Vasto Lorde

Chapitre 4 : L'entretien de Renji

3322 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:57

Dans la rue, à 9h50

- Voilà. C’est juste à côté.

            Alors qu’il s’approchait des quartiers, le shinigami s’arrêta pour sentir son haleine et jeter un coup d’œil à son détecteur.

- A l’heure. Parfait : je suis ponctuelle, présentable et mon haleine est fraîche. Je vais parfaitement…

- Hey Renji !

            Le soldat se retourna et vit arriver une bande de shinigamis. Ces derniers étaient des butors et, à leur tête, se trouvait un homme chauve et un autre beaucoup plus coquet.

- Les gars ? Mais qu’est-ce que vous faîtes là ?

- Qu’est-ce qu’on a l’air d’être venu faire, d’après toi ?

- Non… Vous êtes venus m’encourager pour mon entretien ? Oh… Mes amis… De tout cœur, je vous remer…

            L’homme chauve l’interrompit.

- Je vous l’avais dit les gars ! Tiré à quatre épingles !

- Quoi ?

- Eh bah dis donc Renji, on voit que tu t’es mis sur ton trente et un pour ton rencard avec le capitaine balais !

- Attendez ! C’est pour vous payer ma tête que vous êtes là ?

- Matez un peu ça, les gars : monsieur s’est rasé, il s’est coiffé et il a même fait l’effort d’arriver à l’heure ! Si c’est pas chou.

- Bordel ! Mais soyez sérieux deux minutes ! Ce qui m’arrive est la chance de ma vie ! Le capitaine Byakuya Kuchiki en personne me demande de devenir son second !

- Oui. Et après vous pourrez vous marier et avoir beaucoup d’enfants !

- Je suis sérieux ! Alors désolé les gars mais il est hors de question que je passe à côté de cette opportunité par votre faute. Maintenant écartez-vous, vous allez me mettre en retard.

            Renji s’avança jusqu’à ce que l’homme chauve et le garçon coquet lui barrent la route.

- Ikkaku, Yumichika, laissez-moi passer.

- Hm… Ok.

- C’est d’accord.

            Les deux hommes s’écartèrent et, alors que Renji s’éloignait, ils en profitèrent pour lui lancer une dernière pique.

- Tâche de ne pas conclure trop vite !

- Oui ! Et surtout, j’espère pour toi que Byakuya Kuchiki est bien surnommé « Le Capitaine Balais » parce qu’il en a un calé au mauvais endroit parce que sinon, si cela veut dire qu’il est bien membré, je crains que tu ne risques de le sentir passer !

            Renji s’immobilisa puis, alors que ses camarades éclataient de rire, il se tourna vers eux en leur lançant un regard de tueur tout en se craquant les doigts.

- Alors là, vous l’aurez bien cherché !

            Il se jeta sur la bande de soldat et déclencha une bagarre dans laquelle chacun y alla à cœur joie. Lorsqu’elle prit fin, les shinigamis éclatèrent tous de rire, y compris Renji.

- Alors c’est sérieux Renji ? Tu nous quitte pour ce nouveau travail et cette nouvelle division ?

- Je ne vous abandonne pas, les gars. Vous êtes et serez toujours mes amis.

- Peut-être mais les bagarres seront beaucoup moins amusantes sans toi…

-… Et qui nous dit qu’avec tes nouvelles responsabilités, t’auras toujours envie de trainer avec des bagarreurs sans cervelles comme nous ?

- Tout simplement parce que je vous en fais la promesse. Ceci n’est qu’un déménagement. Je vous promets que bientôt, on recommencera à sortir picoler jusqu’à pas d’heure et à nous battre à cœur joie.

- C’est vrai, Renji ?

- De vrai, de vrai. Je change de travail mais je ne vous abandonne pas.

            Ikkaku, l’homme chauve, lui serra une poignée de main virile en l’encourageant. Yumichika, l’homme coquet, regarda quant à lui son détecteur.

- Alors bonne chance mon frère. Fonce et met leur en plein la vue !

- Oui. Mais dis, tu ne devais pas y être plus tôt ?

            Renji vit l’heure, poussa un cri puis parti en courant.

- Qu’est-ce qui vous a pris ! Vous m’avez mis super en retard !

            Le regardant partir, les soldats se réunirent ensuite entre eux. Ikkaku leur lança fièrement :

- Je vous avais bien dit que le plan pour le garder auprès de nous allait marcher !

            Ce à quoi les soldats répondirent :

- Comment ça ? Quel plan ?

Au bureau du capitaine de la 6ème division, à 10h20

            Rigides et impassibles, les deux hommes attendaient, soigneusement installés.

- Y aurait-il un problème, Byakuya ?

- Non père, il n’y en a aucun.

- A quelle heure lui avions-nous donné rendez-vous ?

- A 10h00, il me semble.

