Renaissance du lotus

Chapitre 18 : Je voulais être ordinaire...

3274 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/04/2021 18:16

Shinji somnolait sous un cerisier en fleur, tandis qu’Hasu observait un scarabée qui passait là, le sourire aux lèvres. Une année était passée depuis leur intégration à l’académie, malgré les bons résultats de la jeune femme, Shinji était resté en tête de classement aux examens, il excellait notamment en stratégie. Des rumeurs circulaient que les adolescents allaient finir leur diplôme prochainement si ils continuaient ainsi leur ascension vertigineuse. A vrai dire, ils n’étaient pas spécialement pressés de finir l’école, mais leur rivalité amicale les poussait sans cesse à se surpasser. Un homme aux longs cheveux blonds, à la voix suave et au sourire fin interpella soudain Hasu :


- Bonjour, c’est toi Hasu de la famille Kyôraku ?

- Qu’est-ce que tu lui veux ? marmonna Shinji qui s’interposa entre l’homme et son amie.


La jeune femme dégagea Shinji d’un coup de coude dans les côtés, vexée de son intervention. Elle toisa le nouveau venu aux boucles clairs et regard d’azur, qui semblait attendre impatiemment sa réponse.


- En effet, enchantée, répondit-elle chaleureusement, à qui ais-je affaire ?

- Je me nomme Rōjūrō Ōtoribashi, enchanté également, mais tu peux m’appeler Rose ! dit-il enjoué.


Sur ces mots l’homme effectua une élégante référence à Hasu, sous le regard blasé de Shinji. Rose la complimenta sur sa beauté, ce qui eut l’effet d’agacer encore plus Hirako, qui s’interposa à nouveau, mais reçut cette fois un coup de poing dans le nez de la part d’Hasu.


- T’as finis tes manières oui ?! lui glissa-t-elle d’une voix irritée, je n’ai pas besoin d’un chaperon !

- Ton éclat m’inspire vraiment, tu accepterais d’être ma muse ? demanda subitement Rose.


Intérieurement Shinji hurlait et se retenait de dégager le blondinet, mais il craignait encore plus la colère de son amie. Hasu répondit chaleureusement, sous le regard ahuri de son camarade :


- Bien sûr !


Rose sautilla de joie, s’installa à côté de l’apprenti shinigami puis commença à gribouiller des notes sur un carnet. Shinji arqua un sourcil et tenta de regarder ce qu’il faisait par-dessus l’épaule d’Hasu qui lui envoya un coup de coude excédé. Elle se tourna vers lui, lui murmurant d’un ton narquois :


- Une muse, c’est une expression qui indique qu’on conduit quelqu’un, notamment les artistes, à se montrer créatif. Crétin, tu t’imaginais quoi ?


Le rouge monta au joues de Shinji, qui se sentit tout penaud et fit mine de ne pas être atteint par la pique de son amie. Elle se pencha vers Rose, lui demandant gaiement à quels instruments de musique il jouait et ils commencèrent à discuter d’art. Le jeune homme les écouta d’une oreille discrète tout en baillant longuement, il n’imaginait pas Hasu aussi intéressée par la musique. Puis l’adolescente le secoua, pensant qu’il dormait et lui demanda d’une voix douce s’il voulait qu’ils aillent travailler ensemble les prochains examens. Shinji marmonna une réponse positive et ouvrit d’un geste nonchalant sa gourde. Rose les toisa étrangement et s’exclama à haute voix :


- Vous êtes ensemble ?


Shinji s’étouffa avec sa gorgée d’eau, toussant bruyamment tandis qu’Hasu se tournait vers Rose bégayant à moitié :


- N… Non ! Qu’est-ce qui te fait dire ça ?


L’élégant jeune homme rigola et continua :


- Je ne sais pas… Vous avez l’air très proche pourt…

- Bon, on va les préparer ces examens ? coupa Shinji.


Hasu jeta un regard surpris à son ami, il n’était pas du genre pressé à travailler d’habitude. Elle se leva, s’excusa auprès de Rose puis courra derrière le jeune homme qui avait déjà pris le large.


- Ohé Shinji ! cria Hasu, attend !


L’adolescent n’entendit même pas sa camarade approcher, il rouspétait dans sa barbe contre le dénommé Rose.


- Sans déconner de quoi il se mêle lui… marmonna-t-il.

- De qui ? Rose ? interrogea soudain Hasu qui l’avait rejoint.


Shinji sursauta, se gratta la tête et mentit :


- Ah…. Non…. Fais pas attention…


Hasu elle, rougissait légèrement en repensant à la question de Rose et dit gênée :


- On est tout le temps fourré ensemble, tu ne peux pas lui reprocher de se poser la question !


