Entrelacés
La semaine qui venait de s’écouler avait été un véritable enfer.
Tout.
Orihime avait tout essayé pour rétablir le contact entre elle et Ichigo. Mais rien ne fonctionnait.
Et pire, parfois, elle avait l’impression que le jeune homme ne souhaitait aucunement se trouver en sa présence. Au lycée, à chaque fois qu’elle le voyait au loin et tentait de le rattraper pour lui parler, il disparaissait de sa vue. Et pas une seule fois elle ne l’avait vu esquisser le moindre petit sourire.
Elle avait demandé conseil à Tatsuki, mais cette dernière semblait étrangement réticente à aborder le sujet. De plus, elle passait beaucoup de temps avec Uryuu, et le Quincy ne paraissait pas non plus enclin à parler de l’état d’Ichigo.
Toute la semaine durant, Orihime s’était sentie comme isolée. L’attitude de Sado lui avait paru particulièrement étrange. C’était un fait qu’il ne parlait que très peu, mais avec elle, qui était son amie et compagne d’infortune, il se montrait beaucoup plus ouvert. Seulement à présent, quand il ouvrait la bouche, il se mettait à bégayer et le reste du temps, il l’évitait.
Ce samedi soir-là, seule dans son petit salon et s’apprêtant à dévorer le – selon elle – succulent repas qu’elle s’était préparé, la princesse avait ressassé tout ce qu’il s’était passé depuis son voyage dans le monde intérieur d’Ichigo. Elle avait beau se montrer naïve, Orihime n’était pas complètement dupe. Elle voyait bien que ses amis lui cachaient quelque chose. Comme s’ils savaient qu’elle n’avait aucune chance d’atteindre le Shinigami remplaçant mais qu’ils se retenaient de le lui dire.
C’était désespérant et elle commençait elle-même à penser qu’elle n’était pas la bonne personne pour aider Ichigo. Après tout, dans ses moments de faiblesse, elle n’avait jamais réussi à lui être utile…
Mais si elle n’était pas capable de ramener les émotions sur le visage d’Ichigo, quelqu’un d’autre le pouvait :
- Ce qu’il lui faut, c’est Kuchiki-san…
Elle aurait voulu avoir la force de caractère de Rukia. Si petite, d’apparence si fragile, mais tellement ferme et résolue.
- Oui… Si c’est Kuchiki-san, Kurosaki-kun ira certainement mieux.
Par chance, l’appareil qui avait été installé chez elle pour contacter la Soul Society n’avait pas encore été enlevé, aussi l’utiliserait-elle pour appeler la petite Shinigami à l’aide.
Mais après avoir déguster son petit festin.
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-Kuchiki-san, quelle bonne surprise ! Je m’apprêtais justement à vous contacter !, s’écria Urahara en accueillant la petite demoiselle, qui était accompagnée de Renji.
-Bonsoir Urahara-san, salua poliment Rukia. "J’ai reçu un appel d’Inoue disant qu’Ichigo avait perdu toutes ses émotions et qu’elle n’arrivait plus à lui parler. Mais-"
-Je suis sûr que c’est une grosse connerie tout ça !, l’interrompit brutalement Renji. "Je vous parie ce que vous voulez qu’il se la joue encore héros solitaire !"
Rukia regarda Urahara, blasée par l’attitude constamment agressive de son ami d’enfance et se contenta de conclure avec un :
-Comme il a dit, en désignant Renji.
-Parfait !, s’exclama l’homme en vert. "Grâce à Inoue-san, on va pouvoir gagner du temps en explications. Installez-vous donc pendant que je vais chercher du thé et je vous ferai un résumé de la situation."
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-Et donc, depuis une semaine, Kurosaki-san agit comme s’il avait été atrophié de tout sentiments et évite Inoue-san autant que possible dans le but qu’elle s’éloigne de lui et qu’elle ne soit plus impliquée dans ses problèmes.
