Bioshock : Le Dernier Cauchemar de Rapture

Malgré l'heure tardive, Jack n'avait pas voulu attendre et avait quitté le refuge sans réveiller Tenenbaum et les autres filles. Masha était restée pendant que Sally était venue avec Jack pour lui montrer. Tenenbaum allait être folle de colère et incendierait Jack quand elle découvrirait qu'il était parti au milieu de la nuit et qu'il avait emmené l'une des filles avec lui, mais il assumerait les remarques plus tard.

Néanmoins, et afin de faire courir le moins de risques possible à la petite fille, Jack lui avait dit de se déplacer en utilisant le réseau de conduits des petites sœurs circulant dans toute la ville, lui disant de le rejoindre à la clinique et de ne pas sortir de la manche à air jusqu'à ce qu'il y soit.

Arrivé une fois de plus non loin de la clinique de Suchong, Jack se dirigea vers une manche à air, regarda autour de lui pour s'assurer qu'il était seul et tapota doucement avec sa clé anglaise.

_ "Sally, c'est bon."

La petite fille, telle une espionne dans une histoire, se glissa silencieusement hors du conduit d'aération, aidée par Jack qui la posa sur ses pieds par terre. Sally prit alors le jeune homme par la main, le guidant à l'intérieur de la clinique. Jack avait souhaiter ne jamais avoir à revenir ici, mais c'était pour une bonne cause. La vue du corps empalé de Suchong sur le bureau le fit frissonner autant encore une fois, tandis que Sally, à la vue du scientifique mort, lui tira la langue, le fixant avec des yeux méchants.

_ "Il avait tapé Masha. Mr. P a dû le punir." elle dit. "C'est là que se trouve la jolie dame. Viens."

Elle le guida, lui tenant la main, et le conduisit jusqu'à un trou assez étroit dans l'un des murs. Voyant Sally commencer à se faufiler dans les tuyaux de la plomberie, Jack haussa un sourcil, mais lui fit confiance et la suivit, ayant plus de difficulté à passer à cause de sa carrure d'adulte, mais y parvint quand même, se sentant plutôt à l'étroit. Lui et Sally ont traversé le passage jusqu'à ce qu'ils arrivent finalement à un espace légèrement plus grand mais sombre. Des formes sales et imposantes se trouvaient là, des distributeurs d'ADAM tous aussi défoncés et rouillés les unes que les autres, comme un véritable cimetière de machines. L'endroit était vraiment lugubre mais Jack vit Sally se diriger le long de ce grand couloir sinistre, qui débouchait sur une gigantesque baie vitrée à l'arrière, offrant une vue splendide sur les fonds marins et la ville en ruine de Rapture. La lueur bleutée de l'eau offrait une lumière naturelle au lieu et permettait de voir où mettre les pieds.

Mais ce n'était pas la splendeur de l'océan qui attira l'attention de Jack, c'était Sally qui venait s'agenouiller silencieusement à côté d'une silhouette solitaire, un corps immobile appuyé contre la baie vitrée et légèrement penché sur le côté. Il voulut s'approcher, mais en venant, sa vision commença à se brouiller, et un phénomène se produisit qu'il avait déjà vu plusieurs fois au cours de son voyage. Un effet sûrement dû à sa condition unique avec l'ADAM, il était en quelque sorte capable de percevoir des souvenirs d'événements passés, sous la forme d'apparitions spectrales de fumée. Et c'est ce qui s'est encore produit.

Un groupe d'hommes se tenait devant la baie vitrée, attendant en silence. L'un d'eux était occupé à tenir une petite sœur contre son gré, l'empêchant de s'enfuir. L'homme au centre sembla alors réagir à une présence et parla.

_"Hé petite, par ici."

Jack frissonna en reconnaissant la voix. C'était Atlas, ou plutôt Fontaine. Il vit alors un autre fantôme, celui d'une jeune femme, sortir de l'obscurité du couloir et marcher lentement vers le groupe d'hommes.

