Entrelacés

Chapitre 9 : Une Lumière

2858 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/02/2019 11:18

Après avoir briefé Sado sur les derniers événements le temps de la pause de midi, Ichigo et compagnie retournèrent en classe pour leurs quelques dernières heures de cours de la journée. 

Pendant le cours de littérature, particulièrement ennuyeux ce jour-là, le rouquin se perdit dans ses pensées. Il regardait paresseusement par la fenêtre et faisait défiler dans sa mémoire les différents moments passés avec Orihime depuis leur rêve commun. Il revoyait son joli visage tour à tour stupéfait, curieux, souriant, triste, rassuré, embarrassé, inquiet, tendre, nerveux et déterminé. Ça faisait beaucoup d'émotions en à peine deux jours. Même si c'était lui qui courait le plus de risques, la situation était tout aussi mentalement difficile à supporter pour elle. Mais il savait qu'elle tiendrait le coup. Elle avait toujours été là pour le soutenir, quoiqu'il fasse.

  • Et je ne t'en remercierai jamais assez Inoue, se dit-il en se tournant légèrement vers la droite, pour l'apercevoir par-dessus son épaule.

Et là, la demoiselle en question eut une réaction bizarre. Elle sursauta, écarquilla ses grands yeux gris de surprise et regarda Ichigo, qui s'inquiéta immédiatement.

  • Woh, c'était quoi ça? Est-ce que tout va bien?

Orihime haussa les épaules et fit une grimace qui, au grand étonnement du jeune homme, avait l'air de vouloir dire "Je ne sais pas, je ne comprends pas ce qui se passe". C'était comme si...

  • ... Inoue... est-ce que tu peux entendre mes pensées?

Elle hocha frénétiquement la tête. 

  • Ben v'là encore autre chose..., se dit-il, plus pour lui-même.

Cette fois, Orihime ne réagit pas.

  • Tu n'as pas entendu ce que je viens de penser à l'instant?

Elle fit non de la tête.

  • Donc apparemment tu ne peux pas m'entendre tout le temps... moi par contre, je ne t'ai pas encore entendue. Essaie de me dire quelque chose.

La jeune fille s'exécuta en fermant les yeux, les poings serrés, montrant son effort pour faire passer son message mental.

  • ... j'entends rien. On dirait que ça ne marche que dans un sens..., transmit Ichigo au bout d'une minute de silence.

Sa nouvelle correspondante hocha la tête en signe de compréhension.

-Kurosaki! Inoue! Vous pourrez bien attendre la fin des cours pour vous faire les yeux doux!, les interrompit la voix ennuyée d'Ochi-sensei.

Les deux ados devinrent instantanément rouges comme des tomates bien mûres, sous les regards assassins de tous les garçons de la classe.

-Kurosaki, continua le professeur avec un sourire sadique. "Puisque tu as été si attentif depuis le début de la leçon, pourquoi ne viendrais-tu pas lire ce magnifique poème devant la classe ?"

Enervé par la manie qu'avait Ochi-sensei de vouloir lui faire payer ses nombreuses absences passées, Ichigo se leva d'un coup. Seulement, il sentit le sol se dérober sous ses pieds et s'effondra comme un bloc à côté de son banc.

-Kurosaki-kun!

Orihime et Sado étaient debout, Uryuu et Tatsuki prêts à se lever. Et à part Keigo, Mizuiro et Chizuru, les deux amis d'Ichigo et la fervente admiratrice du corps d'Orihime, qui se doutaient qu'il devait y avoir quelque chose de plus profond qu'un malaise, les autres étudiants étaient perdus face à l'évanouissement de l'effrayant Kurosaki et la panique de leur princesse.

Ochi-sensei avisa.

-Sado, relève Kurosaki et amène-le à l'infirmerie.

Le géant mexicain ne se le fit pas dire deux fois. Il passa un bras d'Ichigo par-dessus son épaule et le soutint par la taille. Ichigo était toujours inconscient et, étant donné qu'il était plus petit que son colossal meilleur ami, ses pieds ne touchaient même pas le sol.

En les regardant quitter la pièce, Orihime était complètement fébrile. Elle aurait préféré les accompagner pour soigner le Shinigami.

-Inoue!, l'interpella le professeur.

-O-oui!

-Huf... c'est bon, tu peux les rejoindre. Assure-toi qu'on s'occupe bien de Kurosaki, soupira la femme, abandonnant un instant son air strict.

-Oh, merci beaucoup Sensei! 

Et devant les têtes médusées des filles et les cœurs brisés des garçons, elle se précipita hors de la classe.

