Entrelacés

Une dizaine de minutes avant d’arriver à la boutique d’Urahara, Sado eut comme une intuition. Quelque chose n’allait pas. Il sentait comme une pression dans l'air. Il se retourna pour demander à ses amis s'ils la sentaient aussi et vit avec stupeur une chose à laquelle il ne se serait jamais attendu. Quelque chose qui lui fit froid dans le dos.

Ichigo s’approchait d’Orihime comme un zombie, le regard vague, et tendait les bras pour l’attraper.

-Inoue- ! essaya-t-il de prévenir, mais trop tard.

La jeune femme l’avait regardé curieusement avant de sursauter et de pousser un petit cri quand les bras du rouquin se refermèrent sur elle. 

-Ku-Kurosaki-kun ?! J-je peux savoir ce que tu es en train de faire ?

Mais le garçon ne semblait pas l’entendre. Au grand embarras d’Orihime, il se contentait d’enfouir son visage dans sa longue chevelure et de marmonner :

« Je suis bien ici… je veux plus partir… plus jamais partir… j’veux rester là… plus bouger…»

Le géant et la belle étaient tétanisés. A peine Ichigo était-il sorti d’un coma inopiné qu’il se mettait à se comporter comme un enfant qui ne voulait pas être séparé de son doudou.

Le doudou en question, bien que complètement confuse face à cette nouvelle bizarrerie, réagit la première.

-Sado-kun, va chercher Urahara-san s’il te plait. Moi, je vais essayer de faire avancer Kurosaki-kun.

-Tu es sûre ? demanda le colosse, dubitatif.

La tâche paraissait en effet ardue, vu la manière dont le Shinigami remplaçant la serrait tout contre lui.

-Oui, assura son amie. "Et tant qu’il est avec moi, il ira bien. Mais il faut qu’Urahara-san le voie le plus vite possible. Et dépêche-toi, je t'en supplie, Kurosaki-kun m’inquiète vraiment beaucoup."

-Ok. 

Ainsi, Sado se mit à courir, pas du tout rassuré.

• Je n’aime pas ça… Ils vont faire une proie facile pour les Hollows… Ishida !

Et tout en continuant sa course, il appela le Quincy.

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Comme promis, Uryuu portait les sacs de courses de Tatsuki. Mais l’ambiance était tendue. Après ce qu’ils s’étaient dit et l'intervention du petit garçon au supermarché, ils n’arrivaient plus à se regarder dans les yeux et encore moins à se parler. 

C’était tellement étrange comme situation. Aucun des deux adolescents n’avait jamais éprouvé pareils sentiments auparavant. Des sentiments développés en deux jours seulement ! Ça avait quelque chose de vraiment insécurisant. Est-ce que les « coups de foudre » étaient toujours aussi difficiles à gérer ?

Ils furent sauvés par la sonnerie du téléphone du jeune homme, qui répondit dès qu’il put déposer son fardeau.

Tatsuki l’observa du coin de l’œil. Il avait retrouvé son air sévère. Et même si elle préférait le voir sourire, elle trouva que son attitude un peu « businessman » était terriblement attirante.

• Sérieusement, mais à quoi je pense ? Je suis vraiment en train de devenir une midinette ! Reprends-toi un peu ma fille! Tu es championne en arts martiaux, pas une princesse soupirant sur son balcon!, se coacha-t-elle intérieurement.

Elle entendit Uryuu raccrocher et là, inévitablement, il lui adressa la parole.

-C’était Sado-kun. Apparemment, Kurosaki est encore en train de créer des problèmes. 

-Orihime va bien ?!, s’inquiéta immédiatement la judoka.

-Oui, mais je dois la rejoindre pour qu’elle ne se retrouve pas dans une situation délicate si un Hollow attaque.

-Je comprends…, souffla-t-elle, étrangement soulagée à l'idée de pouvoir se retrouver seule. "Je dois avouer que je me sentirai plus tranquille si je la sais en sécurité."

Le Quincy savait qu'il ne devait pas trainer mais il se sentait gêné de l’abandonner comme ça. Il reprit les sacs remplis de victuailles et les tendit à la jeune fille.

