De Sang et d'Âme
C'était une journée de printemps. Les cerisiers commençaient à fleurir partout dans les jardins du Seireitei. Un vent léger soufflait, faisant voler quelques pétales. Le soleil était particulièrement éclatant et présageait d'un mois d'avril particulièrement doux. Après l'horrible hiver qui avait régné à la Soul Society pour la quatrième année d'affilée, c'était un soulagement. Par ailleurs, les mois qui avaient suivi les deux massacre de trente sept étudiants, d'un capitaine et de cinquante shinigami à l'automne dernier, les Hollow s'étaient montré particulièrement calmes. La surveillance des frontières de la Soul Society s'était donc relâchée, et rien ne présageait d'une quelconque escarmouche avec des Hollow.
Oui, la journée promettait d'être parfaite, s'était dit chaque capitaine en se levant le matin. Une journée faite pour dormir au soleil, se battre jusqu'à s'écrouler de fatigue, ou à passer à l'intérieur à faire des expériences douteuses. Mais en tout cas, certainement pas faite pour s'enfermer pendant plus de deux heures pour discuter d'obscurs dossiers de budgets et de répartition des effectifs.
C'est pourquoi, en cette fin de matinée, tous les capitaines regardaient d'un air désespéré par la fenêtre de leur bureau, priant tous les kamis de leur connaissances, et même les autres, de faire quelque chose pour que cette réunion puisse être évitée. Kyorakou envisageait sérieusement de se déplacer à la douzième division pour demander à Kurotsuchi de leur inventer une machine qui les propulserait quelques heures plus loin.
Même les capitaines les plus sérieux comme Kuchiki, Soi Fon ou Hitugaya en venaient à espérer une attaque de Hollow -ce traître d'Aizen ne pourrait-il pas s'arranger pour débarquer à l'improviste dans les bains des femmes de la quatrième division ? Unohana aurait forcément la gentillesse de les inviter pour que tous puissent taper convivialement sur le traître et éviter ainsi l'horrible réunion administrative annuelle. Comment des capitaines comme Unohana, Ukitake ou Kyorakou n'étaient-ils pas devenus fous après mille ans de réunions annuelles, c'était un mystère.
Bien sûr, pour tous leurs sous-fifres, c'était l'occasion de ricaner de manière plus ou moins visible devant les têtes de déprimés de leurs supérieurs. Du moins, jusqu'au moment où ceux-ci leur rappelaient que les lieutenants étaient tenus de les aider pour constituer les dossiers nécessaires à la réunion....
Les lieutenants en venaient alors à envier les simples soldats qui pouvaient jouer aux dés et glander autant qu'ils voulaient en attendant qu'on ait besoin de chair à Hollow bon marché. Plus la réunion approchait, plus ils devaient se dépêcher pour aider leurs capitaines à finir leurs dossiers. Une heure avant la réunion, eux aussi en venaient à espérer une catastrophe la plus cataclysmique possible, et même à presque jalouser les étudiants de l'académie qui allaient passer l'après-midi à répéter des centaines de fois la même passe d'arme ou la même incantation jusqu'à mourir d'ennui.
Presque.
En fait, les journées parfaites comme celle-là provoquaient des crises de jalousies terribles et réciproques... En effet, pendant ce temps là, les élèves de l'académie, eux, rêvaient d'être enfin des shinigamis et débarrassés de tous ces devoirs sur l'histoire de la Soul Society, ces incantations dix fois trop longues et de toutes les autres horreurs de la vie d'étudiant.
Le Seireitei était donc très calme ce jour-là, même du côté de la onzième division. Chacun profitait du temps tout en se plaignant de devoir travailler.
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Kurosaki Isshin sortit en baillant de son bureau. Il avait effectué une petite sieste stratégique pour éviter de s'endormir en plein milieu de la réunion. Maintenant qu'Ichigo maîtrisait enfin le kido, peut être les vieux imbéciles du conseil accepteraient-ils qu'il prenne sa place ? Il n'était vraiment pas fait pour ce boulot-là. Son métier de médecin lui manquait, et la vie à Karakura auprès de ses filles. Il ne les voyait pas assez souvent à son goût. Il s'inquiétait beaucoup pour elles, même si elles étaient heureuses. Même adultes, pour lui, c'était toujours ses toutes petites filles qui suçaient leur tétine ou leur doudou en regardant la télé. A leur grand dam, c'était d'ailleurs ce qu'elles faisaient sur la photo qui trônait sur son bureau. Il attendait avec impatience le jour où elles arriveraient avec leurs petits copains et que ceux-ci tomberaient sur cette photo -et les autres-. Mais encore faudrait-il qu'il accepte ses inconnus comme dignes de ses fi-filles. Oui, il était un indécrottable papa poule. Et alors ?
