Vasto Lorde

Chapitre 2 : Une deuxième fois

4799 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:08

            Cela fait maintenant longtemps que je suis enchainé sous ce pont, piégé dans ce tunnel sombre avec cette maudite chaîne qui m'empêche de m'éloigner à plus de deux mètres de ce fichu point d'encrage... Je vois les jours défiler mais jamais je ne profite de la lumière du Soleil car le pont n'est pas orienter de sorte à ce que ses rayons puissent s'y engouffrer.

            J'ai essayé de compter les jours mais comme j'étais devenu un être immatériel, il m'était impossible de les marquer et je dû abandonner cette idée. De plus, je pense que cela m'aurait vite lassé tellement je trouve le temps long.

            La nouvelle de ma mort s'est répandue dans l'université comme une trainée de poudre et depuis, les étudiants ont érigé un petit autel en ma mémoire à l'endroit où je suis mort, qui est également celui où je suis enchaîné. Presque tous les jours, ils viennent se recueillir sur le lieu de mon décès et m'adressent parfois une parole gentille ou une prière. Certains me présentent carrément leurs devoirs ou déposent une fleur sur l'autel, ce qui me touche énormément.

            Bien sûr, il y a forcément les voyous de la cité qui viennent la nuit pour faire les cons dans le tunnel, gêner le trafic, me manquer de respect et bien sûr, certains vont même jusqu'à vandaliser l'autel, ce qui a le don de me mettre hors de moi. Heureusement, ce que les délinquants saccagent, les étudiants le réparent. L'autel est renversé un soir ? Il est remis en place le lendemain. Je crois même que des deux camps, c'est celui de ces abrutis de voyous qui se lasse le plus de toucher à l'autel.

            Néanmoins les choses ne sont pas roses pour autant : grâce à ce que racontent les miens, je sais que cela fait à présent des mois que je suis mort et ce qui m'inquiète, c'est que je continue de rester enchaîné. Sans que je ne comprenne pourquoi, je ne trouve pas la paix. Peut-être est-ce parce qu'il me reste des choses à voir et à accomplir, mais comment pourrais-je régler le problème si je suis enchaîné ? Je me suis beaucoup inquiété par rapport à ça, mais je pense que je serais bientôt libéré et cela m'aide à tenir car depuis ma mort, mon moral ne cesse de baisser.

            C'est alors que je sens quelque chose arriver. Cela peut paraître bizarre mais j'arrive à sentir et identifier les énergies des environs. Je n'ai jamais oublié celle de la masse sombre du soir de mon décès mais fort heureusement, je n'ai que très rarement perçu d'énergies similaires.

            Les énergies sont comme des sons : je reconnais une énergie grande ou petite comme on reconnaît un son grave ou aigu. Je sais également évaluer, dans une certaine mesure, la distance me séparant d'une autre énergie. Néanmoins, ce don a quand même ses limites car je peux sentir qu'il y a plusieurs énergies lorsqu'un groupe passe mais je ne peux pas les identifier individuellement.

            Bref, revenons à nos moutons. Je sens une énergie un brin différente de celles que j'ai l'habitude de percevoir. Je me retourne et vois un sans-abri s'engouffrer dans le tunnel. Evidemment, il ne peut pas me voir. Je soupir et, adossé contre le mur où je suis enchaîné, mets ma tête entre mes genoux.

- Dis donc petit, t'as l'air d'avoir le moral dans les chaussettes. Qu'est-ce qui t'attriste comme ça ?

- Hein ?

            Je lève la tête et vois que c'est à moi que s'adresse le sans-abri.

- Qu'est-ce qu'il y a gamin ? T'as pas envie de faire la causette ?

            Je regarde autour de moi.

- C'est... C'est à moi que vous parlez ?

- Bien sûr ! A qui d'autres ai-je l'air de m'adresser sinon ?

- Mais pourtant je... Je...

- Tu es mort ? Mais je le sais mon ami : figure-toi que suis mort aussi !

- Alors vous... Vous êtes un...

- Un plusse, oui. Ou un fantôme si tu préfères.

- Mais... Mais alors pourquoi vous...

            Le vieux monsieur devant moi éclate de rire.

