Vasto Lorde

Chapitre 3 : La chaîne alimentaire

3695 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:01

            Mourir était déjà désagréable mais malheureusement, ça ne s'arrêtait pas là. Après avoir disparu, je me vis dans un nuage noir rempli d'éclair et dans lequel je me faisais malmener par des vents particulièrement violents. Partout ou je regardais, je voyais la même chose. Sans ni appuie ni indication, je ne savais même plus où était le haut et le bas. Ma tête me fit de plus en plus mal quand soudain, je me senti au cœur d'une tornade et happé vers le haut. Je vis alors une lumière qui se fit de plus en plus grande au fil que mon ascension s'accéléra et que la puissance du vent s'accrue. Je plongeais finalement dans la lumière et soudain, je me réveillais brutalement, à nouveau dans un corps.

            Le choc fut violent. Le corps ne répondit pas aux gestes que je voulais esquisser. Par contre, il m'était possible de hurler aussi fort que je le pouvais, ce que je fis. Pendant que je hurlais tout en tentant de retrouver un brin de lucidité, je senti quelque chose me recouvrir la tête et le visage puis mes hurlements s'apparentèrent petit-à-petit à ceux d'un énorme et horrible animal en train de naître. Lorsque la chose eu finis de recouvrir mon visage, ma tête commença à s'arrêter de tourner. Je n'eu cependant pas le temps de reprendre l'équilibre car je dû m'appuyer contre un rocher et vomir le peu que mon estomac pouvait avoir contenu.

            Epuisé, j'en profitai alors pour me calmer et reprendre mon souffle. Je regardai alors autour de moi afin d'identifier mon milieu et réalisai que, entouré de quelques rochers, j'étais perdu au beau milieu d'un désert de sable et qu'il faisait nuit noire. Il n'y a avait aucune étoile dans le ciel, seulement deux lunes. Hésitant, je fis quelques pas incertains quand j'entendis une voix venir de derrière-moi.

- Tiens, de la visite.

            J'agis par pur réflexe. A peine la voix eut elle finit sa phrase que d'un bond, je me suis retourné et, de ma gueule, lui ai tiré une balle d'énergie en pleine tête. Lorsque la fumée de mon attaque fut dissipée, je vis que j'avais affaire à un hollow et que je ne lui avais pas infligé la moindre égratignure.

            Perché sur un énorme rocher comme un lion contemplant son territoire, le mystérieux hollow était beaucoup plus grand et beaucoup plus vieux que celui qui m'avait brûlé. Le monstre affichait un air désappointé.

- T'essayais quand même pas de me tuer avec ça ?

            J'envoyai alors une deuxième balle, mettant plus d'énergie, cette fois. Le hollow entrouvrit la gueule et en sortit une langue de crapaud avec laquelle il balaya mon attaque comme on écarte une mouche.

- Inutile de te fatiguer, tu ne me blesseras pas.

            Acculé, je me laissai tomber sur les fesses. De sa voix de vieil homme, le hollow se mit à parler.

- T'inquiètes pas, j'ai pas prévu de te manger. Par contre, si tu essayais d'être discret, eh bien c'est raté : t'es arrivé en faisant autant de bruit qu'une proie dévorée vivante.

            Aucune réaction de ma part. Le hollow étudia ma stupeur.

- Aucune cicatrice, une petite taille, peu de compréhension... Ah, je comprends : tu viens de naître, n'est-ce pas ?!

            Silence.

- C'est on ne peu plus évident. Je t'aurais bien vu naître, mais j'étais en train de faire la sieste et ce sont tes cris qui m'ont réveillé.

            Toujours aucune réponse de ma part.

- Tu sais parler au moins ? Dis-moi ton nom.

- ... Je...

- Ah bah oui, tu parles ! Tu sais que ça me fait plaisir ? La plupart des hollows ne parlent pas ou alors ont oublié comment faire.

- Les... Hollows...

            Mon interlocuteur se tourna vers une mare un peu plus loin et, de sa langue élastique, lapa l'eau plusieurs fois. Lentement, je me dirigeai alors vers elle et, hésitant, me penchai pour voir mon reflet. Ce que je vis me stupéfia.