- Il te semble ? Mademoiselle ?

            La secrétaire vint à la rencontre de l’homme d’âge respectable qui venait de l’interpeller. Elle fit preuve de toute la politesse et de tout le respect que l’on doit à un important supérieur hiérarchique.

- Puis-je vous aider, capitaine ?

- Bonjour à vous, très chère. Quelle heure est-il, je vous prie ?

- Il est exactement 10h20, capitaine Kuchiki.

- Fort bien. Je vous remercie.

            L’homme, assis derrière son bureau, se tourna alors vers Byakuya Kuchiki, installé à une table juste à côté de lui.

- Qu’en dis-tu ?

- Il est en retard.

- En retard qui ?

- En retard, père. L’homme que j’ai convoqué est en retard d’une vingtaine de minutes.

            C’est alors que des bruits dans le couloir se firent entendre. Des bruits de pas, ceux de quelqu’un courant comme un dératé dans de calmes couloirs où circulaient d’innocents secrétaires et autres agents administratifs, couplés à des bruits de bousculades saupoudrés de quelques « Pardon, pardon ». Ils furent rapidement suivi d’un cri de femme accompagné de : « Pardon mademoiselle. Je n’ai pas fait exprès de vous renverser vous et vos dossiers pleins de papiers visiblement rangés avec soin et précaution sans utiliser de trombones ou d’agrafes mais je suis très pressé ! Vous voyez : je n’ai même pas le temps de vous aider à vous relever ! », puis de « Mes fichiers ! », « Oui, je n’ai pas le temps de les ramasser. », « Mais, pour l’amour du ciel, arrêtez de marcher dessus !».

            C’est alors que le bruit de course se fit de plus en plus proche. Il arriva jusqu’à la porte fermée du bureau, on entendit alors un homme tentant tant bien que mal de reprendre son souffle, prendre une grande inspiration puis… Toquer à la porte. L’homme installé au bureau lui dit d’entrer. L’homme derrière la porte entra alors, perlant de sueur et… Parfaitement détendu.

- Bonjour à vous. Permettez-moi de me présenter : je suis le lieutenant de la 11ème division, Renji Abarai. Pour vous servir.

            L’homme âgé au bureau lui répondit.

- Enchanté, lieutenant. Savez-vous que vous êtes en retard ?

- Hélas, veuillez me pardonner ce malheureux incident. L’horloge de mon détecteur est dérèglée.

- Puis-je la voir ?

- Non !

            Le regard insistant de l’homme l’obligea à obéir. Le lieutenant tandis son détecteur vers lui… Puis le fracassa sur le sol.

- Oups. Quelle maladresse.

- Vous avez cassé votre appareil.

- Pour ma défense, il était déjà cassé.

- J’espère juste que vous vous souvenez que toute détérioration du matériel est déduite du salaire.

- Aouch, pensa-t-il très fort. Oui monsieur, je m’en rappelle.

- Et je pense que vous savez aussi combien coûte cet appareil ?

- AOUCH, pensa-t-il à nouveau avant de répondre sans desserrer les dents. Oui monsieur, je m’en rappelle.

            Gardant son sang-froid, le lieutenant Abarai se tourna ensuite vers Byakuya Kuchiki.

- Revenons à nos moutons. Byakuya Kuchiki, je me présente à vous pour cet entretien dans le but d’obtenir la promotion de vice-capitaine que vous m’avez proposé.

            L’homme plus vieux l’interpella à nouveau.

- Renji Abarai ? C’est avec moi aussi que vous allez passer l’entretien.

- Ah ? Et à qui ai-je l’honneur ?

            Le jeune homme était en train de défier son interlocuteur. Byakuya tenta de le rappeler.

- Lieutenant…

- Ah non mais je veux bien être propre, présentable et ponctuel…

- C’est du sang, sur vos vêtements ?

- Oui mais ce n’est pas le mien. Probablement celui des idiots avec lesquels je me suis bagarré avant de venir. Mais revenons à nos moutons ! Il est bien gentil, le vieux, de me rappeler que mon gadget ne marche pas et qu’il va me coûter une fortune, ce qui me fait franchement mal au trou de balle, mais j’aimerais bien savoir qui il est pour me parler sur ce ton ! Alors, les sarcasmes, ça va cinq minutes mais si je fais l’effort de me lever le matin pour venir ici, ce n’est certainement pas pour me faire insulter par je-ne-sais-qui, en particulier si je suis censé avoir affaire au capitaine Kuchiki !

- C’est moi.

- Ah ah ah. Très drôle, le vieux. Nan parce que je t’apprends un truc : lui, c’est Byakuya Kuchiki, bientôt le capitaine de la 6ème division des armées de la cours.

- Oui. Et moi, je suis son père.

            Renji devint tout pâle.

- Vous voulez dire…

- Que JE suis le capitaine Kuchiki.