_"Est-ce que tu l'as?" Atlas a ensuite demandé.

_"Oui je l'ai." répondit sèchement la jeune femme, que Jack devina être Elizabeth.

_"Passe la moi." Atlas ordonna froidement. "Je voudrais bien me débarrasser de cette gamine."

À côté, la forme fantomatique de la petite sœur, Sally sans aucun doute, continuait à se débattre alors qu'un des hommes d'Atlas la maintenait prisonnière. Quant à Elizabeth, elle sortit de sa poche une sorte de papier plié qu'elle se mit à tripoter doucement du bout des doigts.

_"Vous savez... Andrew Ryan m'a dit que je n'étais rien. Mais il se trompe." dit-elle, sa voix plutôt calme pour la situation. Elle commença à tendre le papier pour l'éloigner aussitôt de la main d'Atlas qui allait la saisir. "C'est vous qui n'êtes rien, Atlas. Oui, vous."

Elle avait parlé d'une manière si méprisante envers Atlas. Jack était plutôt impressionné. Cette Elizabeth semblait avoir un tempérament assez fort. Les formes des hommes d'Atlas s'étaient rapprochées, comme prêtes à agir. Puis finalement, la femme laissa Atlas prendre le papier.

_ "Allez, on sait très bien ce qui va se passer." dit-elle sans crainte. "Qu'on en finisse."

La forme d'Atlas se retourna, commençant à prendre de la main d'un de ses hommes, une clé anglaise. Un frisson parcourut Jack et il déglutit, semblant deviner ce qui allait se passer.

_ "Ma chère … Si tu insistes."

Après ces paroles faussement mielleuses, Atlas, dans un hurlement brutal, frappa violemment avec la clé anglaise. Jack haleta d'horreur en voyant la forme fantomatique de la jeune femme tomber sur le côté après avoir reçu le coup à la tête. Profitant de la confusion, la forme spectrale de Sally réussit à se débarrasser de son ravisseur et se mit à courir le plus vite possible dans le couloir, immédiatement poursuivie par les hommes d'Atlas.

_ "Ne la laissez pas s'enfuir ! Attrapez-la, bande d'abrutis !" Atlas rugit à ses hommes, qui obéirent et partirent, sauf un qui resta avec son chef. Elizabeth, quant à elle, était toujours en vie, allongée sur le sol et laissant échapper une respiration douloureuse. Pendant ce temps, Atlas commença à lire le papier, mais sa réaction révéla une certaine confusion sur son visage, comme s'il ne comprenait pas et il s'est tourné vers Elizabeth.

_"C'est quoi ça? Qu'est ce que c'est que ce charabia!... Qu'est-ce qui est écrit, sale petite garce?! Hé, hé! Qu'est-ce que ça dit?!"

La voix d'Atlas, d'abord paniquée et confuse, se transforma rapidement en cris menaçants alors que son impatience grandissait. Elizabeth ne répondit pas tout de suite, mais malgré la douleur, elle releva péniblement la tête, regardant vers Atlas comme un dernier air de défi, et lui dit simplement cette phrase :

_"Ça dit ... Je vous prie."

A ces mots reconnaissables, Jack se figea, la bouche grande ouverte. Elle venait vraiment de dire ce qu'il avait entendu ? Alors que la confusion l'envahissait, la forme spectrale d'Atlas sembla satisfaite alors qu'il regardait à nouveau le papier et se redressa pour parler aux autres hommes qui arrivaient vers lui.

_"On tient la phrase d'activation ! Maintenant ce qu'il nous reste à faire c'est monter cette aberration de la nature dans un avion, et Rapture est à nous !"

Jack resta pétrifié à la révélation alors que la forme spectrale d'Atlas frappa à nouveau violemment Elizabeth sur la tête avec la clé anglaise, et tout disparut, comme si rien n'avait jamais été là. Sally, ne remarquant rien de tout cela, resta avec le corps sans vie.