Le jeune homme ne releva pas, les joues légèrement empourprées aussi et changea subtilement de sujet tandis qu’ils partaient préparer leurs examens.

 


Une année supplémentaire s’écoula à Académie Shin'ō. Shinji et Hasu patientaient dans le couloir, leur professeur principal les avait convoqués entre deux cours. Les deux jeunes papotaient, fébriles, se demandant ce qu’il pouvait bien leur vouloir.


- Entrez ! s’exclama leur professeur.


Ils s’exécutèrent et aperçurent deux uniformes de shinigami posés sur le bureau de leur enseignant qui souriait et ne cachait pas une certaine fierté.


- Vous êtes les deux meilleures recrues de la promotion ! dit-il gaiement, j’ai tout de suite vue vos potentiels mais j’étais loin d’imaginer une telle ascension ! Le Gotei 13 souhaite vous intégrer immédiatement aux armées de la cour !


Hasu sautilla de joie tandis que Shinji affichait son habituel air blasé. Elle demanda la voix tentée d’excitation :        

      

- Quelle division va-t-on intégrer ?!


Le professeur rigola et continua :


- Shinji Hirako, tu intégreras le 3ème siège de la 5ème division !

- Juste derrière le siège de lieutenant, bravo Shinji ! félicita la jeune femme.

- Et Hasu Kyôraku, tu rejoindras la 6ème division en tant que 5ème siège.


L’engouement de la future shinigami s’envola instantanément, Shinji arqua un sourcil, était-elle déçue d’être moins haut gradé que lui ?


- La 6ème division ? murmura Hasu, assommée par la nouvelle.


L’adolescent réfléchissait, non ce n’était pas ça… Qui dirigeait la 6ème division déjà pour qu’Hasu semble aussi dépitée ?


- C’est une division prestigieuse, dirigé par la famille Kuchiki, c’est une belle opportunité pour vous de vous élever Mademoiselle Kyôraku !


Hasu tenta de sourire, mais cela ressembla plus à une grimace et les yeux de Shinji s’illuminèrent, c’était donc ça ! La jeune femme avait horreur de la haute noblesse, de leurs principes, même si elle en faisait partit, surtout que la famille Kuchiki était connu pour sa sévérité.


- Allez enfiler ces uniformes et vous présenter immédiatement à vos divisions respectives !


La shinigami se décomposait sur place, dépitée par la situation, sur le chemin pour le Seireitei, Shinji tenta de lui remonter le moral, en vain.


- Ce n’est pas si terrible que ça, n’exagère pas…. taquina-t-il.


Hasu le foudroya du regard et s’exclama :


- De ? Etre sous les ordres d’une famille qui a un balais enfoncé profondément dans le c….

- Ce n’est pas très élégant ça petite sœur ! coupa un rire masculin.


Elle jeta un regard dédaigneux à Shunsui, qui la félicita vivement pour sa promotion, son ami, Ukitake, fit de même. Hasu rétorqua blessée, les yeux légèrement humides :


- Pourquoi je ne suis pas dans la division d’Ukitake au moins ?!

- Eh bien, intervint le capitaine aux cheveux blancs pour calmer la tension entre Hasu et son frère, à vrai dire Ginrei Kuchiki a grandement insisté pour t’avoir dans sa division…

- Ah bon ? Pourtant Shinji est mieux classé que moi ! cria-t-elle en le pointant du doigt.


Ukitake haussa les épaules, Shunsui l’imita mais la shinigami plissa les yeux, suspicieuse. Elle voyait bien qu’il faisait semblant et avait l’air de savoir pertinemment les raisons du capitaine Kuchiki.


- Bon il faut que j’y aille, souffla-t-elle à Shinji, on se retrouve plus tard hein ?


Hasu salua tout le monde et partie en courant, réfléchissant à ce que venait de dire Ukitake. Pourquoi un capitaine aussi prestigieux que Ginrei la souhaitait dans sa division ? A cause de son rang de noble peut-être ? pensa-t-elle, agacée. Les gardes de la division s’inclinèrent très bas face à l’arrivée de la jeune femme en criant un « Bienvenue à la 6ème division, Mademoiselle Kyôraku ! ». Hasu leva les yeux au ciel, c’était tellement gênant… Elle esquiva un sourire polie et continua sa route. De nombreux murmures s’élevèrent à son passage, la shinigami fit mine de ne rien entendre. Deux shinigami discutaient entre eux, lui lançant des regards courroucés, Hasu tendit discrètement l’oreille tandis qu’elle passait à leur hauteur.


- Tu sais qu’elle n’a fait l’académie qu’en deux ans et y est entré du premier coup ? Encore une avantagée de la haute noblesse qui n’a pas à faire d’eff….


