Renaissance du lotus

Laisse-moi te raconter celle que j’étais…

Une enfant pleine de vie !

Une jeune femme remplie d’espoir.

Une shinigami pensant naïvement être libre,

Qui avait malgré tout trouvé sa voie.

Mais, qui a perdu quelque chose qui lui était cher…

Une adolescente de 11 ans boudait dans un coin de la pièce, elle trifouillait nerveusement ses cheveux rouges et ses yeux verts reflétaient sa colère. Une fois encore son grand frère, Shunsui avait déjoué ses plans pour aller au Rukongai, alors que ça faisait des mois qu’elle préparait ça ! Malheureusement il était bien trop intelligent pour se faire berner aussi facilement, il savait sa sœur têtue, il avait toujours un œil discret sur elle. A peine avait-elle mis un pas hors du Seireitei, déguisée en jeune servante, que son frère lui était tombé dessus avec son ami Ukitake.

- Hasu… Je t’ai déjà expliqué milles fois pourquoi tu ne dois pas te rendre au Rukongai seule, ce n’est pas contre toi, dit doucement Kyôraku.

- Tu fais partie de l’une des plus grandes familles nobles de la Soul Society, tu risquerais de tomber sur des gens mal intentionnés, continua Ukitake.

Hasu tourna son regard assassin vers les deux capitaines, qui eurent un mouvement de recul, ils savaient qu’elle pouvait se montrer très colérique.

- Mais tu n’as jamais le temps de m’accompagner au Rukongai, Shunsui ! Je m’ennuie, j’en ai marre des servants qui me font des courbettes à longueur de journée ! Je veux jouer avec des jeunes de mon âge ! pesta la jeune fille.

- Tu sais bien que je suis très occupé avec ma position de capitaine… se défendit-il.

La gamine leva les yeux au ciel et émit un sifflement agacé. Dédaigneuse, elle rétorqua :

- Tu parles ! Tu crois que je ne suis pas au courant que tu passes tes journées à somnoler ?!

- Moi ? Somnoler ? dit innocemment Kyôraku en se pointant du doigt.

En réponse, Hasu se jeta sur son frère et lui asséna un violent coup de pieds en pleins visage qui le fit tomber en arrière, le nez ensanglanté. Le capitaine aux cheveux blancs s’interposa entre le frère et la sœur, les mains en l’air.

- Allons, allons ! Vous n’allez pas vous battre quand même… tenta de temporiser Ukitake.

La jeune fille fit craquer ses doigts, le toisant d’un regard froid et susurra :

- J’ai une grande affection pour toi Ukitake… Mais si tu défends cet idiot alors je n’hésiterais pas à…

- Si tu veux on ira demain ensemble au Rukongai, je n’ai plus d’ohagi, j’aimerais aller en acheter. Ça te dirait ? demanda-t-il soudain d’une voix douce.

Un large sourire se dessina sur les lèvres d’Hasu qui se mit à sauter de joie en remerciant bruyamment Ukitake. Son frère se releva, la main sur le nez, marmonnant qu’il la gâtait beaucoup trop…

Comme promit, le lendemain matin, Ukitake et Hasu se rendirent au Rukongai, la jeune fille avait choisi un de ses kimonos préférés. Le duo ne passa pas inaperçu, surtout avec la présence du capitaine, Hasu trottinait gaiment derrière lui, ignorant les murmures à leur passage. Ukitake s’arrêta à un stand de confiserie et une boutique de jouets plus loin, attira l’attention de la jeune fille, qui traversa l’allée d’un pas trottinant. Un cri d’homme paniqué retentit soudain, Hasu vit un Jinrikisha lancé à vive allure lui foncer dessus. Elle se figea de terreur, il ne pourrait jamais s’arrêter et elle n’avait pas le temps de réagir. Une masse se jeta sur elle, la poussant de la route et ils roulèrent violemment sur le sol. Hasu se releva, les larmes aux yeux, douloureuse et égratignée de partout. Elle se mit à pleurer pour de bon quand elle constata que ses vêtements avaient été déchirés dans sa chute.

- Est-ce que ça va ? demanda une voix masculine, on ne t’a pas appris à regarder avant de traverser ?

La jeune fille leva son regard larmoyant sur l’adolescent qui se tenait devant elle, aussi amoché. Il avait des cheveux blonds, mi-longs en carré et il affichait un air légèrement désinvolte. Hasu essuya furtivement ses larmes, planta ses yeux dans ceux du jeune homme, qui se mit soudain à rougir. Elle s’inclina, s’excusant et le remerciant pour son aide. Gêné, il s’exclama :

- Pas la peine de me remercier !