Jack ne savait que penser, silencieux, la gorge serrée, alors qu'il s'approchait et vint s'agenouiller à côté du cadavre de la jeune femme prénommée Elizabeth. Malheureusement, elle devait être là depuis un certain temps, son corps et ses vêtements étant abîmés par l'humidité et le passage du temps. Cependant, elle n'était pas porteuse de malformations ou d'autres mutations causées par la consommation abusive d'ADAM.

Sally se tenait tristement devant elle, regardant et attendant comme si elle espérait la voir se réveiller. Jack resta silencieux, mais son visage avait peu à peu pris le masque d'une colère qu'il avait du mal à canaliser. Les trois mots, sortant de la bouche de la femme, le hantaient. Je vous prie. Ces mots qui avaient fait de lui un esclave sans volonté, une marionnette au service des autres. Et c'était elle qui avait donné l'information à Atlas ! La guerre civile de Rapture, l'accident d'avion, toutes ces morts violentes, les manipulations d'Atlas... Elle en était la cause !

Se mordant la lèvre, serrant les dents, la main tremblante, Jack regarda d'un air menaçant le corps d'Elizabeth, qu'il avait presque envie de saisir et de l'étrangler, comme si cela allait la tuer encore plus.

_ "Gentil Monsieur. Qu'est-ce que tu fais ?" demanda alors Sally, inquiète en le voyant ainsi.

Jack sembla revenir à la réalité et secoua la tête, parvenant à reprendre le contrôle de lui-même, respirant fortement. Il posa doucement sa main sur les cheveux de Sally pour la rassurer.

_"C'est... c'est rien... J'ai besoin de marcher un peu, je reviens. Ne bouge pas d'ici." il a dit.

Sally obéit sans protester et resta près du corps de la jolie dame tandis que Jack s'éloignait un peu. Jack se sentit stupide d'inquiéter la gamine comme ça, et il dut se forcer pour ne pas laisser le démon de la colère le reprendre. Mais alors qu'il revenait vers le cimetière des machines d'ADAM, son pied heurta quelque chose de dur. Baissant les yeux, il remarqua qu'il s'agissait d'un journal audio, abandonné depuis longtemps à en juger par la couche de saleté qui le recouvrait. Il ne l'avait même pas remarqué quand il était arrivé ici plus tôt. Curieux et voulant occuper son esprit avec autre chose pour se calmer, Jack décida d'écouter et activa le petit appareil.

_"Deux semaines."

Encore la voix d'Atlas.

_"Hein, quoi?" Puis vint une voix féminine, celle de la femme, Elizabeth, comme sortant d'une profonde torpeur.

_"Tu dors depuis deux semaines, oui. Saletés de docteurs. On seraient mieux aider par des chimpanzés." Atlas répondit avec une certaine frustration alors qu'Elizabeth toussait un peu.

_"Le marché c'était que je vous sorte de prison. Vous vouliez quoi? Que je vous gagne votre guerre en plus?" dit-elle.

_ "J'te conseillerais plutôt de te mêler de tes affaires." Atlas répondit avec fierté. "Maintenant gamine, vu que tu étais la petite assistante de Suchong, si tu me disais ou est passée ma carte maîtresse?"

Jack resta perplexe pendant un moment. Elle avait été l'assistante de Suchong ?

_ "Je ne sais pas ce que..." dit Elizabeth.

_ "Comme je l'ai dit," l'interrompit Atlas. "Je ne suis pas docteur. Mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas fasciné par la médecine. Je suis abonné à tout un tas de revues médicales."

_"J'espère que quelqu'un vous explique les mots compliqués." Elizabeth répondit d'un ton cynique.

Elle avait vraiment un fort caractère, pensa Jack.