-J'y vais Rukia-chan, fit-il en passant devant le terrain d'entrainement de la division où Rukia tentait de faire mourir Ichigo à force de lui envoyer des coups de pied dans la tête.
Au sol, Ichigo se protégeait comme il le pouvait en lui hurlant dessus. En l'entendant arriver, Rukia se retourna et lui offrit une de ses petites révérences.
-Bonne réunion, mon capitaine, le salua-t-elle de sa voix douce, avant de hurler à Ichigo. Qui t'a permit de te relever pov' tâche ! Tu va payer !
Isshin s'éclipsa par la porte. Personne ne tenait à affronter Rukia quand Ichigo l'avait rendu en colère. Ichigo allait souffrir, quoi qu'il ait fait, même une peccadille.
Sur sa route vers la première division, il rencontra Yoruichi qui se dorait le dos sur un toit.
-Eh bien, Yoruichi-san ?, lui-demanda-t-il en se posant sur le toit. On tente d'échapper à la réunion ?
-Va mourir Isshin, grommela la capitaine de la cinquième division en s'asseyant et se rhabillant lentement. Un charmant spectacle selon Isshin. J'espérai pouvoir faire semblant de m'être endormie et arriver... oh une heure ou deux en retard.
Isshin éclata de rire.
-Tu sais très bien que ça n'aurait pas marché. Nos vice-capitaines ont reçu des ordres très précis pour qu'on n'arrive pas en retard. La pauvre Hinamori-chan doit te chercher partout.
-Je lui ai promis des photos trèèès suggestives de certains capitaines pour le club des femmes shinigamis contre une heure de répit, et je l'ai menacé de dire qu'elle avait refusé au club si elle avait vraiment refusé. Imparable.
-Tu est très forte !
Yoruichi ricana.
-Celui que je plaint, c'est le pauvre Kira. Obliger Hirako à bouger contre son grès, ce n'est pas facile.
-Le pauvre, en effet. Coincé entre Hirako et Sarugaki, sa vie n'est vraiment pas facile.
-Ouaip !
Yoruichi se relevait quand un éclair blanc et bleu lui passa entre les jambes, la déséquilibrant.
-Bordel c'était quoi ça ?, s'exclama-t-elle en se relevant, avant d'être bousculée par un nouvel éclair, rouge et blanc celui-là. Elle le saisit au vol.
-Ok, ça suffit là ! Qu'est ce que vous croyez faire ?
Une petite boule de nerf d'une dizaine d'année aux cheveux dégoulinant d'un liquide rose à moitié sec se débattait comme une furie sous la poigne de fer de Yoruichi. Elle tentait d'atteindre la capitaine de ses poings et de ses griffes. Elle était vêtue de l'uniforme de l'académie. Isshin se fit la réflexion qu'ils les prenaient de plus en plus jeunes les aspirants shinigamis. Sans doute une conséquence des morts de l'automne précédent.
-Lâchez-moi !, hurlait la gamine. Je vais lui faire sa tête à cet imbécile !
-Oh, tu va te calmer ma petite, rétorqua Yoruichi, morte de rire, et un brin vexée de s'être fait renverser deux fois de suite. Et tout d'abord...
Elle ne poursuivit pas sa phrase. La gamine avait disparu, laissant seulement un morceau déchiré de sa veste de l'acamie dans la main de la capitaine.
-Douée la petite, commenta Isshin, intérieurement écroulé de rire devant l'air hébété de la déesse de la vitesse.
-D'accord, murmura celle-ci. C'est comme ça. Tu va voir ce que tu va voir gamine !
