Renaissance du lotus

Chapitre 8 : Karezakura

3277 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/11/2020 22:12

Les rayons du soleil réveillèrent lentement les habitants du Seireitei, sauf Hasu qui n’avait pas beaucoup dormis cette nuit-là, à cause d’un cauchemar récurrent. Elle rêvait d’un homme aux longs cheveux blonds qu’elle tentait de retenir, en vain. Puis son désespoir hurlait son nom : Shinji ! Après elle se réveillait et pleurait, sans comprendre ce qui la tourmentait… Hasu était apparue dans ce monde, il y a 30 ans, sans aucun souvenir de son passé, néanmoins elle possédait déjà un zanpakutô, ce qui lui avait permis de devenir une shinigami. Son parcours fut long et périlleux, intégrant d’abord la 3ème division, elle devint ensuite lieutenant de la 13ème division, au côté du capitaine Jûshiro Ukitake.


Elle étira ses bras puis se leva nonchalamment. Quelques minutes après Hasu quitta ses appartements pour vérifier la paperasse qui l’attendait. Elle travaillait beaucoup plus que les autres vice-capitaines, Ukitake avait la santé fragile, il restait souvent alité dans sa chambre sans rien pouvoir faire. Du coup Hasu faisait ses devoirs de capitaine et elle dirigeait d’une main ferme la 13ème division. Elle était la seule à pouvoir assister aux réunions des capitaines, lorsqu’Ukitake se sentait trop faible. Les autres lieutenants l’enviaient un peu pour ça, mais elle les réprimandait sévèrement, cette situation, elle n’en profitait pas et elle préférait que son capitaine soit en bonne santé.


Toute la matinée elle s’occupa des documents qui s’étaient accumulé sur le bureau d’Ukitake, le temps passa si vite qu’elle ne se rendit pas compte que l’heure du repas était déjà passée. Elle marmonna un juron, elle venait d’oublier d’apporter le thé à son capitaine. Dans un excès de panique elle se dépêcha de ranger la paperasse puis fila en cuisine. Le moment du thé à midi était le moment de la journée préféré d’Hasu, elle le partageait avec son capitaine et ils discutaient. La jeune femme se dirigea doucement en direction des appartements d’Ukitake, une fois arrivée elle demanda d’une voix douce si elle pouvait entrer.


- Bien sûr, entre Hasu, répondit la voix faible du capitaine.


Sans tarder elle ouvrit la porte coulissante, la lumière éclaira la peau pâle d’Ukitake. Il adressa un sourire fatigué à Hasu, s’assit sur son lit, toujours dans son kimono gris qu’il portait lors de sa convalescence.


- Excusez mon retard, murmura Hasu en baissant les yeux

- Quel retard ? demanda-t-il en rigolant


Il se leva pour prendre l’air, puis se posa sur la terrasse, observant le jardin, Hasu le rejoint vite avec le plateau et lui servit du thé. Le capitaine la remercia en abordant son habituel sourire chaleureux, il adorait ces moments avec son lieutenant, il s’ennuyait tellement à rester enfermé. Il remarqua la fatigue sur le visage de la jeune femme, il se sentit coupable, il savait qu’elle travaillait beaucoup à sa place, même si il lui interdisait et l’obligeait à se reposer. Mais Hasu était une femme têtue, elle continuait à travailler contre l’avis de son capitaine. Il se dit que de toute façon, quoi qu’il dise, il ne changerait jamais la shinigami, elle avait une détermination à toute épreuve.


- Tu me sembles fatiguée Hasu, tu es sûr que ça va ? demanda-t-il légèrement inquiet pour sa santé


Hasu lui adressa un sourire rayonnant et mentit en disant que tout allait bien. Elle n’avait jamais parlé de ses cauchemars à quelqu’un, elle n’osait pas se confier et préférait garder ça pour elle.


- Tu ne sais pas mentir, dit doucement Ukitake avec un sourire, je vois bien que quelque chose te tracasse.


Hasu prit un air gêné, ses mains se resserrèrent sur la tasse, elle fixait le fond du récipient, ne sachant pas trop quoi répondre. Après tout pourquoi ne pas en parler à Ukitake ? Elle l’adorait, lui accordait toute sa confiance et elle se doutait bien qu’il n’était pas du genre à répéter les secrets des autres.


- Vous avez raison, murmura-t-elle pour ne pas que d’autres l’entende, j’ai encore fait le même cauchemar….

- Un cauchemar ? interrogea le capitaine, piqué par la curiosité.