-Ah, les amours de jeunesse..., soupira Ochi-sensei en prenant un visage théâtralement nostalgique.

-C'est vrai que Sensei n'est plus toute jeune.

La seconde suivante, Keigo était étalé par terre, un trace rouge fumante sur le front, là où une craie l'avait percuté de plein fouet.

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À l'infirmerie, Sado avait installé Ichigo sur le lit le plus éloigné de l'entrée, rideau tiré, à l'abri des regards. Il savait qu'Orihime n'allait pas tarder à arriver pour le soigner, mais même si l'infirmière n'était pas là pour l'instant, elle pouvait arriver à tout moment. Avec le rideau tiré et la distance qui les séparaient du bureau, ils ne devraient pas être trop remarqués.

-Sado-kun?, fit la voix de la guérisseuse depuis l'entrée de l'infirmerie. - Ici, Inoue.

Et sans attendre une seconde de plus, la jeune fille les rejoignit derrière le rideau, s'installa au chevet d'Ichigo et appela son Bouclier des Deux Cieux dans la plus grande concentration. Mais après quelques minutes, force était de constater qu'il n'y avait aucune amélioration.

Alors les deux petites fées qui maintenaient le Bouclier arrêtèrent leur œuvre, et Shun'ou, celle qui avait appris à la jeune fille comment utiliser ses pouvoirs, vint lui parler.

-Orihime, je crois qu'un rejet n'est pas applicable cette fois. Il n'a "rien" qu'on puisse guérir. J-

-Q-quoi?, paniqua la jeune fille. "Mais il était parfaitement en forme! Cet évanouissement n'est pas normal. Nous devons absolument l'aider!"

-Inoue..., fit doucement la grosse voix de Sado. "Je crois que Shun’ou-san a une autre idée."

-A-ah... désolée Shun’ou-san. Je t'écoute.

-Ce n'est pas grave, passons. Je disais donc que je pense que tu peux l'aider à aller mieux en lui transmettant un peu de ton reiatsu.

-Comme hier avec le Hollow?, s'exclama la lycéenne.

-Oui en quelque sorte. Sauf qu'ici, Kurosaki-san ne va pas utiliser ton pouvoir.

-Explique-moi comment faire, s'empressa de demander Orihime, déterminée.

La petite fée sourit.

-Eh bien tu vois, c'est un peu comme donner du sang et heureusement, vos reiatsu, bien que différents, sont compatibles. Le plus simple est que tu le lui transmettes par la main. C'est le meilleur point d'entrée pour ce genre d'opération délicate.

Suivant les instructions de son minuscule professeur, Orihime prit délicatement la main d'Ichigo dans les siennes.

-Bien, reprit Shun'ou. "Il faut que tu concentres ton reiatsu dans tes mains et que tu le pousses vers Kurosaki-san. Mais surtout, il faut y aller très doucement et ne pas lui en donner trop!"

La jeune fille avait des questions plein la tête sur ce transfert peu orthodoxe mais elle en parlerait plus tard à Urahara. 

Pour l'heure, elle devait aider le Shinigami. Elle ferma les yeux et redirigea son énergie vers ses mains. 

Sado, resté en retrait pour ne pas déconcentrer son amie, put observer le phénomène que Karin lui avait décrit la veille. Les mains d'Orihime s'entouraient d'une lumière dorée. Il pouvait voir un peu de sueur perler sur le front de la belle rousse, montrant que la tâche n'était pas aisée. Mais il avait confiance. Elle leur avait déjà prouvé qu'elle était douée pour manipuler son reiatsu.

Bientôt, le halo illuminant les mains jointes d'Orihime et d'Ichigo commença à s'étendre, jusqu'à ce que tout le corps du jeune homme soit irradié.

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Ichigo se sentait perdu quelque part dans le néant. Il n'était pas en train de dormir, il le sentait. Il fallait qu'il trouve une issue. 

  • Si je ne sors pas d'ici rapidement, les autres vont s'inquiéter... Inoue doit paniquer... Merde!

Mais au bout d'un moment à tourner en rond et à s'agiter dans cet espace infini, Ichigo croyait devenir fou.

  • Urahara-san avait bien dit que je risquais de le devenir. Mais je pensais pas ça arriverait aussi vite. Je peux pas me laisser aller maintenant. Je peux pas. Je peux PAS!

Mais même s'il essayait de la combattre à coup d'auto-conviction, une sourde angoisse prenait possession de lui, petit à petit. Il se sentait tellement mal.

  • Je ne sortirai jamais d'ici. Mes amis, mon vieux, Yuzu et Karin... je ne les reverrai plus jamais. Inoue, est-ce qu'il va lui arriver quelque chose si je reste comme ça?