- Vous êtes Sôjun Kuchiki ?!

- Exactement. Il me tarde de quitter mes fonctions et c’est mon fils ici présent qui prendra ma succession. Byakuya était jusque-là mon vice-capitaine et je l’ai nommé au poste de capitaine remplaçant mais son changement de poste n’est pas officiel. Jusqu’à preuve du contraire, c’est encore moi qui assure le commandement.

- Mais… Mais la convocation était au nom de Byakuya Kuchiki…

- En effet : étant donné qu’il effectue un travail remarquable, j’estime qu’il est temps que Byakuya se choisisse le vice-capitaine de son choix pour le seconder. Bien que vous ne figuriez pas sur la liste de candidats que j’avais sélectionné, mon fils et moi vous accordons cet entretien ensemble.

            Renji se mordit les lèvres et se pinça les doigts, se disant : « Quel idiot ! Comment j’ai fait pour ne pas reconnaître Sôjun Kuchiki ! J’étais sûr de plaire au fils, mais si je dois convaincre le père aussi, alors là, c’est mort. ». Byakuya sorti ensuite un dossier qu’il éplucha.

- Il y a longtemps que je m’intéresse à vous, lieutenant Abarai. Vous êtes ami avec ma jeune sœur, n’est-ce pas ?

- Rukia ? Oui. C’est une amie d’enfance.

- Vous avez d’abord servi dans la 5ème division avant d’être muté, pour cause de bagarres, dans la 11ème division, celle des soldats les plus violents et les plus indisciplinés.

- Oui enfin bon, c’est vite dit. Il est marqué qu’il faut être un beau gros con pour se faire accepter dans la 5ème division ?

- Non, ce n’est pas écrit. Auriez-vous un problème avec la discipline ?

- Non. Ce n’est d’ailleurs pas une question de discipline ou pas. C’est vrai, j’ai le sang chaud mais je me contrôle. Si vos secrétaires prennent le temps d’écrire le positif, vous pourrez lire que j’ai fait de gros progrès et qu’à moins d’être poussé à bout, je ne réagis pas de manière impulsive.

- Et vous n’avez jamais demandé à changer de division depuis ?

- Non. J’ai été viré de la 5ème trop vite pour savoir que c’était possible et je me suis plu dans la 11ème. Je m’y suis fait des amis et il y avait de l’action.

- Alors pourquoi accepteriez-vous de changer de division si vous vous plaisez déjà dans celle-là ? Par évolution de carrière ?

- Par admiration pour vous. La carrière est en second plan.

            Sôjun Kuchiki reprit la parole.

- Renji Abarai.

- Oui Capitaine ?

- Malgré l’impression très négative que vous venez de me faire, je consens à ce que vous ayez une chance.

- Vraiment ?

- Tout à fait. Une mission vous sera confiée prochainement. Nous n’avons pas encore décidé laquelle mais sachez que vous serez aux commandes d’une unité militaire. Nous évaluerons vos différentes aptitudes sur le terrain, telle que guider un groupe de soldat et remplir une mission en suivant les instructions données.

            Le visage de Renji s’illumina. Il tourna son regard vers Byakuya.

- Vous êtes sérieux ? Vous me donnez ma chance ?

- Oui, lieutenant. Mon père et moi allons vous donner la chance de faire vos preuves mais je vais être claire : je ne tolèrerais aucun manquement aux règles ! J’attends de vous un comportement responsable et professionnel. Je suis le futur capitaine d’une des treize armées de la cours ainsi que l’héritier d’une des familles les plus importantes de toute notre civilisation. C’est pourquoi j’appliquerais la politique de la tolérance zéro et prends soin de vous avertir que toute erreur vous exposera à des sanctions. Sommes-nous d’accord ?

- O-oui capitaine.

            Le vieux capitaine s’approcha du jeune soldat.

- Lieutenant Abarai ? Sachez que même si mon fils sera le juge principal de cette évaluation, je vous examinerais et, à tout moment, serais en droit d’apposer mon veto. Quoi qu’il advienne, rappelez-vous que moi et moi seul décide ici. A présent, finissons-en avec la paperasse, voulez-vous.

            Sôjun rappela la secrétaire qui lui avait donné l’heure plus tôt et que Renji avait renversé dans le couloir. Cette dernière arriva décoiffée et ne tenant qu’un seul papier chiffonné au lieu d’un dossier bien rangé comme elle en avait l’habitude. Le capitaine regarda la fiche et désigna l’énorme trace de pas qui s’y trouvait. La secrétaire lança un regard assassin à Renji qui esquissa un sourire maladroit et lui fit un petit signe de la main, mal à l’aise. Sôjun poussa un long soupir de dépit.

- Je vous souhaite d’être efficace une fois sur le terrain, lieutenant. Je vous le souhaite vraiment car ce sera la dernière chance que je vous accorderais.

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