Entrelacés

Chapitre 10 : Un Papillon

2175 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/02/2019 11:40

Quand tout le monde fut remis de ses émotions, la situation fut expliquée aux nouveaux venus.

-Hn... je peux me tromper mais j'ai l'impression que c'est la communication par la pensée qui est à l'origine du problème, dit hypothétiquement Uryuu. "Urahara-san aura sûrement une explication."

-Ouais, on devait de toute façon passer le voir aujourd'hui, répondit Ichigo.

-Je viens avec vous, ajouta Sado.

-Etant donné que Sado-kun a assisté au "traitement", il sera plus utile que moi pour donner des détails, reprit le Quincy. "Je vais raccompagner Arisawa-san puis rentrer directement, j'ai des choses à régler à la maison. Vous m'expliquerez demain comment ça s'est passé. Je vous suggère d'en faire autant Kojima-san, Asano-san, Honshou-san."

Les trois concernés comprirent au regard insistant du premier de classe qu'il valait mieux pour eux qu'ils ne s'en mêlent pas trop. Mizuiro ne s'en formalisa pas, trop occupé à taper sur le clavier de son téléphone. Keigo et Chizuru, eux, n'appréciaient que modérément cette invitation forcée à quitter leurs amis.

-Très bien, dit Keigo d'un air profondément vexé. "Mais Ichigo, ne profite pas de mon absence pour encore-"

-Oui oui Asano-san, vos exigences seront considérées avec la plus grande attention, le coupa Mizuiro en l'attrapant par le col et en le trainant par terre derrière lui.

-Oi Mizuiro! J'aimerais que tu montres un peu plus de respect envers ton meilleur ami!, s'exclama l'idiot, ramassant la poussière.

-De qui parlez-vous, Asano-san?

Et avant de suivre les deux garçons, Chizuru lança un regard noir à Ichigo.

-Je me vengerai, Kurosaki!

Les cinq personnes encore présentes dans l'infirmerie restèrent un instant silencieuses devant tant d'idiotie.

-Bon!, fit soudain Uryuu en posant ses mains sur les épaules de Tatsuki, qui tressaillit à ce contact inattendu. "Allons-y Arisawa-san."

Et il la poussa gentiment vers la sortie.

-M-mais Ishida!, essaya-t-elle vainement de protester.

Une fois qu'ils se furent suffisamment éloignés pour être hors de vue, Uryuu se pencha vers elle.

-Arisawa-san, lui susurra-t-il à l'oreille, sans vraiment se rendre compte qu'il brisait les règles de la bienséance en restant si proche de la jeune fille.

La judoka prit une magnifique teinte rouge pivoine et se raidit en sentant les lèvres du jeune homme presque la toucher.

-O-oui?

-Il vaut mieux leur laisser un peu d'intimité. Je pense que ça peut être une bonne chose s’ils peuvent se parler ouvertement. Ça pourrait les aider à mieux comprendre ce qui leur arrive et, qui sait, à les mettre sur une piste pour résoudre le problème.

-Et Sado?

-Kurosaki et Inoue-san sont ses amis les plus proches et il s'inquiète pour eux. Il a besoin d'être rassuré. Mais Sado-kun est une personne sensible et sensée, et s'il sent qu'ils ont besoin d'espace, je sais qu'il se mettra à l'écart.

Tatsuki soupira, cédant aux arguments du Quincy.

-D'accord... 

Elle s'écarta un peu de lui, histoire de retrouver ses esprits, et décida de se venger pour l'avoir fait se sentir si vulnérable. 

Aussi, quand elle se tourna vers lui avec un sourire sadique, Uryuu fut parcouru de frissons.

-Eh bien, puisque tu me l'as si chaleureusement proposé, j'accepte que tu me raccompagnes, Ishida, dit-elle sournoisement. "Je dois aller faire des courses avant de rentrer. Tu ne verras aucune objection à porter les sacs pour moi n'est-ce pas?"

Le pauvre garçon était pris au piège et se rendit d'un air tragique:

-Huf... très bien.

Cela dit, ça ne le dérangeait absolument pas de passer un peu plus de temps avec elle.

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-Hehehe, rit Orihime.

Elle avait vu la réaction de sa meilleure amie quand le Quincy l'avait touchée.

  • Je crois bien que Tatsuki-chan a le béguin!

Pendant qu'elle était dans son petit monde, Sado se leva et désigna la sortie du doigt à Ichigo qui aquiesça d'un signe de la tête, puis quitta la pièce.

Orihime pensait toujours au visage rosi de la judoka avec ravissement et ne remarqua pas le regard intense que le Shinigami posait sur elle.

