Vasto Lorde

Chapitre 10 : La sentence de Renji

3320 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 23:44

- C’est intolérable ! Inadmissible !

            Renji avait beau avoir une belle expérience du champ de bataille, il n’avait pas pour autant l’habitude de rendre des comptes à un supérieur hiérarchique, et encore moins à un homme comme Sojun Kuchiki.

- Capitaine, laissez-moi vous expliquer…

- Qu’y a-t-il à expliquer ?! Comment pouvez-vous justifier ce fiasco ?!

            Le vieil homme était furieux et lançait au lieutenant un regard assassin.

- Mais… Ce n’est pas ma faute !

- Pas votre faute ? PAS VOTRE FAUTE ?! Est-ce que nous parlons bien du massacre perpétré par ce hollow et qui fut rendu possible par votre incompétence et votre irresponsabilité ?! Parce qu’à vous entendre, on dirait que non !

- Mais enfin, je ne pouvais pas savoir qu’il était là ! Le CCO ne m’a prévenu qu’après ce carnage !

- Parce que vous n’avez pas mis votre oreillette !

- Elle est tombée pendant la bagarre ! C’est un modèle d’équipement auquel je ne suis pas habitué et ce genre d’incident est très courant.

- Ne vous cachez pas derrière de fausses excuses : vous ne portiez pas l’oreillette, c’est tout ce que j’ai besoin de savoir !

- Mais attendez : même le CCO n’a pas remarqué la présence de ce hollow ! C’est quand il a grossi que leurs appareils l’ont détecté…

- Inutile de rejeter la faute sur les autres, vous auriez dû vous parer aux imprévus !

- Mais c’est ce qui s’est passé.

- Je ne sais pas si vous avez les yeux en face des trous mais laisser un hollow dévorer des centaines d’âmes et perdre contre lui n’est pas gérer la situation mais essuyer un échec ! Vous n’avez pas été à la hauteur de votre mission et votre conduite non-professionnelle ainsi que votre arrogance en sont l’unique origine !

- Ce n’est pas moi qui ai attaqué la prison et le stadium ! Ce sont les hollows, les méchants de cette histoire ! De plus, avec tout le respect que je vous dois, vous avez beau être capitaine de division, vous n’avez pas le droit de me parler en m’insultant !

- Je vous conseille de ne pas me dicter ma conduite, autrement vous irez au-devant de gros ennuis !

- Mais vous ne pouvez pas dire que je n’étais pas à la hauteur ! Je… Il n’y a eu aucune victime à chaque fois que je suis intervenu…

- Hm mh, je suis sûr que les détenus et les gardiens vous en remercient, ainsi que leurs amis, leurs familles et tous ceux qui vont devoir remédier aux dégâts matériels que vous avez entrainé !

- Mais arrêtez de dire ça ! Je n’étais pas là…

- Vous auriez-dû.

- Mais j’aurais souhaité être là ! C’est juste que j’ai été contacté à un moment où j’étais déjà occupé et que…

- Arrêtez de jouer la carte du concours de circonstance ! VOUS étiez en charge de cette mission, tous ce qui s’est passé s’est déroulé sous VOTRE responsabilité, vous êtes LE SEUL ET UNIQUE responsable de ce qui s’est produit ! Rien ne justifie que qui que ce soit d’autres soit impliqué dans votre attitude médiocre et votre comportement irresponsable : le fiasco de cette mission est entièrement votre faute !

            Complètement démuni et impressionné, Renji était frappé d’estoc. C’était comme si un géant l’avait passé à tabac : il se sentait minuscule et impuissant. L’homme ne sentait plus ses jambes et aurait été capable de pleurer.

- Comme je l’avais mentionné, j’appose mon veto ! Oubliez ce que Byakuya vous a dit : non seulement la promotion ne vous est pas accordée mais en plus, je m’en vais écrire à votre capitaine de division afin qu’une sanction disciplinaire à la hauteur de votre mauvaise conduite soit appliquée !

- Mais… Mais pourquoi est-ce que vous vous acharnez comme ça ? Qu’est-ce que je vous ai fait ?...

- Silence ! Je vous ai assez vu. Quittez mon bureau sur le champ ! Disparaissez, c’est un ordre !

            Très lentement, Renji tourna les talons. Il marcha vers la porte puis, lorsqu’il posa la main sur la poignée, il entendit le capitaine Kuchiki maugréer.

- Il est hors de question que mon fils fréquente cette espèce de racaille. Je ne le permettrais pas !

            Son sang ne fit qu’un tour : il se retourna et revint vers le capitaine.

- Alors c’est ça que vous me reprochez ?!

- Qu’est-ce que vous faites encore là ?!

- Vous n’avez pas le droit de me traiter comme ça ! Et votre fils a le droit de fréquenter qui il veut !

- Laissez mon fils en dehors de tout ça !