- Ha ha ha ! Tu m'as l'air un peu perdu mon gars !

- C'est le cas de le dire.

- On peut s'expliquer. Racontes-moi ce qui ne va pas.

- Eh bien en fait... Euh... Voilà : je suis mort assassiné il y a quelques mois de ça et depuis tout ce temps, je n'ai croisé personne qui ne me voit ou ne m'entende. Vous comprenez donc pourquoi je suis quelque peu surpris...

- Oui, je comprends.

- Mais comment ça se fait que vous soyez libre de vos mouvements ? Vous n'êtes pas enchaîné, vous ?

- Eh non mon petit gars. Moi, tu vois, j'ai toujours été pauvre. Mais j'étais un pauvre heureux : je ne retiens que le positif et je rigole de tout. Bon après, c'est vrai que c'est plus facile avec une bouteille et la chose qui me dérange le plus depuis que je suis mort, c'est de rester sobre.

- Je vois le genre.

            Le plusse s'assoit à côté de moi.

- Tu vois, je suis mort un soir après avoir trop picolé. Je crois que je me suis écroulé ivre-mort dans un caniveau et après, je ne sais pas si c'est parce que j'avais le nez et la bouche plongés dans une flaque d'eau ou si c'est parce que j'avais bu beaucoup trop d'alcool, mais le fait est que je suis passé de "ivre-mort" à "mort-mort". Donc, quand je me suis réveillé et ai réalisé que c'était fini, je me suis dit "Ah bah merde alors!". Néanmoins, j'ai rapidement vu les choses autrement car à présent, j'étais libre ! Je ne craignais plus le froid ou la faim et il m’était d'ailleurs possible d'aller espionner des femmes dans les vestiaires. Vivre ma mort allait être d'enfer !

- C'est vrai que vu sous cet angle, ça a l’air sympa... Mais pourquoi suis-je enchaîné et pas vous ?

- Surement parce que tu es attristé par ce qui s'est passé : tu avais probablement des projets et tu ne t'attendais pas à mourir, ce qui fait que ce décès soudain t'a fait mourir plein de regrets et d'amertume. Par conséquent, tu es incapable de trouver la paix dans l'état actuel des choses.

- Et vous, vous ne regrettez rien ?

- Rien. Je me suis dit avoir eu une belle vie et que ma mort promettait d'être bien plus amusante.

- Mouais, vous avez raison. Malheureusement, cette maudite chaîne, qui commence d'ailleurs à rouiller, m'empêche de me séparer du passé. De toute façon, j'ai vraiment envie de comprendre : pourquoi est-ce que je suis mort ce soir là ? Avais-je fais le bon choix en tentant de sauver cet étudiant qui ne m'a même pas défendu en retour ? Qu'est-ce qui a cloché à ce moment-là ? Etais-je vraiment censé mourir ?... Toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête et pour lesquelles je ne trouve aucune réponse... C'est horrible !

            Le vieux sans-abri me met une tape réconfortante sur l'épaule.

- Tu sais mon gars, je vais te dire un truc que m'a déjà dit le shinigami qui veille sur la ville. C'est pas drôle de mourir. Même à moi, ça ne m'a pas fait plaisir. C'est imprévisible et incontrôlable. Malheureusement, la mort fait partie des choses qu'on ne peut pas changer, c'est pourquoi il faut savoir lâcher prise. Le mieux est de faire le deuil de ce qui a été perdu et ne peut plus revenir et accepter de se tourner vers l'inconnu qui s'ouvre à nous afin d'aller de l'avant et se reconstruire.

- Mais comment se reconstruire lorsque l'on existe plus aux yeux du monde et que l'on est prisonnier ?

- Tu seras libéré, ne t'en fais pas. Après ça, tu pourras te construire une vie formidable dans l'au-delà.

            Ces paroles rassurantes m'apaisent un peu.

- C'est gentil de votre part monsieur. Qui vous a dit ça, déjà ?

- Le shinigami qui veille sur la ville.

- C'est à dire ?