Il la contemplait. Alors qu'il n'avait peut-être passé qu'une heure dans le néant, c'était suffisant pour changer sa vision de la vie. En l'occurrence, avoir cette rayonnante créature au regard tendre et au sourire chaleureux à ses côtés avait quelque chose de surnaturel.

  • Et dire qu'elle manque de confiance en elle... on devrait peut-être lui dire qu'elle n'a pas besoin d'être parfaite. Si elle était différente de ce qu'elle est maintenant, elle ne serait pas l'Inoue que nous aimons tant.

Quand, enfin, Orihime sortit de sa petite rêverie et vit que Sado n'était plus là, elle se tourna vers Ichigo pour l’interroger.

-Kurosaki-kun, où est... Sado...-kun...?

Son regard croisa celui du jeune homme et son cœur se mit à battre la chamade. Jamais il ne l'avait regardée ainsi. Elle avait peur de s'imaginer des choses et de se donner des faux espoirs, mais elle avait vraiment l'impression qu'il la couvait littéralement du regard.

À un moment, Ichigo eut une drôle de sensation dans le ventre et se rendit vite compte qu'elle venait d'Orihime. C'était comme si son être était envahi de millions de petits papillons colorés qui venaient lui chatouiller les entrailles. Et probablement en réponse aux sentiments de la jeune fille, il se sentit gêné et rougir.

-Ch-Chad est parti devant. Il nous attend à la sortie de l'école. 

-Ok...

Un peu embarrassés d'être à nouveau seuls depuis leur réveil chamboulé du matin-même, il y eu un blanc qui dura une bonne minute. Jusqu'à ce qu'Orihime décide de se reprendre en main. Elle se frappa les joues un bon coup.

-Inoue?!, sursauta Ichigo en la voyant faire.

Elle se leva et s'adressa à lui, déterminée.

-Allez Kurosaki-kun! On va aller chez Urahara-san et en finir avec ce phénomène bizarre!, déclara-t-elle sur un ton enjoué en lui tendant une main pour l'aider à se lever du lit.

-Heh, t'as raison, lui répondit Ichigo avec un sourire en coin et en acceptant la main qu'elle lui offrait. "On va lui botter le cul à ce phénomène!"

Il se leva et, comme cela arrivait de plus en plus souvent depuis deux jours, il se trouva tout proche de la jeune fille.

Orihime sentit son cerveau s'éteindre quelques secondes en admirant ce profil anguleux, ferme, aux traits bien dessinés, et ces épaules larges et rassurantes qu'elle aimait tant. Elle fit un effort qui lui sembla surhumain pour détourner les yeux et se diriger vers la sortie de l'infirmerie.

  • Encore?, pensa Ichigo, une main sur son ventre papillonnant.

Il se souvint d'une conversation qu'il avait eue avec Tatsuki, il y avait quelques années déjà. Elle avait entendu des filles de leur classe parler de la sensation que leur procurait la proximité d'une personne spéciale à leurs yeux. À l'époque, il avait trouvé ça stupide et s'en foutait pas mal de ce que pouvait penser une fille. Or, il était à présent capable, bien malgré lui, de ressentir les sentiments d'une jeune femme. Et, la jeune femme éprouvait cette sensation étrange quand elle était avec lui.

  • Ça veut dire que je suis "spécial" pour elle?, s'interrogea-t-il.

-Kurosaki-kun! Ne traine pas, il ne faut pas faire attendre Sado-kun trop longtemps, l'appela la jeune fille, tout sourire en lui faisant des grands signes.

Cette fois par contre, il pouvait jurer que les papillons ne venaient pas d'elle.

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Uryuu suivait la championne de judo dans les allées du supermarché. Il la regardait distraitement choisir ses aliments, quand son attention fut retenue par un pot de pâte de haricots rouges. Instantanément, il revoyait Orihime déguster son plat préféré, une expression enfantine et ravie sur le visage. Ce souvenir ne manqua pas de lui arracher un très discret petit rire.

Même si elle ne le laissait pas percevoir, Tatsuki était tout-à-fait consciente de la présence du Quincy derrière elle. Elle se sentait inexplicablement tendue et, quand elle l'entendit émettre ce presque imperceptible petit rire, elle se retourna vivement, prête à lui crier dessus s'il était en train de se moquer d'elle. Mais elle comprit vite pourquoi ce garçon, qui ne laissait pourtant jamais paraitre ce genre d'émotion, était amusé.

  • Orihime...