- Justement non ! Foutez-lui la paix, à votre fils ! S’il me juge digne de le seconder, laissez-le décider !

- J’ai de biens meilleurs candidats à lui proposer. Il vous aura vite oublié !

- Ouais bah, vous voulez savoir ? Votre fils, eh bien il n’est pas né capitaine ! Il va apprendre à le devenir et s’il pense que je suis la personne la mieux adaptée pour le soutenir et l’aider à atteindre cet objectif, eh bien vous n’avez pas le droit de l’en empêcher !

- Vous avez fini ?

- Non, je n’ai pas fini ! Il n’y a aucun shinigami que je n’admire et ne respecte plus que Byakuya Kuchiki et je n’accepte pas que sa liberté lui soit ainsi ôtée, y compris par son père ! Votre fils est maintenant un homme, il est grand temps que vous cessiez de vouloir le garder pour vous tout seul !

- Vous avez fini ?

- Maintenant, j’ai fini.

- Parfait. Qu’en penses-tu, Byakuya ?

- Je suis très satisfait.

            Renji se retourna, surpris, et vit Byakuya Kuchiki apparaître.

- Mais qu’est-ce que…

- Pardonnez-moi lieutenant mais je voulais vous soumettre à une dernière épreuve avant de décider de vous accorder ou non votre promotion. Je voulais m’assurer de votre franchise et de votre répartie. J’ai alors demandé à mon père de jouer la comédie pour pouvoir examiner votre réaction en cas de stress.

            Renji porta son regard vers le capitaine Sojun qui vint s’excuser.

- Je suis navré de me vous avoir parlé comme ça, lieutenant. Le discours que je vous ai tenu, je ne le connais  que trop bien car j’en ai plusieurs fois fait l’objet quand j’avais votre âge. Je n’ai pas croisé que des gens intelligents dans ma vie.

- Attendez… Vous n’étiez pas sérieux ?

- Dans ma famille, le commandement de cette division s’effectue de père en fils depuis des générations. Toutefois, il n’en demeure pas moins que nous nous devons d’être des meneurs d’hommes efficaces et, afin de donner de bonnes directives, nous devons connaitre tous les postes de l’armée avant de prétendre commander. Renji : ce qui s’est passé n’était pas votre faute. Comme vous l’avez dit, les hollows sont les seuls responsables de cette tragédie et oui, elle résulte d’un concours de circonstances comprenant des ennemis adaptés ainsi qu’un matériel ayant besoin de mises au point.

            Byakuya lui posa la main sur l’épaule.

- Renji, comme vous l’avez dit : je ne suis pas né capitaine mais j’apprends à le devenir. Jusque-là, j’ai découvert chacune des professions dispensées dans l’armée mais capitaine demeure une fonction qui m’est inconnue. Il me sera possible de ne pas adopter la conduite adéquate, comme celle que mon père vient de simuler, et il me sera nécessaire d’avoir un officier en lequel j’ai confiance et qui soit capable de me dire « non ». J’aurais souvent à me tourner vers vous pour vous demander conseil et mon plus grand besoin est qu’un allié, ayant un tempérament différent du mien mais le complétant, m’aide à prendre les bonnes décisions et à garder une certaine humilité par rapport à mon statut. Renji, pensez-vous être cet homme.

- Sans le moindre doute.

- Dans ce cas, c’est avec fierté et honneur que je vous désigne comme étant mon nouveau second : Renji Abarai, vice-capitaine de la 6ème division de l’armée shinigami de Soul Society.

            Empli de fierté, Renji mit le genou à terre et jura fidélité.

- Capitaine Kuchiki, je jure de vous être loyal aussi longtemps que je vous servirais.

            Le capitaine Sojun Kuchiki lui posa la main sur l’épaule.

- Lieutenant, vous pouvez disposer.

- Bien, capitaine.

            Une fois Renji parti, le père et le fils se mirent à parler en plaisantant.

- Ainsi donc, tu voulais le mettre à l’épreuve ? Est-ce que tu ne cherchais pas plutôt un moyen d’envoyer balader ton vieux père, par hasard ?

- Mais qu’allez-vous imaginer ?

- Eh bien… Que cela faisait longtemps que tu avais envie de dire ses quatre vérités à ton paternel et que tu as profité de ce garçon pour arriver à tes fins.

- Mais non, voyons… Je ne le désirais pas tant que ça…

            Sojun éclata de rire.

- Père… Je sais que Renji Abarai n’est vraiment pas la première personne que vous auriez souhaité voir à ce poste…

- Ni même la deuxième.

- Mais je pense vraiment qu’il peut m’aider.

- Dans quel sens ?

- Père… Je n’ai rien souhaité de plus cher que de vous ressembler et j’ai toujours fait tout ce que je pouvais pour que vous soyez fier de moi…

- Cela a toujours été le cas.