Et d'un coup de shunpo, la jeune femme noire s'élança à la poursuite d'une gamine qui poursuivait un autre gosse sur les toits de la Soul Society, alors qu'il était interdit aux aspirants shinigamis de sortir de l'enceinte de l'école. Jamais Ukitake ne croirait à son excuse si elle arrivait en retard à la réunion. Isshin s'écroula de rire et glissa du toit.
Il atterrit deux mètres plus bas droit dans la poitrine du lieutenant Matsumoto que sa chute avait renversé.
-Eh, s'exclama celle-ci, fallait le dire si vous aviez besoin d'affection capitaine, pas besoin de tenter de vous suicider pour ça !
-Matsumoto... grommela Hitsugaya d'une voix menaçante qui semblait ne plus marcher depuis longtemps sur sa vice-capitaine.
-Désolé Rangiku-san. J'ai glissé.
-Ça va, c'est pas grave, j'ai l'habitude des pervers, s'exclama joyeusement la rousse en reprenant le bras de son capitaine, sans plus se préoccuper d'Isshin. Allons-y sinon vous allez être en retard !
-La faute à qui Matsumoto ?, demanda d'un air agacé son capitaine en la suivant, visiblement désespéré. Vous ne vous êtes pas fait mal Kurosaki ?
-Ben non, j'ai amorti sa chute !
-Ça va. Mais je crois que Yoruichi sera un peu en retard. Elle a commencé une sorte de concours de shunpo avec deux gamins.
Le plus jeune des capitaines leva les yeux au ciel et grimaça. Le terme de « gamin » ou de « mioche » le mettait toujours dans tous ses états.
Ils arrivèrent devant la première division. Les capitaines Kuchiki et Abarai étaient devant la porte grande ouverte, en train de discuter avec le capitaine Ukitake. Le capitaine-commandant vint les saluer d'un air fatigué avant d'aller accueillir les capitaines Kyoraku et Hirako qui arrivaient de l'autre côté. Kuchiki, Abarai, Kurosaki et Hitsugaya partagèrent un même regard empli de désespoir -enfin, de lassitude pour Kuchiki-. Un regard qui disait « Pitié, sortez-moi de là. Peut importe comment », voir même « C'est où pour signer chez Aizen ? ».
C'est alors que les kamis prouvèrent leur existence en accordant les prières de la troupe des pauvres capitaines terrorisés par les réunions administratives.
Devant la première division, il y avait un bassin d'ornement, autrefois habité par des carpes koi, disparues mystérieusement et qui n'avaient jamais été remplacées. Le bassin avait été laissé à l'abandon tout l'hiver et était envahi de mousse et d'eau croupie. Les quatre capitaines discutaient à proximité de ce bassin.
Soudain, deux mini tornades qu'Isshin identifia sans problème comme les deux gosses de tantôt atterrirent au milieu d'eux en braillant joyeusement. La gamine en rouge, toujours dégoulinante de teinture rose, tentait d'étrangler le gamin en uniforme bleu, lequel était recouvert d'un liquide vert qui évoquait l'immonde soupe de légume qu'on servait à l'académie. Le gamin, lui, répliquait à grands coups de pieds. D'un geste implacable, Kuchiki Byakuya sépara les deux enfants. Ils lui échappèrent d'une pirouette et commencèrent à se courir après autour du capitaine de la sixième division. Celui-ci réussit à en attraper un au vol, mais la course de celui-ci l'entraina dans un mouvement rotatif. Le noble tourbillonna élégamment sur lui même avant de trébucher sur ses propres pieds et de glisser dans le bassin dans un gigantesque plouf.
Les deux enfants arrêtèrent immédiatement leur course. Un silence choqué s'installa autour de la scène. Puis, la tête de Kuchiki réapparu, couverte de vase. Il recracha un jet d'eau verte et sortit d'un air pataud du bassin. Il dégoulinait de vase et un nénuphar s'était logé dans ses cheveux. Chacun de ses pas faisait un « flic-floc » des plus comiques.
Même Hitsugaya avait dû mal à retenir un fou rire. Mais Yoruichi qui venait d'atterrir sur le perron de la division, elle ne s'en privait pas. Byakuya lui jeta un regard noir avant de se retourner vers les deux enfants.
Ceux-ci, sous la couche de teinture, de soupe, et d'eau croupie avaient l'air totalement paniqués, malgré l'effet risible que provoquait le capitaine de la sixième division dans son état actuel.