            Pour commencer, j'étais plus grand qu'avant (je devais mesurer entre deux et trois mètres de haut). J'avais deux bras et deux jambes mais plus ni vêtements ni organe reproducteur. Mon dos était voûté et ma peau noire et sans pores. J'avais conservé mon trou au milieu de la poitrine et mon physique était, à peu de chose près, le même que celui de l'australopithèque. Ce fut néanmoins ma tête, ou même plutôt mon visage, qui m'horrifia le plus : mon visage était recouvert d'une sorte de masque s'apparentant à un crâne. Je voulu l'enlever, mais ce nouveau visage faisait partie intégrante de moi : le retirer était synonyme de m'arracher la peau. Je dû me rendre à l'évidence : ce masque était mon nouveau visage.

- Tu t'admires ?

            Je dévisageais à présent le grand hollow de derrière moi. Bien qu'il porte lui aussi un masque similaire à un crâne, je fus frappé par sa ressemblance avec un morlock : c'était une espèce de grand homme-singe au pelage argenté, avec d'affreuses dents longues et pointues et de grands yeux rouge et luisants. Bizarrement, il restait sur le ventre, couché sur son rocher. Cela peut paraître étrange, mais pour une créature probablement doté de jambes, je me serais attendu à ce qu'au moins, elle s'asseye pour m'observer. C'est alors que je remarquai une abominable odeur.

- Si je peux te donner un conseil, ne bois pas de cette eau : elle est particulièrement infect et en boire réduit ton évolution.

            Je ne pouvais que le croire sur parole : bien que je puisse y voir mon reflet, l'eau était toute noire et opaque.

- Pourquoi... Restez-vous couché ?... Qui êtes... Vous ? Quel est... Votre nom ?

            Il ne m'était pour l'instant pas possible de parler plus vite. J'étais tout engourdi.

- Enfin tu parles. Alors comme ça tu veux un nom, hein ? Désolé mais mon nom, cela fait longtemps que je m'en suis délaissé. Avoir un nom n'a jamais assuré la survis de personne et une fois que tu auras vécu suffisamment longtemps ici, dans un endroit ou seul importe la chaîne alimentaire, tu comprendras vite qu'avoir un nom est totalement dépourvu d'utilité.

- Herb...

- Herb ? C'est comme ça que tu veux m'appeler ?

            J'hochai la tête en signe d'approbation. Ce hollow ressemblait à un morlock, les morlocks apparaissent dans l'œuvre "La Machine à Explorer le Temps", Herbert George Wells a écrit "La Machine à Explorer le Temps". "Herb" est une abréviation.

- Soit : pour toi, je serais donc Herb.

- Ton énergie... Perturbée.

- Quoi ?

- Ton énergie... Je la sens... Perturbée.

- Ainsi donc tu peux sentir l'énergie... C'est impressionnant. Néanmoins, un bon odorat t'aurais été plus utile.

- Pourquoi ?

- Je te l'expliquerais plus tard. En attendant, j'ai soif. Tu vois là-bas ? Il y a un point d'eau meilleur que celui-là. L'eau y est fraîche et tellement meilleure que celle à ma portée... Apporte m'en un peu, même une simple goutte.

- Pourquoi tu n'y vas pas toi-même ?

            J'arrivais à nouveau à parler normalement.

- Pourquoi ? Monte sur ce pilier, là, à côté. Tu comprendras.

            J'obéissais et, obtenant une vue sur le corps de mon partenaire, compris la raison de son immobilité.

- Il fut un temps où l’on m’appelait « le Dos Blanc » mais comme tu le vois, je n’ai plus de dos.

Herb était atrocement mutilé. Son corps était couvert de morsures comme-ci, au prix de morceaux de chairs, il avait échappé à une meute de carnivores et s'était hissé jusqu'ici en rampant. L'infection de ses plaies s'était limitée et semblait ne plus se propager, mais les parties affectée de son corps avaient bien gangréné, donnant un résultat très laid. Je compris alors d'où provenait cette horrible odeur et pourquoi il m'avait dit que pouvoir l'identifier aurait, sur le coup, été utile. Je fus néanmoins surpris qu'il se fiche ainsi de son état. Il me semblait qu'en plus d'être nauséabonde, la gangrène était une infection particulièrement douloureuse.