_ "Tu sais ou se cache le libre-arbitre dans le cerveau? L'entêtement ? Dans le lobe préfrontal, ouaip. Bon, je crois qu'on peut le dire, tu es toi même un peu entêtée, je me trompe ? C'est Steinman qui m'a montré ça. Il est un peu dérangé, mais bon chirurgien."

De quoi parlait ce psychopathe ? Jack eut aussi un mauvais frisson en entendant le nom de Steinman, qui à sa manière avait aussi été un beau spécimen de fou furieux qu'il avait dut éliminé. La voix d'Atlas continua puis la respiration d'Elizabeth devint plus nerveuse, comme si elle était inquiète.

_ "Il appelle ce petit truc là, une lobotomie trans-orbitaire. Tenez là bien, les gars."

Une lobotomie ? Jack fut traversé par un mauvais pressentiment. Qu'avait-il pu se passer pendant cet enregistrement ?

_ "Vous perdez votre temps !" protesta la voix d'Elizabeth.

_ "Alors, si tu restes pas tranquille, je refuse de prendre la responsabilité de ce qui va arriver." dit Atlas avec un ton effrayant et moqueur dans sa voix qui saisit Jack aux tripes.

On aurait dit qu'Elizabeth était attachée à une chaise et tentait de s'échapper. Sa peur était palpable dans sa respiration paniquée. L'entendre ainsi fit trembler Jack.

_ "Et c'est parti." dit Atlas. Des grognements de douleur se firent entendre d'Elizabeth. "Tu sens ça ? J'enfonce … le pic … le long de ton globe oculaire... oh, du calme..."

Jack pensa qu'il allait vomir, horrifié et devinant à peu près ce qui se passait.

_ "Je l'appuie contre ton crâne." Atlas termina. "Il doit rester environ sept millimètres d'os entre le pic et ton joli lobe préfrontal... Et c'est là qu'intervient le deuxième outil."

_ "Je ne…" Elizabeth commença à parler mais elle fut brutalement interrompue par un petit ping métallique retentissant et son cri de douleur.

Atlas la fit taire comme s'il réconfortait un petit enfant, montrant à quel point il était sadique.

_ "C'était juste un petit coup, mais il devrait pas m'en falloir beaucoup d'autres pour atteindre la partie tendre." dit Atlas. "Et ensuite tu devrais te montrer un peu plus docile... Où est ma carte maîtresse ?"

_ "Je ne sais pas! Ok ?!" Elizabeth insista avec force malgré la douleur.

_"Tu sais ce qu'il cache d'autre ton lobe ? Ta créativité." Atlas ajouta.

Ping !

_ "Ah !"

_ "Ton individualité."

Ping !

_ "Ah !"

_ "Ta personnalité."

Ping !

_"Ah !"

_"En gros, tout ce qui fait, toi." Atlas finit son explication morbide.

Jack tremblait, chaque ping métallique faisant bondir son cœur d'effroi et secouant son corps. Il n'osait imaginer ce que Fontaine avait fait à cette pauvre femme. Il fallait vraiment être un putain de démon venu de l'enfer pour oser faire ça sans sourciller.

_ "Ah, je crois que j'y suis presque. Dernière chance, petite. Où… est… la carte… maîtresse ?"

Face à la phrase menaçante d'Atlas, cependant, la seule réponse entendue était aussi la plus inattendue. Jack écoutait bien, et oui, Elizabeth venait d'émettre un rire cynique.

_"Sinon quoi ? Vous allez me faire un trou dans le crâne pour effacer mes souvenirs ? Vous voulez que j'oublie tout ce qui s'est passé? Vous voulez que je perde tous mes sentiments? Allez-y. Tout ce que vous ferez, c'est me rendre service."

Jack entendit la voix de défi de la jeune femme, comme si elle n'avait plus rien à perdre et poussait presque Atlas à s'emporter pour qu'il le fasse. Jack était sans voix. Qu'est-ce qui avait pu la pousser à agir ainsi ? Qu'avait-elle traversé pour arriver à un tel raisonnement ?