- Ah oui, excuse-moi. Alors : dans l'au-delà est établi une civilisation nommée "Soul Society". Parmi ses habitants, certains intègrent l'armée et deviennent alors des shinigamis, sortes de samouraïs formant le corps militaire. Parmi leurs fonctions, les shinigamis assurent l'ordre et la sécurité de Soul Society ainsi que du monde des vivants où ils placent en moyenne un shinigami par secteur. Ce dernier est alors chargé de guider vers Soul Society les âmes qui n'ont pas trouvé la paix ainsi que de protéger les morts et les vivants de différents monstres.

- Ces monstres... Ce ne seraient pas les masses sombres qu'il m'arrive de sentir, par hasard ?

- C'est fort possible, oui. Le shinigami du coin est très sympas et quand le temps est calme, il vient taper un brin de causette avec moi. Il adore son activité, qu'il trouve héroïque, mais il se plaint qu'à cause de toute la paperasse, les collègues pas motivés, les trucs et les machins... Eh bien il y a par conséquent un gros problème par rapport à l'échange d'informations, ce qui fait qu'il arrive trop souvent qu'il soit prévenu à la dernière minute de l'arrivée imminente d'un hollow et qu'il n'arrive pas à se rendre à temps sur les lieux. C'est également la même chose pour les âmes à l'agonie comme toi. S'il ne t'a pas trouvé, c'est tout simplement parce que personne ne l'a averti de ta présence. De plus, caché dans ce tunnel, ça ne facilite pas ton repérage.

- Mmh... Oui, c'est vrai. Mais pourquoi le shinigami ne vous a t’il toujours pas guidé vers l'au-delà ?

- Tout simplement parce que je lui ai dit que je n'y tenais pas. Et puis je suis sûr que ça lui fait plaisir d'avoir un camarade avec qui discuter de temps en temps. Malheureusement, comme il est là pour travailler, eh bien il ne ramène jamais d'alcool, ce qui fait qu'on ne peut pas trinquer.

- Logique. Et le shinigami est une sorte de fantôme, comme nous ?

- Oui, exactement. A la différence que lui peut toucher les choses solides et donc faire des dégâts visibles aux yeux des vivants.

- Je vois.

            Après avoir entendu parler de cette activité si excitante, j'adresse un regard déçu à ma chaîne rouillée.

- Allez, ne t'en fais pas gamin. Je vais allez chercher le shinigami et il va te débarrasser de cette saloperie, ce sera vite fait, bien fait.

- Merci.

            Je ris intérieurement. "C'est bête que cela arrive alors que j'étais sur le point d'être libre. Mais bon, mieux vaut tard que jamais".

- Tu sais gamin : si ça t'intéresses, tu pourrais toi-même devenir shinigami une fois à Soul Society. Il te suffira de demander à entrer dans l'armée.

- Merci monsieur. Je demanderais au shinigami quand il arrivera car c'est vrai que ça, c'est vraiment un truc qui me plairait. Enfant, j'aurais tout donné pour devenir une sorte de super héros, un mec qui rendrait le monde meilleur.

- Et moi, je crois qu'un jeune homme capable de tout risqué pour sauver un inconnu innocent et en danger ne peut faire qu'un excellent shinigami. Ne bouge pas de là gamin, je reviens vite avec lui.

            Il commença à partir et j'eu juste le temps de lui adresser ma dernière requête avant qu'il n'atteigne l'extrémité du tunnel.

- Vous pourrez aussi lui demander de m'apporter quelque chose à manger s'il vous plaît ? Je meurs de faim !

            Le sans-abri se pétrifia sur place.

- Qu'est-ce que tu as dit ?

            Le timbre de sa voix était tellement inquiétant que je croyais avoir dit quelque chose de déplacé. L'homme se tourna lentement vers moi.

- Tu dis que tu as faim ?

- Excusez-moi, pardon. Je ne voulais pas...

- Tu le pensais sérieusement ou  tu disais ça comme ça ?

- Euh... Je... Je... Non.

- "Non" quoi ?

- Non, j'étais sérieux : j'ai faim. Je peux même vous dire que j'ai l'estomac dans les talons ou même carrément que je crève la dalle.

            L'homme face à moi semblait de plus en plus affolé. Il s'avança.

- Depuis quand tu as faim ?

- Je dirais... Au moins deux semaines.

- Deux semaines ? Bon sang, mais alors... Lève-toi, bras le long du corps.