La tendresse qu'elle éprouvait toujours en pensant à sa meilleure amie était bien présente, mais il y avait quelque chose d'autre. Comme si son cœur se tordait. Et elle n'aimait pas ça. La jeune fille honnête qu'elle était ne pouvait pas garder ce poids pour elle. Alors elle décida de directement aborder le sujet.

-Ishida, j'ai toujours eu l'impression que tu en pinçais pour Orihime. Est-ce que... je me trompe?- C'est vrai que j'ai beaucoup d'affection pour Inoue-san, répondit Uryuu.

La manière dont il avait répondu, sans la moindre d'hésitation, fit mal à Tatsuki.

  • Pourquoi il a fallu que je pose cette stupide question ?, se gronda-t-elle mentalement. 'Et qu’est-ce que ça peut me faire s’il aime Orihime...'

La judoka était en proie à des sentiments contradictoires. Elle n’arrivait pas à s’avouer qu’elle puisse réellement éprouver quelque chose de spécial pour le jeune homme qui lui faisait face.

-Mais elle n'a d'yeux que pour Kurosaki, reprit le binoclard. "Ce que je trouve plutôt incompréhensible d'ailleurs, c'est un idiot."

-Donc tu es bien amoureux d'elle, déclara Tatsuki, n'osant pas le regarder dans les yeux.

  • Elle est... jalouse?, s'aperçut le Quincy.

S'il disait qu'il n'en était pas heureux, il mentirait. Mais en même temps, il se rendait compte de la torture que ça devait être pour Tatsuki. Elle aimait Orihime comme une sœur, et que cette dernière devienne un objet de jalousie devait être très dur à supporter.

Ainsi, pour mettre fin au tourment de la jeune fille, Uryuu détourna la tête et répondit de but en blanc:

-Non, plus maintenant.

Elle réagit immédiatement en relevant vers lui des yeux remplis d'un espoir mal dissimulé.

-Et depuis, continua-t-il en plantant son regard perçant dans celui de la judoka, "je suis passé à autre chose."

En lisant dans les yeux bleus profonds d'Uryuu, Tatsuki crut y déceler ce qu'au fond d'elle-même, elle voulait y voir.

Et, l'espace d'une minute, les deux adolescents s'étaient perdus dans un monde où rien n'existait en dehors d'eux.

-Maman! Pourquoi i’ bougent pas les gens-là?!, s'exclama un petit garçon qui passait à proximité, accompagné de sa mère qui le tenait par la main. 

En les apercevant, la dame cacha un sourire lourd de sens derrière sa main.

-Ils ne faut pas les déranger mon chéri, dit-elle doucement à son fils. "Ils ont probablement eu le coup de foudre."

-Un coup de foudre?!, s'écria le gamin. "Mais c'est pas dangereux ça Maman?!"

-Hehe mais non mon grand, répondit-elle amusée. "Le plus grand danger, ce sont les bisous et les câlins, hehehe."

-Beeerk!

Le temps que la petite famille s'éloigne, Uryuu et Tatsuki étaient tellement embarrassés qu'ils n'osaient pas poser leurs yeux ailleurs que sur leurs pieds.

-Bon eeeuuh, fit la voix hésitante de la jeune fille. "Je crois que j'ai tout ce qu'il me faut. Je vais à la caisse. Heeum, tu peux m'attendre dehors si tu veux."

-Hn, fut la courte réponse de son compagnon.

Et ils se séparèrent. Ça leur donnerait un peu de répit à tous les deux. Ils avaient besoin de calmer leurs poitrines affolées et de prendre un peu de recul sur ce qui venait de se passer.

  • Un coup de foudre, hein?

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Sur le trajet qui les menait à la boutique d'Urahara, trois jeunes gens marchaient dans un silence confortable. 

Sado ouvrait la marche, se demandant s'il allait pouvoir adopter un petit animal de compagnie avec sa prochaine paie. Derrière lui, Ichigo avançait légèrement en retrait d'Orihime. La jeune fille pensait à cet étrange transfert de reiatsu qu’elle avait dû effectuer pour sortir le Shinigami de son coma.

  • C’est comme si ça avait agi comme un médicament…

Ichigo fixait le dos de son amie avec insistance. Il ne comprenait pas pourquoi mais depuis qu’ils avaient quitté l’école, il avait commencé à ressentir comme un manque. Et il se sentait de moins en moins bien. 

  • J’étais tellement bien pourtant tout à l’heure avec Inoue… Mais qu’est-ce que j’ai ?

Instinctivement, il se rapprocha d’elle et, comme par magie, il réussit à se calmer un peu. Mais son esprit s’embruma et il ne put plus penser qu’à une seule chose :

  • Inoue… j’ai besoin d’Inoue… j’ai besoin… de lumière

 

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