-Mais il est complètement con ?, s’exclama Renji, incrédule.
Rukia n’avait rien dit, mais elle n’en pensait pas moins.
- Mais qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? C’est une idée absurde ! Connaissant Inoue, ça ne marchera jamais…
Soudain, un déclic se fit en elle :
-Urahara-san, je viens de penser à quelque chose, mais j’aimerais avoir votre avis, demanda la petite Shinigami.
-Bien sûr, Kuchiki-san. Je suis toute ouïe, répondit le gérant, intéressé.
-Je me demande si… si inconsciemment, il n’aurait pas choisi un plan qui ne fonctionnerait pas. Qu’au fond de lui, ses sentiments pour Inoue sont trop forts pour qu’il puisse sciemment se séparer d’elle.
La petite noble avait à présent des étoiles dans les yeux et des rougeurs sur les joues.
-Rukia…, soupira Renji.
Depuis qu’elle avait découvert les shoujo manga pendant son séjour dans le placard d’Ichigo, elle voyait tout comme une tragicomédie romantique.
Cependant, Urahara avait l’air assez d’accord avec l’idée.
-Après avoir vu Kurosaki-san dans cet état, je pense que vous devez être dans le vrai. Et c’est précisément parce que vous le connaissez bien que je comptais vous faire venir. Inoue-san m’a devancé. Ça a dû lui en coûter de faire appel à vous, Kuchiki-san. Elle s’est démenée toute la semaine pour essayer de parler à Kurosaki-san.
Les grands yeux bleu sombre de Rukia se perdirent dans le vide et un sourire tendre vint se poser sur son visage.
-Je suis convaincue qu’elle ne pensait qu’à venir en aide à Ichigo quand elle m’a appelée. C’est la personne la moins égocentrique que je connaisse.
-Je me demande quand même ce qu’elle lui trouve.
-Renji !
-Ben quoi ? Il est aveugle, stupide et borné au point qu’il essaye de faire en sorte qu’elle ne s’approche plus de lui. Et elle, elle continue à se plier en quatre pour lui. Ça me dépasse.
Rukia gonfla ses joues d’indignation et tourna la tête dans la direction opposée avec un grand « Hmpf ! ».
-Quoi ?! Qu’est-ce que j’ai dit ?, demanda Renji, perdu devant l’attitude de son amie.
-Tu ne comprends rien à l’amour, mon pauvre Renji.
Interloqué, le Shinigami à la crinière rouge se tourna vers Urahara pour lui demander son opinion. Mais il le trouva le dos tourné, en train de compterz les pétales d’une pâquerette en marmonnant des « Yoruichi-saaaaaaan ».
- Dans quoi je me suis encore embarqué ?
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-Ça m’ennuie de ne pas pouvoir en parler à Orihime, se plaignit Tatsuki, assise sur un banc public en compagnie d’Uryuu.
-Tout autant que moi, Arisawa-san, répondit-il.
Les deux jeunes gens étaient inquiets pour leurs amis. Dans son idée de vouloir s’éloigner d’Orihime, Ichigo semblait également mettre de la distance avec eux. Il déjeunait seul tous les midis et se renfermait de plus en plus. Seul Sado, de par sa nature taciturne, semblait ne pas le gêner.
De l’autre côté, ils voyaient Orihime devenir de plus en plus triste. Chaque jour qui passait, son sourire semblait avoir moins d’éclat.
Ça ne pouvait plus durer.
-Pourquoi à chaque fois qu’il lui arrive quelque chose, je ne peux rien faire pour l’aider…, soupira tristement Tatsuki.
Maladroitement, Uryuu lui tapota le haut du dos en signe de réconfort.
-Urahara-san a intérêt à avoir une bonne raison pour laisser Kurosaki faire subir ça à Inoue-san. Et pour nous empêcher d’intervenir.