- Je me serais bien déplacé moi-même mais je crois que tu comprendras que mes jambes ne répondent plus. Va me chercher de l'eau et je te dirais tout ce que tu dois savoir sur cet endroit, le Hueco Mundo.

            Hésitant, je partis néanmoins en direction du point d'eau. Je ne fis pas l'aller retour en quatrième vitesse, bien au contraire. Etant dans un monde dont j'ignorais tout, il me fallait faire preuve d'énormément de prudence. A peu près un kilomètre me séparait de mon but. J'avançai à tâtons, cherchant des énergies à percevoir, des sons à entendre ou des choses à voir. Néanmoins, rien ne m'alerta. J'avais juste l'impression, en terme de perception d'énergie, de m'approcher de quelque chose, comme-ci j'étais sur une plage et que je m'approchais de la mer, une mer immobile.

            A proximité d'autres rochers, j'étais presque arrivé au point d'eau quand soudain je réalisais quelque chose : quand on est dans un endroit qu'on ne connaît pas, il faut partir de l'hypothèse que tout ce qui est différent, tout ce qui se remarque, est dangereux. Il y a ici de l'eau, hors il n'y en a nulle part ailleurs. Je ne vois rien et pourtant, j'ai l'impression de me diriger vers quelque chose d'énorme... Il y a quelque chose qui ne va pas... Je me dirige droit vers un piège !

            Je devais en avoir le cœur net. Réunissant de l'énergie comme tout à l'heure, je fis un bond dans les airs et envoyai une balle de plasma droit sur la mare. Deux secondes de calme s'écoulèrent avant que je n'obtienne une réaction : le point d'eau se fit engloutir par un immense ver caché sous terre. Pétrifié par la surprise, je revins à moi lorsque je vis le monstre se précipiter dans ma direction.

            Je pris mes jambes à mon cou et couru dans toutes les directions possibles plutôt qu'en ligne droite car l'invertébré m'aurait sinon happé dans sa gueule, ce dernier allant plus vite que moi.

             Je ne voyais aucun moyen de lui échapper : dépourvu de vue, d'ouïe et d'odorat, son sens du toucher était cependant extrêmement développé ce qui faisait que chacun de mes pas dans le sable l'avertissait de ma vitesse et de ma position. C'est alors que je vis mon salut comme une évidence : les rochers ! Réunissant mes forces, je bondis à ma droite sur un rocher éloigné et restai immobile. Le ver géant réalisa alors qu'il avait perdu ma trace. Il tourna et tourna encore à la recherche d'un quelconque mouvement pouvant lui indiquer ma position avant de finalement abandonner et de retourner sous terre.

            Une heure passa avant que je ne me décide à quitter mon abri. Posant délicatement mes pieds sur le sable, je partis en m'appliquant à avoir le pas aussi léger que possible. Je pris également soin de monter sur des rochers et de bondir de l'un à l'autre pour autant limiter mes pas que possible. Finalement, je revins auprès d'Herb, sur son territoire. Ce dernier éclata de rire en me voyant arriver, encore tout tremblant.

- Ha ha ha ! Alors comme ça, tu lui as échappé ? Félicitation !

- C'était quoi, ça ? C'était quoi cette horreur qui a failli me bouffer ?

- ça, gamin, c'était un ver de sable. D'ordinaire, ils sont plutôt petit et se contentent de ronger les carcasses mais celui-là, c'est un gros gabarit ! Il a tellement grandit que maintenant, pour chasser, il s'enfouie sous terre la gueule grande ouverte où il produit un point d'eau artificiel tout ça pour happer les curieux qui s'approchent.

            Exactement comme une baudroie des abysses.

- Mais pourquoi tu m'as envoyé là-bas si c'était une mort certaine ?!

- A ton avis ?

- Tu voulais me tuer ?