Une main l’agrippa violement par le col et le plaqua contre le mur, qui se fissura sous le choc. Hasu tremblait de fureur et hurla :


- Je t’interdis de dire ça!


Sur ces mots elle colla une droite à l’homme, sous le regard effaré de son collègue, elle s’apprêta à recommencer lorsqu’une main lui attrapa le poignet. Elle tourna son regard assassin vers l’intervenant.


- Qu’est-ce que tu veux tooiiii……


Sa voix se tut progressivement et elle se mit à blêmir. Un jeune homme aux cheveux d’ébènes lui souriait chaleureusement alors qu’un vieil homme, derrière lui, soigné, la toisait sévèrement. Hasu reconnut le célèbre Ginrei Kuchiki, déglutit et s’inclina face aux deux nobles.


- Veuillez me suivre Hasu, lâcha avec autorité Ginrei.


La shinigami s’exécuta, se maudissant intérieurement, quelle était la probabilité de tomber sur le capitaine et le lieutenant pile poil pendant sa crise de colère ? Elle aurait mieux fait d’ignorer ces crétins… Assis en tailleur, Hasu attendait, figée de terreur, que le capitaine se décide enfin à s’exprimer. Celui-ci étudiait attentivement une note et dit sèchement :

- Votre frère m’avait prévenu de sa réticence à ce que vous intégriez la division, à cause de votre tempérament. Je vous savais colérique, mais de là à frapper vos collègues de divisions… Je comprends mieux ses retenus maintenant.


Hasu s’excusa platement, baissant la tête honteuse lorsque Ginrei continua :


- Mais j’ai entendu les propos qui vous ont mis en colère, je peux comprendre votre sentiment. En tant que nobles la société pense que tout nous est facile. Nous nous devons donc de redoubler d’efforts pour prouver nos capacités et suivre les règles qui régissent Soul Society…


Il fit une pause, prenant un air solennel et demanda :


- Hasu, quel est votre objectif en tant que shinigami ?


La jeune femme sursauta de surprise devant sa question, les yeux brûlant de détermination, elle s’exclama :


- J’aimerais devenir capitaine, pour m’élever au même statut que mon frère et lui prouver que je ne suis plus uniquement sa petite sœur !


Contre toute attente, le capitaine rigola, suivit par l’homme qui se tenait à sa droite, il continua :


- Je vois… J’espère que vous serez plus assidu que lui dans cette tâche alors. Shunsui est un homme intelligent, mais un peu trop tire au flanc à mon goût.


Un large sourire narquois se dessina sur les lèvres d’Hasu en entendant son frère se faire critiquer par un autre capitaine, sa tendance à flemmarder l’agacer aussi au plus haut point.


- La famille Kuchiki est honorée d’accueillir dans ses rangs une shinigami de haute noblesse telle que vous. Si vous avez des questions à l’avenir, n’hésitez pas à vous adresser à mon fils Sôjun.


Hasu tourna son regard vers le jeune homme, toujours souriant, qui inclina la tête pour la saluer.


- Enchanté Hasu, dit-il d’une voix chaude, je vais te faire visiter les quartiers de la division !


La shinigami arqua un sourcil, le décalage entre le père et le fils était flagrant, Sojûn semblait bien moins formel que lui. Elle le suivit d’un pas trottinant tandis qu’il lui présentait les quartiers de la division.


- On va rejoindre les autres nouvelles recrues pour vous assigner vos tâches, dit soudain Sôjun.


Hasu le suivit, perdue dans ses pensées, alors qu’ils pénétraient dans une salle de réunion. La jeune femme étouffa un cri de joie en apercevant Rose et se jeta à moitié dans ses bras, sous le regard surpris du lieutenant.


- Rose ! Je suis tellement contente que tu sois là, dieu merci ! murmura-t-elle toute excitée.


Le dénommé Rose lui adressa un sourire chaleureux et lui souffla un « moi aussi ». Hasu écoutait à peine les directives de Sôjun, pensant que son passage à la 6ème division serait moins pénible en compagnie de son ami.


Rose était quelqu’un que j’appréciais énormément, pour être honnête c’était mon confident…

 


Un hurlement retentit à travers la 6ème division, Hasu s’entrainait encore à la nuit tombée, pour éveiller son zanpakutô. Son ami, Shinji, avait atteint le shikai depuis des mois, contrairement à elle, qui n’arrivait pas à entrer en communication avec son sabre. Haletante, la shinigami s’écroula de fatigue, sous le regard de deux Kuchiki qui l’observait discrètement au loin.


- On dirait qu’Hasu n’arrive toujours pas à libérer son shikai, commenta Sôjun avec sérieux.

- Peut-être que tu pourrais l’aider mon fils, dit doucement Ginrei.