- Oui, répondit-t-elle, la voix soudain devenue triste, c’est toujours le même homme qui hante mes cauchemars. A chaque fois j’essaie de le retenir, mais je n’y parvins pas. Alors je panique, le désespoir me prend, je l’appelle mais il ne se retourne pas. Ensuite je me réveille. J’ai l’impression que ce réveil est douloureux, comme si toute mon âme souffrait et j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose…


Ukitake avait suivi toute l’explication avec beaucoup de sérieux, il se demandait bien pourquoi ce cauchemar tourmentait tant Hasu. Avait-t-il un rapport avec son amnésie ? Alors il demanda :


- Quel est le nom de cet homme ?


Hasu s’apprêta à répondre lorsqu’une adolescente arriva en courant, un sourire s’étira sur ses lèvres, c’était Rukia, une amie très proche. A vrai dire elle la considérait un peu comme sa fille, elle la trouvait débordante d’énergie mais des fois elle pouvait se montrer très sérieuse. La shinigami aux cheveux d’ébènes s’inclina respectueusement devant Ukitake et Hasu. La lieutenant la réprimanda aussitôt :


- Je t’ai déjà dit mille fois de ne pas te montrer aussi formel envers moi, ce n’est pas la peine !

Ukitake éclata de rire et la taquina :

- Je te dis pourtant la même chose et tu continus à le faire…


La vice-capitaine rougit jusqu’aux oreilles, elle aurait aimé se cacher sous terre, Rukia ne put s’empêcher de sourire.


- Que veux-tu Rukia ? demanda Ukitake avec bienveillance.


Rukia repris soudain un air sérieux et dit d’une voix forte et claire :


- Je venais annoncer mon départ dans le monde réel et aussi vous faire mes aux revoirs !

- Ah oui ! s’exclama le capitaine, c’est vrai que c’est aujourd’hui ! Le temps passe vite… Fais attention à toi Rukia, bonne chance !


La shinigami le remercia, se tourna vers son lieutenant, Hasu, en état de choc, celle-ci cria :


- Quoi ?! Pourquoi je ne suis pas au courant ?!


La jeune fille s’excusa, effectuant milles courbettes devant Hasu.


- Je suis désolée ! En ce moment tu semblais très occupée par ton travail, je ne voulais pas t’importuner !


Hasu soupira, c’était bien de sa faute si elle n’était pas au courant, elle travaillait beaucoup trop ces derniers temps.


- Ce n’est pas grave, viens, je vais t’accompagner jusqu’à la porte menant au Senkaimon.


Rukia accepta volontiers, c’était la première fois qu’elle était en mission dans le monde réel et cela l’intimidait un peu. Hasu la suivit jusqu’à une arche imposante, elle menait au Seikaimon. C’était un passage reliant le monde réel à la Soul Society. Rukia se tourna vers sa lieutenant, elle dit mal à l’aise :


- J’ignore combien de temps je vais rester là-bas …


Elle affichait une mine triste, Hasu l’enlaça pour la rassurer et dit d’une voix enjouée :


- Ne t’inquiète pas ! On se reverra bientôt, amuse-toi bien dans le monde réel et surtout fait bien attention à toi !

- Merci, murmura Rukia, à bientôt.


L’arche du Seikaimon fut soudain remplie d’une vive lumière blanche, le passage venait de s’ouvrir, Rukia s’y engouffra en adressant un sourire à sa vice-capitaine. Hasu lui rendit mais elle ne put s’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment, comme si son officier était en danger.

 


Le crépuscule arrivait, Hasu méditait dehors, sur sa journée, elle aurait bien aimé passer plus de temps avec Rukia avant son départ. De plus, elle n’avait pas eu le temps de raconter son cauchemar à Ukitake, pas grave pensa-t-elle, une autre fois... Un mouvement dans son dos attira son attention, elle se retourna et vit Ukitake accompagné de son ami proche, Kyôraku. C’était le capitaine de la 8ème division, il portait un magnifique kimono rose par-dessus ses vêtements de shinigami et un chapeau de paille lui cachait le visage. Ils discutaient tranquillement comme deux vieux amis et Ukitake le fit rentrer dans ses appartements. Les deux hommes n’avaient pas accordé un seul regard à la jeune femme, elle se demanda s’ils les avaient vus. D’habitude ils la saluaient puis Hasu venait leur apporter des collations.


Ce soir-là elle se demandait si c’était nécessaire qu’elle le fasse, peut-être que les capitaines voulaient discuter seule à seule. Hasu observait les étoiles pensive, elle avait bien envie de bouger pour voir d’autres lieutenants. Ses pas la menèrent hors de sa division, elle errait dans les ruelles, sans trop savoir où aller, perdue dans ses pensées. La jeune femme s’ennuyait en ce moment, elle faisait que de la paperasse et aurait bien aimé partir en mission, les combats l’attiraient énormément. Elle se rendit compte soudain qu’elle était devant les quartiers de la 11ème division, composée essentiellement d’hommes assoiffés de combat. En restant ici elle risquait d’avoir des ennuis, ou plutôt les autres risquaient d’en avoir se dit-elle avec un sourire carnassier. Hasu n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Un homme aux crânes chauve apparut devant la shinigami, elle le connaissait bien, c’était Ikkaku, un jour elle avait failli le tuer lors d’un violent combat. Elle fut surprise de ne pas le voir avec Yumichika, son meilleur ami avec qui elle s’entendait bien. Un large sourire s’étira sur ses lèvres et il dit amicalement :


- Yo Hasu ! Tu viens m’accorder une revanche ?