- Bien sûr que si ! Tu m’as sauvé la vie et je ne l’oublierai jamais, ainsi que ma famille ! Je m’appelle Hasu Kyôraku, enchanté ! répondit-elle avec sourire chaleureux.

L’adolescent devint encore plus rouge quand il comprit qu’il était face à une fille de la haute noblesse. Au fond de lui il brûlait d’envie de faire sa connaissance, Hasu dégageait vraiment quelque chose de spécial à ses yeux, mais il n’était qu’un gamin du Rukongai. Il songea à partir quand soudain Hasu le retint par la manche, devinant ses intentions.

- Comment tu t’appelles ? demanda-t-elle.

- Sh… Shinji Hirako ! balbutia-il au bord de la syncope.

- Ça va Hasu ?! intervint Ukitake en panique.

Le shinigami était tout blême en constatant les blessures de la sœur de Shunsui, craignant que cela provoque sa colère. La jeune fille ignora à moitié Ukitake, harcelant Shinji de questions, elle n’était pas habituée à papoter avec des enfants de son âge. Le capitaine ne se vexa pas et esquissa même un léger sourire, au moins elle n’avait pas l’air choqué par ce qu’il venait de se passer. Le jeune homme finit par se détendre face à l’attitude amicale d’Hasu, qui ne donnait vraiment pas l’impression d’appartenir à l’aristocratie, il les imaginait beaucoup plus prétentieux.

- On peut aller jouer Ukitake ? demanda soudain Hasu, toute excitée.

- Eh bien… Il faudrait peut-être mieux rentrer pour soigner tes blessures ? répondit-il hésitant.

- S’il te plait ! Shunsui risque de ne plus me laisser sortir avant un moment maintenant ! dit-elle suppliante.

Ukitake soupira, pensant qu’elle avait sûrement raison, pour une raison qu’il ignorait son frère était surprotecteur avec elle, alors que ce n’était pas vraiment le genre de son ami. Il donna son accord d’un mouvement de tête et les gamins partirent jouer dans un parc non loin, suivi de près par le capitaine. Shinji se pencha vers Hasu et murmura :

- Shunsui Kyôraku? Le capitaine de la 8ème division c’est ton frère ?! Comment est-il ?

- Un vrai crétin… marmonna la jeune fille, blasée.

Hasu attrapa deux grands bâtons et en lança un au jeune homme, puis se mit en position d’escrime. Un air taquin apparut sur les lèvres de Shinji et il demanda :

- Une petite fille de la noblesse veut vraiment se mesurer à un gamin qui a grandi dans les dangers de la rue ?

- Tu seras peut-être surprit… répondit Hasu, espiègle, je te laisse une chance d’attaquer en premier.

Shinji arqua un sourcil, curieux, Hasu dégageait une véritable confiance en elle. Il attaqua, se fit immédiatement désarmé par la jeune fille, surprit par sa vitesse puis projeté au sol. Ukitake toisait la scène plus loin, interloqué, pourtant son frère faisait tout pour dissuader Hasu de suivre la voie des shinigami. Shinji se releva, nullement vexé par l’échange et dit avec large sourire :

- Je t’ai sous-estimé désolé ! Toi aussi tu veux devenir shinigami ?

- Capitaine plus exactement, répondu Hasu, le regard brulant de détermination.

- Rien que ça ! s’exclama Shinji en rigolant.

- Et toi ? demanda innocemment la jeune fille.

- Hummm je ne sais pas, répondit-il, mais je serais curieux de voir si tu y arriveras…

- C’est une proposition d’amitié ça ?

Shinji observa Hasu, interloqué par sa question et lut une sincérité perturbante dans le regard de la jeune noble. Le rouge lui monta encore aux joues et il détourna le visage pour éviter qu’elle ne le remarque.

- Peut-être bien… marmonna-t-il.

- Alors faisons en une promesse ! dit Hasu, tendant son petit doigt.

L’adolescent, tout penaud, l’imita et ils se promirent de devenir shinigami et capitaines ensemble.

Quand je me souviens de cette rencontre, mon cœur se remplit d’une douce nostalgie

Je dois ma vie à Shinji, mon premier et véritable ami

Ukitake assistait impuissant, aux réprimandes de Shunsui envers sa petite sœur, même si il tentait de minimiser les faits, la colère de son ami ne faiblissait pas. Dorénavant Hasu n’aurait plus le droit d’aller au Rukongai, même accompagné. Les larmes coulaient à flots sur les joues de la jeune fille à l’idée de ne plus jamais voir Shinji, elle tenta de négocier, en vain. Alors elle posa un ultimatum à son frère :

- Je n’essaierais plus jamais d’y aller si tu me promets de me laisser intégrer l’Académie Shin'ō !