-Quand tout ça sera fini, je me ferai un plaisir d’aller lui faire un sort à ce vieux pervers !, hurla soudainement la jeune fille en se mettant debout d’un bond, comme pour laisser plus libre cours à sa frustration. Et soupirant à nouveau, elle se tourna vers son petit ami. "Il faudra que tu viennes avec moi, j’aurais peur d’aller un peu trop loin si personne n’est là pour me retenir. "
Le Quincy esquissa un sourire en coin avant de répondre.
-Pour le coup, je pense que je préférerais admirer le spectacle. Et je ne suis pas sûr que même Sado-kun accepte ce rôle. Le pauvre est incapable de parler à Inoue-san depuis que Kurosaki a commencé à se comporter comme un zombie.
-Hah ! Eh bien j’obligerai ce type Urahara à offrir une perruche à Sado pour la peine !
-Une perruche ?
-Je l’ai entendu marmonner plusieurs fois qu’il en aimerait bien une pour lui tenir compagnie…
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Ichigo était épuisé.
Allongé sur son lit, les yeux fixés au plafond, il pensait à la semaine horrible qu’il venait de passer. Comment il avait fait pour tenir le coup, il ne le savait pas. Chaque fois qu’Orihime l’apercevait et qu’elle faisait mine de venir à lui, il avait le temps de voir une lueur d’espoir dans ses grands yeux gris qui lui donnait toujours un peu plus l’envie de lui sourire et de lui dire que tout allait bien.
Avant de s’enfuir.
Depuis que le weekend salvateur avait commencé, il ressassait sans cesse les mots d’Urahara : « Poses-toi les bonnes questions ».
Il n’y avait qu’une seule question à se poser en réalité.
- Inoue est-elle heureuse dans la situation actuelle ?
La réponse était évidente. Mais Ichigo restait convaincu, ou du moins essayait-il de le rester, que sur le long-terme, elle serait plus heureuse si elle n’était plus jamais mêlée à ses combats.
Cette pensée était plus forte que tout, et il s’y tiendrait, il se l’était promis.
Pendant que le Shinigami remplaçant ruminait inlassablement ses tourments, Isshin était adossé de l’autre côté de la porte de sa chambre, l’air mélancolique.
-Ah, Masaki, je me demande bien de qui notre fils a hérité ce don qu’il a de donner une dimension dramatique à tout ce qui lui arrive. Ou pourrait lui arriver.
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Lundi arriva. Et avec lui, deux personnes que le lycée de Karakura ne s’attendait pas à revoir de sitôt.
-Tu as bien compris ce que j’attendais de toi, n’est-ce pas Renji ?, fit une frêle jeune fille aux grands yeux bleu comme la nuit.
-Et comment ! Là, je vais enfin me marrer., lui répondit un grand type baba cool à la longue chevelure rouge avec un sourire carnassier.
La petite Shinigami soupira d’exaspération.
-Ce serait vraiment trop te demander de ne pas étaler ton allégresse à l’idée d’une rixe ?
-Rukia… je ne suis vraiment pas sûr que les gens d’aujourd’hui utilise encore ce vocabulaire. Et avoue que tu meures d’envie de castagner Ichigo toi-même.
La demoiselle gonfla les joues et s’exclama :
-Evidemment ! Cet hurluberlu mérite que je le frappe de toutes mes forces après ce qu’il a fait subir à Inoue !
-Rukia… vocabulaire…
-Kuchiki !, appela alors une voix féminine.
-Arisawa ! Bonjour, comment allez-vous ?, salua-t-elle en retour, avec une petite révérence.
-Vous venez pour Kurosaki ?, s’enquit directement Uryuu, qui accompagnait la judoka.
-Ouaip, je suis venu rien que pour le plaisir de lui botter les fesses et de lui remettre les idées en place !
-Hn ! Eh bien bonne chance. Il faudrait un miracle pour faire entendre raison à un type aussi borné, répliqua sardoniquement le Quincy, les bras croisés.
-Quoi, tu m’en crois pas capable, c’est ça ?, grogna Renji.
