformait le Sphinx en descente de lit.

Néanmoins du moment qu’il n’empêchait pas les « Sirènes de Gotham » de faire leurs opérations, quand on lui demandait si elle comptait s’attaquer à lui, elle haussait les épaules et répondait simplement qu’elle avait mieux à faire. De plus, lui accorder de l’importance ne ferait que caresser son ego dans le bon sens du poil. Pour l’instant, bien qu’elle regrettait de l’avoir quitté quand elle avait un moment pour penser, elle se sentait bien avec Harley et Poison Ivy. Mais malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin.

Alors qu’elles faisaient à manger tout en écoutant une émission idiote à la radio, elle entendirent un bruit. Une seconde plus tard se trouvait dans leur salon, tout en cape et en spandex, le vengeur de la nuit, la terreur des vilains, je suis la vengeance, je suis la nuit, j’ai désespérément besoin d’une copine… Batman. Poison Ivy, plus rapide à la détente que les deux autres, jeta une capsule à ses pieds. Quasi-instantanement des ronces mutantes sortirent de nul part et saucissonnèrent le chevalier noir.

Daphnée regarda Poison Ivy. Puis elle regarda Batman. Puis Harley lui ferma gentiment la bouche.

Ivy, visiblement très fière d’elle, s’approcha du héros ligoté en roulant des hanches.

« Batman, vraiment… A chaque fois que nous nous réunissons entre filles tu finis par venir nous rendre visite. Si tu aime tant que ça être ligoté tu n’avais qu’à le demander.»

Elle fit un clin d’oeil vers Harley et Seshat, qui comme une seule femme lui assenèrent un violent coup de pied dans la tête.

Quand le chevalier noir se réveilla, il n’était plus dans leur appartement mais dans un des nombreux bâtiments désaffectés de Gotham, enchaîné de la tête aux pieds et pendu comme un cochon pour l’abattoir. Ivy avait refusé de le tuer chez elle, parce que sang de Batman ou pas, une grosse tache rouge sur de la moquette beige ça n’est pas propre. De plus elle voulait faire un speech avant de le tuer, alors Harley et Seshat attendaient patiemment avec leurs bouts de métal pour jouer à la pinata. Après tout c’était surtout grâce à Ivy qu’il était à leur merci. Selon Daphnée, elles auraient du lui tirer une balle dans la tête le plus vite possible mais bon. Quand elle eut enfin finit de préparer son discours, Seshat se porta volontaire pour le réveiller à sa façon. Elle prit de l’élan, et envoya son pied dans l’estomac de Batman.

Sauf qu’elle ne s’attendait pas à ce que son pied soit attrapé. 

La chauve souris l’envoya voler à quelques mètres avant de prendre la tête d’Ivy et de l’enfoncer dans le sol avec violence. D’expérience, Daphnée ne pouvait que compatir. Son carquois étant trop loin, elle décida de s’élancer à main nue contre leur attaquant. Ca n’était peut être pas une très bonne idée, c’était même complètement stupide, mais elle pourrait peut être donner à Harley suffisamment de temps pour s’échapper. Elle par contre n’aurait aucune chance de lui échapper puisqu’elle ne connaissait absolument pas cette partie de la ville. Elle le frappa sur le côté avant d’éviter in extremis de se prendre une botte dans la figure. Il s échangèrent quelques coups avant qu’elle ne trouve une ouverture. Avec toute la force qu’il lui restait, elle lui envoya un violent coup de pied entre les jambes avant de hurler de douleur. Profitant de la distraction, il frappa entre ses côtes et l’envoya voler par la fenêtre.

Entre le moment où elle traversa la fenêtre et celui où elle s’écrasa sur le sol et perdit connaissance elle eut deux réflexions d’une importance critique pour l’avenir de l’humanité.

Le Batman portait une coque.

Elle savait bien que c’était du faux.

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