Shunsui haussa un sourcil, la famille Kyôraku à la base était une famille d’artistes, Hasu s’intéressait grandement à la dance et l’art floral, il espérait qu’elle avait abandonné l’idée de devenir shinigami. Son ami Ukitake se pencha vers lui, lui murmurant qu’elle possédait déjà des bonnes bases d’escrimes et qu’elle devait s’entraîner en cachette. Le capitaine aux kimono rose poussa un long soupire et demanda :

- C’est vraiment ton souhait Hasu ? Devenir une shinigami ?

- Oui ! Je veux devenir capitaine, comme toi grand frère ! répondit-elle avec détermination.

Il toisa sa sœur, pensif, décidément ils étaient les parfaits opposés : lui calme et pacifique, elle soupe au lait et combative. Après tout c’était son droit, même si ça risquait de compliquer les choses pour l’avenir, mais il ferait en sorte qu’elle puisse réaliser son souhait avant « ça ». Il aborda un sourire bienveillant et dit :

- Pas de soucis, qu’il en soit ainsi.

A 15 ans, j’obtenus du premier coup l’examen d’entrée de l’Académie…

Une jeune femme trépignait devant l’affichage des résultats, ça y est, elle avait réussi et allait intégrer l’académie, en classe accélérée en plus ! Hasu scrutait les noms de ses futurs camarades de classe lorsqu’une voix l’interpella :

- Yo ! Ça faisait un bail Hasu !

L’adolescente se retourna lentement, étouffant un cri de joie en apercevant Shinji qui lui adressait un large sourire, elle nota que ses cheveux avaient poussés. Lui, rougissait légèrement, Hasu avait maintenant les traits et les attributs d’une femme, il la trouvait magnifique mais lui dit, d’un air détaché:

- Tu n’as vraiment pas changé !

- Tu trouves ? interrogea Hasu, nullement vexée, tu es plus grand que moi maintenant !

C’était le cas, Shinji dépassait d’une tête Hasu et était toujours aussi fin. Il s’approcha de l’affichage et s’exclama gaiement :

- Oh ! On est dans la même classe !

- C’est vrai ?!

Hasu sautillait de joie à l’idée de faire l’Académie avec Shinji, elle en rêvait depuis des années mais les chances étaient si minces de se retrouver ensemble. A vrai dire le jeune homme s’était renseigné sur l’année où la jeune femme passerait son examen pour tenter de l’avoir aussi, mais préféra taire cet aspect. Les deux amis partirent se poser sous des arbres plus loin. Hasu lui raconta pourquoi elle n’avait pas pu retourner au Rukongai après son escapade et comment elle s’était entrainée dur pour passer l’examen. Shinji l’écoutait, blasé, l’aristocratie ça avait l’air ennuyeux, il avait presque pitié pour son amie.

- Si on se débrouille bien pendant nos années d’étude on pourra directement intégrer une division ! Voir obtenir un siège dans celle-ci ! dit Hasu, les yeux pétillant d’excitation.

- Il y a une division qui t’intéresse en particulier ? demanda Shinji.

- N’importe laquelle tant que ce n’est pas celle de mon frère, répondit-elle avec dédain.

- Tu n’as pas l’air de l’apprécier, ton grand frère, taquina le jeune homme.

Hasu fit la moue, non elle ne le détestait pas, à vrai dire elle l’admirait et avait une grande affection pour son frère. Mais vue que c’est lui qui s’occupait en quelque sorte de son éducation, il prenait les décisions à sa place et ça horripilait sa sœur qui avait hâte de saisir son indépendance.

- C’est juste que…. Il se comporte comme un grand frère quoi, marmonna-t-elle, sinon son ami, le capitaine Ukitake, est vraiment un supérieur très gentil !

- L’homme aux cheveux blancs qui était avec toi ? interrogea-t-il.

L’adolescente valida d’un mouvement de tête lorsque la cloche sonna, invitant les élèves à se rendre en cours. Hasu commença à s’y rendre d’un pas trottinant, tandis que Shinji se trainait à moitié.

- Qu’est-ce que tu fais Shinji ? On va être en retard ! s’impatienta-t-elle.

- Ooooh ça va ! On a le temps ! rétorqua le jeune homme, blasé.

Une veine palpita sur le front d’Hasu, qui passa derrière lui et lui asséna un coup de pied dans le derrière. Shinji rétorqua vivement tandis qu’elle lui tirait la langue et rigolait.