- Je voulais te faire voir ce qui t'attendait. Tu n'es plus dans le monde des humains à présent, tu es au Hueco Mundo, un monde creux où ne vivent que des hollows et différentes abominations comme ces saloperies de vers de sable. Ici, la nuit est éternelle et tes pires cauchemars prennent vie ! Ce que tu viens de voir n'est que la partie immergée de l'iceberg : prépare-toi à avoir affaire à des horreurs bien pires !

- C'est pas vrai...

- Si, c'est vrai... Soit dit en passant, je dois reconnaître que ce ver de sable met la barre assez haut.

- Je ne comprends pas... Pourquoi est-ce que cet endroit est aussi dangereux si ce ver de sable est une exception sortant du lot ?

            Herb reprit son calme.

- Je vais te raconter un truc, fils. Lorsqu'une âme ne trouve pas la paix et est rongée par des remords pendant trop de temps, qu'elle se fait attaquer ou même dévorer par un hollow, alors cette dernière disparait et se réincarne en hollow. Sa réapparition se fait alors dans cette dimension, le Hueco Mundo, à un endroit au hasard. L'âme récupère alors un corps plus ou moins bestial et pour tête, cet espèce de masque semblable à un crâne. Elle conserve également ce trou au milieu du torse. En général, l'âme en peine perd son intelligence lors de sa transformation. Les hollows doivent ensuite se nourrir et peuvent le faire de deux manières différentes : soit ils s'aventurent de temps en temps dans le monde des vivants pour dévorer des âmes humaines, auquel cas ils risquent de se heurter à un shinigami, soit ils dévorent d'autres hollows plus faibles qu'eux.

- Mais c'est horrible. Les hollows sont donc cannibales ?

- La seule règle du Hueco Mundo est celle de la chaine alimentaire, régie par la loi du plus fort. Tu es fort donc tu es un prédateur, tu es faible donc tu es une proie. Je comprends que cela te choque mais c'est comme ça que ça se passe, ici.

- Non, ça ne me choque pas. C'est la même chose chez les humains et ça me rappel ma mort : j'étais une proie et je me suis fait bouffé par un putain de prédateur !

- Si tu veux survivre, tu dois être en mesure de vaincre n'importe qui. C'était injuste de ma part de te diriger vers ce ver de sable mais c'était une manière de t'avertir car dans un nouveau milieu naturel, soit tu t’adaptes, soit tu disparais et ça, crois-moi, c’est quelque chose que je ne te souhaite pas. Tu m'as l'air encore beaucoup trop humain et ça, c'est très mauvais. La force est ici plus efficace que la ruse et celui qui fait preuve de sentiment est perdu. Tu es petit et faible, c'est pourquoi tu es aujourd'hui tout en bas de la chaine alimentaire. Si tu veux grandir et évoluer, tu ne dois plus être une proie dans ta tête mais un prédateur. Tu n'es plus un humain maintenant, tu es un hollow.

- Très bien. Je te remercie.

            Je poussai un soupir avant de regarder autour de moi.

- Comment puis-je me rendre dans le monde des vivants ?

- Quand tu-veux : il te suffit de générer un portail vers cet endroit et si tu veux l'observer, tu as des points d'eau spéciaux à travers lesquels tu peux voir le monde des humains. Celui ici est de très mauvaise qualité.

            Herb lapa l'eau à nouveau.

- Alors ? Qu'est-ce que tu décides ?

- Je vais atteindre l'autre bout de la chaine alimentaire.

- Bien parlé.

            Je ne voulais plus être en compagnie d'Herb. Je ne pensais plus qu'à évoluer, c'est pourquoi je me mis en marche.

            Je ne suis pas fort ? Qu'ils attendent un peu : bientôt, je serais tellement puissant que je boufferais ce ver de sable pour mon quatre heure.

            J'aurais aimé être un shinigami. Le destin en a décidé autrement alors dans ce cas, je m'appliquerais à être un hollow.

         Je ne connaîtrais plus jamais la détresse car mon intelligence fera la différence. Tu vas voir Herb : je vais grandir, je vais grossir. Je serais plus fort que n'importe qui et ma présence fera trembler de terreur tout le Hueco Mundo !

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