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Orihime travaillait consciencieusement à transférer son reiatsu à petite dose, quand elle l'entendit. Elle fut frappée par la détresse et le désespoir qui résonnait dans ses paroles.

  • Inoue, je suis désolé. Je n'y arriverai pas. Je m'en veux tellement de t'avoir entrainée là-dedans. Pardonne-moi... Aaaaaah ! Mais à quoi ça sert de te demander pardon si je ne te revois plus jamais ?!

C'était comme si son petit cœur tendre venait de se briser. Et ça se ressentit dans le flux de son énergie et elle pouvait voir son reiatsu rebrousser chemin au lieu de continuer à alimenter Ichigo.

-Inoue?, l'appela Sado, intrigué.

-Kurosaki-kun!, commença-t-elle d'une voix étranglée. "Il est perdu... i-il ne sait pas comment revenir!"

-Orihime!, intervint Shun'ou. "Reste calme, il faut que tu continues à lui insuffler un peu de ton reiatsu. C'est le seul moyen de le faire revenir."

Les larmes prêtent à couler, la jeune fille reprit sa tâche d'une main tremblante.

-Oi, Femme!, fit soudain la voix de Tsubaki à ses côtés. Ce petit elfe de combat était en train de montrer ses poings, histoire de manifester son mécontentement. "Ressaisis-toi! C'est pas en pleurnichant que tu vas résoudre tes problèmes. Utilise tes tripes pour une fois, bordel!"

-Tsubaki-kun...

Se faire rappeler à l'ordre par un être aussi petit aurait été ressenti comme humiliant par beaucoup, mais Orihime savait que Tsubaki voulait l'aider, maladroitement, à sa manière.Elle ferma à nouveau les yeux, et expira tout l'air qu'elle avait dans les poumons pour se calmer. Quand elle les rouvrit, ses iris gris étaient plus féroces que jamais.

  • Accroche-toi Kurosaki-kun. Cette fois, je serai ta force.

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Ses mains emmêlées dans ses cheveux, recroquevillé dans une position fœtale, Ichigo se laissait errer dans un océan noir d'anxiété. Dès qu'il s'était adressé à Orihime par la pensée, sans même s'être rendu compte qu'elle l'avait entendu, sa tête avait commencé à le faire souffrir. C'était comme si quelqu'un était en train de marteler l'intérieur de son crâne. C'était insupportable. Il fallait que ça s'arrête et vite, sinon il allait y rester. 

Depuis combien de temps il était là? 10 minutes? 30? Si peu de temps sur toute une vie mais assez pour commencer à perdre la raison.

  • Je ne saurai jamais s'ils sont en danger, s'il leur arrive quelque chose. Si je sors un jour de cet enfer, ils seront peut-être tous déjà m- huh?

D'un seul coup, la douleur avait cessé. Profitant de ce répit, Ichigo se détendit un peu et regarda autour de lui. C'était différent d'il y a quelques minutes. On aurait dit qu'il faisait un peu moins sombre. Le jeune homme se sentait de plus en plus calme, envahit par une sorte de sentiment de plénitude. Il avait déjà ressenti ça... Instinctivement, il tendit une main vers l'endroit d'où semblait provenir la lumière. Il sentit ses doigts se refermer sur quelque chose de doux et fut soudainement happé vers le haut.

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Orihime avait appliqué à la lettre les conseils de Shun'ou et elle sut qu'elle arriverait à ramener Ichigo quand elle vit ses sourcils se détendre imperceptiblement. 

-On dirait que la Belle au Bois Dormant ne va tarder à se réveiller, remarqua Tsubaki, sarcastique. "J'ai plus rien à faire ici."

La jeune fille tourna légèrement la tête vers lui et lui sourit.

-Merci Tsubaki-kun! Je n'y serais pas arrivée sans toi! Merci à toi aussi Shun'ou-san!

La petite fée lui rendit son sourire tandis que Tsubaki lui tournait le dos pour ne pas montrer son embarras.

-C'est pas encore fini, alors concentre-toi!, termina-t-il avant de retourner à l'état d'épingle à cheveux avec Shun'ou.

Orihime échangea un regard rassuré avec Sado, qui était tendu depuis la rechute de leur ami.

-Ah..., fit soudain le géant en regardant Ichigo.

La belle reporta son attention sur son patient et sentit la main du garçon se resserrer autour de la sienne.

Et, aussi soudainement qu'il s'était effondré, Ichigo se redressa sur son lit, la respiration irrégulière.