-Désolé pour les courses…

Quand leurs mains s’effleurèrent, ce fut comme une décharge pour Tatsuki. Son cœur était parti dans un rythme effréné sans qu'elle puisse rien y faire. Et elle paniqua. Dans un mouvement un peu trop brusque, elle s’écarta du garçon et le fuit du regard, honteuse de sa faiblesse. 

Sur le moment, Uryuu ne comprit pas ce qu’il avait bien pu lui faire pour qu’elle le trouve tout à coup si repoussant. Il se sentait inexplicablement vexé.

• Pourtant, je pensais que… 

Mais apparemment, il s’était trompé. Et il détestait se tromper. Il avait l’impression de s’être lui-même trahi en laissant son imagination prendre le dessus sur la logique. Et sans demander son reste, il s’en alla.

Tatsuki ne pouvait plus bouger. 

-… C’était quoi ça ?..., s’interrogea-t-elle à voix haute.

L'atmosphère avait complètement changé. Il y a à peine une heure, elle était pourtant heureuse d'être en compagnie du jeune homme. Tout allait bien... avant qu'elle ne parle.

• Pourquoi il a fallu que je lui demande s'il était amoureux d'Orihime?!

Depuis deux jours, elle se sentait un peu comme dans un rêve. Mais les choses étaient soudainement devenues beaucoup plus réelles quand elle avait ressenti de la jalousie envers sa meilleure amie. 

La pauvre n’arrivait pas à mettre de l’ordre dans ses pensées. Elle ne contrôlait plus ses propres réactions. Elle se sentait si… fragile. C’était tellement déroutant. Et elle allait avoir du mal à supporter ça très longtemps. Si c’était ça l’amour, elle n’était pas sûre de le vouloir. Ça lui faisait peur.

Pourtant, son ventre papillonnait encore du contact des doigts d’Uryuu. Inconsciemment, elle tordait sa chemise à l’endroit où elle sentait son cœur battre à un rythme irrégulier.

-… Il faut que ça s’arrête…

Elle allait oublier tout ce qu'il s’était passé ces deux derniers jours et se focaliser sur ce qui était vraiment important : le bien-être d’Orihime. Ishida Uryuu était juste… juste un camarade de classe. 

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-Kurosaki-kun ?, appela doucement la jolie rousse.

-Hm ? émit Ichigo, le visage logé dans le creux du cou d’Orihime.

-Comment est-ce que tu te sens ?

-… Bien… très bien…

Orihime réfléchissait à un moyen de le faire avancer pour faire gagner du temps à Urahara. Elle dut finalement se résoudre à passer ses bras autour de la taille du garçon, s’efforçant d’oublier sa gêne. Ainsi, en le tenant de toutes ses forces et en se décalant un peu sur le côté, elle pouvait le faire marcher avec elle.

Quelques minutes plus tard, Uryuu les avait rejoints. En voyant la position inconfortable d'Orihime, il avait tenté de l’aider en passant le bras droit d'Ichigo sur ses épaules, mais ce dernier l’avait violemment repoussé et serrait la princesse de plus belle. le fier Quincy dut rendre les armes et le petit groupe se remit en marche.

Bien qu’Orihime fut concentrée sur sa tâche, elle avait eu le temps de remarquer les ondes négatives qui émanaient du premier de classe et le trouvait plus sombre qu'à l'ordinaire.

-Ishida-kun ?, s'enquit-elle.

-Inoue-san ?, répondit-il, l’air distant.

-Est-ce que tout va bien ?, demanda-t-elle avec douceur.

Uryuu soupira. Il jeta un œil à son idiot de cousin et à la manière dont les deux adolescents se tenaient l’un contre l’autre.

-Si tout pouvait être aussi simple…, dit-il sans se rendre compte qu’il pensait tout haut.

-Ishida-kun ?

En entendant son amie l’appeler une nouvelle fois, le garçon sortit de ses pensées sombres.

-Tout va bien Inoue-san. J’ai juste fait une erreur de jugement et ça me contrarie un peu. Pas de quoi être inquiet, termina-t-il en tentant de sourire mais échouant lamentablement.

Heureusement pour lui, Sado revenait accompagné d’Urahara et Tessai, ce qui empêcha Orihime de lui poser d’autres questions.

-Inoue-dono, salua poliment le Nécromancien. "Laissez-moi vous débarrasser."