-On a pas fait exprès !, s'écria l'un des deux d'une voix rendue suraiguë par la terreur.
-Vous croyez vous en tirer comme ça ?, demanda Byakuya d'une voix calme et si basse qu'il fallait se concentrer pour l'entendre. Vous n'avez pas le droit de sortir de l'académie. Vous dérangez l'ordre de la Soul Society. Vous...
-Allons, allons Byakuya, éclata de rire Isshin. Les reproches peuvent attendre non ? Vous êtes trempés tous les trois, vous allez attraper la crève ! Va te changer, on te garde ces vauriens sous la main.
Byakuya s'inclina et disparu dans un flic-flac vers les bâtiments de douche de la première division que lui indiqua le lieutenant Sasakibe. Pendant ce temps, Matsumoto saisit par l' oreille les deux enfants.
-Moi je m'occupe de ceux-là, fit-elle en riant. Je vous les ramène dès qu'ils sont débarbouillés capitaines. Allez les garnements ! À la douche !
Les deux enfants la suivirent en silence dans les bâtiments de la première division. Une fois qu'ils furent loin, tous les capitaines présents éclatèrent de rire.
-Par tous les kamis, voilà qui n'avait jamais été vu à la Soul Society avant !, s'exclama Ukitake avant de partir dans une quinte de toux.
-On a fait bien des bêtises en notre temps, mais ça..., continua Kyoraku. La tête de Bya-kun... Impayable !
-Pitié, dit Yoruichi qui n'arrivait même pas à se relever, dites moi que quelqu'un a prit une photo... Il me la faut ! Ce serait mon bien le plus cher ! Je pourrai le faire chanter jusqu'à la fin de ses jours !
-S'il vous plait, fit derrière eux une voix d'enfant, et tous se retournèrent avec bienveillance. Leurs regards se figèrent.
-S'il vous plait, reprit le petit garçon d'une voix inquiète. La dame, quand on est sortit de la douche, elle a crié et elle est tombée par terre, elle s'est évanouie. On sait pas quoi faire...
Cet enfant ressemblait trait pour trait au traître Ichimaru tel qu'il devait être enfant. Les mêmes yeux mi-clos, la même forme de mâchoire, les mêmes cheveux argentés. Ce qui expliquait le choc de Matsumoto qui avait connu le traître enfant, se dit Isshin.
-Putain de merde, murmura Hirako d'un air choqué.
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En voyant leurs regards, l'enfant recula l'air inquiet, les yeux toujours mi-clos.
Jyûshiro s'approcha vivement et s'accroupit devant l'enfant.
-Ne t'inquiète pas, dit-il gentiment. On ne te veux pas de mal. Dis-moi juste ton nom, s'il te plait.
-Inari.
-Inari comment ?
-Comme si vous vous en doutiez-pas, cracha venimeusement le gamin à la tête d'Ukitake avant de se précipiter à nouveau vers le bâtiment des douches.
Jyûshiro se retourna vers ses subordonnés.
-Je m'en occupe avec Shunsui, déclara-t-il. Nous vous retrouverons avec l'enfant dans la salle de réunion. Et faites envoyer chercher Kira Izuru, il pourra nous aider à décider avec certitude si cet enfant est Ichimaru.
Tous les capitaines s'inclinèrent. D'autres arrivaient à qui ils firent signe de les suivre.
Jyûshiro et Shunsui se regardèrent, une même étincelle inquiète dans le regard. Aucun d'eux n'osa parler. Le retour de l'âme d'Ishimaru, si c'était lui, était bien trop inquiétante.
-Occupons-nous déjà de Matsumoto, commença Shunsui en entrant dans le bâtiment. La pauvre doit être dans un sale état.
Matsumoto était toujours évanouie. La petite fille tournait le dos aux deux capitaines et lui passait une serviette humide sur le front. Elle se tourna vers eux.
-J'arrive pas à la réveiller, murmura-t-elle, visiblement inquiète.