- Non désolée, répondit-elle gentiment, je ne suis pas ici pour me battre ce soir.


Le shinigami arqua un sourcil, se demandant bien ce qu’elle faisait ici si ce n’est pas pour croiser le fer, la mémoire lui revint soudain.


- Ah en fait ! Tu savais que Renji Abarai est devenu le lieutenant de la 6ème division ? Il fait une fête ce soir, j’y vais, tu veux m’accompagner ?


Renji Abarai… Hasu en avait entendu parler à travers la bouche de Rukia, c’était un ami d’enfance de la jeune fille. Ils avaient vécu tous les deux dans le Rukonjai avant d’intégrer l’académie des shinigami. Ensuite Rukia s’était faite adopter par la famille Kuchiki, depuis ils s’étaient un peu perdu de vue. Hasu réfléchissait, aucun lieutenant ne l’avais prévenu, elle ne désirait pas s’incruster dans la fête tel un parasite. Elle remarqua qu’Ikkaku attendait intensivement sa réponse, elle s’était perdue dans ses pensées, ça arrivait souvent à la shinigami qui avait un tempérament un peu rêveur par moment.


- Oui, répondit-elle pour mettre fin à l’impatience du shinigami.


Elle se maudit intérieurement, pourquoi elle avait dit oui ? Elle ne pouvait plus se défiler maintenant.


- Super ! Allons-y ! s’exclama-t-il.


 

La jeune femme aux cheveux flamboyants s’était arrêtée dans les quartiers de la 6ème division, plus particulièrement dans les jardins. Elle avait fait signe à Ikkaku d’y aller, d’où elle était, elle entendait les rires, elle les retrouverait sans problème. Hasu fixait d’un air songeur les plantes qu’elle trouvait magnifiques, la shinigami était passionnée par tout ce qui touchait à la nature, c’est la première fois qu’elle voyait autant d’espèces rares dans des jardins du Gotei 13. Son regard fut attiré par un arbre qui n’allait pas du tout avec les autres. Il n’avait pas de feuille malgré le fait que ça soit le printemps, elle en déduit qu’il était mort et c’était probablement un cerisier. Hasu ne comprenait pas, pourquoi laisser un arbre mort ici ?


- Étrange n’est-ce pas ? dit une voix assez froide.


La shinigami sursauta, elle reconnut tout de suite cette voix, c’était Byakuya Kuchiki, le capitaine de la 6ème division, appartenant à la famille noble la plus prestigieuse de la Soul Society. Elle se retourna, doucement, son regard croisa les yeux sombres de l’homme et ses cheveux d’ébènes étaient détachés. Hasu réalisa avec horreur qu’elle s’était trop éloignée, elle devait se trouver dans les quartiers privés du capitaine, elle osait à peine respirer. Byakuya observa la lieutenant, il avait senti bien avant son réatsu, il dégageait une tel puissance, il ne doutait pas que cette femme puisse devenir un jour capitaine. Il l’avait vu observer le cerisier mort, en général personne n’accordait autant d’intérêt à ses quartiers. Hasu fut mal à l’aise face au regard intense du capitaine, elle décida de fixer le sol lorsque Byakuya lui demanda :


- Que fais-tu ici ?

- Je suis désolée, j’étais venue voir Renji Abarai pour le féliciter de sa promotion mais je crois que je me suis un peu perdue, répondit-elle d’une voix paniquée.

- Ce n’est pas grave, murmura Byakuya.


Hasu fut surprise, elle connaissait Byakuya comme un homme froid, insociable et sévère. Pourtant il n’avait fait aucun reproche à la jeune femme, pour l’instant. Elle releva le regard, le capitaine semblait perdu dans ses pensées, une drôle de lueur passa dans ses yeux, puis il observa d’un air triste le cerisier mort, il raconta d’une voix lente :


- Ce cerisier fut planté par ma défunte mère, c’était un arbre magnifique, ma mère aussi. Mais elle est morte et le cerisier a commencé à dépérir, j’ai tout fait pour le sauver, sans succès…


La shinigami éprouva de la compassion pour lui, il gardait cette arbre, même mort, en souvenir de sa mère. Elle se demanda si elle pouvait faire quelque chose pour le cerisier.