- C’est ce que j’ai réalisé en grandissant, ainsi que le fait que bien que je souhaite être comme vous, je ne suis pas vous. J’ai petit à petit pris conscience de nos différences et compris qu’il me fallait m’appliquer à être pleinement moi-même afin de pouvoir m’épanouir.

- Je comprends.

- Père… Vous avez tout mon respect ainsi que toute mon admiration. Cependant, il m’est nécessaire d’apprendre à mieux me connaître, à lâcher prise et adopter un tempérament plus accessible et moins rigide et conservateur que celui que je peux avoir. Je ne suis pas exactement le personnage que j’incarne au travail et dois m’appliquer à ne pas le devenir entièrement. J’ai donc besoin de quelqu’un qui m’accompagne et me complète afin de mener mes objectifs à bien.

            Sojun posa ses mains sur les épaules de Byakuya.

- Fils, il va sans dire que j’ai toujours été fier de toi. Dès l’instant où tu es venu au monde et même avant. Mon père à moi m’a dit pour la première fois qu’il m’aimait après que je sois parti mener une bataille et que je sois revenu après qu’il ait reçu un message lui disant que j’étais tombé au combat. Cela m’a tellement touché que j’ai ensuite trouvé la force de lui dire ce que je ressentais, de lui parler de ce mur, ce fossé creusé entre nous dont nous réalisions l’existence et qui trouvait son origine dans le fait que nous ne nous parlions pas. Nous avons alors réalisé que dévoiler nos sentiments nous était vital et que contrairement à ce que nous croyions, ce n’était pas une faiblesse mais une force, réalisant toute la lâcheté que cela impliquait de se renfermer et ne pas dire la vérité, fuyant la réalité plutôt que de l’affronter. Notre relation s’est depuis améliorée et je me suis appliqué à mettre ces enseignements en pratique avec toi.

- J’aime quand vous me racontez cette histoire.

- Byakuya, nous avons beau être nobles et militaires, je n’ai jamais voulu que tu te sentes obligé de suivre nos pas en devenant shinigami.

- A vrai dire, j’en rêvais depuis tout petit.

- Sache que j’aurais été tout aussi fier que tu deviennes peintre ou cuisinier.

- Père, même si la décision que j’ai prise n’est pas celle que vous auriez choisie, sachez qu’elle ne changera rien entre nous.

- Byakuya, tu peux déplaire à ton commandant mais certainement pas à ton père. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, rien ne remettra jamais en question l’affection que je te porte. Emancipe-toi de moi, je te le souhaite. Tu es un homme maintenant et tu es en droit de prendre tes décisions sans nécessairement avoir ma permission. Je croyais d’ailleurs t’en avoir apporté la preuve en acceptant ton mariage avec cette jeune femme pauvre.

- Père…

- Mon garçon, tout ce qui m’importe maintenant, c’est que tu sois heureux. Je veux que tu trouves la force de faire le deuil de ta défunte épouse et que le moment venu, tu retrouves l’amour auprès d’une charmante jeune fille et que tu lui fasses des enfants. Je veux que tu aies des amis et t’épanouisses dans un travail où tu serais entouré de personnes de confiance. Je te souhaite une vie longue et tout le bonheur du monde.

Byakuya avait les larmes aux yeux

- Père… Je vous aime aussi… Et du fond du cœur, je vous remercie.

            Le soir venu, le capitaine Sojun Kuchiki quitta son bureau et descendit à l’accueil. Là, il croisa Renji, attendant le retour de la réceptionniste.

- Tiens, lieutenant.

- Oh, capitaine ? Bonsoir. Je devais juste déposer ce dossier.

- Et vous n’en profitiez pas pour draguer l’hôtesse ?

- Loin de moi cette idée.

- Curieux : elle est jolie et porte toujours des décolletés sur lesquels on a une vue panoramique dès que l’on s’approche du comptoir.

- Oh… Je… Je n’avais pas remarqué.

            La demoiselle revint s’asseoir sur sa chaise, offrant une vue plongeante sur son entre-seins. En souriant, elle fit ensuite un rapide clin d’œil au jeune homme qui eut un sourire idiot en retour.

- Bien sûr, lieutenant. Je vous crois sur parole.

            Une fois la demoiselle repartie pour faire une photocopie, le capitaine prit le lieutenant avec lui et ils s’éloignèrent un petit peu.

- Renji, vous n’êtes peut-être pas celui que j’aurais choisi pour seconder mon fils mais vous m’avez l’air d’être un brave garçon et si Byakuya vous a choisi, c’est sans aucun doute parce qu’il estime que vous êtes celui qui lui convient le mieux et donc un meilleur choix que celui que j’aurais pu faire. Alors je ne vous demanderais qu’une chose : veillez sur mon fils.

- Capitaine… C‘est à présent ma priorité.

Laisser un commentaire ?