Mais Shunsui et Jyûshiro avaient tous les deux oublié la vice-capitaine. L'enfant était visiblement la sœur jumelle du jeune Inari ou Ishimaru. C'était les mêmes cheveux argentés, la même bouche, le même nez. Mais la forme de la mâchoire était un peu moins étroite que celle du garçon, les paumettes plus hautes, et surtout, ses yeux étaient bruns. Du même bruns que ceux d'Ukitake, et que ceux d'une jeune femme morte dix ans plus tôt.
-Mitsuki, murmura Jyûshiro, incrédule.
-Oui ?, demanda l'enfant.
-Non, supplia-t-il à mi-voix. Faites que ce soit un mauvais rêve.
Il commençait à percevoir des conséquences qu'il n'appréciait pas. Son cœur se serrait tandis qu'il regardait l'enfant. Sa fille, enfin revenue. Mais pour combien de temps ?
-Je vous connais, non ?, poursuivit l'enfant. J'ai l'impression de vous avoir déjà vu.
La gorge sèche, le capitaine ne put qu'acquiescer, ravi qu'elle se souvienne de lui. Matsumoto gémit et ouvrit les yeux. Jyûshiro se tourna vers elle.
-Ça va mieux Rangiku-chan ?
-Oui..., répondit la jeune femme, l'air encore un peu perturbé. Qu'est ce qui s'est passé ?
Avant que quelqu'un ait eu le temps de répondre, elle blêmit. Shunsui se retourna et suivi son regard. Elle contemplait le jeune garçon d'un air incrédule.
-Gin ! C'est Gin, j'en suis sûre ! Je le reconnais, et je reconnais son reiatsu maintenant ! Son énergie a un peu changé, mais c'est lui, c'est lui !
-Calmez-vous lieutenant ! Ce n'est pas la peine de paniquer, nous allons vérifier.
-C'est pas moi, grommela l'enfant avec une moue boudeuse qui ne correspondait pas vraiment à l'Ichimaru qu'ils connaissaient. Moi c'est Inari. C'est quand que les gens vont arrêter de penser que je suis le fils de ce type ?
-Plus probablement sa réincarnation, en fait, répondit Shunsui en examinant sa réaction.
Il ne fut pas déçu. Les yeux de l'enfant s'écarquillèrent, et il eut l'air paniqué. Mitsuki, elle eut un hoquet de stupéfaction.
-Suivez-nous maintenant, leur intima Jyûshiro en se redressant et en aidant Matsumoto à en faire autant. Nous allons tirer cette affaire au clair. Mais pour ça, nous avons besoin d'un renseignement, tout de suite. Pouvez-vous me dire votre date et le lieu de votre mort, si vous vous en souvenez ?
-C'était il y a deux ans, répondit Mitsuki. Le 25 novembre, ou quelque chose comme ça.
-Le 28 je crois, ajouta Gin. J'suppose qu'à l'hôpital ils ont tous les papiers.
-Quel hôpital ?
-Le central, à Sokumi.
-C'est sur l'île de Honshu.
-Bien, je vais faire vérifier ça tout de suite. C'est la ville où vous êtes nés ?
-Oui.
-Kotetsu ! Kotsubaki !, cria Ukitake, se doutant que ses deux lieutenants étaient à proximité.
Un instant plus tard, les deux lieutenants étaient devant lui à se fusiller du regard.
-J'ai besoin que chacun de vous aille me chercher un renseignement dans la ville de Sokumi, sur Honshu. Kotetsu, va à la mairie et cherche les dates et heures de naissance d'Inari Gin et Mitsuki. Kotsubaki, va à l'hôpital central de cette ville et cherche les renseignements sur leur mort, autour du 28 novembre d'il y a deux ans. Ramène aussi leurs dossiers médicaux.
-Oui capitaine !, hurlèrent les deux lieutenants.
-Vous verrez, cria Kotetsu, je vous ramènerait ces informations avant ce minable !
-Tu plaisante ! JE vais rentrer avant toi !
Les deux shinigamis s'apprêtaient à partir tout en s'insultant quand Kotetsu se figea. Mitsuki s'était accroché à son bras.
-S'il vous plaît, vous pourrez nous dire aussi si maman et papa vont bien ?
Kotetsu regarda la petite fille d'un air incrédule avant de la serrer de toutes ses forces dans ses bras.
-Trop mignonne !, cria-t-elle.
-Oui, hurla Kotsubaki en la lui arrachant presque des bras et l'enlevant hors de portée de la petite lieutenant. Bravo capitaine !