            Sans poser de question, je me levai. Le sans-abri vit alors qu'autour du maillon de la chaîne plantée dans mon torse s'était dessiné un rond qui, comme un autocollant, se détachait petit-à-petit.

- Bon sang ! Mais... Mais ton trou est presque totalement ouvert !

- Oui, je serais bientôt libéré.

- Libéré ? Tu sais ce qu'est cette chaîne ?

- Bah, je crois... L'idée que j'en ai est qu'il s'agit d'une chaîne de regret forgée par mes sentiments négatifs et qu'elle sert à me garder prisonnier pour avoir commis des erreurs de mon vivant et que je n'en serais débarrassé qu'une fois que ce trou au milieu de ma poitrine sera totalement ouvert, signifiant que j’aurais purgé ma peine.

- Bon sang ! Alors en fait, t'y connais rien !

- Quoi ? Il ne tient pas la route, mon raisonnement ?

- Si mais le problème, c'est que tu es très loin du compte : cette chaîne s'appel la chaîne du karma. Elle te relie au monde des vivants et si ton âme ne trouve pas la paix avant que ton trou ne s'ouvre complètement, tu vas te transformer en hollow !

- En quoi ?

- En hollow ! Ces terrifiantes masses sombres qu'il t'ait déjà arrivé de détecter !

- Vous voulez-dire... Les monstres dont vous parliez tout à l'heure ?!

- Exactement ! Et vu l'état actuel de ton trou, il est clair que tu n'en as vraiment plus pour longtemps !

            Je commençais à paniquer : mon avenir s'éclaircissait quand soudain on m'avertissait que j'étais sur le point de perdre mon humanité et de me changer en un horrible monstre. Soudain je sentais une nouvelle énergie pendant que le vieux s'éloignait.

- Une... Une masse sombre ! Juste au-dessus !

- Ne bouge pas gamin, je vais aller te chercher le shinigami ! Il va s'occuper de toi ! Il va te sauver !

- Non ! Monsieur, revenez ! Il y a une masse sombre ! Il y a un hollow sur le pont !

            Trop tard. A peine avais-je fini ma phrase qu'une espèce de mastodonte tomba lourdement devant le sans-abri et lui barra la route. Le monstre avait l'apparence d'un affreux troll à la différence qu'il avait un trou au milieu du torse qui le traversait de part en part et que sa tête semblait recouverte par un casque semblable à un crâne. Je vis le hollow esquisser un rictus et parler d'une voix grave.

- Salut p'tite friandise. Où tu cours comme ça ?

            L'homme eu juste le temps de hurler. A peine s'était-il retourné dans le but de s'enfuir que, de son énorme main, le hollow le saisit et le porta à sa gueule. Lorsque j'entendis le bruit du corps se faisant croqué et vis du sang couler jusqu'au menton du monstre, j'eu pour seul réflexe de me coucher sur le ventre et de faire le mort en priant pour que cette horreur s'en aille.

            Glacé d'effroi, j'entendis le hollow dévorer comme un simple sandwich la seule personne à m'avoir adressé la parole depuis longtemps et, lorsqu'il eut enfin terminé, je fermai les yeux, espérant de toutes mes forces ne pas finir au fond de sa panse. C’est alors que je l'entendis s'approcher un peu du tunnel et se baisser.

- Oh, quelle chance ! J'ai même droit à un dessert !

            "Non, ne me dîtes pas que...".

            Je l'entendis buter contre le pont.

- Pourquoi j'arrive pas à passer ? C'est vachement petit leur... "Véhicules autorisés - taille maximale : trois mètres" ?! Tu parles d'une discrimination.

            "C-c'est pas vrai ! Il n'essaie quand même pas de..."

            Je senti sa main m'effleurer, comme s'il avait tenté de m'attraper et qu'il m'avait raté.

- Inutile de faire semblant : non seulement je vois très bien dans le noir mais en plus, j'avais flairé ton odeur au moment même où je suis arrivé.

            J'ouvrai les yeux et vis le hollow, toujours souriant, me fixer tout en continuant d'essayer de m'attraper.

- Oui, c'est à toi que je parle.