Il avait beau être revenu dans son monde, dès que la sensation de bien-être l'avait quitté, l'angoisse avait repris sa place dans ses entrailles. Il fallait qu'il se calme.

Orihime n'avait jamais vu une telle expression sur le visage du Shinigami et sa pauvre petite main, qu'il serrait toujours, commençait à lui faire mal tellement il s'y accrochait. Elle devait le rassurer.

-Kurosaki-kun..., murmura-t-elle pour ne pas le brusquer.

Le jeune homme sembla se calmer légèrement en reconnaissant sa voix. Et enfin, il la regarda.

Chacun pouvait lire dans le regard de l'autre la peur d'avoir failli perdre un être cher. Orihime avait cru revivre le jour où Ulquiorra avait pratiquement tué le Shinigami sous ses yeux, tandis qu’Ichigo avait à nouveau ressenti cette insécurité qu'il avait d'abord expérimentée quand Rukia avait été ramenée de force à la Soul Society pour y être exécutée. Et beaucoup plus récemment, quand Orihime avait dû suivre Ulquiorra au Hueco Mundo pour leur éviter à tous d'être tués par les Arrancars.

-*sniff*...Kurosaki-kun!

Submergée par le soulagement d'avoir retrouvé l'homme qu'elle aimait, Orihime avait laissé couler une larme avant de se jeter au cou du Shinigami.

Sado, qui s'était assis une fois la tension retombée, fut un peu étonné de ce geste. La princesse ne se permettait jamais ce genre d'élan d'habitude, elle restait plutôt réservée. Les seules personnes qu'elle avait osé enlacer jusque-là, c'était Tatsuki et Rukia. Et elle savait qu'Ichigo n'était pas habitué à ce genre de marque d'affection.

Pourtant, le colosse vit son meilleur ami se détendre considérablement et sa respiration redevenir régulière. Et il comprit que c'était exactement ce dont le rouquin avait besoin quand il le vit répondre à l'étreinte de la jeune fille.

La brume se dissipait dans la tête d'Ichigo.

  • Ah... c'était donc ça, se dit-il, soudain empli de bien-être. Il se laissa complètement aller dans les bras d'Orihime et enfouit son visage dans sa chevelure chatoyante.

Orihime se sentit atteindre un nouveau sommet de bonheur. Il était là, bien vivant et réveillé, à la serrer contre lui.

-La lumière, c'était toi hein?, lui murmura-t-il, pour ne pas briser le moment. "Merci Inoue. Je suis de retour."

-J-je t'ai entendu me parler tu sais, lui répondit-elle tout aussi bas. "Tu avais l'air d'aller tellement mal, j'ai cru que tu n'ouvrirais plus jamais les yeux."

-C'est fini maintenant. Tout va bien.

Ils restèrent encore un moment enlacés, avant d'être interrompus par un :

-Ahem...

Les deux ados se tournèrent vers la propriétaire de la voix. Le rideau avait été tiré et laissait voir une Tatsuki dont le sourcil droit menaçait de disparaitre dans sa crinière d'ébène, flanquée d'Uryuu, Mizuiro, Keigo et Chizuru.

Le Quincy remontait ses lunettes sur son nez et arborait un rictus.

-Hn, vous auriez pu attendre d'être seuls pour ça. Sado-kun ne sait plus où se mettre. Et dire qu'on s'inquiétait.

Orihime et Ichigo ne comprirent pas tout-de-suite où le binoclard voulait en venir et avec la même expression interrogative, ils regardèrent leur grand ami. En effet, ce dernier essayait de poser ses yeux n'importe où sauf sur eux.

-Ichigo! Sale traître!, se mit à geindre Keigo. "On est amis non? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu avais un super plan pour peloter Inoue-san!"

-Enlève tes sales pattes tout-de-suite Kurosaki!, hurla Chizuru à son tour. "Personne ne touchera la merveilleuse poitrine de ma Hime à part moi!"

Et c'est là qu'Orihime et Ichigo se rendirent compte qu’ils étaient toujours dans les bras l’un de l’autre. Leurs joues prirent feu et ils firent chacun un bond en arrière en un grand "Waaaah!".

Entre temps, Tatsuki avait assommé la perverse.

-Tu as encore moins le droit de la toucher, obsédée!

Et Mizuiro avait piétiné l'égo du pleurnichard.

-Allons allons Asano-san, quand on est juste une connaissance, on ne demande pas ce genre de chose. Et Ichigo t'aurait sûrement déjà frappé si tu avais essayé de poser ne fut-ce qu'un doigt sur Inoue-san.

-Aarg, mais pourquoi toutes ces formalitéeeeheeees?!, pleurait Keigo.

 

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