La rage d'Atlas se fit entendre dans un rugissement de sa part alors qu'il tirait violemment la tige de métal de l'orbite d'Elizabeth et la frappait avec une violence sauvage.

_"Amenez moi le monstre !" hurla l'homme à bout de patience. "T'es vraiment un héros, pas vrai ? Je vais pas risquer d'abîmer la seule partie de toi qui vaille quelque chose. Tu vois, j'ai encore beaucoup d'autres moyens d'arriver à mes fins."

Des bruits de roues métalliques, comme celui d'un brancard, se faisaient entendre en s'approchant, ainsi que... les pleurs d'une petite sœur, et c'était Sally bien sûr ! Le cœur de Jack se serra, ses mains sur les bords du journal audio qu'il regardait avec horreur. Ce bâtard n'allait tout de même pas... ?

_"Maintenant, ma p'tite … est- ce que tu connais le terme 'lobotomie trans-orbitaire ?"

Putain de merde, cria l'esprit horrifié de Jack. Maintenant, il tremblait également de colère envers Atlas, sa prise se resserrant sur le journal audio. Ce sale fils de pute n'avait pas osé ?

_ "Non… pitié, laissez-la!" Elizabeth suppliait.

_ "C'est vraiment tout simple." Atlas a ignoré sa supplication. "Il me suffit juste d'insérer ce pic dans ton œil…"

_ "Non… pitié … pitié, je ne sais rien du tout !" Elizabeth était désespérée maintenant. "Je ne sais rien du tout! Je..."

_ "…et de cogner un peu avec mon marteau." Atlas continuait son abominable torture mentale.

_ "Je ne sais rien du tout!" Elizabeth hurla de désespoir.

_ "On comprend mieux avec un exemple." Atlas était prêt à tout, y compris à torturer une petite fille pour obtenir ce qu'il voulait.

Ne supportant plus d'écouter cela, Jack invoqua son plasmide de feu, des flammes s'élevant de ses mains et venant recouvrir et dévorer l'intégralité du journal audio qui fut réduit en cendres en quelques secondes qui coulèrent entre ses doigts. Tombant à genoux, il fut abattu. Les cris sincères et désespérés d'Elizabeth le hantaient maintenant, implorant que la vie de Sally soit épargnée. Jack se sentait si stupide... Il avait dirigé sa colère contre la mauvaise personne. Cette femme, Elizabeth, n'avait pas hésité à donner sa vie pour une seule petite sœur, une qui n'était même pas sa propre fille. Dans un monde aussi cruel et égoïste que celui de Rapture, une âme charitable comme la sienne devait être une lumière rare de réconfort pour ces petites filles. Elle avait sauver la vie de Sally, et qu'avait-elle reçu comme récompense ? Être attachée à une chaise, torturée, puis battue à mort ? Quelle injustice !

Silencieux pendant de longues secondes, les poings veinés serrés, Jack releva la tête, son regard contemplatif devant lui montrant des flammes vengeresses brillant dans ses yeux, ainsi que des larmes de tristesse, mais aussi de colère coulant de ses yeux. Il avait de la haine, une haine viscérale envers Atlas. S'il se laissait dominer par sa pulsion, il irait aussitôt le trouver pour lui infliger les mille et une manières de souffrir avant de l'achever et de réduire en cendres son misérable cadavre.

Mais Jack réussit à se calmer et revint vers Sally qui n'avait pas bougé. Voyant les traces d'humidité sur les joues de Jack, Sally haussa un sourcil.

_ "Tu pleures, Gentil Monsieur ? Tu es triste aussi ? demanda Sally.

Jack ne dit rien au début, s'agenouillant à côté d'elle et la serrant doucement dans ses bras comme un parent le ferait avec son enfant. Après avoir serré la gamine dans ses bras, Jack tourna son regard désolé vers le corps sans vie d'Elizabeth et posa doucement une main sur la sienne.