-Oh, je dis juste que la situation requiert un minimum de finesse. Alors je me demande si tu es bien la personne adéquate…
-Est-ce que tu serais en train de chercher la bagarre, Ishida ?
-Non ! Pas tout de suite !, s’interposa Rukia avant que ça dégénère. "Ishida, si tu pouvais éviter de le provoquer avant que je mette mon plan à exécution, ça m’arrangerait."
-Et ton plan, c’est de faire en sorte qu’Ichigo se batte contre ce type aux sourcils bizarres?, demanda Tatsuki.
-T’as quelque chose contre mes sourc- hmpf !
-Pour faire court, oui, acquiesça la petite Shinigami, une main plantée dans le visage de son ami d’enfance.
Après un petit temps de réflexion, les regards de la jeune athlète et du Quincy se croisèrent et d’une même voix, ils dirent :
-Ça pourrait marcher.
-J’étais certaine que vous comprendriez. Maintenant, il faut que Renji trouve Ichigo.
-Il n’est pas encore arrivé, mais il ne devrait pas tarder. Bizarrement, il est d’une ponctualité exemplaire depuis qu’il est comme ça, fit Uryuu.
-Parfait, ça me laisse le temps de faire ce que j’ai à faire, marmonna Rukia. "Renji, je compte sur toi pour lui réserver un accueil digne de ce nom.", lui lança-t-elle en les quittant.
-Avec plaisir !, répondit le lieutenant de la 6e division avant de se rapprocher de la grille d’entrée du lycée.
Une fois seuls, Tatsuki glissa sa main dans celle d’Uryuu et lui fit un sourire en coin.
-Alors comme ça, Ichigo n’est pas le seul à faire ressortir tes mauvais côtés ?
-Oh ça va hein.
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Orihime avait ressenti le besoin de s’isoler un peu avant d’entamer une nouvelle journée difficile, aussi s’était-elle rendue sur le toit de l’école. Il restait un bon quart d’heure avant le début des cours. Encore cinq minutes et elle descendrait rejoindre ses camarades.
BANG !
La princesse bondit d’un mètre en entendant la porte du toit être ouverte dans une grande précipitation.
-Inoue !, l’appela précisément la personne qu’elle espérait voir ce jour-là.
-Kuchiki-san ! Tu es venue ! Je suis tellement contente de te rev-
-Dépêche-toi Inoue, il ne faut pas que tu rates le spectacle !, l’interrompit immédiatement Rukia qui la trainait déjà vers l’intérieur.
-Quel spectacle ?
-Crois-moi, ça promet d’être intéressant. Il faudra juste que tu prennes soin de camoufler ton reiatsu.
Orihime ne comprenait pas trop ce qu’il se passait mais si son amie le lui demandait, elle devait avoir une bonne raison. Et si cette raison, c’était que le garçon qu’elle aimait redevienne lui-même, elle obtempèrerait les yeux fermés.
-D’accord.
Elles arrivèrent dans l’arrière-cour de l’école et Rukia les fit s’asseoir derrière un buisson.
-Voilà, il ne reste plus qu’à attendre, murmura cette dernière, les yeux rivés sur le coin du bâtiment.
Elle avait beau ne pas savoir à quoi s’attendre, la jolie rouquine pressentait que ce qui allait se passer ensuite serait important. Rien qu’à cette idée, son cœur battait la chamade.
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Quand Ichigo arriva à son tour au lycée, il était tellement dans son monde qu’il passa devant Renji sans le voir.
Jusqu’à ce qu’il se retrouve le nez dans la poussière.
-Oi! Mais ça va pas de frapper les honnêtes gens sans prévenir ?!, hurla-t-il.
-Content de te voir aussi, mon pote, répondit l’homme à la crinière écarlate, blasé.
-Renji ?! Je peux savoir ce que tu fous là ?
-Disons que j’ai entendu parler de ta petite mésaventure et que j’aurais deux mots à te dire à ce sujet. Mais pas ici, c’est un spectacle privé.