Il voulut séparer Ichigo de la jeune fille en le tirant par les épaules, mais dut arrêter un crochet du droit fulgurant du Shinigami, qui restait résolument collé à sa prisonnière. 

-Merci de votre sollicitude Tessai-san, salua Orihime du mieux qu’elle put dans sa position. "Mais Kuroaski-kun ne semble laisser personne l’éloigner de moi depuis qu’il est comme ça…"

Le gérant observa succinctement la situation dans laquelle les deux jeunes gens se trouvaient et finit par dire :

-Mieux vaut retourner en vitesse à la boutique et séparer Kurosaki-san de vous le plus rapidement possible. Ne perdons pas de temps, Sado-san m’a déjà expliqué dans les grandes lignes ce qu’il s’est passé tout-à-l’heure à l’infirmerie du lycée.

-Inoue-dono, reprit Tessai. "Puis-je vous suggérer d’utiliser votre bouclier des Trois Cieux pour vous déplacer plus facilement ?"

La lycéenne le regarda un instant, ses yeux grands ouverts et s’exclama :

-Mais pourquoi est-ce que je n’y ai pas pensé plus tôt ?! Tessai-san, vous êtes un génie !

Le compliment fit apparaitre des petites rougeurs sur les joues de l’homme en tablier.

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Sado et Orihime attendaient dans l’arrière-boutique qu’Urahara et Tessai reviennent avec les « outils » nécessaires à l’opération qu’ils voulaient mener.

Au vu de l'état dans lequel Ichigo se trouvait, il était pratiquement impossible de communiquer avec lui et le Nécromancien avait été contraint à l’assommer. Mais même dans son sommeil, il semblait aller mal dès qu’il était éloigné d’Orihime. Aussi lui caressait-elle les cheveux, la tête du rouquin posée sur ses genoux.

Tous les deux attendaient en silence, s’interrogeant sur l’avenir de leur précieux ami. Ils pensaient aussi à l’air décontenancé du Quincy avant qu’ils ne se séparent. Uryuu avait dit n’être plus d’aucune utilité pour l'instant, qu’il devait rentrer et réfléchir à tête reposée sur certaines choses. Quelque chose avait dû se passer quand il était avec Tatsuki… Mais quoi ?

• Tatsuki-chan… elle doit encore s’inquiéter. Dès que Kurosaki-kun ira mieux, j’irai la voir., se promit la jeune fille.

Mais est-ce qu’Ichigo allait s’en tirer ? Son anxiété devait se lire sur son visage pour que le colosse mexicain brise le silence :

-Je suis sûr qu’il va s’en sortir, Inoue. C’est Ichigo après tout.

Cette simple assurance que le garçon qu’elle aimait avait déjà survécu à tant de dangers arracha un petit sourire à la jeune fille.

-Tu as sans doute raison, Sado-kun. 

Elle écartait une mèche du front du jeune homme quand il montra des signes de réveil. Ichigo gémit et ouvrit les yeux pour voir le visage d’Orihime penché vers lui, ses longs cheveux auburn tombant sur le côté. Il ressentit immédiatement le flot d’émotions que son éveil avait provoqué chez son amie et il en fut troublé. 

En voyant qu’il avait l’air d’être sorti de son état de « dépendance », elle lui offrit son plus radieux sourire.

-Kurosaki-kun, tu vas mieux !

A ce moment, Ichigo se rendit compte de la position dans laquelle il était, rougit jusqu’aux oreilles et s’assit brusquement.

-Ou-oauis, ça va… Désolé de vous avoir inquiété…

Sado lui fit signe de la tête qu’il ne lui en voulait pas et Orihime sourit de plus belle. 

-Mais qu’est-ce qui m’est arrivé ?, leur demanda le Shinigami remplaçant. "J’arrive pas vraiment à me souvenir."

Et comme à son habitude, Urahara choisit son moment pour faire son entrée.

-Aaah Kurosaki-san ! Je vois que vous êtes de retour parmi nous ! Laissez-moi vous éclairer sur les derniers évènements, s’exclama-t-il théâtralement. "Mais d’abord", continua-t-il avec un petit sourire sadique, "nous allons devoir procéder à une petite opération."

Ichigo fulminait déjà.

• Comment se fait-il qu’à chaque fois que je croise ce type, je finis par me mettre en colère ?!