_"Je suis vraiment désolé." lui dit Jack, comme si elle pouvait l'entendre. "Je ne pouvais pas voir qui tu étais vraiment au début. Mais je peux t'assurer que je prendrai soin de Sally et des autres filles. Tu as ma parole."

Après cette minute de silence près du corps de la jeune femme, Jack et Sally avaient quitté le tombeau pour retourner à la clinique de Suchong. Mais encore une fois, Jack remarqua un autre journal audio qu'il n'avait pas remarqué la première fois qu'il était venu. Ce dernier était pourtant placé non loin de l'étagère où il avait trouvé le dernier lot 192. Était-il tellement obsédé par son désir d'être à l'abri des effets secondaires qu'il l'avait ignoré ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, Jack s'est approché et l'enclencha. Une voix d'un homme qu'il ne reconnut pas cette fois se fit entendre.

_"Suchong est mort. Charcuté comme un steak, c'est un vrai carnage. Mais bon, je pense pas qu'il va manquer à grand monde, c'était un connard fini. Mais ils auraient quand même pu faire l'effort d'enlever son corps, car ça schlingue maintenant, c'est écœurant. Ryan m'a envoyé pour réparer le faux mur qui cachait l'entrée de son laboratoire au fond de son bureau. Ce serait vraiment la merde si Atlas et ses hommes le découvraient. Mais avant ça, j'ai pas pu résisté et je suis allé jeter un coup d'œil dans le labo. Un vrai repaire de savant fou. J'ai trouvé ce genre de cabine en verre bizarre. Il y avait quelque chose d'écrit dessus : prototype de Vita-Chambre. Je sais pas ce que ce dingue aux yeux bridés essayait de faire avec ça, c'est vraiment bizarre ... Enfin bon, c'est pas mon problème. Tant que je suis payé, je fais ce qu'on me dit."

Jack resta concentré sur un point particulier qui l'avait intéressé et l'écouta plusieurs fois pour être sûr d'avoir bien compris. Un prototype de Vita Chambre ? Sally, ne comprenant pas vraiment, regarda Jack perdu dans ses pensées. Les Vita Chambres lui avaient sauvé la vie plusieurs fois au cours de son aventure, de véritables cabines miraculeuses. Or, si ces Vita Chambres étaient calquées uniquement sur l'ADN d'Andrew Ryan, donc de Jack qui était son "fils", alors ce prototype appartenant à Suchong n'avait pas été utilisé. Et si...?

Un espoir, mince et fou peut-être, germa dans l'esprit de Jack alors qu'il tournait son regard vers Sally et esquissa un léger sourire en repensant à Elizabeth. Cependant, dans un autre sens, il ne voulait pas se précipiter et donner de faux espoirs à la petite. Il s'agenouilla, caressa doucement le haut de sa tête et la prit doucement par les épaules.

_ "Merci de m'avoir aidé, Sally, vraiment. Mais maintenant tu devrais retourner au refuge avant que Tenenbaum ne découvre que tu es partie."

_"Mais..."

_ "Sally, s'il te plaît… Ne t'inquiète pas, je vais revenir." Jack ajouta sans s'énerver, mais en insistant du regard, demandant à la petite fille de lui faire confiance.

Sally fit la moue, boudant un peu mais obéit et Jack lui sourit. Il l'a accompagnée jusqu'à la manche à air où elle est montée et a recommencé à ramper afin de retourner en toute sécurité au refuge. Une fois assuré qu'elle était partie, Jack retourna immédiatement à la clinique, seul cette fois. Faisant craquer les phalanges de ses doigts, il montra un regard plus que déterminé, décidé à découvrir l'accès à ce laboratoire caché.

_ "Elle a tant fait et elle n'a rien obtenu en retour…" souffla Jack en pensant à Elizabeth. "Il est temps de réparer cette injustice. Ok, c’est parti … J'ai une jolie dame à sauver."