Evidemment, voir quelqu’un mettre à terre le terrifiant Kurosaki avait attiré le regard des élèves présents autour d’eux.
Renji attrapa le Shinigami remplaçant par le col et l’emmena de force dans l’arrière-cour. Une fois arrivés, Ichigo se dégagea et lança un regard mauvais à son interlocuteur.
-Tu vas me dire ce que tu veux à la fin ?
Cachée derrière son buisson, Orihime avait les larmes aux yeux. Ça faisait une semaine qu’elle ne l’avait pas entendu parler. Une semaine qu’elle n’arrivait pas à lui arracher la moindre émotion. Même si à l’instant, il paraissait en colère, elle était soulagée de le voir exprimer autre chose que de l’indifférence.
-J’aimerais que tu m’expliques à quoi tu joues, Ichigo, répondit Renji.
-Comment ça à quoi je joue ? Je ne joue à rien du tout enfin !
-Fais pas l’idiot avec moi ! Urahara m’a expliqué ce que tu étais en train de faire.
-Mais de quoi tu te mêles ?! Cette histoire ne regarde que moi !
-Justement non, Ichigo ! Il y a une autre personne qui est complètement impliquée dans cette histoire, et elle souffre en ce moment même de la décision que tu as prise tout seul pour vous deux.
-C’est pour son bien que je fais ça ! Et je ne vois pas pourquoi tu te sens tellement concerné, tu ne peux pas comprendr- ouf !
Une nouvelle fois, Renji lui avait assené un douloureux crochet du droit. Quelque chose dans ce qu’Ichigo venait de dire lui avait rappelé un mauvais souvenir, quelque chose qu’il ne s’était pas encore vraiment pardonné.
-Détrompe-toi, je comprends parfaitement., dit-il sur un ton grave. "Et il est hors de question que je te laisse faire la même erreur que moi alors que j’ai le pouvoir de t’en empêcher."
Depuis sa cachette, Rukia leva un sourcil.
- Renji… pourquoi est-ce qu’il prend ça tellement à cœur tout-à-coup? Ce n’est quand même pas…
La jeune fille aux cheveux d’ébène réalisa alors que son ami d’enfance avait fait quelque chose d’un peu approchant pour elle quand elle avait été adoptée par la famille Kuchiki.
- Il m’a laissée partir… mais pourquoi ?
Ichigo essuya le filet de sang qui s’échappait de sa lèvre inférieure.
-Renji, j’ai aucune envie de me battre contre toi.
- Zut, pensa Rukia. ‘C’est pas comme ça que c’est censé se passer. Il faut que tu trouves quelque chose, Renji!’
-Hah, tu vois dans quel état tu te mets ? Tu n’as même plus la force de te défendre ! Ça devient pathétique là, Ichigo.
- Bien essayé Renji, mais les insultes directes ne marcheront pas, se dit la petite Shinigami.
Elle pouvait lire sur le profil de son ami qu’il continuait à chercher quoi faire ou dire pour énerver Ichigo.
-Renji, ça n’en vaut pas la peine.
Là, le lieutenant de la 6e division parut reprendre confiance. Il savait exactement sur quel bouton appuyer pour faire sortir le rouquin de ses gonds.
-Ça n’en vaut pas la peine ?, reprit Renji. "J’ai l’impression que je me suis complètement trompé sur toi, Ichigo."
Cette remarque eut le mérite de faire lever un sourcil à l’intéressé.
Rukia comprit instantanément ce qui allait se passer et ricana : "Il le tient."
-Qui tient qui ?, demanda distraitement Orihime. Elle avait du mal à gérer le flot d’émotions contradictoires que déclenchait la conversation qui se déroulait devant elle. Elle avait peur de comprendre ce que tout ça sous-entendait, mais rien de concret n’avait été dit et un doute planait toujours en elle.