-Hé ! C'est moi qui doit féliciter le capitaine d'abord. Bravo, bravo capitaine !
Tout en disant ça, la jeune femme tentait de reprendre la petite fille en sautant partout autour de son collègue. Comme Ukitake, ils avaient reconnu Aoba Mitsuki dans cette enfant aux yeux bruns. Soudain, Kotsubaki laissa échapper un grognement. Gin lui avait envoyé un violent coup de pied dans le genoux.
-Maintenant tu lâche ma sœur et tu la repose.
-Merci, fit Mitsuki au lieutenant quand il l'eut reposé.
-Ignore-les Mi-chan, rétorqua Gin en faisant passer sa sœur derrière lui. C'est des bouffons.
C'en était trop pour Shunsui qui dû se retenir au mur pour ne pas tomber tellement il riait. Les deux lieutenants disparurent et les deux capitaines pénétrèrent dans la salle de réunion, laissant les enfants à la garde de Matsumoto et à six shinigamis à la porte de celle-ci.
Les capitaines qui attendait les regardèrent entrer avec stupéfaction. On les convoquait pour une réunion barbante au possible, ils apprenaient qu'Ichimaru était peut être de retour au Seireitei, et voilà que le capitaine-commandant entrait avec un sourire ravi, voie un brin béat et que le capitaine de la huitième division devait s'accrocher à lui tellement il riait, alors que depuis la mort de sa lieutenant il affichait la plupart du temps un air terriblement triste.
-Messieurs, mesdames, commença Ukitake. Il semblerait qu'Ichimaru Gin et que Aoba Mitsuki se soient réincarnés dans le monde réel il y a dix ans de ça et soient revenus depuis deux ans à la Soul Society comme frère et sœur sous le nom d'Inari.
Un brouhaha incrédule envahit la salle. Sasakibe s'avança légèrement pour prendre la parole.
-Je viens d'aller chercher la liste des admis à l'académie de cette année. On m'avait signalé l'arrivée d'un enfant d'une dizaine d'année ressemblant à Ichimaru et avec un reiatsu assez semblable.
-Quoi ?, s'écria Ukitake. Pourquoi ne pas m'avoir prévenu !
-J'attendais des preuves corroborant ces soupçons pour vous en parler. Pour le moment, rien de véritablement probant, juste d'étranges coïncidences.
-La prochaine fois n'attendez pas pour parler de quelque chose d'aussi important. Que dit son dossier ?
-Inari Gin, cinquante-neuvième district nord. Admis dans la classe d'élite, avec les meilleurs résultats depuis Ichimaru et Hitsugaya en travaux pratiques. Note de 20 sur 50 à la connaissance du Seireitei, de 47 sur 50 à l'examen de kido, de 50 sur 50 à la maîtrise de son reiatsu et de 48 sur 50 au maniement du sabre d'entrainement.
-Et sur Inari Mitsuki ?
-Voyons voir... Je n'avais pas fait les rapprochements entre les deux noms, vu qu'ils n'ont pas été admis dans la même classe. Ah voilà ! Inari Mitsuki, cinquante neuvième district nord. Admise dans la sixième classe, avec les notes suivantes : 30 sur 50 à la connaissance du seireitei, 25 sur 50 au kido, 30 sur 50 en maîtrise du reiatsu, et 10 sur 50 au sabre.
-Étonnant qu'elle ait eu une meilleure note que son frère à la connaissance du seireitei si c'est vrai..., remarqua Kurosaki. Mais vraiment Sasakibe, vous auriez dû nous transmettre ces données avant.
-C'est vrai. Je ne voulais pas crier au loup. Si j'avais vu l'enfant, j'aurais réagis bien sûr, mais on ne nous donne pas de photo avec ces fichiers. J'ignore par contre pourquoi l'académie ne nous a rien dit sur cette ressemblance.
-Étrange en effet. D'autant plus que selon Matsumoto, le reiatsu est presque le même. Elle a sentit une petite différence. Peut être Kira pourra nous en dire plus.
-Et pour Mitsuki ?, demanda Abarai d'une voix pressante.
Jyushiro se rappela alors qu'ils étaient sortis ensemble avant sa mort.