Sôjun eut un rictus gêné et répondit :


- Hasu n’aime pas trop ma compagnie j’ai l’impression, je ressens bien ses réserves à mon égard. De plus elle a sa fierté, je crains qu’elle n’apprécie pas que je lui tende la main.


Son père lui jeta un regard dur, alors le noble soupira et s’approcha de la shinigami avec son habituel attitude chaleureuse :


- Bonsoir Hasu ! Belle nuit étoilée n’est-ce pas ? Je peux peut-être t’être utile ?

- Bonsoir lieutenant, c’est gentil à vous mais j’avance bien, lâcha Hasu, totalement fermée.


Le froid qui se dégageait de la jeune femme figea instantanément Sôjun sur place, incapable de savoir comment sympathiser avec la shinigami. Intérieurement Hasu pestait, la dernière chose dont elle avait envie c’était discuter avec son lieutenant.


Tu dois me trouver dur Kira… Mais tu sais, à l’époque je voulais absolument m’éloigner de l’aristocratie.

Certaines familles nobles sont corrompues, tu as pu le voir avec Tokinada…

Je souhaitais être une shinigami ordinaire, sans faveur, brillant par ses efforts.


Sôjun se ressaisit, demandant soudain :


- Tu n’as jamais été en contact avec ton zanpakutô ? Même pas dans tes songes ?


Un frisson parcourut la nuque d’Hasu, le noble ressentit la crainte de la jeune femme et haussa un sourcil. Elle se tourna vers lui, la mine déconfite et murmura :


- Pour être honnête lieutenant, oui je l’ai vu, mais…


La shinigami prit une pause, se grattant la tête honteuse et termina :


- Mais elle me fait un peu peur, depuis je ne la vois plus…         

- Elle ? interrogea le Kuchiki, hébété.


Il avait du mal à croire ce qu’elle venait de lui dire, une tête brulée comme Hasu, peur de son zanpakutô ? Il rigola doucement et lui conseilla :


- Tu n’as pas à la craindre, un shinigami et son zanpakutô doivent pouvoir se faire confiance. Sois sûr de toi et essaie la méditation plutôt que la force.


Hasu trépignait sur place, elle ressentait les bonnes intentions de Sôjun mais une crainte profonde l’animait. Elle demanda, hésitante :


- Mais si… Si je perdais le contrôle ?


Le jeune homme comprit enfin ce qui la freinait dans l’éveil de son zanpakutô, avec un large sourire il s’exclama :


- Ne t’inquiète pas ! Si tu veux je reste à côté et je serais là pour intervenir en cas de soucis ! Tout se passera très bien j’en suis sûr !


Contre toute atteinte, Hasu accepta l’offre de Sôjun, poussant un soupir de soulagement et se plaça en méditation face à son sabre. Les minutes s’écoulèrent, tout se déroula tranquillement jusqu’à ce que le lieutenant ressente une perturbation dans le réatsu de son officier. Une pression spirituelle éclata soudain d’Hasu, soufflant Sôjun, qui prit ses distances. Des flammes jaillirent du sabre, léchant les bâtiments alentours qui commencèrent à s’embraser. La shinigami était toujours plongée en état de méditation et ne réagissait pas alors que les braises commençaient à lui brûler les avant-bras. Des shinigami autours hurlèrent « Au feu ! » et tentèrent d’éteindre le début d’incendie. Sôjun plongea dans la fournaise, agrippa Hasu par le col et l’éloigna de son zanpakutô, ce qui l’a sortir de son état de transe. La shinigami resta figée d’horreur face à la scène qui se déroulait sous ses yeux, Ginrei organisait les hommes pour éteindre les flammes. Des larmes roulèrent sur ses joues, elle planta son regard dans celui du noble et hurla hystérique :


- Vous m’aviez promis que ça se passerait bien !

- Je…


Le shinigami se tue, tout penaud face à la détresse d’Hasu, il tenta d’afficher un visage rassurant, lui disant qu’elle ne devait pas s’en vouloir, mais elle lui tourna le dos, essayant furtivement ses larmes. Ginrei les rejoint, Hasu tendue, fixait le sol, s’attendait à de sévères remontrances. Le capitaine toisait pensif le sabre de la jeune femme et lui dit :


- C’est très rare mais il peut arriver que certains zanpakutô aient des tempéraments difficiles à maîtriser. Apprends d’abord à mieux contrôler ton réatsu, via le kidô et je suis sûr que tu y arriveras.


Hasu releva le regard, surprise par la bienveillance du noble, elle sourit timidement et acquiesça par un mouvement de tête.


A partir de là j’ai grandement amélioré mon kidô et j’attendrais l’éveil du shikai 6 ans plus tard.


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