            Ce fut cette fois à mon tour de hurler. Sans attendre une seconde de plus, je me levais et prenais mes jambes à mon cou dans l'espoir de lui échapper. Malheureusement, la longueur de ma chaîne limita ma fuite. Affolé, je tentais désespérément de me libérer en tirant dessus et ce, en dépit de l'absurdité de la solution, mais voir le hollow gagner du terrain ne fit que me presser. C'est alors que finalement, la main du monstre se saisit de ma chaîne.

- Je l'ai !

- Non !

            Il ne lui fallut pas plus d'effort pour me tirer assez près pour me saisir dans son poing puis, lorsque ma chaîne le retint au moment où il voulait me porter à sa gueule, il la brisa sans le moindre mal. Le hollow recula hors du tunnel et me porta alors jusqu'à son visage pendant que je me débattais comme un diable.

- Oh, mais c'est qu'il m'a l'air bien excité celui-là.

- Lâche-moi ! Lâche-moi ! Putain, lâche-moi !

- Oui continu de gigoter, ça m'amuse.

            J'étais piégé. Il n'y avait aucune issue.

- Vois les choses du bon côté, nourriture : te dévorer est un honneur que je te fais.

- Ah parce que c'est un honneur que de finir bouffé par une saloperie dans ton genre, espèce de gros sac à merde ?!

            Bras le long du corps, toutes les parties sous mon nombril étaient dans le poing du hollow. Pourtant amusé par ma réponse, il serra son étreinte au point de me faire hurler de douleur et leva son pouce pour le placer sous mon menton et me plier en deux vers l'arrière. Doté d'une force prodigieuse, il pouvait me briser aussi facilement qu'une allumette. D'abord mes hanches, je sentais à présent que c'était ma colonne vertébrale qui menaçait de se briser.

- Mais c'est qu'il a la langue bien pendue, le dessert. Il a oublié quelle était sa place ou bien... Hm ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

            Le monstre porta sa main libre sur le trou dans mon torse où pendait un morceau de chaîne brisée puis, furieux, poussa un soupir de déception.

- Oh non ! Pff... Fais chier ! Une proie presque hollowmorphosée perd absolument tout son intérêt !

            Il retira son pouce et desserra son étreinte avant d'à nouveau me porter jusqu'à lui.

- J'aime pas gaspiller la bouffe mais j'ai le palais exigeant et toi, navré de te l'apprendre mais tu as dépassé la date de péremption.

- Hein ? Qui est-ce que tu traites de "périmé", espèce de sale...

            Le hollow me souffla en plein visage une épaisse fumée noire qui se força un passage à travers mes poumons.

- Voilà qui devrait accélérer le processus.

            Il me lâcha, me faisant faire une chute de quatre mètres, pendant que son atroce fumée lourde et épaisse continuait d'entrer en moi. J’avais la sensation de me noyer : je cherchais désespérément de l'air tout en commençant à avoir des vertiges. J'étais pris de convulsions et sentais mon corps, à présent de plus en plus pâle, se consumer comme un morceau de charbon et ma chaîne devenir poussière, ouvrant totalement mon trou. Le hollow resta quelques instants pour jouir du spectacle avant de dire qu'il n'avait plus rien à faire ici.

            Il fit alors apparaître une brèche derrière lui, demi-tour et l'emprunta. Puisant dans mes dernières forces, je tendis ma main, devenue toute grise, vers lui et vis mes doigts devenir cendres et se désagréger. Le phénomène se produisit sur mon autre main, mes pieds, mon torse et mon visage. Sans se retourner, le hollow me fit un bref signe de la main en rigolant.

- On se reverra au Hueco Mundo. Enfin, si tant est que l'on se reconnaisse. Ha ha ha ha ha !

            "S-salaud ! Tu me le paieras ! Tu me le paieras, oh oui, je te jure que tu me le paieras !"

            Malheureusement, aucune insulte n'a jamais provoqué la mort de personne, et encore moins une dite dans sa tête.

            Il était trop tard : déjà que je ne sentais plus mes membres, les cendres atteignaient à présent mes yeux et ma bouche.

            "Je suis en train de disparaître... Alors je meurs... Une deuxième fois. Néanmoins je vais renaître, à la différence que cette fois, je ne serais plus un humain : je serais un hollow".

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