-La même remarque s'applique à elle. Son reiatsu à changé de manière presque imperceptible, mais suffisante pour que je ne l'ai pas reconnu quand ils ont débarqué tout à l'heure. Maintenant...
La porte s'ouvrit à toute volée, puis se referma, laissant passer Kotetsu et Kiyone.
-Au rapport capitaine !, crièrent-ils en lui donnant une liasse de papier. Ils avaient entouré de rouge certaines informations, qu'Ukitake examina rapidement.
-Je crois qu'il n'y a plus de doute maintenant. Selon leurs actes de naissance et de décès, ils sont né sur l'île de Honshu le 7 décembre 2004 en début d'après midi -ils étaient morts le matin même-.
-Intéressant, remarqua Kurotsuchi. Cela signifierai que la réincarnation n'a pas lieu au moment de la conception, mais à celui de la naissance. Quelle nouvelle pour la science !
-Oui... répondit Ukitake, dubitatif. Enfin, ils sont morts des suites d'un accident le 27 novembre 2012.
-Huit ans jour pour jour après la bataille de Karakura, nota Soi Fon.
-Il faudra voir qui a libéré leurs âmes. Peut être auront nous des informations supplémentaires, déclara Yoruichi.
-Il me faudra leurs dossiers médicaux, dit Unohana. Je veux être certaine que la mauvaise santé de Mitsuki n'est plus à l'ordre du jour. Et je pourrai comparer précisément toutes les données pour le jeune Gin.
-Bien sûr, Unohana-san.
-Il faudra aussi que nous testions leur reiatsu, mais je crois qu'il n'y a pas le moindre doute à avoir. Ils sont revenus.
-Cela a-t-il une place dans les plans d'Aizen ?, demanda enfin Kuchiki, posant la question qui les torturais tous.
-Il va nous falloir le découvrir...
-Et qu'allons nous faire de lui ?, poursuivit Hirako. Je n'apprécie guère l'idée d'avoir un Ichimaru en liberté au seireitei. S'il a gardé ses souvenirs... Les kamis savent ce qu'il peut faire.
-Chaque personne qui l'a connu l'interrogera afin de savoir ce qu'il sait encore de son passé. Si vous le désirez, vous pourrez commencer Hirako.
Un cri suraigu retentit à la porte de la salle. Deux capitaines se précipitèrent pour ouvrir la porte, et les autres suivirent. Ils découvrirent le lieutenant Kira écroulé par terre avec un air terrifié.
Ichimaru se retourna vers les capitaines avec la tête de renard qu'ils lui connaissaient tous.
-Alors là j'ai vraiment rien fait, s'excusa-t-il en souriant et en insistant sur le rien. J'ai dit bonjour parce que j'ai un peu appris la politesse et Izuru s'est effondré en hurlant. J'ai rien fait.
-A part te trimballer avec une tête de psychopathe, lui rappela Mitsuki qui affichait exactement la même tête, jusqu'aux yeux mi-clos. Tu n'a plus qu'à écrire « je suis pas un psychopathe » sur ton uniforme pour que les gens arrêtent de sursauter.
Quelques personnes frissonnèrent. Voir un capitaine Ukitake miniature avec le sourire d'Ichimaru, c'était une vision des plus inquiétantes.
-Alors ?, demanda Gin avec insolence. Vous avez décidé si j'étais un traître et un assassin ou pas ?
Ils ne lui répondirent pas. Soudain, Matsumoto hoqueta de stupéfaction.
-Gin... Comment tu sais que le prénom de Kira est Izuru ?
L'enfant fronça les sourcils.
-Quelqu'un l'a dit devant moi ? Non ?
-Personne ne m'appelle jamais par mon prénom, et je n'utilise jamais, répondit Kira, maintenant tout à fait blême. Même mes amis, même pour me présenter. Il n'y avait que le capitaine Ichimaru pour m'appeler comme ça.
Preuve était désormais faite que l'enfant avait certains souvenirs de son passé. Une idée particulièrement inquiétante.
-Alors ?, murmura Shunsui à l'oreille de Jyûshiro. Que va tu faire maintenant ? Adopter ta fille et son frère jumeau-traître et assassin en puissance ?
Jyûshiro ne pouvait répondre à cette question.