- D’ailleurs, vas-tu bientôt publier la suite sur les variétés de cerisiers japonais ? interrogea soudain le capitaine la voix empreinte de curiosité.


Un silence de mort s’installa, la shinigami se tourna vers Byakuya, essayant de dissimuler au mieux son malaise. Lui lire sa rubrique « Les p’tites bêtes d’Hasu » ? Elle n’osa pas dire que ses écrits étaient plutôt destinés aux enfants, mais ne put s’empêcher de se sentir honorer qu’un adulte aussi noble que le chef du clan Kuchiki puisse s’y intéresser. Elle répondit d’un ton joyeux :


- Je n’avais pas vraiment prévu de le sortir cette années mais si vraiment vous y tenez je vais faire en sorte de le publier prochainement capitaine Kuchiki, en espérant qu’il vous plaira !

- Hasu ? Qu’est-ce que tu fais ? Tout le monde t’attend !


Mastumoto, la vice-capitaine de la 10ème division posa ses mais sur ses hanches, l’air mécontente, mais eut un sursaut en apercevant Byakuya. Celui-ci leur tourna le dos sans dire un mot et retourna vers ses appartements. La femme rousse aux attributs généreuse l’observait d’un air interrogateur :


- Qu’est-ce que tu faisais avec le capitaine Kuchiki ? ‘

- Rien, mentit-elle, je m’étais juste égarée.


Matsumoto la ramena en direction de la soirée, elle fut accueillie avec beaucoup d’enthousiasme de la part des autres lieutenants. Hasu sourit, leur bonheur était contagieux, elle se sentait tellement bien, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu ses pairs. Renji discutait tranquillement avec ses amis, Hisagi et Kira. Hisagi était un homme avec beaucoup d’humour, même si il se montrait très sérieux des fois, Hasu n’oublierait jamais le jour où ils s’étaient rencontrés. C’est lui qui l’avait trouvé, avec Kira, errante dans le Rukonjai, amnésique, il lui avait sauvé la vie en tuant un hollow. Elle connaissait très bien Kira aussi, ayant débutée sa carrière de shinigami dans la 3ème division, il l’avait beaucoup aidé dans ses entrainements et ils étaient devenus des amis très proches. C’était un homme plus timide mais gentil. Elle se dirigea vers eux, voulant féliciter Renji, elle lui dit de sa voix douce :


- Bravo Renji pour ta promotion, tu le méritais amplement !


Celui-ci sourit, légèrement intimidé par la jeune femme, il connaissait sa réputation de shinigami redoutable. Il la remercia chaleureusement puis lui servit un verre de saké, elle le but d’une traite, enfin fit semblant. Kira, lui, commençait déjà à être éméché, il parlait de façon incohérente, la jeune femme commença à le taquiner gentiment. Puis Hasu scruta le comité, elle aimait bien observer les autres, son regard se posa sur la douce Hinamori. C’était une jeune femme qui lui semblait gentille mais tellement fragile d’une certaine manière. Elle se perdit dans sa contemplation des autres, elle entendait à peine les discussions, ce n’étaient que de faibles murmures à ses oreilles. L’esprit d’Hasu s’embrouilla, elle pensait à l’homme de ses cauchemars, Shinji. Qui était-il ? Que représentait-il pour elle ? Elle devait forcément l’avoir connue avant de perdre la mémoire… Quelqu’un la secoua en disant :


- Ohé Hasu ! Tu dors, à quoi penses-tu ?


Hasu regarda étonnée Matsumoto qui la toisait avec un air suspicieux, elle devait poser la question, ça la travaillait trop.


- Quelqu’un connait-il un shinigami du nom de Shinji ? demanda-t-elle tout haut


Un silence pesant s’abattit soudain dans la salle, tout le monde la fixait d’une façon étrange, elle se sentit mal à l’aise. Ikkaku s’approcha, c’était le moins surpris, il dit :


- Shinji Hirako ? C’était un capitaine de la 5ème division, je l’ai déjà vu lorsque j’ai intégré la 11ème division.

- Où est-il maintenant ? demanda-t-elle, curieuse.


- Il est mort il y a une centaine d’années, c’est Aizen, son lieutenant à l’époque qui a pris la relève.

Le visage d’Hasu devint plus pâle que d’habitude, une douleur indescriptible lui lacera le cœur, pourquoi souffrait-elle autant de savoir Shinji mort ? Elle se sentait perdue, elle avait rêvé d’un homme mort ? C’était impossible. Hasu ne laissa rien paraître aux autres, les invitant joyeusement à boire une autre tournée. Kira l’observait au loin, il avait bien senti le trouble de son amie dans son réatsu…

 

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