Les premières semaines à l’académie passèrent tranquillement, Hasu jeta un regard agacée à Shinji, qui somnolait et papillonnait encore pendant les cours. Comment comptait-il devenir shinigami s’il prenait tout à la légère comme ça ? s’interrogea la jeune femme en soupirant. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres pendant que le professeur distribuait les résultats du premier examen, vue comment il n’avait rien glandé elle aurait sûrement une meilleure note que lui. Son visage s’illumina quand elle constata qu’elle était classée deuxième, malgré tout elle avait une pointe de déception de ne pas être arrivée en tête de classement.

- Regarde Shinji ! s’exclama-t-elle, je suis deuxième ! Je me demande qui est arrivé premier…

- On s’en tape non ? répondit-il désinvolte.

- Tu dis ça parce que t’es sûrement mal classé, taquina Hasu.

Elle attrapa avec un rictus espiègle les résultats de Shinji et manqua s’étouffer. La jeune femme se leva de sa chaise, hurlant sur son ami :

- Co… Comment tu as pu arriver premier ?! Tu n’as rien foutu pendant tout le premier semestre !

- Mademoiselle Kyôraku, veillez-vous calmer et vous assoir ! tonna le professeur avec autorité.

Hasu se remit à sa place rouge de honte, l’adolescent lui jeta un regard moqueur, lui soufflant que ce n’était pas si grave.

Ce jour-là j’ai compris que Shinji était un génie !

Mais heureusement, il y avait un domaine où je le surpassais !

Les élèves étaient en train de s’entraîner au lancer de sort de kidô, en commençant par le Shakkahō, Shinji parvint à toucher sa cible avec succès. Il défia du regard son amie Hasu de faire mieux que lui. Un air taquin passa sur le visage de la future shinigami, le jeune homme arqua un sourcil, elle semblait tellement sûr d’elle... Hasu bailla longuement puis tendit son bras droit, une boule lumineuse rouge apparut dans sa main, sans qu’elle ne prononce un mot. La cible fut totalement désintégrée, sous les applaudissements du professeur et les murmures ébahies des autres élèves.

- Bravo Mademoiselle Kyôraku ! Vous savez déjà lancer des sorts de kidô sans incantation ? Incroyable, la prochaine fois je vous préparerais des exercices plus poussés, dit le professeur avec enthousiasme.

Shinji s’approcha avec un large sourire, félicitant l’adolescente :

- Tu es sacrément douée en kidô Hasu ! Tu me donneras des conseils pour m’améliorer hein ?

- Bien sûr ! répondit-elle chaleureusement, je dois t’avouer que je m’y entraîne depuis longtemps avec Ukitake, c’est un peu de la triche hein ?

- Mais non ne dit pas ça ! rétorqua-t-il, même en s’entraînant ce n’est pas donné à tout le monde de ne pas utiliser d’incantation ! Ai plus confiance en toi !

Les joues d’Hasu rougirent tandis qu’elle souriait timidement face au compliment de Shinji. Les cours de l’après-midi s’enchaînèrent sur le Zanjutsu. Leur professeur organisa un mini-tournoi, pour classer les élèves et déceler les éventuels talents. Bien évidemment, Shinji et Hasu se retrouvèrent en face à face en final. Des murmurent d’excitation se faisaient entendre parmi les élèves, c’était la première fois que les têtes de classe allaient s’affronter en public. Hasu s’échauffait tandis que Shinji rêvassait.

- Je suppose que tu te vexerais que je ne te prenne pas au sérieux parce que tu es une femme ? interrogea le jeune homme.

- Tu as intérêt à donner tout ce que tu as Shinji ! avertit Hasu, tu es mon ami mais je n’ai pas l’intention de te ménager !

Sur ces mots l’adolescente engagea le combat, Shinji la para facilement et contre-attaqua. Hasu dû reculer, pestant légèrement. Son ami avait beau être mince et elle avait beau s’entraîner, la différence de force physique était notable. Le combat était serré, aucun ne parvenait à percer les défenses de l’adversaire, le public retenait son souffle. Mais l’apprentie shinigami s’entrainait au shunpô depuis des années, elle décida d’enfin la mette en pratique dans un affrontement réel. Avec célérité, elle apparut dans le dos de Shinji sans qu’il ne la puisse la voir s’approcher et le désarma. Les élèves s’agitèrent dans la salle, impressionnés : « comment elle a fait ça ? » et « vous l’avez vu bouger ou pas ? ».

- Pas mal ! commenta Shinji, tu es vraiment redoutable Hasu, j’ai intérêt à m’entrainer dur !

Encore une fois Hasu trépigna sur place face à ses compliments, elle craignait qu’il ne se vexe, mais au contraire il l’encourageait…

- Je… Je ne le maîtrise pas très bien encore, avoua-t-elle en rigolant, j’ai cru que j’allais trébucher !

Comme tu peux le voir, à l’époque déjà j’avais des prédispositions au kidô et au combat…