Rukia se rendit compte de l’état dans lequel elle se trouvait et lui chuchota sur un ton rassurant :
-Inoue, je sais que tout est encore un peu confus mais je te promets que dans un instant, tu sauras tout.
Renji, de son côté, se préparait mentalement et physiquement à ce qui allait très probablement suivre ce qu’il allait dire.
-Je croyais que les amis, c’était important pour toi. Mais tu ne penses qu’à toi, en fait. Si tu fais ça, c’est pour te débarrasser d’elle., et il retint son souffle avant de porter le coup final. "Inoue Orihime ne compte absolument pas à tes yeux. Pour toi, elle n’a jamais été qu’un fardeau."
Et ce qui devait arriver arriva. Ichigo, hors de lui, s’était jeté sur le Shinigami à la crinière écarlate et lui avait assené un coup de poing dans lequel il avait mis toute sa rage.
-Je t’interdis, tu m’entends ?! Je t’interdis de dire qu’elle ne compte pas ! Elle compte plus que n’importe qui ! Je l’aime, Renji ! Tout ce que je fais là, c’est pour elle ! SI elle reste avec moi, elle finira par être malheureuse, et je refuse que ça se produise ! Tout ce qu’elle mérite, c’est d’être heureuse. Et si ça doit être sans moi, alors je la laisse partir !
S’en était trop pour Orihime, elle était à la fois heureuse et en colère. Jamais avant elle ne s’était sentie comme ça. Elle avait envie de hurler, mais elle s’en sentait incapable. Et avant que Rukia n’ait pu l’arrêter, elle dévoila son reiatsu, se leva et sortit de sa cachette.
Ainsi, Ichigo sentit sa présence avant même de la voir.
-Inoue…
Il y avait tant de choses qu’ils voulaient se dire. Mais lui, envahi par la honte, baissait obstinément les yeux. Et elle, à la fois furieuse et soulagée, n’arrivait pas à émettre le moindre son.
Renji s’était relevé et se massait la mâchoire. Rukia ne tarda pas à les rejoindre. C’est en croisant leurs regards embarrassés qu’Orihime décida de rentrer chez elle.
Elle se refusait de leur offrir une scène d’hystérie. Et plus que tout, elle ne voulait pas risquer de dire à Ichigo des choses qu’elle dirait sous le coup de la colère, sans le penser vraiment.
Le jeune homme, muet, la sentit le frôler quand elle passa à côté de lui pour s’en aller. Ça y était. Elle savait tout. Elle savait tout mais elle n’avait rien dit. Il avait l’impression de n’être plus qu’une coquille vide. Il l’avait perdue. Mais après tout, n’était-ce pas ce qu’il souhaitait ? Il n’en était plus si sûr. Il était tellement fatigué.
-Ichigo !, crièrent deux voix à l’unisson.
Sans vraiment s’en rendre compte, il était en train de s’écrouler. Il fut rattrapé de justesse par Renji qui passa aussitôt son bras par-dessus des épaules pour le soutenir.
Inquiète, Rukia examina le visage de son jeune ami et découvrit d’énormes cernes qui n’auraient pas dû se trouver sur celui d’un garçon normalement plein d’énergie comme Ichigo. Il avait l’air éreinté.
-Ichigo, appela sévèrement la demoiselle. "Depuis quand est-ce que tu n’as pas dormi ?"
Utilisant ses dernières forces avant de succomber au sommeil qui l’envahissait, le rouquin réussit à balbutier : "Presque 10 jours".
-Pas étonnant qu’il ne tienne plus sûr ses jambes !, s’indigna Renji.
-N’empêche qu’il a encaissé tes deux coups de poing et qu’il a failli te mettre KO d’un seul coup, le taquina Rukia.
Son ami d’enfance ne put que se rendre à l’évidence.
-Hah, c’est d’Ichigo qu’il s’agit après tout.
-Allez, ramenons-le chez lui. Il n’est absolument pas en état de suivre les cours et il a besoin de récupérer.